Chapitre 49
Mon grand-père me regarde avec un sourire attendri.
— Ne t'en fais pas, il me reste encore plus d'un tour dans mon sac. Si tes pouvoirs ne veulent pas se montrer d'eux-mêmes, nous allons les forcer à se démasquer.
— Comment allons-nous procéder ?
— Je veux que tu fermes les yeux et que tu te concentres sur le bourdonnement dans ta poitrine, ordonne mon grand-père d'une voix calme, mais ferme.
J'exécute ses directives sans attendre, impatiente de savoir où cela va nous mener. Je peux sentir les regards attentifs de mon grand-père et de Victor, m'encourageant silencieusement alors que je tente de me connecter à mes pouvoirs.
— Maintenant, essaie d'isoler ce son de tout le bruit environnant. Focalise-toi uniquement sur lui, en ignorant toutes les autres nuisances sonores.
Chaque mot de mon grand-père résonne dans mon esprit, me guidant dans ce processus. Je canalise mon entière attention sur cette tâche, cherchant par tous les moyens à discerner quelque chose dans ce bourdonnement abstrait. Au début, je n'entends rien d'autre qu'un bruissement indistinct, noyé dans le tumulte de mes pensées, mais à mesure que je me concentre, il se transforme en quelque chose de plus concret. Soudain, une révélation me frappe comme un éclair.
Comment ai-je pu passer à côté de ça ?
— Ce n'est pas un bourdonnement, ce sont des murmures ! je m'exclame, surprise par ma propre découverte.
Mon grand-père hoche la tête avec approbation.
— Très bien, à présent essaie de te recentrer là-dessus, de déchiffrer une syllabe après l'autre. Il faut que tu trouves quelque chose auquel te raccrocher, comme si tu tirais lentement sur une corde, explique-t-il à voix basse.
Je ferme de nouveau les yeux, me concentrant sur ces murmures, me laissant emporter par leur douce cadence. Chaque mot me rapproche de la vérité, et pour la première fois, je sens un véritable lien avec mes pouvoirs. Mais juste au moment où je m'apprête à en saisir le sens profond, les murmures s'évanouissent, laissant derrière eux un silence déconcertant.
— Le bourdonnement a disparu, je soupire, frustrée par ce nouvel échec.
Mon grand-père pose doucement sa main sur mon épaule, en soutien silencieux.
— Ce n'est pas grave, nous avons déjà fait du bon travail aujourd'hui.
— Mais je ne peux pas m'arrêter là !
— Vous n'avez peut-être pas remarqué, Enora, mais pendant que vous tentiez de décrypter ces murmures, vos mains se sont mises à briller légèrement, intervient Victor. Cela ne vous paraît peut-être pas grand-chose, mais c'est la preuve que vos pouvoirs sont là, juste sous la surface. Je ne doute pas que bientôt, vous arriverez à les canaliser.
Je me tourne vers lui, les yeux brillants d'espoir.
— Vous le pensez vraiment ?
— J'en suis persuadé.
Un sourire se dessine sur mes lèvres. Même si la route est semée d'embûches, je sais que je ne suis plus seule dans cette quête. Je me sens pleine de gratitude pour ces deux hommes qui croient en moi. Je les remercie doucement, avant de partir à la recherche d'Alexander, pressée de lui faire part de mes récentes découvertes.
Les gardes m'indiquent l'avoir vu se diriger vers la bibliothèque, et c'est en effet là-bas que je le trouve. Il est assis dans un fauteuil, un livre à la main, ses jambes reposant nonchalamment sur la table basse. À l'ouverture de la porte, il relève la tête, ses yeux se braquant immédiatement sur moi. Je le rejoins rapidement et m'assois sur ses genoux.
— Que lisez-vous ? je demande avec curiosité.
— Je cherchais de plus amples informations sur la prophétie.
— Et qu'avez-vous trouvé d'intéressant ?
— Pas grand-chose à vrai dire, soupire-t-il. Je pense que demain, j'irai interroger directement les habitants dans les villages. Cela sera peut-être plus utile.
J'acquiesce, me blottissant contre lui et savourant la chaleur de son corps. Je profite de ce moment pour lui raconter ma journée, lui relatant tout ce que nous avons compris avec Victor et mon grand-père. Il admet que nos hypothèses sont intéressantes, et souhaite en savoir plus sur les souvenirs que j'ai déjà retrouvés. Je lui confie tout, y compris à quel point je suis déçue de ne pas avoir pu faire mieux aujourd'hui.
Nous discutons encore quelque temps, mais je remarque chez lui un malaise grandissant. Il bouge sur le fauteuil, ajustant sans cesse ma position sur ses genoux.
— Alexander, qu'est-ce qui ne va pas ? Je vous fais mal ?
— Non, pas du tout, répond-il un peu trop rapidement. Tout va bien.
— Je vois bien que vous êtes incommodé, je vais aller me chercher un autre siège.
Il m'empêche de me lever, attrapant fermement mes hanches.
— Je ne suis pas "incommodé", souffle-t-il à voix basse. Le désir que j'ai pour vous m'empêche de me concentrer, c'est très différent. Vous êtes bien innocente pour croire qu'un homme peut rester indifférent face à une telle proximité avec vous.
Je le dévisage, surprise par son aveu. Je n'aurais jamais pensé qu'il puisse être aussi troublé par ma proximité que je le suis par la sienne. Je passe mes mains derrière sa nuque, bien décidée à lui montrer à quel point je le désire moi aussi, mais il évite mes lèvres et dépose un baiser sur ma joue. Je me recule, légèrement blessée par son rejet.
— Laissez tomber. Vous devez être épuisée après la journée que vous venez de passer. Allons dans votre chambre, je vais demander à ce que l'on nous prépare le repas.
Il attrape ma main et me conduit en silence dans mes quartiers. Même s'il agit comme si rien ne s'était passé, je ne peux empêcher mon cœur de se serrer.
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