Chapitre 43 : Peeter


Les soldats de Max nous saisissent sans ménagement et nous poussent vers leurs voitures. Seul Miles est traité avec plus d'attention et emmené sur une civière. Faustine lutte pour rester à ses côtés, puis pour ne pas être séparée de moi, mais nous sommes tous les trois emmenés séparément. Tout semble avoir été minutieusement prévu.

Notre seul espoir réside dans le fait que Jake, Abby et Rune ne font pour l'instant pas parti des prisonniers. Avec un peu de chance, ils ont eu la bonne idée de disparaître aux premiers coups de feu... A moins que l'un d'eux ait été abattu. Mais dans ce cas, je pense qu'on le saurait. Ils auraient ramené le corps ou il y aurait eu plus d'échanges de tir.

On nous laisse menottés dans les véhicules pendant un long moment. En me retournant, je discerne la voiture dans laquelle Faustine se trouve, mais les vitres fumées nous empêchent de nous voir. Je finis par m'assoupir et lorsque les portières s'ouvrent à nouveau, le jour commence à se lever. J'imagine que l'équipe de Max a prit le temps d'enlever toute son installation et les preuves de la maltraitance de Miles.

Deux soldats montent à l'avant du véhicule et bientôt, nous traversons les Secteurs dans le sens inverse. Je vérifie régulièrement que la voiture de Faustine suit la mienne, ainsi que celle de Miles.

C'est sans surprise que je me rends compte que notre cortège se dirige vers la Tour.

Arrivés en bas de l'immense bâtiment blanc, magnifique édifice dont la pointe se perd dans les nuages, on me laisse rejoindre Faustine.

-Où est Miles ? demande-t-elle à chaque garde qui passe, puis aux médecins qui s'approchent du dernier véhicule. Comment va-t-il ?

-On s'occupe de lui, lui répond enfin une femme aux allure de secrétaire.

-Qu'est-ce qu'on fait ici ? je demande alors que l'on nous pousse vers l'entrée, la femme prenant des notes sur son calepin tout en marchant, ses lunettes glissant régulièrement sur son nez.

-Le Gouverneur veut vous voir. Nous allons vous préparer avant votre rendez-vous.

Sans avoir le temps d'ajouter quoique ce soit, quatre gardes nous escortent vers un ascenseur. Ils marchent trop rapidement pour que nous ayons le temps de reprendre notre souffle et ce n'est que dans l'ascenseur que je peux me tourner vers Faustine.

-Ca va aller, je lui dis d'un ton convaincu.

-Je déteste cet endroit, répond-t-elle entre ses dents. Et s'ils me faisaient retourner...

-Non. Le Gouverneur veut nous voir. C'est une bonne chose.

-Mais...

-Fais-moi confiance Faustine. Ca va aller.

Les portes de l'ascenseur s'ouvrent et cette fois, les gardes nous séparent pour nous emmener chacun d'un côté. La panique se lit sur les traits de Faustine mais je fais de mon mieux pour l'encourager du regard.

On me met dans une pièce froide et vide où l'on me demande de me déshabiller. Entièrement. Puis des jets d'eau sortent des murs pour venir m'asperger le corps. Une puissante odeur de nettoyant envahit l'endroit et me fait plisser le nez. Puis l'eau s'arrête enfin et une serviette tombe du plafond. Je m'empresse de la récupérer et de me sécher avant de me couvrir avec.

-Avancez dans la pièce suivante, résonne une voix mécanique.

Au fond de la salle, une porte s'ouvre et je m'exécute. C'est une pièce sombre avec quelques lumières chaudes au plafond et un miroir sur un côté de la pièce. Sur une petite table en bois se trouve une pile de vêtements, un peigne et des chaussures. Je n'ai pas besoin que l'on m'explique quoi faire cette fois et je me dépêche d'enfiler la tenue blanche prévu pour moi. Un pantalon large, une chemise et une veste, entièrement immaculés. Je brosse rapidement mes cheveux sur le côté et enfile les chaussures.

Je fais le plus vite possible en espérant rejoindre Faustine pour la rassurer. Mais il ne se passe rien. Je m'assois sur la table et observe mon reflet dans le miroir. Dans cette tenue, je ressemble beaucoup au Gouverneur. C'est la première fois que je le remarque.

Le visage anguleux, les traits fatigués, les yeux clairs, la blondeur des cheveux... Et la tenue typique des travailleurs de la Tour. Tout en blanc. C'est étrange de me redécouvrir sous cet angle. De voir une ressemblance qui n'existait pas avant et qui pourtant, a toujours été là.

