Chapitre 43

— Oh mon Dieu, grand-père ! Mais que faites-vous là ?

Je me jette dans ses bras, submergée par l'émotion. La familiarité de son étreinte me réchauffe le cœur et me fait monter les larmes aux yeux.

— Moi aussi, je suis heureux de te voir. Tu m'as manqué, ma petite, dit-il d'une voix légèrement tremblante.

Son visage est plus fatigué que la dernière fois que je l'ai vu, mais malgré ses traits usés par la vie, son regard pétille de jeunesse. Quand ses yeux se posent sur mon visage, il m'offre un sourire éclatant, faisant ressortir ses deux adorables fossettes. Son expression enjouée me rappelle celle de ma mère lorsqu'elle me retrouvait après une longue journée de travail, et je ne peux m'empêcher d'être émue à cette pensée.

— Enora, mon petit soleil, tu n'imagines pas à quel point je suis soulagé de savoir que tu vas bien, continue-t-il en me caressant affectueusement la tête.

Il se tourne ensuite vers les deux hommes à mes côtés.

— Vous devez être le prince Alexander et le Duc de Northside. J'ai beaucoup entendu parler de vous, dit-il en leur tendant tour à tour la main avec une courtoisie naturelle.

Prise dans mes émotions, je n'ai même pas entendu Victor nous rejoindre.

— C'est un plaisir de vous rencontrer, votre Majesté, répond Alexander en inclinant légèrement la tête pour saluer le roi de Caerleon.

— Je vous en prie, ne soyez pas si formel, vous pouvez m'appeler Charles, dit mon grand-père, un sourire chaleureux aux lèvres.

Le prince hoche la tête, son regard empreint d'une nouvelle considération pour l'homme en face de lui. Quant à moi, je n'arrive toujours pas à croire que mon grand-père se trouve là, juste devant moi. Cela fait des mois que je n'avais pas eu la chance de le voir. Enfant, j'allais souvent dans le royaume de Caerleon pour lui rendre visite. Nous avions pour habitude de jouer aux échecs sur la terrasse de son palais. C'était un de ses rituels préférés. Même quand il pleuvait, il refusait d'abandonner la partie, quitte à exiger que l'on nous tienne un parapluie au-dessus de la tête. Ces souvenirs réchauffent mon cœur. Je me sens emplie de bonheur à l'idée de passer du temps avec cet homme que j'affectionne tant, même si les circonstances de nos retrouvailles sont loin d'être idéales.

— Maintenant que les présentations sont faites, j'ai quelques mots à vous adresser, intervient mon père en montant sur l'estrade.

Alexander passe doucement un bras autour de mes épaules, me rapprochant de lui.

— Je voulais vous remercier d'être venus ce soir pour l'anniversaire de ma petite fille adorée. Même si elle n'est plus si petite maintenant... Quand je pense qu'il n'y a pas si longtemps, elle se cachait encore derrière les rideaux pour ne pas se faire disputer.

Sa phrase provoque quelques éclats de rire parmi les convives. Mon père, fier de lui, m'adresse un clin d'œil complice, ses yeux reflétant un océan de tendresse.

— Ce que je voulais te dire ce soir, Enora, c'est que je suis fier de la femme que tu es devenue. Je ne doute pas une seule seconde que tu seras capable de réussir tout ce que tu entreprendras, parce que tu es la personne la plus forte et la plus intelligente que je connaisse. Et surtout parce que tu te donnes toujours les moyens d'atteindre tes objectifs. Je t'aime ma chérie, ne l'oublie jamais.

Les larmes perlent à mes yeux. Submergée par l'émotion, je me précipite dans ses bras, le serrant de toutes mes forces.

— Je vous aime, je murmure contre son cou.

Il embrasse affectueusement le sommet de ma tête, son sourire plein de tendresse, avant de me guider vers le prince qui m'attend patiemment.

— Elle est ce qui m'est de plus cher au monde, tu sais.

— Je le sais, Monsieur, répond Alexander avec respect.

— Alors peux-tu m'assurer que tes intentions envers elle sont honorables ? demande le roi, son regard se faisant plus intense.

— Père ! je m'exclame en lui lançant un regard réprobateur. Nous venons à peine de nous retrouver, ne le faites pas fuir !

Le roi fixe le prince avec une intensité qui semble pouvoir percer son âme, ses yeux exigeant une réponse claire et sans ambiguïté. Mais Alexander ne se laisse pas déstabiliser. Il plonge son regard dans celui de mon père et répond avec une sincérité désarmante.

— Majesté, je vous assure que mes intentions envers elle sont non seulement honorables, mais aussi sincères et désintéressées. Je suis ici parce que je veux aider votre fille dans sa quête. Je veux être un soutien pour elle et un allié dans cette bataille. Tant qu'elle me laissera rester à ses côtés, je ferai en sorte qu'il ne lui arrive rien.

Ses mots résonnent dans l'air comme un serment inébranlable. Mon père le fixe un moment, évaluant chaque mot, chaque syllabe. Finalement, il hoche la tête, satisfait.

— Alors je te confie ma fille, je compte sur toi pour prendre soin d'elle et pour la protéger comme la prunelle de tes yeux.

— Vous avez ma parole, affirme Alexander.

Mon père me touche délicatement le bras, ses yeux brillants d'une affection indéfectible, avant de quitter la pièce, me laissant à la fois émue et apaisée.

Je me tourne alors vers Alexander, désireuse de lui partager ma reconnaissance, mais je suis figée par l'intensité de son regard. Il me dévisage avec un désir que je n'aurais jamais cru possible à mon égard. Mon cœur bat la chamade alors que ma main monte instinctivement effleurer sa joue. Il ferme les yeux un instant, profitant de la douceur de ma caresse, avant de saisir ma main et de m'entraîner brusquement à sa suite.

— Alexander, que faites-vous ?

— Je vous ai assez partagé pour ce soir.

— Mais la soirée n'est pas encore finie !

Je douille la salle du regard, cherchant du secours parmi les convives, mais ces traîtres font tous mine de n'avoir rien vu. Le prince marche à grandes enjambées, m'obligeant presque à courir derrière lui. Sa poigne est ferme sans être douloureuse, et je comprends bien assez vite dans quelle direction il nous dirige.

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