Chapitre 19
Je me hâte dans les couloirs, cherchant Hannah du regard. Mes pas me mènent jusqu'à l'arrière du château, où je la trouve en train de faire la lessive avec un groupe de domestiques.
— Hannah ! je murmure en agitant discrètement la main.
Elle lève la tête et, me voyant, se précipite vers moi.
— Mademoi... Alice, tu es là ! Je te cherchais partout.
— Hannah, il faut que je te parle.
Je la tire vers un endroit plus isolé, loin des oreilles indiscrètes.
— Où étiez-vous passée ? J'étais morte d'inquiétude.
— C'est une longue histoire, je soupire. Mais le fait est que le prince Alexander veut qu'on parte avec lui dans le royaume d'Amara.
Hannah écarquille les yeux, son visage exprimant un mélange d'étonnement et de peur.
— Quoi ? s'exclame-t-elle, plus fort que nécessaire.
— Chut ! je lui intime en regardant autour de nous. Il ne faut pas que quelqu'un nous entende.
Elle hoche la tête et je poursuis à voix basse.
— Apparemment, il veut enquêter sur ma disparition.
— Mais... pourquoi ?
— Je n'en sais rien, mais ce n'est pas ce qui importe. Ce qui compte, c'est que cela pourrait nous permettre de trouver des réponses. Et surtout, de nous rapprocher du palais.
À ces mots, une étincelle d'espoir traverse son regard. Elle essaie de cacher son enthousiasme, mais je devine qu'elle est déjà en train d'imaginer notre retour. Comme elle, je ne peux m'empêcher d'être soulagée à l'idée que, pour la première fois depuis notre enlèvement, chaque heure passée semble nous rapprocher de la fin de cette mésaventure.
Elle me serre dans ses bras, émue, et je sens quelques larmes couler sur mon épaule.
— Allez, viens, nous devons aller nous préparer.
De retour dans notre petite chambre, nous avons la surprise de découvrir que des tenues neuves ont été soigneusement posées sur nos lits.
— Qui a fait ça ?
Je hausse les épaules, perplexe moi aussi. Mais une chose est sûre : si nous voyageons avec le prince, il est évident que nous ne pouvons pas être vêtues comme de simples domestiques.
Sans attendre plus longtemps, je fais glisser la robe sur mon corps. Cette tenue, bien que n'ayant pas la somptuosité de ce que j'ai l'habitude de porter, est faite d'une étoffe douce et épaisse. Je caresse le tissu du bout du doigt, appréciant la sensation agréable qu'il procure contre ma peau. D'un vert profond, la robe épouse mes formes sans entraver mes mouvements. J'ajuste une ceinture de cuir autour de ma taille et drape un châle autour de mes épaules, avant de me tourner vers Hannah, prête à partir.
Quand nous arrivons aux écuries, Alexander est là, entouré de ses gardes. Dès que je m'approche, son regard s'ancre sur moi. Il me scrute de haut en bas, m'évaluant du regard, avant de se détourner pour aboyer des ordres à ses gardes. Je reste figée, indignée. Pour qui se prend-il au juste à me détailler de la sorte ? Cet homme a un don particulier pour m'exaspérer, presque autant qu'il éveille en moi une attirance contre laquelle j'ai bien du mal à lutter. Pourtant, je ravale ma fierté. Ce n'est pas le moment de le provoquer. J'ai besoin de lui, au moins pour le moment.
— Bien, maintenant que tout le monde est là, nous pouvons commencer, annonce-t-il en se tenant fièrement devant ses hommes, balayant le groupe du regard.
C'est la première fois que je le vois porter un équipement de combat. Et avec ses protections de cuir et sa large épée accrochée autour de sa taille, il dégage un charisme surprenant.
— J'ignore exactement ce qui est en train de se passer dans le royaume d'Amara, et je ne sais pas non plus à quel point la situation peut être dangereuse. Nous allons donc prendre le plus de précautions possible. Si vous avez le moindre problème, si vous voyez quoi que ce soit de suspect, prévenez-moi immédiatement. De mon côté, je ferai mon maximum pour que nous revenions tous indemnes.
Les gardes acquiescent vigoureusement et crient leur accord en frappant sur leur plastron. Pour ma part, je reste silencieuse. J'ai toujours apprécié les applaudissements à la fin des discours, mais je doute que le prince soit ravi d'une telle intervention de ma part.
Laissant ses hommes charger le reste des affaires, il s'approche de moi et me saisit par le poignet, son emprise ferme mais sans brutalité.
— Que faites-vous ? je murmure, interloquée.
— Tu voyageras avec moi. Je ne veux pas risquer que tu te sauves à la première occasion, répond-il sans ambages. J'ai autre chose à faire que de courir après une esclave en fuite.
Je lève les yeux au ciel, exaspérée par ses demandes singulières. Comme si j'étais du genre à m'échapper... Mais je sais qu'avec lui, argumenter serait une perte de temps.
Il monte sur sa monture avec une agilité déconcertante. Puis, sans me laisser protester, il m'attrape par la taille et me hisse devant lui d'un mouvement assuré, ses mains s'attardant sur mes hanches quelques instants de plus que nécessaire. Lorsqu'il se penche pour attraper les rênes, son corps se presse contre le mien, amplifiant mon trouble. Dans cette position, je peux sentir son parfum m'envelopper, un mélange de vieux cuir et de bois fumé. Une fragrance masculine et terriblement envoûtante.
Mon cœur s'emballe, et pas uniquement à cause de sa proximité. Il y a quelque chose chez Alexander, une dualité étrange. Malgré son comportement froid et autoritaire, il y a une certaine douceur, presque imperceptible, dans la manière dont il me tient. Avec lui, je me sens paradoxalement en danger et en sécurité, marchant inlassablement au bord du précipice.
Le cheval s'ébranle doucement, brisant ma réflexion. Alexander resserre son étreinte pour me stabiliser, la chaleur de son corps se mêlant à la fraîcheur de l'air. Je suis consciente que je ne devrais pas ressentir ça pour un homme que je connais à peine, mais mon cœur refuse d'écouter ma raison. Alexander me fait me sentir à ma place, et c'est la première fois de ma vie qu'un homme m'inspire de tels sentiments. À partir de demain, je serai plus prudente, mais pour l'instant, je veux simplement profiter de cette sensation.
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