Est-ce que le Gouverneur sait qui je suis ? Est-ce qu'il le saura instantanément en me voyant ? Est-ce que cela nous donnera une chance de survivre ?

Enfin, la porte que j'ai emprunté pour venir s'ouvre à nouveau et je repars par la salle de douche. Les soldats m'attendent toujours et m'accompagne dans une autre pièce entièrement recouverte de blanc.

-Attendez-ici, me dit-on avant que la porte ne se ferme.

J'ignore combien de temps je patience avant qu'enfin, une porte s'ouvre dans un mur et laisse entrer Faustine. Je me lève du sol et me précipite vers elle pour la prendre dans mes bras. Elle semble un peu surprise et extrêmement fatiguée. Elle aussi a revêtu la tenue blanche exigée, sauf qu'il s'agit d'une robe blanche arrivant aux genoux et d'une veste cintrée à l'aide d'une ceinture en tissu. Ses cheveux ont été relevés en queue-de-cheval et elle sent la même odeur que moi.

-Comment tu te sens ? je demande en posant mes mains sur ses épaules.

-Ca va, ils ont regardé ma blessure et ont changé le bandage. Ca devrait aller. Et je me disais que... s'ils prenaient le temps de me soigner... peut-être qu'ils ne nous feront rien ?

J'acquiesce en la prenant à nouveau dans mes bras.

-Je suis fatiguée, Peeter, murmure-t-elle à mon oreille.

-Je sais, je souffle doucement. Tu peux dormir le temps qu'on vienne nous chercher.

Je me rassois dans un coin de la pièce et Faustine s'allonge en posant la tête sur mes jambes. Je lui caresse doucement les cheveux, mes pensées virevoltant dans tous les sens. Faustine s'assoupit rapidement et je cesse tout mouvement pour ne pas la réveiller.

Je profite de ces instants pour l'observer. Je mémorise chaque trait de son visage, la couleur de son teint et de ses cheveux, la douceur de ses respirations, la régularité de son cœur qui bat. Etre en contact avec elle me fait toujours le même effet depuis que l'on s'est rencontré. Cette sensation de plénitude inexplicable. Cet amour sans fin et sans nom qui ferait que je donnerais ma vie pour elle. Faustine et moi sommes faits pour être ensemble.

Et pourtant, tant que nous vivrons dans ce monde, être ensemble, avoir une vie normale, être heureux, ne sera pas possible. Pas tant que les Uniques seront envoyés en prison. Pas tant que les gens auront trop peur pour sortir de chez eux. Pas tant qu'elle sera connue comme celle qui s'est rebellé contre le Système.

Alors que je continue à réfléchir à toute notre histoire, Faustine ouvre les yeux et me regarde longuement. Je pense qu'elle aussi s'attache à chaque détail de mon visage.

-Je t'aime Peeter, lâche-t-elle simplement.

Mon cœur semble exploser en entendant sa déclaration et une foule d'émotions me submerge alors qu'elle se redresse pour m'embrasser.

-Je t'aime aussi Faustine. Je t'aimerais toujours.

A cet instant, la porte s'ouvre et nous nous redressons rapidement. La secrétaire avec ses lunettes lève à peine les yeux de son calepin pour nous regarder.

-C'est l'heure, dit-elle. Le Gouverneur va vous recevoir.

On nous conduit vers un autre ascenseur et cette fois, la montée dure un long moment. Je peux presque entendre le cœur de Faustine et le mien battre à l'unisson.

L'ascenseur ouvre enfin ses portes sur un énième couloir immaculé. Mais cette fois-ci, la lumière est différente. Au lieu de l'habituelle pâleur écœurante, le sol et les murs sont envahis d'une lueur opaline. Nous avons atteints le dernier étage de la Tour Atlas et, plongé dans les nuages, l'endroit s'apparente presque à l'image que l'on se fait du paradis. Une étrange quiétude et une sérénité inhabituelle règnent sur le chemin qui nous conduit à un immense bureau. De la taille d'un appartement, la pièce conçue entièrement en verre n'abrite que quelques pièces de mobilier. Sur toute la longueur de la pièce se trouve une armoire blanche, tachetée d'écrans transparents dont certains diffusent une lueur bleutée. Au centre, deux canapés ivoirins s'opposent avec en leur centre, une large table basse en verre qui semble flotter au-dessus du sol. Et enfin, à l'autre bout de la pièce trône un bureau colossal en forme de triangle et parsemé de dossiers et d'objets métalliques.

