Ière Partie : Révélation - Chapitre 1


Mes yeux sont rivés sur mon poignet. Je suis paralysée par une sensation invisible. Je ne sais même plus depuis combien de temps je me trouve assise ici. Les oiseaux chantent au dehors. Les premières voitures prennent la route du travail. Le souffle de mes parents dans l'autre chambre est régulier. Le chat gravit furtivement l'escalier. Je suis capable d'entendre toutes ces choses. Même les battements d'ailes de l'insecte qui se trouve derrière ma fenêtre. Je suis aussi capable de voir, de sentir et d'analyser plus que tous ceux qui m'entourent.

Alors quand je regarde ce poignet encore vierge où va se dessiner demain le symbole qui définira le reste de la vie, qui me révèlera en tant qu'individu, je me demande pourquoi je ne peux pas deviner ce qui m'attends.

Dans quelques heures, je me présenterais à ma Révélation. Je vais entrer dans le Système mis en place par le Gouvernement. Et je n'ai aucune idée de ce qui m'attend.

Tout. Va. Bien. Se. Passer.

Si l'on m'avait donné un billet à chaque fois que cette stupide phrase est sortie de la bouche de mon entourage, je pourrais être riche à l'heure qu'il est. Je comprends qu'on essaie de me rassurer. Mais à ce point-là, c'est plutôt eux qu'ils essaient de rassurer.

Je suis déjà assez anxieuse sans avoir à subir leur stress. Cela fait déjà une heure que tout le monde s'affaire dans tous les sens pour me rendre présentable. Et la jeune femme que je découvre dans le miroir juste avant de partir est une inconnue. Cette fille endimanchée dans une robe bleue, avec une coiffure sophistiquée et un maquillage bien trop prononcé, ce n'est pas moi. La vraie moi porte des jeans, laisse ses cheveux miels boucler à leur guise, et ses yeux bleus sans maquillage. J'aurais préféré aller à la Révélation en étant moi-même. Mais mes parents insistent sur le fait que la première impression compte autant que les tests en eux-mêmes. Et mon père s'y connaît, il travaille justement au Centre où je vais passer les épreuves. Alors j'obéis, je souris, et prie pour ressortir de cette journée indemne.

Dans quelques instants, je vais quitter la maison que j'ai toujours connue sans savoir si j'y reviendrais ce soir. Mon père va m'accompagner au Centre où ma Révélation commencera. Je serais d'abord recensée, puis étudiée, interrogée, testée. Et enfin, avec un peu de chance, on m'attribuera une Orientation et un Partenaire. J'aurais enfin ma place dans le Système.

Je devrais être soulagée que l'attente soit bientôt finie. Mais je redoute cette journée plus que jamais je n'ai redouté quelque chose auparavant. Cela fait des mois que j'en fais des cauchemars. Je rêve qu'aucun symbole n'apparaît sur mon poignet ou que des centaines d'autres personnes se retrouvent avec le même que moi. C'est impossible, bien sûr. Mais je n'arrive pas à chasser l'idée que quelque chose va mal se passer aujourd'hui. Je ne vois pas vraiment quoi. Le pire qu'il puisse m'arriver, c'est de devoir repasser le test l'année prochaine. Enfin, j'espère.

C'est maintenant l'heure de partir et je dis au revoir à ma mère qui ne peut s'empêcher de verser une larme. Je lève les yeux au ciel et emboîte le pas à mon père qui m'ouvre la porte.

C'est au moment de passer le seuil que mon niveau de stress atteint son paroxysme. Je ne peux m'empêcher de penser « c'est vraiment maintenant ».

J'ai l'impression de traverser la pelouse comme si j'étais dans un film. Le ralenti, le silence extérieur et les battements de mon cœur qui résonnent inlassablement dans mes tympans. D'un point de vue subjectif, j'assiste à la scène de l'extérieur, comme si j'étais prisonnière de mon corps qui avance inexorablement vers la voiture.

