Chapitre 33
Un silence oppressant plane autour de nous tandis qu'Alexander fait un pas pour s'éloigner de moi. Son regard, d'abord marqué par la confusion, se teinte rapidement de tristesse. Il se détourne, les poings serrés le long de son corps, comme s'il tentait de retenir toute l'émotion qui menace de le submerger.
— Alexander, laissez-moi vous expliquer, je dis, ma voix à peine plus haute qu'un souffle.
Mais il reste obstinément silencieux, refusant de m'accorder un seul regard.
— Alexander, s'il vous plaît.
— Je pense qu'il n'y a rien de plus à dire, répond-il d'une voix tendue. Je ne peux pas te forcer à me désirer, pas après t'avoir donné toutes les raisons de me haïr.
La tension qui nous enveloppe est épaisse, presque suffocante. Je sais que je dois lui parler, lui expliquer, mais les mots restent coincés dans ma gorge. Au moment où je m'apprête à essayer à nouveau, Victor revient dans la clairière, les gardes juste derrière lui. Il s'arrête, observe la scène, ses sourcils se fronçant légèrement.
— Que se passe-t-il ici ?
Alexander ne répond pas, ses traits se fermant aussitôt en une expression froidement indifférente, comme si rien ne s'était passé.
— Sommes-nous prêts à partir ?
Victor me lance un regard perplexe, mais se tourne vers Alexander pour répondre.
— Oui, nous le sommes. Mais avant de lever le camp, je dois vous dire que nous avons eu des nouvelles des éclaireurs, et elles sont pour le moins surprenantes.
— Comment ça ?
— Quand les hommes sont arrivés au village, ils ont découvert qu'aucune battue n'était en cours. Ils se sont donc dit que des expéditions avaient dû être lancées plus loin dans le royaume. Ils ont interrogé les habitants et fouillé les environs, mais même après des recherches approfondies, rien n'indique qu'une expédition ait été lancée pour retrouver la princesse Enora.
À l'entente de ces paroles, le visage d'Alexander se durcit encore davantage. Ses poings se crispent si fort que ses jointures blanchissent sous la pression, révélant l'intensité de la rage qui semble bouillonner en lui. C'est comme si chaque parcelle de son être était submergée par une tempête intérieure, prête à exploser à tout moment.
— Tu es en train de me dire qu'absolument personne ne la recherche ? résume-t-il d'une voix basse.
Victor acquiesce, confirmant les craintes de son ami. La nouvelle plonge l'air ambiant dans un silence tendu, rompu seulement par le souffle saccadé des deux hommes.
— Préviens les hommes, nous partons immédiatement pour le palais d'Amara, ordonne Alexander, sa voix empreinte d'une détermination sans faille.
Sans un mot de plus, il se détourne et pars à grands pas, m'obligeant à courir pour le suivre. Son visage est fermé, ses traits marqués par la colère. Hannah, qui se tient à proximité, me regarde avec une inquiétude visible, mais je n'ai pas la force de la rassurer.
— Alexander ? je m'inquiète, remarquant qu'il n'est pas dans son état normal.
— Quoi ? réplique-t-il sèchement, se retournant brusquement vers moi.
Ses sourcils froncés et sa mâchoire serrée trahissent une tension qu'il ne parvient plus à dissimuler. Je sais qu'il est encore contrarié par ce qui s'est passé plus tôt, qu'il m'en veut de l'avoir repoussé, mais ce n'est pas une raison pour me parler sur ce ton. Surtout quand tout ce que je veux faire, c'est lui venir en aide. Contrariée et blessée, je détourne les yeux et me dirige seule vers les chevaux.
— Alice, attends, appelle-t-il, son expression passant de la colère à la culpabilité.
Il lève une main hésitante vers mon visage, mais se ravise finalement et la laisse retomber à ses côtés.
— Je suis désolé, je n'aurais jamais dû te répondre comme ça, soupire-t-il.
Je reste les bras croisés, mes sourcils légèrement froncés, attendant de plus amples explications. Ses yeux cherchent les miens, emplis d'une sincérité déconcertante.
— C'est juste que... Quand j'imagine la princesse Enora, seule et en danger, priant pour que quelqu'un vienne la sauver... Cela me met dans une colère noire de savoir que personne ne la cherche. Il y a beaucoup de choses que je ne tolère pas dans ce monde, mais le fait d'abandonner quelqu'un à son sort est sans doute la pire. Et encore plus venant d'un père, dont le rôle est de protéger son enfant. Je ne comprends pas comment le roi peut faire ça à sa propre fille, cela me répugne.
À ce moment-là, je comprends que pour Alexander, retrouver la princesse est bien plus qu'un simple devoir. Il est profondément révolté par ce qui lui arrive et est prêt à mettre le royaume à feu et à sang pour lui venir en aide.
— Le roi a sans doute une bonne raison pour avoir arrêté les recherches.
— Je l'espère pour lui, répond-il, son regard se durcissant à nouveau. Mais j'attends de l'entendre de sa propre bouche.
Je pince les lèvres, ne sachant quoi répondre. Je suis la seule à connaître la vérité sur cette histoire, à savoir la raison pour laquelle le roi a cessé ses recherches. Dois-je insister pour lui dire maintenant, ou attendre un meilleur moment, si tant est qu'il y en ait un ?
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