Je suis plongée dans un rêve paisible lorsque des bruits me tirent de mon sommeil. Je tâtonne le matelas, cherchant le corps du prince, mais il ne se trouve plus à mes côtés. Une vague d'inquiétude m'envahit, et je me redresse en plissant les yeux.

Sa silhouette est faiblement éclairée par la lueur de la lune. Il se rhabille, tentant d'être le plus silencieux possible, mais le tintement de sa ceinture résonne dans la chambre.

— Mince, souffle-t-il avec frustration.

— Que faites-vous ? je demande d'une voix encore endormie.

— Je suis désolé de vous avoir réveillée.

Il se penche pour déposer un baiser sur mon front. Ses lèvres sont douces, mais je ne peux m'empêcher de me questionner.

— Vous partez ? j'insiste.

— Je vais interroger le compagnon d'Esther, répond-il, ajustant son épée à sa ceinture. Mais ne vous inquiétez pas, je serai de retour avant votre réveil.

Je fronce les sourcils, inquiète à l'idée qu'il parte en pleine nuit. J'attrape sa main dans la mienne, cherchant désespérément ses yeux dans la pénombre de la chambre.

— Soyez prudent. Et ne faites rien d'inconsidéré.

Le prince serre ma main avec affection avant de la relâcher doucement.

— Vous avez ma parole, répond-il à voix basse, son regard se radoucissant un instant. Maintenant, reposez-vous, je serai vite de retour.

Il se dirige tranquillement vers la porte, partant accomplir la mission qu'il s'est fixée. Quant à moi, je me blottis à nouveau entre les draps. Ses mots résonnent encore dans ma tête alors que je ferme les yeux, replongeant vers le sommeil.

...

Le lendemain matin, je me réveille avec une sensation de chaleur familière, preuve que le prince a tenu parole. L'aube pointe à peine le bout de son nez, et la lumière douce du matin caresse la pièce, projetant des ombres délicates sur les murs.

Trop impatiente de savoir ce qu'il a découvert, je sors du lit, réveillant le prince qui pousse un grognement de mécontentement. Il rabat la couverture sur sa tête, essayant de se rendormir.

Je ne peux m'empêcher de sourire, attendrie par sa réaction. Son visage ensommeillé, partiellement caché par la couverture, a quelque chose d'adorable.

Malheureusement pour lui, je ne suis pas prête à le laisser tranquille. Je tire doucement les draps au pied du lit, révélant le prince encore vêtu de ses habits de la veille.

— Pourquoi m'infliger ça ? grommelle-t-il, ses yeux mi-clos.

— Arrêtez de râler et racontez moi tout, je dis d'une voix légèrement pressante. Avez-vous pu obtenir des informations ?

Alexander soupire, mais ne peut résister à mon enthousiasme. Il frotte ses yeux avant de se redresser dans le lit, son expression passant de la frustration à la résignation.

— Cela me peine de vous décevoir... commence-t-il, ses yeux fuyant les miens. Mais le compagnon d'Esther était un affabulateur.

Je fronce les sourcils, essayant de comprendre ce que ses paroles signifient.

— Comment ça ?

— Avec Victor, nous sommes allés le trouver et l'avons sorti de son lit. Le garçon était terrorisé, ne sachant pas ce que nous avions après lui. Quand nous avons abordé le sujet de la Confrérie, il a immédiatement avoué avoir menti pour impressionner la demoiselle. Il n'en a jamais fait partie, il n'a même jamais approché un de ses membres.

— Donc il ne sait rien du tout ?

— Non, dit-il avec dépit, une ombre de frustration passant sur son visage.

Je ressens une pointe de déception, mais Alexander n'a rien à se reprocher. Il fait tout pour me venir en aide, allant même jusqu'à interroger des gens au beau milieu de la nuit. En voyant avec quelle détermination il cherche des réponses, je sais que je n'ai pas le droit de me laisser abattre. Nous allons forcément trouver une autre piste.

— Ce n'est pas grave, la prochaine fois sera la bonne, je dis en retournant me blottir dans ses bras. Après le petit-déjeuner, nous pourrons aller à la bibliothèque et tenter de trouver de nouvelles informations. Le prince me regarde, un léger sourire aux lèvres. Malgré l'échec de sa dernière tentative, il reste fidèle à lui-même, calme et confiant.

C'est ainsi qu'après avoir mangé un morceau, nous nous rendons dans la bibliothèque, animés de nouvelles résolutions. Nous nous installons sur les fauteuils en cuir vieilli, l'odeur des vieux livres et du bois ciré emplissant la pièce.

Les rayons de soleil traversent les vitraux, dessinant des motifs colorés sur les ouvrages poussiéreux et les parchemins étalés devant nous.

Le choix d'Alexander se porte sur un livre abordant les légendes d'Amara, tandis que moi, j'en profite pour feuilleter des écrits sur la maîtrise de la magie. Nous sommes tous les deux extrêmement concentrés, seul le bruissement des pages troublant le silence de la pièce.

Plongés dans nos recherches, nous sursautons en entendant la porte s'ouvrir. Relevant la tête, nous apercevons mon grand-père et Victor entrer dans la pièce.

— J'espérais bien vous trouver ici, dit mon grand-père avec un grand sourire aux lèvres.

Son regard se pose sur le prince, un éclat de curiosité brillant dans ses yeux.

— Comment s'est passée votre mission ?

Alexander affiche une mine déconfite, ses épaules s'affaissant légèrement sous le poids de son échec. Une légère tension prend place dans la pièce.

— Mal, répond-il avec une pointe d'amertume dans la voix. Il s'agissait d'une fausse piste, l'homme ne connaissait la Confrérie des Ombres que de nom.

Mon grand-père fronce les sourcils, l'inquiétude se dessinant sur son visage ridé.

— Je suis navré de l'apprendre.

— Ce n'est rien, j'aurais dû me douter que c'était trop facile, répond Alexander, ses yeux trahissant une profonde déception. Cela paraissait trop beau que quelqu'un vienne à moi pour me donner exactement les informations dont j'avais besoin.

Mon grand-père pose une main réconfortante sur son épaule.

— Ce n'est pas grave, dit-il d'une voix calme, essayant d'apaiser les tourments du prince. Je suis certain que vous trouverez rapidement une nouvelle piste.

Mais Alexander fronce les sourcils, visiblement déçu que son plan n'ait pas abouti.

— Maintenant, mon enfant, explique-moi ce qu'est la Confrérie des Ombres.