Lorsque mon père démarre la voiture, je reviens à la réalité. Je tente de me calmer et de respirer calmement malgré mon estomac qui se tord douloureusement à l'approche du moment fatidique. Mon père me sourit et me pousse à saluer ma mère qui nous regarde toujours sur le pas de la porte. Je lui fais un bref signe de main et détourne le regard. Je n'ai pas envie de rendre ce moment plus difficile que nécessaire.

-Tout va bien se passer, répète mon père.

-Qui est-ce que tu essaies de convaincre? je siffle entre mes dents.

Mon père me lance un regard que je ne réussis pas à interpréter. Mais il se contente de hausser les épaules et de regarder à nouveau la route. J'aimerais que la Révélation soit déjà derrière moi. J'aimerais déjà vivre la nouvelle vie qui m'attend. Pour la première fois, je me surprends à espérer que ce soir, je serais dans un autre Secteur avec mon Partenaire, à célébrer ma nouvelle Orientation.

-On va passer par l'entrée des employés. Je t'amènerais directement à la salle d'attente, j'ai déjà ton formulaire avec moi, dit mon père en me tirant de mes pensées.

-Je préfère rejoindre Rune dans la file d'attente si tu n'y vois pas d'inconvénients. On voudrait faire ça ensemble.

-D'accord. Alors on pourrait passer la chercher?

J'acquiesce et prends mon téléphone pour envoyer un message à ma meilleure amie en espérant qu'elle ne soit pas déjà partie. Mais heureusement elle décroche tout de suite et m'annonce avec soulagement qu'elle nous attendra devant chez elle. Je ris en supposant qu'elle aussi doit subir le surplus d'enthousiasme de sa famille.

En général, les parents dont les enfants ont la Révélation se voient autorisés à prendre un jour de repos. Et dans le cas de Rune, j'imagine que toute la famille a pris son jour. De mon côté, mon père a tenu à travailler aujourd'hui afin d'être présent au Centre. Cela doit être étrange pour lui de se rendre au travail aujourd'hui. Il a dû se lever à la même heure que d'habitude, manger le même petit-déjeuner, prendre la même voiture pour effectuer le même trajet que tous les jours... Sauf que tout est différent. Nous ne savons même pas si je serais de retour ce soir.

Les rues semblent anormalement calmes. Étrangement, il n'y a pas beaucoup de circulation ce matin. Nous devons avoir dépassé l'heure des bouchons ce qui accentue ma nervosité. Je regarde par la fenêtre certains parents repartant du Centre, la mine renfrognée et inquiète, tandis que d'autres se baladent main dans la main, fiers que leur progéniture soit enfin arrivée à maturité. La moitié d'entre nous repartiront ravis de la journée. L'autre moitié quittera le centre avec l'appréhension de révéler à leurs parents que leur Orientation n'est pas celle qu'ils imaginaient ou que le Partenaire appartient à une famille trop différente. Il y aura les exceptions. Ceux pour qui les résultats n'ont rien donné et qui doivent repasser la Révélation l'année suivante. C'est très rare mais parfois, le Partenaire ne se trouve pas dans la même année de Révélation. Et puis il y a les Uniques.

Nous arrivons rapidement devant la maison de Rune où celle-ci nous attend dans l'allée. Après un dernier au revoir symbolique à ses parents et ses grands-parents, elle grimpa à l'arrière de la voiture. Nos regards se croisent et je sais qu'il est inutile de dire quoique ce soit. Un mince sourire moqueur envahit notre visage. Nous savons parfaitement ce que l'autre ressent.

J'avais du mal à me reconnaître dans le miroir, mais Rune est presque pire que moi. Elle porte une jolie robe jaune pâle cintrée à la taille. Une petite fleur jaune retient une mèche de ses cheveux bruns, les autres étant parfaitement lissés, coupés courts aux épaules. D'habitude, Rune est la simplicité incarnée, presque un peu garçon manqué. Alors la voir en robe, jaune de surcroît, me donner envie d'éclater de rire.

Elle aussi se retient de se moquer de moi et mon père observe notre manège en levant les yeux au ciel.

-Comment vas-tu Rune ? demande-t-il aimablement en la regardant dans le rétro.

