Chapitre 15

— Ça n'explique pas pour autant ce que je fais ici, je lui fais remarquer.

Alexander passe une main dans ses cheveux. Il détourne le regard, visiblement mal à l'aise, et son expression se ferme en une moue renfrognée.

— Je n'avais jamais vu quelqu'un perdre connaissance aussi subitement, finit-il par dire. J'ai paniqué, alors je t'ai amené dans ma chambre.

Il marque une pause, son regard se perdant un instant dans les flammes de la cheminée, avant de reprendre d'un ton plus assuré :

— Je ne voulais pas que tu puisses fouiner partout à ton réveil, alors je suis resté pour te surveiller. Tu as été inconsciente une bonne partie de la journée. Je suppose que j'ai fini par m'assoupir.

— Comment ça, fouiner partout ? je relève, mes sourcils se fronçant sous l'effet de l'indignation. Insinuez-vous que je suis une espionne ?

— Je ne sais pas exactement ce que tu es, mais je trouve ça suspect que mon père insiste pour s'entretenir avec une simple domestique. Tant que je ne saurai pas ce que tu caches, je préfère te garder à l'œil.

Ma colère monte, brûlant tout sur son passage. Enora d'Amara, une vulgaire espionne ?

— Comment osez-vous ? je siffle en le fusillant du regard.

Il ne cille pas.

— Je pense que tout est dit, rétorque-t-il, sa voix tranchante comme une lame.

C'en est trop. Une vague de frustration et de rage me submerge, et avant même de m'en rendre compte, ma main se lève pour lui asséner une gifle. Mais il est plus rapide. D'un geste vif, il attrape mon poignet en plein vol.

— Ne recommence jamais ça, crache-t-il d'une voix glaciale.

Ses doigts se resserrent sur mon poignet jusqu'à en devenir presque douloureux.

— Je ne lève jamais la main sur une femme, poursuit-il d'un ton dur, mais je n'hésiterai pas à ordonner à mes gardes de t'attacher si tu te montres incontrôlable.

— Je ne suis pas à votre merci, je rétorque, tentant de dégager mon bras de son emprise.

Ses lèvres se courbent en un sourire froid, dénué d'humour.

— Peut-être, mais je suis celui qui détient le pouvoir ici. N'oublie jamais ça.

Il relâche finalement mon poignet, se redressant pour quitter la pièce. Avant de franchir la porte, il se retourne une dernière fois, ses yeux brillants d'une lueur indéchiffrable.

— Ne la laissez pas sortir, ordonne-t-il d'un ton sec aux gardes postés à l'extérieur.

La porte se referme derrière lui et je laisse échapper un flot de jurons, maudissant son arrogance et son mépris. Il est hors de question que je le laisse me traiter ainsi. Avec une détermination farouche, je me lève et marche d'un pas résolu vers la porte. Mais en l'ouvrant, je me retrouve face à un garde imposant, dont la stature me barre immédiatement la route.

— Je suis navré, mais vous devez rester dans la chambre. Ordre du prince Alexander.

— Et si je n'en ai pas envie ?

Mon regard se durcit, mes bras se croisant sur ma poitrine dans un geste de défi.

— Vos souhaits n'entrent pas en compte dans la décision. Vous serez autorisée à circuler dans le palais lorsque le prince l'aura décidé. Maintenant, veuillez retourner dans la chambre.

— Vous ne pouvez pas me retenir ici !

Ma voix résonne dans la pièce, vibrant d'une colère et d'une frustration que je peine à contenir. Mais le garde, impassible, referme la porte d'un geste détaché, me laissant seule face à mon indignation. Je fixe la porte close, les poings serrés, tandis que mes pensées tourbillonnent dans un chaos furieux. En m'enfermant ici, Alexander a franchi une limite. Je refuse de rester enfermée dans cette chambre, à la merci de ses caprices. Il se trompe lourdement s'il pense pouvoir me dicter ma conduite. Je serre les dents, déterminée. Je vais trouver un moyen de sortir de cette prison dorée.

Sans perdre une seconde, je me dirige vers les fenêtres, scrutant chaque détail dans l'espoir d'y déceler une faille. J'empoigne l'un des loquets, tirant de toutes mes forces, mais rien ne bouge. Je tente une autre fenêtre, puis une troisième, mais chaque verrou semble avoir été scellé. Un grognement de frustration m'échappe alors que je recule, essoufflée par mes efforts inutiles. Mes yeux parcourent la pièce à la recherche d'une autre solution. La commode dans le coin attire mon attention. Je la pousse avec détermination, espérant découvrir une trappe ou un passage secret. Mais une fois de plus, c'est une immense déception.

Je soupire, n'ayant d'autre choix que de me plier à cette décision insensée. Malgré tous mes efforts, je ne parviens pas à comprendre le comportement du prince. En plus de me ramener de force dans son palais, il me séquestre dans sa propre chambre, comme si j'étais une menace qu'il fallait garder sous clé. Peut-être que, dans son esprit tordu, cela fait sens. Mais pour moi, c'est une insulte, une humiliation que je refuse de tolérer.

Je finis par me coucher dans le lit, remontant furieusement les couvertures contre ma poitrine. Le matelas est moelleux, les draps d'une douceur presque irréelle, mais cela ne suffit pas à apaiser l'agitation dans mon esprit. Entre les paroles énigmatiques du roi, mes souvenirs mystérieusement disparus, mon attirance pour le prince... Je ne sais plus où donner de la tête.

L'idée que mon enlèvement soit lié aux événements tragiques survenus dans ce palais il y a des années me semble de plus en plus plausible. Et si c'est le cas, je ne suis pas en sécurité ici non plus. Je dois trouver un moyen de regagner mon royaume, c'est presque une question de vie ou de mort. Mais d'un autre côté, je ne pourrais jamais découvrir la vérité sur mon passé en restant enfermée dans mon palais. Tout est si compliqué...

Si quelqu'un peut m'aider à y voir clair, c'est bien Hannah. Sa sagesse et sa loyauté ont toujours été un phare dans la tempête de ma vie. Je me fais la promesse de partir à sa recherche dès le lever du jour. Mais pour l'instant, il vaut mieux que je dorme. 

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