Chapitre 41
Je croise les bras sur ma poitrine, un sourire amusé aux lèvres, tandis que ses joues s'empourprent. Elle veut contester, mais se ravise finalement et pousse un grand soupir.
— Je n'avais pas prévu de vous cacher la vérité.
— Si tu n'es pas à l'aise pour en parler avec moi, cela ne fait rien.
— Ce n'est pas du tout ça, rétorque-t-elle d'une petite voix, me dirigeant vers le lit pour m'aider à m'habiller. Il y a tellement de choses auxquelles vous devez faire face en ce moment que je n'ai pas osé vous déranger avec mes histoires.
Je la regarde, touchée par sa considération.
— Hannah, tu es mon amie, tu ne me déranges jamais en venant te confier à moi. Si tu veux me parler de lui, je serais plus que ravie de t'écouter.
Je pose une main réconfortante sur son épaule, voulant lui prouver ma sincérité. Elle réfléchit quelques instants avant qu'un sourire timide ne vienne prendre place sur ses lèvres.
— Il s'appelle Rufus et je l'apprécie vraiment beaucoup, admet-elle d'une petite voix, ses joues se teintant encore plus.
Je souris, ravie de la voir s'ouvrir ainsi.
— Il a l'air charmant, je réponds sincèrement. Avec ses cheveux blonds et ses grands yeux bleus, je comprends aisément pourquoi il te ne laisse pas indifférente.
— Oui, il est très charmant, murmure-t-elle.
Elle détourne les yeux, baissant légèrement la tête.
— J'ai entendu dire que vous avez passé la nuit avec le prince, dit-elle ensuite pour changer de sujet.
Je souris tendrement, consciente qu'Hannah a toujours été gênée d'être au centre de l'attention. J'allais laisser tomber pour cette fois, mais je ne perds pas espoir d'en apprendre plus sur ce fameux Rufus.
— Ce n'est pas tout à fait exact, je tente de clarifier. Il s'est introduit dans ma chambre au petit matin, mais nous n'avons pas vraiment passé la nuit ensemble.
— Vu la façon dont il vous regarde, je peux vous assurer qu'il ne serait pas contre l'idée, ajoute-t-elle d'une voix suggestive, un sourire espiègle revenant sur ses lèvres.
— Hannah ! je m'exclame.
Je m'empresse de cacher ma tête entre mes mains, gênée par ce qu'elle insinue. Elle rigole en réponse tout en m'aidant à passer mon corset.
— Comment me regarde-t-il ? je ne peux m'empêcher de demander, ma curiosité prenant le pas sur ma gêne.
Hannah semble ravie du tournant que prend notre discussion.
— Comme si vous étiez la plus belle chose qu'il n'ait jamais vue de sa vie.
Elle m'adresse un sourire complice et je suis certaine que mes joues arborent désormais une belle couleur carmin. Même si cela me gêne de l'admettre, les paroles d'Hannah me font plaisir. J'espère au fond de moi qu'elle dit vrai, et que le prince tient à moi au moins autant que je tiens à lui. Je suis si prise dans mes réflexions que je ne proteste même pas quand Hannah commence à serrer les laçages de mon corset. Une fois cette tâche accomplie, elle s'applique à arranger mes jupons pour qu'ils soient le plus volumineux possible avant de m'aider à enfiler le reste de ma tenue.
Quand elle est satisfaite de son travail, elle me fait signe de me regarder dans le miroir. Je me retourne, un instant stupéfaite par la vue qui s'offre à moi. La robe est tout simplement magnifique, me mettant plus en valeur que je n'aurais jamais pu l'espérer. Le tissu fin épouse parfaitement les courbes de mon corps et son joli décolleté en cœur laisse entrevoir la naissance de ma poitrine, rendant mon apparence séduisante tout en restant élégante. Pour ne rien ôter à ses qualités, la robe est légèrement resserrée au niveau de la taille, ce qui me fait paraître plus mince que je ne le suis réellement. Je peine à croire que je sois cette magnifique femme qui apparaît dans la glace. Hannah a vraiment fait un travail remarquable. Je ne me suis jamais sentie aussi belle de toute ma vie.
— Merci, Hannah, je murmure, émue. Tu as fait des merveilles.
Elle sourit, ses yeux brillants de fierté.
— Vous êtes magnifique, Mademoiselle. Le prince ne saura plus où donner de la tête ce soir, répond-elle en ajustant une dernière fois les plis de ma robe.