Le Gouverneur Balder se tient debout à côté de son bureau et nous observe un moment. Ses yeux bleus presque translucides nous détaillent longuement, et j'ai la désagréable sensation qu'il pourrait voir à travers nous, voire lire dans nos pensées.

Finalement, le Gouverneur congédie ses hommes et nous fait signe d'entrer. Un par un, nous franchissons la porte en verre et approchons des canapés. Mais nous restons debout, le visage neutre, le corps figé.

-Jamais je n'aurais pensé vous voir tous les deux dans mon bureau, commence Balder avec un léger sourire. Avec tous les ennuis que vous avez causés, je n'imaginais pas avoir l'occasion de m'entretenir avec vous. Je vous en prie, asseyez-vous.

Nous hésitons un instant en échangeant un regard, puis obéissons sans contester. L'étrange bonne humeur du Gouverneur et son attitude sereine nous laisse sans voix. Nous ne nous attendions pas du tout à cet accueil.

Avant de nous rejoindre, le Gouverneur se dirige vers son bureau et compose un numéro sur un téléphone avant de murmurer quelque chose. Quelques minutes plus tard, un petit-déjeuner spectaculaire a été déposé sur la table en verre devant nous et nous sommes tous les trois réunis sur les canapés blancs.

-Voyez-vous, nous explique Balder, mes journées sont extrêmement chargées, surtout en ce moment.

Il nous lance un regard entendu.

-Aussi, je n'ai pas une minute à perdre. Mais comme j'aimerais passer un peu de temps avec vous, j'ai pensé que nous pourrions déjeuner ensemble. S'il vous plaît, servez-vous.

Mon estomac gargouille au moment même où il finit sa phrase et Balder m'envoie un autre sourire entendu. Faustine hausse les épaules et serre. Bientôt, nous avons une assiette remplie de fruits, de viennoiseries et d'œuf au bacon devant nous. Dans le même temps, le Gouverneur nous expose ce qu'il a entendu de nos dernières péripéties et nous n'avons rien à ajouter. Il sait absolument tout.

-Pourquoi vouliez-vous nous voir ? demande Faustine, un peu brusquement.

Le Gouverneur semble ne pas entendre l'urgence dans sa voix et réfléchit un instant.

-Vous savez, j'ai créé le Système de toute pièce. Il y a bien longtemps. Avec mes conseillers, nous avons créé la Nouvelle République sur les cendres de l'Ancien Monde. Je n'étais déjà pas jeune à cette époque et la logique veut que je le sois de moins en moins. Et durant ces dernières décennies, j'ai pu voir les progrès que ce nouveau gouvernement a apportés. Le changement positif que le Système a permis. Plus de pollution, plus de guerres, plus de famine... la liste est longue, vous ne pensez-pas ?

Faustine acquiesce, visiblement très intéressée par son discours.

-Je pensais avoir créé le Système parfait. Il s'agissait vraiment de créer un monde où chaque individu, quel qu'il soit, peu importe son origine ou ses capacités, puisse avoir sa place. Que chaque individu puisse faire partie intégrante d'une communauté qui vit en harmonie.

Il marque une pause et son regard se perd dans le vide.

-Vous vouliez savoir pourquoi je voulais vous rencontrer, mademoiselle James ? reprend-t-il un bout d'un moment. Et bien parce que vous êtes ceux qui ont remis en cause tout le Système que j'ai créé et dont j'étais si fier. Voyez-vous, pour un cerveau comme le mien et au vu de mon âge avancé, l'aboutissement d'un tel projet marquait une étape important dans mon existence. Je pensais pouvoir laisser le monde meilleur qu'il était auparavant.

Faustine fait mine de vouloir répondre mais s'interrompt. Tout comme elle, j'ai envie de savoir ce que le Gouverneur va dire. Il a cette manière évidente de captiver les foules par ses discours. Et le voir en privé rend son aura d'autant plus puissante.

-Vous êtes les anomalies dans mon Système parfait, soupire-t-il en nous regardant à tour de rôle. Voilà pourquoi je trouvais cela si intéressant de vous rencontrer. N'oubliez pas de manger, ajoute-t-il en voyant nos assiettes toujours remplies.

-Mais nous ne sommes pas les seuls, proteste Faustine. Beaucoup d'Uniques ne sont pas vraiment ... et bien, Uniques.

