Chapitre 36

Enora

Une fois dans ma chambre, je laisse échapper un profond soupir. Mes lèvres s'étirent en un léger sourire tandis que je me laisse tomber sur mon lit, profitant d'un moment d'accalmie après toutes ces aventures. J'ai attendu ce moment avec une telle impatience que j'ai du mal à croire que je suis enfin chez moi.

Pendant tout ce temps, j'ai tenté de me convaincre que tout reviendrait à la normale une fois de retour au palais. Mais, hélas, cela ne semble pas tout à fait être le cas. Je suis heureuse, certes, de retrouver le confort familier de ma chambre, mais une ombre ternit ce tableau. La culpabilité me ronge, telle une plaie ouverte, au souvenir du mal que j'ai fait au prince.

Je me masse les tempes, essayant de chasser ces pensées désagréables.

Pour apaiser mon esprit tourmenté, je décide d'aller me plonger dans le bain chaud qu'Hannah m'a préparé. Un luxe que je n'ai pas pu m'accorder depuis bien trop longtemps.

Alors que je commence à me déshabiller, Hannah se précipite vers moi, voulant m'aider à enlever mon corsage.

— Hannah, ce n'est pas la peine, je vais m'en occuper.

— Quoi ? Mais, Mademoiselle, c'est mon devoir !

— Non, pas aujourd'hui. Tu as toi aussi subi beaucoup trop d'épreuves ces derniers jours, bien plus que tu n'aurais jamais dû. Tu mérites un peu de répit, j'insiste.

Le visage d'Hannah s'adoucit, un sourire discret se dessinant sur ses lèvres.

— Si vous y tenez tant, je vais aller me reposer. Mais pas avant d'avoir pansé votre plaie. Là, c'est moi qui insiste.

Je la connais trop bien pour espérer la faire changer d'avis alors je m'assois en silence, la laissant s'occuper de ma blessure. J'ai vraiment beaucoup de chance de l'avoir à mes côtés. Sans elle, je me serais probablement écroulée sous le poids des événements récents. Elle est ce qui m'a permis de rester forte et de tenir bon depuis notre enlèvement, et pour ça, je dois trouver un moyen de la remercier.

Une fois confortablement installée dans la baignoire, Hannah se retire pour rejoindre sa chambre. Autour de moi, la vapeur s'élève lentement, enveloppant la pièce d'un voile brumeux. Je ferme les yeux, un soupir d'aise s'échappant de mes lèvres.

Savourant ce moment de détente, je laisse l'eau chaude envelopper mon corps et apaiser mes muscles courbaturés. J'aurais pu rester des heures dans ce cocon de douceur et de sérénité, mais il faut que je rejoigne mon père. J'ai besoin de réponses, et le plus tôt sera le mieux.

Tandis que je m'apprête à sortir de l'eau, trois grands coups retentissent à la porte de la chambre. Je lève les yeux au ciel, amusée par l'incapacité d'Hannah à lâcher prise, même pour quelques minutes.

— Je t'ai dit d'aller te reposer, je n'ai pas besoin de toi pour l'instant ! je crie depuis la baignoire.

En dépit de mes paroles, j'entends la porte de la chambre s'ouvrir une poignée de secondes plus tard. Des pas lourds résonnent sur le parquet, s'approchant de plus en plus de la salle de bain.

Mes sourcils se froncent, les pensées fusant à toute vitesse dans mon esprit. Soit Hannah a pris une vingtaine de kilos en l'espace de quelques minutes, soit ce n'est pas elle qui vient de faire irruption dans ma chambre. Je veux être optimiste, mais la deuxième option me semble beaucoup plus probable.

— Monsieur, vous ne pouvez pas rentrer ! s'exclame un des gardes.

— Excusez-moi, je dois parler à la princesse.

— Mais monsieur !

— Poussez-vous, je ne me répéterai pas.

Mon Dieu, c'est la voix d'Alexander. Bien que je sois heureuse qu'il veuille encore m'adresser la parole après ce que je lui ai fait, je ne suis pas du tout sereine de le savoir derrière la porte alors que je me trouve complètement nue.

— Je suis occupée, repassez plus tard ! je lance d'une voix tendue.

Je tends l'oreille, anxieuse, mais plus aucun bruit ne se fait entendre. Je ne sais pas ce qu'il fait de l'autre côté, mais une chose est sûre : je veux qu'il parte, au moins le temps que je me rende plus présentable.

Mais ignorant mes paroles, Alexander ouvre la porte d'un geste brusque et entre dans la pièce. Je sursaute, la surprise et l'embarras se peignant sur mon visage tandis que je tente de m'enfoncer plus profondément dans l'eau.

Mes mains se posent instinctivement sur ma poitrine pour la recouvrir.

— Il faut que je vous parle, c'est impor... Oh seigneur, je suis désolé.

Alexander se retourne précipitamment, levant une main pour se couvrir les yeux tandis que son autre main tremble légèrement le long de son corps.

— Je vous ai dit que j'étais occupée, je soupire en sortant de l'eau. Pourriez-vous me donner le peignoir à votre droite ?

Je veux me couvrir au plus vite. Il fait de son mieux pour répondre à ma demande, mais ses gestes sont empreints d'une certaine maladresse. C'est la première fois que je le vois aussi gêné, ce qui a au moins le mérite de me détendre un peu. J'enfile rapidement le peignoir et remonte mes cheveux mouillés en un épais chignon.

— Maintenant dites-moi ce qui est si urgent que cela nécessite de me sortir de mon bain.

— Je ne savais pas que vous étiez dénudée, sinon je ne me serais jamais permis d'entrer, répond-il finalement, tentant de paraître indifférent. Je pensais que vous vous cachiez de moi.

Je dois admettre que cela me fait bizarre de l'entendre me parler avec autant de formaliste, mais il s'efforce sans doute d'être poli avec moi depuis qu'il a appris ma véritable identité. Je me place devant lui et tapote son bras, voulant lui signifier que je ne lui en tiens pas rigueur, mais il n'ose toujours pas me regarder dans les yeux. Il semble fixer un point invisible au-dessus de ma tête, les poids serrés le long de son corps, comme pour retenir le flot de ses émotions.

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