Chapitre 64

Pendant l'heure qui suit, nous essayons toute une série d'exercices, mais cela ne donne rien de concluant. Je m'efforce de me concentrer autant que possible, mais mon esprit est constamment envahi par des images de mort et de destruction. Les visages des bandits qui m'ont enlevée, le sang, les cris, tout revient sans cesse. Ne voulant pas faire perdre plus de temps à mon grand-père, je décide de laisser tomber pour ce soir.

— Je n'arrive à rien, je soupire, déçue. Je vais aller me coucher.

Le vieil homme pose une main rassurante sur mon épaule.

— Repose-toi, ma chère. Demain est un autre jour.

Je le remercie avant de me diriger vers mes appartements. J'espère que le sommeil pourra m'apporter le répit dont j'ai tant besoin. Cependant, cette nuit-là, j'ai beaucoup de mal à m'endormir. Les pensées tourbillonnent dans mon esprit. Je me tourne et me retourne sans cesse dans le lit, me débattant entre les draps. Une minute, j'ai l'impression d'être dans une fournaise, la minute d'après je suis frigorifiée. Quand je parviens finalement à glisser vers le sommeil, mon repos est loin d'être total. Bien au contraire, je me retrouve à me battre contre mes pires ennemis : les cauchemars.

Je suis dans une pièce sombre et humide, les murs suintant d'une moiteur oppressante. Au début, j'ai beaucoup de mal à savoir où je me trouve. La pièce ne porte aucun signe distinctif, et j'ai beau plisser les yeux, l'obscurité est bien trop profonde pour que je distingue quoi que ce soit. Je décide d'avancer prudemment, mes pas résonnant dans le silence pesant. J'atteins rapidement un long couloir et tâtonne les murs, avançant avec précaution dans la pénombre. Cet endroit a quelque chose d'étrangement familier, mais je ne parviens pas à mettre le doigt dessus.

— Enora, m'appelle une voix lointaine.

Cette intervention me glace d'effroi. Je tourne sur moi-même, cherchant l'origine de ce son, mais je ne vois rien d'autre que les vieilles pierres moussues.

— Enora, par ici, répète-t-elle un peu plus fort.

Elle semble provenir du fond du couloir. Je me dirige prudemment dans cette direction, les mains moites, ne sachant pas à quoi m'attendre. Tout est si calme autour de moi, anormalement calme, et cela ne fait que renforcer mon appréhension. Bien vite, je me retrouve devant une cellule miteuse, une cellule que je serais capable de reconnaître entre mille. Un frisson glacé parcourt mon échine quand la réalisation me frappe. Je regarde nerveusement autour de moi, craignant de voir apparaître Tobias, mais je suis seule dans la pièce. Un soupir de soulagement m'échappe.

Pourquoi mon esprit me renvoie-t-il ici ? Essaie-t-il de me faire passer un message ?

Je m'apprête à faire demi-tour, souhaitant sortir au plus vite de cet endroit, mais la voix m'interpelle une nouvelle fois, plus insistante.

— Enora, tu dois l'aider.

Je me stoppe dans mon élan, me demandant à qui elle peut faire référence. Je n'ai vu personne depuis que je suis ici, pas même un insecte.

— Aider qui ? je demande, perplexe.

Aucune réponse.

— Eh, oh ?

Cette voix commence à me rendre nerveuse. Je ne comprends pas ce qu'elle veut que je fasse, ni qui je suis supposée aider. Si elle veut que je puisse lui venir en aide, il faut qu'elle soit moins énigmatique et qu'elle me dise exactement ce qu'elle attend de moi.

Je ferme les yeux, prenant de grandes inspirations pour tenter de garder mon calme. Quelque chose semble m'attirer vers le fond de la cellule, mais je ne peux pas m'empêcher d'être effrayée à l'idée d'aller voir ce dont il s'agit. J'ai beau savoir que tout ceci n'est qu'un rêve, ma peur est irrationnelle, et mon esprit me hurle d'être prudente.

J'avance à petits pas, essayant de percevoir quelque chose dans cette obscurité étouffante. En plissant les yeux, j'ai l'impression de distinguer une silhouette au fond de ce cachot sinistre. La porte est ouverte, alors pourquoi cet homme ne s'enfuit-il pas ? Est-il déjà mort ? Je m'arrête de marcher, méfiante. Il s'agit peut-être d'un piège.

— Il a besoin de toi, chuchote de nouveau cette voix mystérieuse.

— Mais qui êtes-vous ? je réplique, ma voix tremblante trahissant mon inquiétude.

Encore une fois, seul le silence me répond. Je pénètre dans la cellule avec prudence, me rapprochant toujours plus de l'homme qui s'y trouve. Quand je suis suffisamment proche pour distinguer ses traits, mon cœur rate un battement. Alexander est attaché au mur, inconscient, de profondes blessures barrant son torse. Son teint ne m'a jamais paru aussi pâle qu'en cet instant, presque cadavérique.

Je me précipite vers lui, le désespoir envahissant chaque fibre de mon être. Je tends les mains pour le secouer, mais rien à faire, je suis incapable de l'atteindre. J'ai beau tenter encore et encore, mes mains passent au travers de son corps, comme si je n'étais qu'un fantôme sans prise sur le monde réel. Un sentiment d'impuissance me submerge, et je crie son nom, terrifiée à l'idée de le perdre.

— Il est encore temps pour toi de le sauver, murmure la voix.

Soudain, tout redevient sombre autour de moi. Plus de cellule, plus de couloir, rien d'autre qu'une noirceur oppressante. Je sens quelque chose frôler mon bras, m'arrachant un cri de frayeur, et un rire maléfique me répond. Je ne peux pas rester ici plus longtemps, cela devient beaucoup trop dangereux. Il faut que je trouve un moyen de sortir.

Je me mets à courir droit devant moi, ne sachant pas véritablement où je vais. Où que je regarde, tout est noir, je ne sais même pas si j'avance réellement. Comme si la situation n'était pas déjà assez terrible, des ombres se mettent à me poursuivre, chuchotant des atrocités à mes oreilles.

"Alexander va mourir par ta faute."

"Tu n'aurais jamais dû nous désobéir."

"Maintenant, tu vas te retrouver toute seule."

Je sens leurs doigts crochus essayer de m'attraper, me plongeant dans un puits de terreur sans fond. Les larmes inondent mes yeux, dégoulinant en larges traînées sur mon visage. Pitié, sortez-moi de là.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top