-Et pourtant, vous êtes les seuls à être sortis du Système, mademoiselle James. Je ne dis pas que vous êtes les premiers à vous êtes rendus compte que quelque chose n'allait pas. Mais le Système est prévu pour que chacun soit suffisamment satisfait pour que ce soit...suffisant. Pour que ça ne vaille pas le coup de chercher plus loin et d'aller à l'encontre du Système.

Son sourire revient sur ses lèvres alors qu'il boit une gorgée de jus d'orange.

-Vous avez pensé par vous-même, continue-t-il.

-C'est mon père qui nous a mis sur la piste, contre Faustine en fronçant les sourcils. Henry James a donné ma photo à Peeter et m'a laissé la sienne. Sans ces photos, nous n'aurions peut-être rien fait.

-Je me demandais justement comment vous aviez fait. Cela dit, vous auriez pu mettre ces photos de côté et accepter votre destin.

Un silence s'installe entre nous tandis que le Gouverneur nous observe.

-Vous n'êtes pas d'accord, conclut-il.

-Ce n'est pas important, répond Faustine. Nous ne sommes pas les seuls erreurs, il y a beaucoup d'autres personnes comme nous, qui ont déjoué le Système.

-Il y a une grande différence entre une anomalie, et une faille. Je sais que votre père, Henry James, faisait lui-même des recherches pour prouver que le Système choisissait les Uniques. Qu'à un certain taux de réussite ou après d'étranges observations sur les sujets, le Système les classait Uniques. Je dois admettre qu'au début, c'était une idée brillante qui me permettait d'observer les meilleurs cas de mutations génétiques. Est-ce que vous me suivez toujours ? Bien.

Le Gouverneur se frotte le menton en plissant les yeux et regarde par la fenêtre en grignotant du raisin. Je lance un rapide coup d'œil à Faustine qui me répond d'un signe de tête.

-Le problème, dit-il, c'est que dans un Système aussi vaste, avec tant de personnes, il est difficile de contrôler tout le monde. C'est là qu'intervienne les failles. Je n'ignore pas que Miles Greyson est votre vrai père, mademoiselle James. A vrai dire, il a été mon premier sujet confidentiel. Je n'avais jamais vu de tels résultats... jusqu'à vous deux. J'ai suivi ses faits et gestes comme on traque un rat de laboratoire, sans jamais intervenir.

Faustine serre les poings et ses joues prennent une couleur rouge vif. Pourtant, elle garde le silence.

-Le but était de mener une expérience. Voyez-vous, j'avais déjà perdu le contrôle de mon Gouvernement. Ce n'est pas quelque chose que je nie. Seulement, je suis plus scientifique que politicien et pour comprendre mon erreur, il fallait que je vous comprenne vous. Les Uniques. Que je comprenne pourquoi et comment vos gênes peuvent muter. L'origine et le développement de ces changements. Est-ce que c'est quelque chose que vous ingurgitez, peut-être dès la formation de l'embryon ? Est-ce l'évolution de votre comportement ? Est-ce l'environnement ou la génétique ? Excusez-moi, je divague.

Une douce mélodie retentit dans la pièce et le Gouverneur se leva pour aller répondre au téléphone. La conversation ne dura qu'une minute, mais le visage du Gouverneur semblait plus soucieux lorsqu'il se rassit.

-Je suis navré jeunes gens, mais je ne pourrais pas finir mon explication aujourd'hui. Et puis, quelque chose me dit que vous avez déjà compris le fond du problème. Dans tous les cas, la situation actuelle est ce qu'elle est. Mon Système est en train de s'effondrer et je ne peux arrêter sa chute.

-Vous pourriez laisser les Uniques choisir leur place et refaire les tests pour les autres, réplique Faustine posément. Vous pourriez décider d'être honnête avec la population et de les rassurer. J'ai toujours eu foi dans le Système. C'est pourquoi ça a été si difficile pour moi de croire que l'on m'avait menti. Je pense que beaucoup de gens aimerait que les choses reviennent comme elles étaient.

-Votre fidélité au Système m'honneur, mademoiselle James. Mais il n'y a aucun retour en arrière possible. Déjà parce que la population est maintenant séparée en plusieurs camps et qu'aucun de pourra être satisfait sans que l'autre en pâtisse. Ensuite, parce que, même si je le voulais, le Système ne pourrait pas être réintégré comme avant. Je n'ai pas eu assez de temps pour étudier les mutations génétiques et donc, je ne sais pas où est la place de ces personnes.

-Vous pourriez les laisser choisir ? je dis pour la première fois depuis notre arrivée.

Le Gouverneur s'arrête et m'étudie méthodiquement. Son regard clair me transperce de toutes parts alors que je réalise quelque chose : il sait qui je suis.

