Chapitre 11

Alexander

Après avoir quitté la cour du palais, je m'engouffre dans les couloirs déserts. Le claquement de mes bottes résonne sur le sol, comme un écho de la tempête qui gronde en moi. Je dois parler à mon père. Maintenant. Chaque seconde qui passe alimente mon impatience.

Arrivé dans ses quartiers, je frappe d'un coup sec à la porte. Quelques secondes passent avant qu'elle ne s'entrouvre, révélant ma mère.

— Alexander, mon ange, que fais-tu là ? dit-elle en resserrant son peignoir autour d'elle, visiblement surprise de me trouver là.

Sans attendre son invitation, je me glisse dans la pièce, mon regard cherchant immédiatement mon père. Il est assis dans un fauteuil près de la cheminée, plongé dans l'un de ces vieux livres qu'il affectionne tant. En me voyant entrer, il redresse la tête et ferme son livre avec une lenteur exaspérante, comme s'il n'était pas du tout surpris de mon intrusion.

— Que se passe-t-il ?

Je m'avance d'un pas brusque, incapable de contenir plus longtemps ma frustration.

— La fête d'anniversaire de la princesse Enora a été annulée, je grommelle, les dents serrées. Et j'aimerais savoir pour quelle mauvaise raison le roi d'Amara se permet de me faire perdre mon temps.

Ma colère perce dans chaque mot, mais mon père ne cille pas. Il croise les jambes avec une lenteur calculée, sa posture dégageant une nonchalance qui ne fait qu'attiser mon irritation.

— Ah, oui. J'ai appris la nouvelle. La princesse Enora a été enlevée. Ils ont donc jugé nécessaire de reporter la fête. Après tout, elle en était l'invitée d'honneur.

Ses paroles me frappent comme un coup de tonnerre.

— Quoi ? je souffle, incapable de cacher ma stupéfaction.

La princesse Enora ? Enlevée ? C'est impossible, je ne peux pas y croire. L'idée même qu'un tel acte ait pu être commis contre l'héritière du royaume d'Amara me paraît insensée. Qui aurait l'audace de mettre ainsi en péril la paix fragile entre nos royaumes ?

— Comment êtes-vous au courant ?

Il incline légèrement la tête, presque amusé par mon incrédulité.

— J'ai reçu une missive du roi Léopold.

— Vous correspondez avec lui ? Depuis quand ? Pourquoi vous contacte-t-il ? Vous a-t-il demandé de l'aide pour retrouver la princesse ?

Mes questions s'échappent de mes lèvres avant que je ne puisse les retenir. J'ai besoin de réponse, besoin de dissiper le voile d'incompréhension qui enveloppe mes pensées. Mais mon père reste de marbre. Ma mère, quant à elle, se tient silencieusement derrière lui, les mains sur ses épaules, peu désireuse de prendre part à cette conversation.

— Qui sont ces deux femmes que tu as ramenées avec toi ? demande-t-il brusquement, changeant délibérément de sujet.

— Ce n'est pas le moment de parler de ça !

Il fronce les sourcils, dérangé par mon ton, et je regrette instantanément d'avoir levé la voix.

— Ce sont des esclaves, je dis pour me rattraper. On les a trouvées dans la forêt.

Il plisse les yeux, un éclat d'intérêt perçant dans son regard.

— Des esclaves ? J'en doute.

— Que voulez-vous dire ?

Sa manière de parler par énigmes m'insupporte. Mais il ne répond pas. À la place, il se lève lentement et s'approche de la fenêtre, le regard perdu dans l'obscurité de la nuit.

— Que savez-vous de ce qui se passe à Amara ? j'insiste, tentant de ramener la conversation sur le sujet qui m'intéresse.

Il laisse échapper un profond soupir.

— C'est une longue histoire, Alexander. Trop longue pour être racontée à cette heure. Mais sache que ce qui est arrivé à la princesse Enora n'est pas un simple incident. Cela concerne également notre royaume. Nos contrées sont liées par des forces dont tu ignores encore l'existence. Je t'expliquerai tout demain matin. Mais pour l'instant, tu devrais te reposer.

Je serre les poings, luttant contre l'envie de protester. Mais je sais que cela ne servirait à rien. Mon père est aussi inflexible que la montagne sur laquelle repose ce palais. Après tout, ce n'est pas de n'importe qui que je tiens ma propre obstination.

— Très bien, je dis à contrecœur. Mais je veux des réponses, père. Dès demain.

Il incline la tête en signe d'assentiment, et je quitte la pièce, le cœur lourd. Alors que je traverse les couloirs sombres pour regagner ma chambre, une seule pensée occupe mon esprit. Si la princesse Enora a effectivement été enlevée, rester inactif n'est pas une option. Et pour pouvoir lui venir en aide, j'ai besoin de toute ma lucidité et de toute ma détermination.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top