Chapitre 44

Arrivé devant la porte de la chambre, il s'arrête un instant et relâche ma main. Il pénètre dans la pièce, me laissant libre de le suivre ou de prendre mes jambes à mon cou. Je le regarde s'avancer, interdite, ne sachant comment réagir. Pour le moment, il me tourne le dos et je laisse mon regard glisser sur sa silhouette. Puis rassemblant mon courage, j'entre à mon tour avec précaution, laissant la porte se refermer lentement derrière moi. Mais à peine ai-je fait quelques pas qu'Alexander se retourne et s'approche de moi, son regard brûlant me figeant d'anticipation. Il est de plus en plus proche, m'obligeant à reculer, jusqu'à ce que mon dos se retrouve pressé contre la porte. Il colle son corps contre le mien, provoquant en moi la montée d'un désir presque incontrôlable.

— Alexander ?

— Mmh, marmonne-t-il en déposant de longs baisers dans mon cou, ses lèvres brûlantes laissant une traînée de feu sur ma peau.

La sensation me fait presque oublier ce que je veux lui dire.

— Pour... Pourquoi n'êtes-vous pas dérangé par le fait que l'on me désigne comme votre fiancée ?

Il relève les yeux vers moi, me regardant brièvement avant de reprendre ses baisers. Ses mains passent sur mon corps avec une telle passion qu'il est impossible qu'elle soit feinte.

— Êtes-vous certaine de vouloir discuter maintenant ? répond-il en descendant lentement une des bretelles de ma robe, laissant apparaître la naissance de ma poitrine.

Son regard descend sur mon corps, le regardant avec une envie dévorante. Je me sens me perdre sous son toucher, et sans m'en apercevoir, je laisse échapper un léger gémissement.

— Je... Je ne sais pas.

Le prince sourit contre mon cou avant de se redresser pour me faire face.

— Parce que vous êtes ma fiancée.

— Parce que vous êtes ma fiancée.

— Co... Comment ça ? je balbutie, le souffle court.

La chaleur de son contact me fait oublier jusqu'à mon nom, et il me faut un moment pour comprendre à quoi il fait référence.

— Que voulez-vous dire ? je parviens finalement à articuler.

— Que nous nous sommes fiancés à l'aube de nos quinze ans, répond-il en reprenant ses baisers passionnés, cette fois-ci juste au-dessus de ma clavicule. Et que c'est pour cette raison que cela ne me perturbe pas que l'on vous désigne comme ma promise. Je pense même que le contraire m'aurait dérangé, chuchote-t-il contre ma peau.

Je reste sans voix face à ces révélations. Non seulement, j'ignorais que nous étions fiancés, mais je n'aurais jamais imaginé qu'Alexander puisse le savoir.

— Vous vous en rappelez ?

— Oui, répond-il simplement.

Il mordille maintenant le lobe de mon oreille, faisant naître dans mon ventre une chaleur insoupçonnée. L'étrange sensation de fourmillement continue à circuler entre nos deux corps brûlants, mais cette fois-ci, ce n'est pas suffisant pour moi. J'entreprends de passer mes mains sous sa chemise, recherchant plus de contact, mais mon geste semble déclencher quelque chose en lui. Il s'écarte et attrape mon visage entre ses mains, me dévisageant avec une expression que je ne parviens pas à déchiffrer.

— Je sais que nous sommes fiancés, et pourtant, je suis certain de n'en avoir jamais parlé avec mes parents. Ni avec qui que ce soit d'autre. Ce qui ne peut signifier qu'une chose...

L'information met quelques secondes à se frayer un chemin dans mon esprit, mais lorsque la signification de ses paroles me frappe, je pousse un cri de joie et me jette dans ses bras.

— Oh mon Dieu, Alexander, c'est formidable !

Le prince me rattrape et passe ses mains sous mes cuisses pour me soutenir. J'enroule mes jambes autour de sa taille, le serrant contre moi aussi fort que possible.

— N'est-ce pas ? dit-il avec un large sourire.

— J'avais tellement peur que vous ne vous rappeliez plus de moi. Je suis si heureuse d'apprendre que vos souvenirs sont seulement enfouis sous la surface. Il faut absolument trouver un moyen de les raviver !

Le sourire d'Alexander s'affaiblit, une lueur de tristesse traversant brièvement son regard. Il me repose doucement à terre, me gardant dans ses bras.

— Qu'est-ce qui ne va pas ?

