Chapitre 46
En attendant qu'Hannah revienne, je décide de débuter ma préparation. J'explore mon armoire de long en large à la recherche de la robe parfaite. J'ai une multitude d'habits, mais malgré tout, je ne trouve rien qui corresponde à mon humeur du jour. Je désire quelque chose d'un peu différent, de plus simple, de plus léger. Après quelques minutes de fouille supplémentaires, je trouve enfin mon bonheur. Je sors une jolie robe en coton écru, lacée dans le dos, et commence à l'enfiler. Je suis en train de lutter pour ajuster la robe sur ma poitrine quand j'entends la porte s'ouvrir.
— Peux-tu m'aider à attacher les lacets ? Je risque d'avoir du mal toute seule.
Je me tourne, mais à mon grand étonnement, il ne s'agit pas de mon amie.
— Oh, Alexander, je ne m'attendais pas à vous voir revenir si tôt.
D'après le regard sur son visage, je sais que quelque chose de sérieux est arrivé. L'inquiétude me gagne aussitôt.
— Que se passe-t-il ?
Il ne me répond pas immédiatement. À la place, il se dirige derrière moi et commence à serrer lentement mon corsage. Il s'applique, nouant chacun de mes lacets avec précaution, veillant à ce qu'ils soient tous attachés de la même manière. Quand il a fini, il attrape doucement mes épaules et me retourne pour que je lui fasse face.
— Alexander, allez-vous me dire ce qui ne va pas ?
— Le roi a laissé un message pour vous.
— C'est grave ? Que dit-il ?
— Je ne sais pas exactement, répond-il d'un ton prudent en me tendant la lettre. Je n'ai pas ouvert l'enveloppe, mais ça a l'air assez important.
Sur le papier blanc, mon nom est écrit en lettres manuscrites. Je reconnais immédiatement l'écriture appliquée de mon père, notamment la façon qu'il a de rajouter une petite boucle à la fin de mon prénom. Sans plus attendre, je déchire l'enveloppe, révélant le courrier qui se trouve à l'intérieur.
"Ma chère Enora,
Je suis désolé de partir aussi précipitamment, mais la situation ne me laisse pas vraiment le choix. Je ne peux pas rester plus longtemps les bras croisés, pas en sachant que ta vie est peut-être en jeu.
Dès l'instant où tu es venue au monde, j'ai su que tu étais destinée à accomplir de grandes choses. Cependant, je n'avais pas mesuré toutes les implications de cette prophétie, et pour cela, je m'en excuse. Si j'avais compris plus tôt les dangers auxquels tu étais exposée, j'aurais agi bien différemment. Crois-moi, j'aurais tout fait pour te protéger.
Dorénavant, je vais faire tout ce qui est en mon pouvoir pour mettre fin à cette menace. Mais même avec les meilleures volontés du monde, je crains que cela ne soit pas suffisant. Les enjeux sont trop grands, les ennemis trop nombreux, je ne peux pas y arriver seul. C'est pourquoi je pars dès maintenant vers le royaume de Lumia, dans l'espoir que le roi Édouard acceptera de nous apporter son aide.
Je sais que mon départ soudain peut paraître lâche, mais je crains de ne pas pouvoir t'en dire beaucoup plus sur cette prophétie. J'ai trop longtemps agi comme si elle n'existait pas... Pour que tu puisses obtenir les réponses que tu mérites, j'ai demandé à ton grand-père de venir du royaume de Caerleon. Lui seul pourra te révéler l'extraordinaire destin qui t'attend. À l'heure où tu lis cette lettre, il doit sûrement t'attendre dans le petit salon. J'espère qu'il saura t'aider mieux que je n'ai pu le faire.
Je suis conscient que le chemin qui t'attend sera semé d'embûches, mais il est essentiel que tu gardes espoir. N'oublie jamais qui tu es, ni d'où tu viens. Tu n'es pas n'importe qui, et avec Alexander à tes côtés, tu pourras surmonter tous les obstacles.
Je te souhaite beaucoup de courage pour les épreuves à venir.
Ton père qui t'aime de tout son cœur."
Je ne sais pas comment réagir face à ce que je viens de lire. Toute cette histoire de prophétie est encore nouvelle pour moi, et je me sens un peu dépassée par la situation.
Je peux comprendre pourquoi mon père a quitté subitement le palais, mais j'aurais préféré qu'il reste à mes côtés, qu'il m'aide à traverser cette épreuve. J'aurais aussi préféré croire que ses paroles sont excessives, que les faits ne sont pas aussi sérieux qu'il le laisse entendre, mais s'il est allé jusqu'à faire déplacer mon grand-père, c'est que je cours vraiment un grand danger.
Alexander, qui a lu la lettre par-dessus mon épaule, me scrute en silence, attendant de savoir quelle sera mon attitude face à la situation. Malheureusement, je n'ai pas vraiment le choix. Je ne peux pas faire semblant que tout va bien. Je dois être forte et assumer mes responsabilités. Il est temps que j'embrasse pleinement mon destin.
— Venez avec moi, mon grand-père nous attend.
Une fois prête, je me hâte de quitter la chambre, prenant soin de laisser un mot à Hannah pour l'informer de mon départ. Tandis que nous traversons les longs couloirs, je sens le regard d'Alexander suivre chacun de mes mouvements. Il marche à mes côtés, me suivant comme mon ombre. Je ne sais pas s'il craint que je ne m'effondre ou que je ne hurle sur le premier garde qui aurait le malheur de croiser mon chemin, mais je ne l'ai jamais vu aussi collant. Très vite, nous arrivons au petit salon où mon grand-père nous attend. Il prend quelques secondes pour finir la page de son livre avant de lever les yeux vers nous, nous faisant signe d'approcher.
— Enora, je ne t'attendais plus...
— Désolée de vous avoir fait attendre, je dis en m'inclinant poliment.
Il balaie mes excuses d'un geste de la main et nous invite à nous asseoir avec lui. Il s'installe plus confortablement dans son fauteuil avant de fixer son regard sur moi, m'accordant toute son attention.
— Je sais que tu as beaucoup de questions. Et je vais essayer d'y répondre du mieux possible. Par quoi veux-tu commencer ?
Je prends une profonde inspiration, tentant de rassembler mes pensées. Tellement de questions tourbillonnent dans mon esprit que je ne sais pas par quoi commencer. Les préoccupations secondaires viendront ensuite, je dois me concentrer sur le plus important.
— Que savez-vous de la prophétie ?
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