-Aussi bien que possible, Monsieur James. Et vous ?

Pour toute réponse, mon père émet une espèce de grognement qui nous fait rire. Quelque part, ça nous libère momentanément de la pression qui pèse sur nos épaules.

Les portes du parking privé s'ouvrent enfin devant nous et mon père va se garer à côté de l'entrée. Il coupe ensuite le contact et le ronronnement rassurant du moteur cesse de me bercer. Pour la seconde fois, mon sang se glace. L'heure est arrivée. Mon cœur s'emballe à toute allure.

-Allez les filles. On sort de voiture ! nous encourage mon père en essayant de se montrer joviale même si j'arrive à déceler une ombre dans ses yeux.

Nous le suivons au dehors et je tente d'afficher un air serein. Comme je sais qu'à partir de ce moment nous allons être observés à chaque minute, des salles d'attentes jusque dans les salles de tests, je préfère leur montrer que la Révélation ne m'intimide pas. De l'extérieur, le bâtiment orange pâle ressemble à un centre de loisir. Sans étage, avec de grandes baies vitrées, des murs colorés et des plantes vertes devant les entrées. Mais à l'intérieur, le Centre ressemble à un hôpital. Tout est blanc, du sol au plafond, des chaises à la décoration. Même les tenues des employés sont blanches. Cette vision m'effraie d'autant plus que je réalise que mon père travaille ici tous les jours, dans cette même tenue blanche, dans ce même foutu décor blanc.

A cet instant, je réalise que j'aurais aimé connaître plus de choses sur le travail de mon père. Tout renseignement aurait été très précieux pour calmer mes nerfs.

Nous traversons quelques couloirs silencieux aux portes closes jusqu'à une grande salle où nous apercevons une queue interminable devant un bureau où trois jeunes femmes distribuent des formulaires après avoir pris les noms. Des centaines de chaises (blanches) sont alignées de part et d'autres d'une allée et mon père nous installe dans le fond.

-Vos noms sont déjà validés, nous informe-t-il d'un ton qui se voudrait enjoué.

Il est au moins aussi nul que moi pour prétendre que tout va bien. C'est ma mère qui est experte dans ce domaine. Je me demande d'ailleurs souvent pourquoi ma mère a été choisie pour être sa Partenaire. Mais peu importe. Après des années, ils sont toujours aussi bien l'un avec l'autre et je ne rêve que de ça moi aussi.

Il s'accroupit devant nous et sort deux formulaires qu'il nous distribue.

-Remplissez ça. On viendra vous chercher par ordre alphabétique. D'abord l'injection, ensuite les examens et enfin les tests. Ça se passera très bien. Je viendrais vous chercher à la sortie. Je n'ai pas le droit de rester avec vous mais... Tout va bien se passer.

Encore. Une vraie manie. Est-ce qu'il existe un manuel d'encouragement où cette phrase figure au top d'une quelconque liste ? Nous acquiesçons malgré tout et il se relève en souriant. Sur un signe de tête, il tourne les talons pour sortir de la salle. Le souvenir de son sourire s'efface alors que je vois ses épaules s'affaisser tandis qu'il s'éloigne. Je me sens un peu mal pour lui. Ce doit être frustrant de travailler ici sans pouvoir rester pour la Révélation de sa propre fille. Dans un sursaut, je me lève précipitamment et le rappelle.

-Oui chérie ?

-Merci papa.

Il m'envoie un sourire si triste et rempli d'amertume que je reste quelques secondes sans respirer. J'ai dû interrompre le cours de ses pensées. Il regarde en direction de l'accueil avant de me faire un clin d'œil, de m'offrir un vrai beau sourire de papa et de repartir. Si Rune n'avait pas été là, je me serais sentie terriblement seule.

Je me rassoie et regarde rapidement le formulaire pour évaluer le temps que l'on a devant nous. Par ordre alphabétique, Rune Hamilton ne passerait que quelques noms avant moi.

-Comment tu te sens ? je finis par lui demander.