— Rien du tout, répond-il en posant sa tête sur la mienne, évitant mon regard.

— Ne me mentez pas...

— Très bien, soupire-t-il. Je me demandais seulement quel est l'intérêt de retrouver la mémoire si on vous a définitivement effacé la vôtre.

Je reste quelques instants silencieuses avant d'avouer d'une petite voix :

— En fait, si vous voulez tout savoir, mes souvenirs sont en train de refaire surface.

— Comment ? Est-ce vrai ?

Ses yeux s'écarquillent, comme s'il n'osait pas y croire.

— J'ai l'impression que plus je me rapproche de vous, plus ma mémoire se débloque, j'explique en touchant le collier à mon cou.

Le bijou brille faiblement à la lumière de la lune, comme s'il contenait sa propre source de magie. Alexander pose son regard sur le pendentif.

— C'est le collier dont parlait votre père, souffle-t-il doucement, presque fasciné.

Je confirme d'un léger mouvement de tête.

— Quand je suis proche de vous, la pierre s'illumine, comme si votre contact libérait les souvenirs qui y sont enfermés.

Je marque une pause, réfléchissant à la meilleure façon de formuler mes pensées.

— Ce sont comme des reviviscences, des visions de vous et moi lorsque nous étions enfants. C'est peut-être étrange, mais je sais que ce sont des souvenirs. Ça m'est arrivé pour la première fois au palais de Lumia, et depuis, ça devient de plus en plus fréquent.

Alexander tend la main, libérant lentement le pendentif de ma prise. À son contact, la pierre émet une lumière plus vive, faisant affluer de nouvelles images dans mon esprit. Je ferme les yeux un instant, profitant de cette sensation, avant de les rouvrir pour plonger mon regard dans le sien. Nous restons ainsi quelques instants, nous contemplant mutuellement.

— Pour l'instant, ce ne sont que des fragments par-ci par-là, mais je suis sûre que bientôt, tous mes souvenirs reviendront.

Alexander me fixe quelques instants de plus avant qu'un large sourire n'étire son visage. Il me prend de nouveau dans ses bras, me faisant pousser une exclamation de surprise tandis qu'il me soulève de terre.

— C'est en vous rapprochant de moi, dites-vous ? relève-t-il avec un air espiègle tout en se dirigeant vers le lit. Vous n'avez pas besoin de me le dire deux fois.

— Alexander, je ne suis pas sûre, j'essaye de protester.

Le prince ne tient pas compte de ma tentative d'opposition et me dépose au centre du lit. Il se place au-dessus de moi, rapprochant lentement son visage du mien. Je ferme les yeux, mais contrairement à mes attentes, Alexander ne pose pas ses lèvres sur les miennes. Il m'embrasse le bout du nez avant de rouler à côté de moi, m'attirant dans ses bras.

— N'ayez crainte, Enora, je ne tenterai rien ce soir. Ne vous méprenez pas, le désir que j'ai pour vous est tout ce qu'il y a de plus intense, mais je vois bien vos réticences.

Je laisse échapper un petit soupir, cherchant les mots justes pour exprimer ce qui me pèse sur le cœur. Un mélange de curiosité, de crainte et de désir.

— Ce n'est pas que je ne vous désire pas, je souffle, ma voix à peine plus haute qu'un murmure. C'est seulement que je ne veux pas me précipiter. J'ai besoin de temps pour comprendre ce qui se passe entre nous, pour apprendre à vous connaître au-delà de ce supposé lien d'âmes sœurs. Je ne veux pas que notre relation soit seulement guidée par une force extérieure. Me comprenez-vous ?

Alexander hoche lentement la tête.

— Bien sûr que je vous comprends, Enora. Et je ne peux qu'être d'accord avec vous. Il y a déjà la menace de la prophétie qui plane au-dessus de votre tête, il est inutile de vous rajouter une pression supplémentaire. Nous irons à votre rythme.

C'est exactement ce que j'avais besoin d'entendre, une assurance que nous pouvions avancer ensemble, sans précipitation.

— Merci.

Alexander esquisse un sourire, ses traits se détendant légèrement.

— Permettez-moi seulement de vous serrer contre moi cette nuit, c'est tout ce que je demande.

Je hoche la tête, me lovant contre son torse et me laissant aller contre lui. Il ne dit rien de plus, resserrant ses bras autour de moi et me laissant sombrer vers le sommeil.

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