Alors que je m'apprête à la prendre dans mes bras pour la remercier, quelques coups retentissent à la porte. Nous sursautons, avant de nous échanger un regard complice.
— Nous sommes pile dans les temps, me souffle-t-elle en se précipitant vers la porte.
Au moment où elle se décale pour laisser entrer notre invité, mon cœur manque un battement. Si je m'étais trouvée belle quelques instants auparavant, ce n'est rien comparé à la perfection du prince Alexander. Hannah s'éclipse discrètement, nous laissant en toute intimité, tandis que je dévore du regard l'homme qui se tient en face de moi.
Son costume sombre met incomparablement son corps en valeur, me donnant envie de passer mes mains sur son torse et sentir ses muscles fins rouler sous mes doigts. Sa chemise est parfaitement ajustée, et au niveau de la poche de son costume se trouve une jolie broche en forme d'épée, symbole de son royaume. Je remarque au passage que son mouchoir a été accordé avec la couleur de ma robe, ce qui me tire un sourire. En relevant les yeux vers son visage, je vois qu'il est lui aussi en train de me regarder intensément, la bouche légèrement entrouverte. Ses yeux traînent sur moi de la tête aux pieds, laissant une sensation brûlante sur leur passage. Il s'approche ensuite doucement de moi, presque comme s'il avait peur de me faire fuir.
— My lady, vous êtes sublime, me complimente-t-il, sa voix rendue rauque par le désir.
— Je dois avouer que vous n'êtes pas mal non plus, je réponds en remettant timidement une mèche de cheveux derrière mon oreille.
Il attrape ma main et me fait tourner lentement sur moi-même. Son regard s'attarde brièvement sur ma poitrine avant qu'il ne plonge ses yeux dans les miens.
— Me feriez-vous l'honneur d'être ma cavalière ce soir ? Je serais l'homme le plus heureux du pays si j'avais la chance de vous avoir à mon bras.
— Rien ne me ferait plus plaisir.
Un sourire éclatant apparaît sur son visage à l'entente de ma réponse et je prends quelques secondes de plus pour admirer cet homme incroyable. Contrairement à d'habitude, ses cheveux sont impeccablement coiffés, ce qui ne me donne qu'une envie : mettre un peu de chaos dans cette apparence irréprochable. Comme s'il avait senti la direction de mes pensées, Alexander passe ses doigts dans sa sombre chevelure, lui redonnant l'aspect faussement négligé que j'affectionne tant.
Il attrape ensuite ma main et la place au creux de son bras, prêt à m'escorter jusqu'à la salle de bal. Je peux sentir la chaleur de sa peau à travers le tissu de son costume, chaque contact envoyant des frissons agréables le long de mon bras. Son parfum m'enivre alors que nous marchons tranquillement dans les couloirs, profitant du silence confortable dans lequel nous sommes plongés.
La prise d'Alexander sur ma main est à la fois douce et assurée, comme s'il voulant s'assurer que je ne disparaisse pas dans un nuage de fumée. Sa simple présence parvient à calmer mes nerfs et à me faire sentir entière. Malheureusement, cet agréable moment ne peut durer éternellement, et bien trop vite à mon goût, nous nous retrouvons devant la salle de bal. À cet instant, j'ai un bref moment d'hésitation, retenant Alexander par le bras alors qu'il s'apprête à pénétrer dans la pièce.
La dernière fois que j'étais censée franchir ces portes, c'était pour ma fête d'anniversaire. Un moment qui aurait dû être joyeux et rempli d'émotions, mais qui s'est avéré plus terrible que je n'aurais jamais pu l'imaginer. Aujourd'hui, je crains que l'histoire ne se répète, que mon bonheur ne vole en éclats à l'instant même où je franchirai ces portes. Je suis consciente que cette accalmie n'est que temporaire et qu'il faudra bien vite retourner à la dure réalité qu'est la nôtre. Mais je ne suis pas encore prête pour cela.
Sentant mon malaise, Alexander me rapproche légèrement de lui, m'apportant son soutien de manière silencieuse. Je plonge mon regard dans le sien, me rappelant sa promesse de rester à mes côtés quoi qu'il arrive. Je ne suis plus la seule à risquer ma vie dans cette histoire, et je ne peux plus me permettre de me montrer lâche. Je dois me battre pour Alexander et pour tous ceux qui comptent sur moi.
— Vous êtes prête ? demande-t-il à voix basse.
Je hoche la tête, inspirant profondément pour calmer mes appréhensions. Il est plus que temps de le laisser m'entraîner dans la grande salle.
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