Elle hésite un moment et me lance un regard de détresse.

-Pire qu'avant les examens de fin d'année je dirais.

-Pareil, je réponds en soupirant. Ce n'est pas du tout comme on l'avait imaginé.

-Tu veux dire que tu imaginais ça...

-Moins blanc.

J'essaie de garder mon sérieux et glisse mes yeux sur le côté pour voir si elle réagit. Lorsque j'éclate de rire, Rune se sent soulagée. J'avais remarqué que ses mains tremblaient et je voulais lui changer les idées. Nous rions nerveusement et sommes vites réprimandées par une des femmes au bureau de distribution. L'air de rien, cela me rassure quand même de la voir aussi nerveuse que moi alors qu'elle faisait partie de ceux qui trépignaient d'impatience.

-On y est, murmure-t-elle. Nos vies vont changer.

-Et oui, je soupire. Tu dois être excitée.

-J'avoue que jusqu'à ce que je rentre dans la voiture de ton père, j'étais plutôt contente et soulagée de venir. De pouvoir enfin passer à l'âge adulte et de connaître mon avenir. Mais maintenant, j'ai peur que les résultats me déçoivent ou que je ne réussisse pas à passer les tests.

Elle me regarde comme si je devais donner une réponse.

-Je n'étais déjà pas ravie quand j'ai reçu ma convocation mais c'est encore pire maintenant.

J'ai reçu ma convocation le jour de mon anniversaire. Très fiers, mes parents avaient organisé une petite fête inopinée avec le voisinage pour laquelle j'étais contre. Comme l'un travaillait à l'université des sciences et génétiques, et l'autre au Centre du Secteur 9, tous les étudiants, professeurs et scientifiques de la ville avaient été invités. Et lors de la dite soirée, il semblait presque de notoriété publique de me détailler de loin, sans venir me parler. Et je déteste qu'on m'observe. Je ne comprends pas en quoi cela pouvait les intéresser de savoir à quoi je ressemblais. Peut-être que, à la manière dont je fixais mon poignet, ils voulaient m'observer et pouvoir deviner si je serais bientôt l'une des leurs.

J'avais trouvé étrange que l'on me félicite. Je ne crois pas avoir déjà autant reçu de compliments que les jours suivants la réception de la lettre. Et je n'avais strictement rien fait pour les mériter ! J'avais juste ouvert une stupide enveloppe.

Nous décidons finalement de remplir nos formulaires. Les questions sont basiques. Nom, prénom, date et lieu de naissance, la couleur des cheveux, des yeux, la situation familiale et tout ce qui peut concerner l'aspect général de nos vies. Je ne mets que quelques minutes à remplir les cinq pages du formulaire mais Rune semble au contraire réfléchir à chaque réponse.

-Tu sais, ce n'est pas un examen, je me moque en regardant sa fiche.

-Je sais, mais j'ai peur de me tromper.

-Te tromper sur ta couleur de cheveux ou sur ta date de naissance?

-Ah ah. Très marrant.

-Oui je sais, je suis hilarante.

J'essaie de détendre l'atmosphère, autant pour elle que pour moi. Ma nervosité ne cesse de tordre mon estomac et mon cœur bat de plus en plus vite. Du moins, c'est l'impression que j'en ai. Le temps ne défile pas. Bien que la file d'attente ait considérablement réduit, il reste encore une bonne demi-heure avant les premiers appels. Mon père a eu raison de nous emmener plus tard que l'heure de convocation.

Je regarde une dernière fois mon portable pour me rassurer et l'éteins avant de le ranger au fond de mon sac. Je cherche ensuite des visages connus dans les centaines de jeunes qui arrivent, tous aussi beaux et aussi bien habillés que nous. C'est comme si on allait tous au bal de promo ou à une soirée des quartiers chics. Mais ça n'allait pas être le cas. Je me rassure en me disant qu'ils doivent tous être aussi inquiets que moi. Mais que tout ira bien pour la majorité d'entre nous. Oui, même pour moi.

