Chapitre 45
Le lendemain matin, j'ai le plaisir de constater que le prince est resté avec moi toute la nuit. Je me colle contre lui, savourant chaque instant de cette proximité.
— Mmh, chérie, ça chatouille.
Il secoue la tête pour se débarrasser des mèches de cheveux qui se sont glissées dans son cou. Je ne peux m'empêcher de sourire devant sa mine adorable.
— Chérie ? je relève d'une voix taquine, mon cœur s'emballant légèrement à ce mot.
— Et en plus, cela vous fait rire, Mademoiselle, vous allez voir ce que vous allez voir.
Il roule au-dessus de moi avec un air faussement contrarié, et je ne peux retenir un petit rire. La sensation de son poids contre moi est à la fois rassurante et excitante, son odeur boisée emplissant mes narines.
— Alexander, que faites-vous ?
J'essaie de le repousser gentiment, mais il est bien trop lourd pour que j'arrive à le faire bouger ne serait-ce que d'un centimètre. Chaque tentative rend nos sourires plus grands, plus vrais, comme si nous étions seuls au monde. Il me laisse me débattre quelques instants avant d'attraper mes mains et de les plaquer au-dessus de ma tête.
— Alexander ! je m'exclame, surprise.
— L'heure de la vengeance a sonné, dit-il avec un rire machiavélique.
— Qu'est-ce que vous racontez ? Haaaaa !
Il me chatouille d'une main tout en maintenant mes poignets. Je gesticule du mieux possible, mais rien n'y fait, je n'arrive pas à me dégager de sa prise. Le pire dans tout ça, c'est qu'il semble prendre un malin plaisir à m'infliger pareille torture. Quel sadique.
— Alexander, pitié, stop !
— J'aime vous entendre me supplier.
— Espèce de pervers, lâchez-moi !
Pour la première fois depuis notre rencontre, je l'entends rire sincèrement. Un rire vrai, franc et entier, qui illumine son visage tout entier. Il a la tête penchée en arrière, les yeux clos, la bouche légèrement entrouverte. Je le regarde, émerveillée, essayant de graver cette image dans ma mémoire. Quand il cesse finalement de rire, il me regarde avec un grand sourire, les yeux pétillants de bonheur.
Malheureusement, son allégresse se change bien vite en une expression de lassitude. Le contraste est frappant. Il détourne le regard, laissant échapper un soupir.
— Alexander, qu'y a-t-il ? je demande, inquiète de ce brusque changement d'humeur.
— Je n'ai pas envie de vous quitter. Mais je vais devoir y aller.
— Est-ce vraiment obligé ?
— J'en ai bien peur, répond-il avec un sourire contrit. Je dois rejoindre Victor, il y a des choses importantes dont nous devons discuter.
— Et ça ne peut pas attendre ?
Je fais la moue, contrariée, ce qui lui arrache un sourire. Je suis consciente de me comporter comme une enfant, mais je ne me sens pas encore prête à laisser notre bulle de bonheur exploser.
— Vous êtes adorable, j'ai envie de vous manger toute crue.
Il dépose un léger baiser sur mes lèvres avant de se lever, me laissant seule dans le grand lit. Il tente ensuite de remettre un peu d'ordre dans sa tenue, passant une main dans ses cheveux et lissant sa chemise.
— Voulez-vous que je fasse appeler Hannah pour vous aider à vous préparer ?
— Avec plaisir.
Mes émotions sont sans dessus dessous après la soirée que je viens de passer, et une discussion entre filles s'impose pour m'aider à y voir plus clair.
Voyant l'air malicieux qui se peint sur mon visage, Alexander lève les yeux au ciel et me donne une légère tape sur le front.
— Aïe !
— Je ne suis pas sûr de vouloir savoir ce qui se passe dans votre tête.
— Tant pis pour vous, je réplique en lui tirant la langue.
Alexander secoue la tête, désespéré, avant d'enfiler sa veste de costume. Une fois prêt, il revient déposer un léger baiser sur mes lèvres.
— Je suis navré, mais je dois vraiment y aller.
— Foncez, et surtout, revenez-moi vite !
Il quitte la chambre, refermant silencieusement la porte derrière lui. À peine quelques instants plus tard, Hannah fait irruption dans la pièce.
