Chapitre 4
Lorsque je rouvre les yeux, tout est sombre autour de moi. Une douleur lancinante pulse à l'arrière de ma tête, me poussant instinctivement à y porter la main. Heureusement, la blessure ne semble pas trop grave, et je pousse un soupir de soulagement. D'une main tremblante, je dégage les cheveux de mon visage, tentant de discerner quelque chose dans cette obscurité oppressante. Je suis à la recherche d'un indice qui pourrait me permettre de comprendre ce qu'il se passe. D'un détail, même minime, qui m'indiquerait où je peux me trouver. Mais malheureusement, je parviens à peine à distinguer la forme des murs qui m'entourent.
En touchant leur surface rugueuse, je sens de larges fissures les traverser, expliquant le froid mordant qui semble s'infiltrer jusque dans mes os. Je n'ai pas la moindre idée d'où je me trouve, ni de comment je me suis retrouvée là. Une odeur de moisi imprègne l'atmosphère, et sous mes doigts, le sol est froid et humide, comme si j'avais été jetée au fond d'une grotte. Mais au fond de moi, j'ai la désagréable sensation que la réalité est bien pire que ça. En continuant à tâtonner autour de moi, je remarque un détail des plus sinistres : de longs barreaux métalliques. Solides, inébranlables. Je suis dans un cachot. Cela me frappe comme une glisse.
Pourquoi suis-je ici ? Et surtout, qui m'a enfermée ?
Une sensation de panique monte en moi à mesure que je prends conscience de la gravité de la situation. Mais je ne peux pas céder. Pas maintenant. Il faut que je trouve un moyen de sortir d'ici. Prenant une profonde inspiration, je tente de me lever, mais c'est alors que j'aperçois une silhouette se dessiner au fond de la cellule. Je me fige, mon souffle suspendu. De toute évidence, je ne suis pas seule, quelqu'un d'autre partage cet enfer avec moi. Une lueur d'espoir naît dans mon cœur, bien vite remplacée par de l'appréhension.
— Mademoiselle ? murmure une voix faible, presque hésitante. C'est vous ?
Je reconnaîtrais cette voix entre mille.
— Oh mon Dieu, Hannah, tu vas bien ?
Je m'approche précipitamment et m'agenouille près d'elle, voulant m'assurer qu'elle n'a pas été blessée. Ses longs cheveux blonds sont en désordre, et son uniforme de domestique est froissé et taché de saleté. Mais à part ça, elle semble aller bien.
— C'est plutôt à moi de vous poser la question, mademoiselle. Vous êtes blessée ?
— Rien de grave. Et toi ?
— Je crois que ça va...
— Sais-tu ce qu'il s'est passé ? je demande, espérant qu'elle ait les réponses.
— C'est flou... soupire-t-elle. Mais... je crois que ça me revient.
Je retiens mon souffle tandis qu'elle ferme les yeux, frottant doucement ses tempes du bout des doigts, comme pour raviver ses souvenirs.
— Je venais de sortir de la laverie quand je vous ai aperçue dans le couloir avec un homme.
— Un homme ?
Elle hoche la tête, ses doigts se serrant nerveusement autour de son tablier.
— Je ne le connaissais pas. Et pourtant, je connais chaque personne qui travaille dans le palais. Les domestiques, les gardes. Tout le monde. Mais lui... non. J'ai trouvé ça étrange, alors je vous ai suivie. Pas pour vous espionner, je vous le jure, mais seulement pour m'assurer que tout allait bien.
Sa voix se brise légèrement, et je passe un bras autour de ses épaules pour la rapprocher de moi.
— Et ensuite ?
Hannah secoue la tête, ses yeux bruns remplis de confusion et de frustration.
Mais ensuite, je n'arrive pas à me rappeler ce qu'il s'est passé.
— Je ne sais plus. Je me souviens vous avoir suivie, puis... rien. Le trou noir.
— Il semblerait que nous soyons tombées dans un piège... Je suis désolée, Hannah, tu n'aurais jamais dû te retrouver ici.
Un silence pesant accueille mes paroles, troublé seulement par le bruit lointain de gouttes d'eau s'écrasant sur la pierre. À mes côtés, Hannah tente un sourire maladroit, un geste fragile destiné à m'apaiser. Mais je devine dans son regard la même angoisse sourde qui me ronge, amplifiant le poids de ma culpabilité.
— Il semblerait que la petite princesse soit enfin réveillée. Ce n'est pas trop tôt.
Une voix grave et moqueuse s'élève soudain dans l'obscurité, déchirant le silence comme une lame et me faisant sursauter. Relevant la tête vers l'origine du son, je devine une masse sombre qui nous épie derrière les barreaux. Bien qu'il soit partiellement dissimulé par la pénombre, je distingue un sourire sinistre sur ses lèvres. Les traits de son visage restent flous, mais la froideur presque palpable de sa présence suffit à me glacer le sang.
— Je ne pensais pas qu'il serait si facile d'enlever une princesse dans son propre palais, ricane-t-il. La sécurité laisse vraiment à désirer.
Sa voix est rêche, presque râpeuse, comme s'il avait passé des années à s'abreuver de fumée et de mépris. Chaque mot semble conçu pour me provoquer, et un mélange d'humiliation et de rage brûle dans mes entrailles. Cependant, avant que je ne puisse dire quoi que ce soit, Hannah prend la parole, sa voix tremblante, mais déterminée :
— Qui êtes-vous ? Pourquoi nous avoir enfermés ?
Sa question, bien que légitime, semble amuser notre geôlier. Il éclate d'un rire bref et méprisant, un son qui résonne comme une insulte.
— Comme si j'allais perdre mon temps à répondre à une idiote dans ton genre, crache-t-il. Tu ne m'intéresses pas. Si ça n'avait tenu qu'à moi, je t'aurais laissée pourrir dans ce fichu palais.
Hannah amorce un léger mouvement de recul, ses bras se croisant instinctivement sur sa poitrine comme pour se protéger de cet individu sinistre. Je vois ses doigts trembler légèrement, mais elle refuse de détourner le regard. Ma colère monte en flèche, la cruauté de cet homme alimentant un brasier que je ne cherche même pas à éteindre. Mes mains se crispent le long de mon corps, mes ongles s'enfonçant profondément dans mes paumes.
— Je ne sais pas ce que vous attendez de moi, mais vous vous méprenez si vous croyez que je vais vous obéir sans résister, je lance en le fusillant du regard. Vous avez commis une grave erreur en nous enlevant. Une erreur que vous regretterez amèrement.
Mes mots claquent dans l'air comme un défi, mais au lieu de le déstabiliser, ils ne font qu'amplifier son amusement. Son rire éclate, rauque et désagréable.
— Regretter ? répète-t-il avec un sourire encore plus large.
Même dans l'obscurité, je peux sentir son regard me parcourir et cela me donne la nausée. Il n'est là que depuis deux minutes à peine, mais déjà tout en lui m'inspire du mépris.
— Il est vrai que vous n'avez pas la réputation d'être une jeune femme docile. Mais croyez-moi, petite princesse, je saurai vous faire entendre raison. Même si, pour cela, je dois employer des moyens, disons... peu conventionnels.
Ses paroles sont lourdes de menaces et l'atmosphère dans la cellule devient encore plus oppressante. Un frisson glacial serpente le long de mon échine. Je ne suis pas naïve : je sais qu'un homme comme lui ne recule devant rien. Mais l'entendre le formuler si clairement, presque avec une certaine jouissance, fait naître en moi un malaise palpable.
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