-Je pourrais, répond-t-il enfin. Mais c'est une tâche colossale que de s'intéresser à chaque individu séparément et, comme je l'ai mentionné au début de notre conversation, la logique veut que je sois de moins en moins jeune. Bientôt, je laisserais le Gouvernement à quelqu'un d'autre.

Je ne dis rien car le message est clair. C'est le moment où je suis censé intervenir et décliner mon identité. Mais je n'y arrive pas. Je connais les conséquences qu'impliquera cette révélation.

-De plus, poursuit-il devant mon silence, je vous demande ceci : est-ce qu'un Système basé sur la génétique peut survivre au libre-arbitre ?

Nous réfléchissons à la question un bon moment alors que Balder m'observe. Mon cœur bat à toute vitesse alors que je réalise que je suis coincé. Qu'en montant ici, Balder savait déjà ce qu'il faisait. Tout ça est un test. Et si je le réussis, je perds tout ce que j'ai toujours voulu.

Je lance un regard à Faustine qui garde les yeux fixés au sol. Je me demande si elle sait ce qui est en jeu. Si elle sait ce que je m'apprête à faire.

-Je suis vieux, répète Balder. Et bientôt, mon fils, Jay, prendra le pouvoir.

Faustine frissonne à ces mots et le Gouverneur le remarque.

-Je pense qu'aucun de nous ne souhaite que cela se produise, soupire-t-il. J'ai eu beau ignorer les avertissements de mademoiselle Ryan, il m'a pourtant fallu ouvrir les yeux.

Faustine lève le regard vers lui, nerveuse.

-C'est quand je vous ai vu sur scène, pendant votre seconde Révélation, que j'ai compris. J'ai réalisé qui il était vraiment et que rien ne le changerait. Que s'il était capable de ça, alors il était capable de tout, et surtout du pire.

Son regard se tourne vers moi.

-Pourtant quelle autre solution s'offre à moi, que de vous abandonner entre ses mains ?

Cette fois, ça y est. Je dois le dire. Je sais que c'est ce qu'il attend. Il ne me forcera pas la main, il veut que la décision vienne de moi. Mais je ne suis pas de taille, je ne suis pas assez fort, ou courageux, ou intelligent. Pourtant, il a raison. Quelle autre solution y-a-t-il ?

Jay ne laissera jamais tomber.

Si Max réussit à le tuer, alors nous tomberons dans un Gouvernement sans personne à sa tête et le monde déjà mal en point sombrera dans le chaos. Tous les progrès, toutes les avancées technologiques, tout ce qui a été accompli ces dernières années plongeront dans le néant.

Et si Jay survit, alors il n'abandonnera jamais sa traque envers Faustine. Un jour viendra où il réussira à la récupérer. Rien ne sera jamais fini. Et même s'il devait être éliminé, des gens sous ses ordres tenteront probablement de s'en prendre à elle.

La seule façon de protéger Faustine, c'est de lui offrir un monde meilleur. Mais un monde dans lequel nous ne serons pas ensemble.

-Vous savez qui je suis, je lâche comme un murmure. Vous savez que je pourrais être la solution.

Le Gouverneur acquiesce lentement, une lueur brillant maintenant dans ses yeux. Son visage s'illumine alors qu'il lutte pour ne pas sourire de toutes ses dents. Faustine ne bouge pas.

-Je n'ai compris que très récemment qui tu étais, Peeter. Et je veux que tu saches que tu n'as aucune obligation envers moi. Tu dois décider, en ton âme et conscience.

Un long silence envahit la pièce et Faustine lève les yeux pour les diriger vers l'extérieur, comme si elle ne faisait plus partie de notre monde. Je sais qu'elle a compris et qu'elle essaie de ne pas réagir. Qu'elle se protège comme elle peut.

Mon cœur bat à toute vitesse alors que le Gouverneur me fixe avec intensité.

-Peeter, je te propose de devenir mon héritier. Je te formerais dès maintenant, jusqu'à ma mort. Tu apprendrais tous les aspects du rôle de Gouverneur et tu pourrais proposer tes idées pour reconstruire notre monde. Mademoiselle James et sa famille serait en sécurité. Vous n'auriez plus à courir, plus à échapper au danger. Et toi, Peeter, tu pourrais tenter de reprendre le flambeau et, comme moi, essayer d'établir un Système plus juste.

Il marque une pause en plongeant son regard dans le mien.

-Peeter, je te propose officiellement de devenir mon héritier.

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