— J'ai cru qu'il n'allait jamais partir, ronchonne-t-elle.
— Ne me dis pas que tu attendais devant la porte ? je lui lance en plaisantant.
— Pas du tout, répond-elle un peu trop vite.
Je peux dire rien qu'au ton de sa voix qu'il s'agit d'un vaste mensonge. Hannah est la plus grande commère de tout le royaume, cela ne m'étonnerait pas qu'elle ait attendu depuis l'aube pour avoir tous les détails de ma soirée avec le prince.
— Alors, comment était-ce ? attaque-t-elle immédiatement.
— De quoi parles-tu ? je fais mine de ne pas comprendre.
— Oh allez Mademoiselle, s'il vous plaît !
Je la fixe en silence, prolongeant un peu le suspense. Hannah trépigne, tapant du pied si rapidement que le mouvement en devient presque flou. Quand il faut parler d'elle, elle joue la timide, mais quand c'est de moi dont il s'agit, elle ne se retient plus. Pour le bien de sa santé mentale, je décide de mettre fin à son supplice.
— J'ai passé une soirée fantastique.
Un couinement aigu s'échappe de sa bouche tandis qu'elle se précipite vers moi.
— Oh Mademoiselle, je suis si heureuse pour vous ! s'exclame-t-elle en me prenant dans ses bras.
Je laisse échapper un rire en la serrant à mon tour, reconnaissante d'avoir une amie toujours aussi enthousiaste.
— Quand je vous ai vue danser avec le prince, j'ai eu l'impression d'être plongée dans un véritable conte de fées !
— Tu exagères...
— Pas du tout ! Je suis convaincue que votre lien est évident pour toute personne ayant un jour posé les yeux sur vous. Vous êtes les seuls à ne pas vous être rendu compte dès le départ que vous étiez des âmes sœurs.
— C'est vrai que j'aurais dû le réaliser plus tôt. Quand je suis avec lui, je me sens différente. J'ai l'impression que, d'une certaine manière, il atteint une facette de moi que je ne connaissais pas, une facette dont je n'aurais jamais pu soupçonner l'existence.
Un sourire attendri se dessine sur ses lèvres. Sans qu'elle n'ait besoin de dire un mot, je peux sentir toute l'affection qu'elle éprouve pour moi, et cela me réchauffe le cœur.
— Pour tout te dire, en sa présence, j'ai l'impression de sentir mes pouvoirs se réveiller, j'ajoute d'une petite voix, un peu hésitante à révéler cette découverte.
— Vos pouvoirs ? Mais c'est formidable ! Depuis le temps que vous attendiez ça ! s'exclame-t-elle avec une excitation palpable.
Je ne peux m'empêcher de laisser échapper un rire devant son enthousiasme.
— Pour l'instant, ce n'est pas grand-chose, juste une sensation grandissante dans ma poitrine, mais j'ai hâte d'en découvrir plus.
— Vous êtes sûre de ne pas confondre vos pouvoirs avec de l'amour ? Ce sont peut-être des papillons dans le ventre que vous me décrivez.
— Hannah ! je m'exclame en riant, secouant doucement la tête.
Elle me lance un regard faussement contrit, mais bien vite, son naturel reprend le dessus, et un sourire pétillant éclaire de nouveau son visage.
— Vous ne pouvez pas savoir à quel point je suis heureuse que vous ayez retrouvé votre compagnon d'âme, murmure-t-elle avec émotion.
Je suis touchée par ses paroles. Hannah a toujours été ma confidente, ma plus proche amie. Je sais que je peux lui faire confiance les yeux fermés, et aujourd'hui, je suis soulagée de savoir qu'elle approuve mon compagnon.
— Bon, trêve de bavardages, reprend-elle en essuyant discrètement une larme. Il est temps de commencer votre journée.
Aujourd'hui, je veux profiter de mon amie et, surtout, de mon retour au palais. Je propose donc à Hannah de prendre le petit-déjeuner avec moi dans les jardins, sous le petit kiosque où nous avions l'habitude de flâner des heures entières avant notre enlèvement. Elle semble très enthousiasmée par l'idée et, avant même que je n'aie pu ajouter quoi que ce soit, elle se précipite vers les cuisines pour faire préparer tous mes desserts préférés. Je la regarde partir en pouffant de rire. Elle est décidément inépuisable.
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