Chapitre 42

— Veuillez acclamer la princesse Enora et son fiancé, le prince Alexander de Lumia, annonce un des valets tandis que nous pénétrons dans la salle.

Je regarde Alexander, surprise, mais lui ne semble nullement perturbé par la situation. Confiant, il me guide à travers la pièce, saluant de la tête les nobles qui applaudissent sur notre passage.

Plus nous avançons, plus je sens mon souffle se couper. La salle de bal, baignée par la lueur des bougies, dégage une atmosphère presque féerique. Des fleurs délicates ornent les tables, et un grand buffet débordant de mets somptueux trône au fond de la pièce. L'orchestre joue une douce mélodie, invitant les convives à danser dans un tourbillon de robes et de costumes chatoyants. Tout est absolument magnifique. Comment mon père a-t-il pu organiser un événement comme celui-ci en si peu de temps ?

J'avance prudemment dans la salle, émerveillée par tout ce qui m'entoure. Mon père vient à notre rencontre, me dégageant doucement de la prise d'Alexander pour m'entraîner à sa suite. J'adresse un sourire d'excuse à mon cavalier, mais celui-ci est déjà plongé dans une conversation animée avec un des nobles du royaume.

— Cela te plaît, ma petite ?

— Père, je ne sais pas quoi dire, c'est beaucoup trop, je réponds d'une voix tremblante d'émotion, les larmes me montant aux yeux.

— Rien n'est trop beau pour toi, Enora. Il est grand temps que tu le réalises, murmure-t-il avec une tendresse infinie.

Je lui retourne son sourire, profondément reconnaissante. Je ne sais pas ce que je ferais si je ne l'avais pas dans ma vie.

Voulant profiter de cette belle soirée, je décide de me rendre au buffet dans l'intention de goûter quelques petits fours. Tout a l'air si appétissant que je ne sais même pas par où commencer. La faim me fait oublier toute élégance, et bientôt, je me retrouve à fourrer deux feuilletés aux olives dans ma bouche. C'est ce moment-là que choisit Victor pour faire irruption dans mon champ de vision, me tendant une coupe de champagne.

Je suis consciente que je dois plus ressembler à un hamster affamé qu'à une charmante demoiselle. J'essaie tant bien que mal d'avaler tout ce qui se trouve dans ma bouche, mais je ne réussis qu'à m'étouffer davantage. C'est un véritable désastre.

Heureusement, Victor prend la scène avec beaucoup d'humour et me tend un mouchoir, me laissant reprendre contenance.

— Je ne pensais pas vous faire un tel effet, je connais quelqu'un qui va être jaloux, plaisante-t-il en haussant les sourcils.

— Ne dites pas de sottises, je suis juste maladroite.

J'essaie de dissimuler mon embarras derrière un sourire gêné, sans grand succès.

— Je suis venu savoir si vous me feriez l'honneur de m'accorder votre première danse ? me propose-t-il en me tendant la main.

Son invitation me prend au dépourvu. Mon regard glisse involontairement vers Alexander, qui nous regarde depuis l'autre bout de la pièce, un air contrarié sur le visage.

— Allez, Mademoiselle, admettez que je ferais un excellent cavalier. Et puis, en toute honnêteté, cela ne ferait pas de mal à ce cher prince d'apprendre à partager un peu, tente-t-il d'argumenter. Cela fait des années que je rêve de lui faire un coup pareil.

Il se comporte comme un enfant, mais je dois admettre que sa proposition me tente au plus haut point. Un Alexander jaloux est un Alexander, je suis sûre, irrésistiblement séduisant, et danser avec Victor est le moyen idéal de le mettre dans tous ses états.

— C'est d'accord, mais une seule danse. Et vous gardez vos mains dans une position convenable, j'avertis en souriant, l'opportunité de taquiner Alexander étant bien trop tentante pour être ignorée.

— Bien entendu, je suis un gentleman.

Aussitôt dit, aussitôt fait. Il m'entraîne sur la piste de danse, prêt à me faire virevolter. À ma grande surprise, Victor danse avec une grâce et une assurance étonnantes pour un homme de sa carrure. Alors que je me laisse guider dans ses bras, je peux sentir le regard d'Alexander peser sur moi, brûlant et possessif. Il ne me quitte pas des yeux, suivant chacun de mes mouvements, me troublant profondément.

— J'ai oublié de vous le dire, Miss Enora, mais vous êtes sublime ce soir, souffle Victor d'une voix douce, captant de nouveau mon attention. J'ai cru que mon cœur allait défaillir lorsque je vous ai vue entrer dans la salle.

— Vous êtes un beau parleur, je glousse, un peu gênée.

— Pourtant, je suis sincère. Alexander a beaucoup de chance de vous avoir, répond-il avec un léger sourire aux lèvres.

Il continue de mener la danse, et pendant un instant, je me perds dans sa proximité apaisante. Malgré le peu de temps que nous avons passé ensemble, j'en suis venue à le considérer comme un de mes plus proches amis. J'aurais peut-être dû me montrer plus méfiante envers ces deux inconnus, mais je ne regrette pas une seule seconde de leur avoir accordé ma confiance.

Une fois la danse terminée, je sens deux mains se poser au creux de mes hanches, me tirant vers l'arrière et me plaquant contre un torse familier.

— Si cela ne te dérange pas, j'aimerais récupérer ma cavalière.

— Aucun souci, mais elle risque d'être terriblement déçue quand elle découvrira quel piètre danseur vous faites, plaisante Victor en s'éloignant de nous.

Alexander me maintient fermement contre lui, me revendiquant de ce geste anodin. Aucune personne dans la salle ne peut douter de mon appartenance au prince ce soir, et je suis certaine que c'est exactement ce qu'il souhaite. Caressant légèrement ma taille, il se penche pour chuchoter au creux de mon oreille.

— Je n'aime pas vous voir dans les bras d'un autre homme, murmure-t-il.

— Vous êtes jaloux que je danse avec Victor ? je demande amusée.

— Je dirais plutôt possessif. Dans tous les cas, vous êtes à moi pour le reste de la soirée.

Je redresse légèrement la tête pour poser mon retard sur lui, l'intensité qui brille dans ses yeux me faisant frissonner. Je le laisse me guider dans une autre danse, nos corps se mouvant en parfaite harmonie avec la musique.

Chaque contact est électrique, chaque regard chargé de promesses. Je me sens bien dans ses bras, comme si rien d'autre ne comptait. En levant les yeux vers lui, je vois une lueur de bonheur briller dans son regard, une lueur qui réchauffe mon cœur et dissipe toutes mes craintes. L'espace d'un instant, j'oublie qui je suis et où je me trouve. Nous sommes simplement Alexander et Enora, deux âmes destinées l'une à l'autre. Et pour la première fois depuis longtemps, je me sens en sécurité. Je sais que peu importe ce que l'avenir nous réserve, nous le traverserons ensemble, main dans la main.

Malheureusement, ce moment magique s'interrompt bien trop vite. Notre danse terminée, nous nous éloignons l'un de l'autre, mon père nous faisant signe d'approcher.

— Enora, j'ai une autre surprise pour toi, annonce-t-il avec un grand sourire.

— Encore ? Mais vous me gâtez trop.

À cet instant, une main tapote doucement mon épaule.

— Retourne-toi, souffle mon père.

J'obéis, me figeant de surprise en découvrant la personne qui se trouve derrière moi.

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