Tous mes précédents tests annuels m'avaient accordé de grandes qualités. J'étais rapide, physiquement et mentalement, j'étais dotée d'excellents réflexes, une bonne mémoire, une grande intelligence et surtout, un développement très particulier des cinq sens. J'avais l'ouïe fine et j'entendais plus de choses que les autres personnes. Ma vue semblait aussi aiguisée que les yeux d'un faucon. Un médecin m'a expliqué une fois que mon aversion pour le toucher devait venir du fait qu'un simple contact mettait tous mes autres sens en éveil. Avec toutes ces qualités, j'allais forcément être promue à un bel avenir.

Un poste important, un partenaire intelligent et une vie meilleure.

Je me demande comment cela se passait avant. Est-ce que les gens devaient chercher eux-mêmes un travail à leur majorité ? Pouvaient-ils continuer les études plus longtemps ? Comment arrivaient-ils à trouver du travail par eux-mêmes ? Et comment savoir quel travail pouvait leur convenir ?

Je me souviens de nos professeurs nous décrivant l'Ancien Monde. Des personnes pouvaient passer près de quarante ans sans aucun compagnon. D'autres changeaient trois fois de partenaires avant de trouver la bonne personne. Les mots « mariage » et « divorce » se mélangeaient pendant ces cours sans que nous en comprenions le sens. Cela devait être compliqué de devoir tout faire par soi-même, avoir sans cesse l'inquiétude de n'arriver à rien dans la vie. Et d'avoir la possibilité de n'arriver à rien dans la vie ! De finir seul et sans travail.

Les notions d'économie et de chômage m'ont toujours mises mal à l'aise. Quand on sait maintenant qu'il suffit de lire nos gènes pour connaître nos capacités à tel ou tel métier, je trouve ça extraordinaire que la race humaine se soit compliqué la vie à ce point pendant des millénaires. Je regarde à nouveau l'emplacement vide à l'intérieur de mon poignet. Ce soir, mon symbole sera gravé ici. J'ai hâte de savoir quelle autre personne le portera aussi. J'aimerais savoir s'il est vrai qu'un simple regard suffit pour être certain que la personne en face vous est véritablement destinée. Comme une âme-sœur. Celle que la science et donc les lois de l'univers tout entier ont décidé pour nous.

-Rune Hamilton ?

Une secrétaire en blouse blanche tenant devant elle un calepin rempli de noms répète son nom plusieurs fois, me tirant de mes rêveries. Je ne pensais pas avoir été dans mes pensées aussi longtemps. Je m'en veux car Rune me lance un regard désespéré et je n'ai pas eu le temps de la rassurer.

-Ça ira, je me mets moi aussi à dire. On se revoit ce soir.

Je lui envoie mon sourire le plus encourageant même si ce n'est clairement pas mon domaine. Elle acquiesce silencieusement et se lève, raide. La secrétaire la repère et lui fait signe de la suivre. Tout le monde se tourne pour la regarder passer. Je n'ose pas imaginer ce qu'elle ressent. Notre vie est sur le point de changer.

Mais malgré tout ce que l'on nous raconte à l'école, personne ne peut nous assurer que ce changement sera positif ou négatif.

On entend parler de ces personnes qui n'acceptent pas le Système. On les appelle les « rebelles ». Ils refusent leur Orientation ou leur Partenaire, décrètent qu'ils n'ont besoin de personne pour savoir quoi faire ou qui « aimer ». Et il y a ceux à qui la vie choisie ne correspond pas. Et bien que le taux de suicide ait été presque nul depuis le début de la République et du Système, les 2% restants étaient uniquement pour ces personnes-là.

Beaucoup d'autres histoires sordides alliaient la Révélation et les conséquences qui en découlaient. Et j'ai peur d'être celle à qui la Révélation ne convient pas. J'ai des attentes et mes parents aussi. Je ne peux imaginer sortir du Centre en étant simple secrétaire ou en apprenant que mon Partenaire est handicapé même si je ne devrais pas penser comme ça. C'est juste que je ne pense pas avoir la force ou la patience de vivre ce genre de vie.

Et puis, il y a une dernière catégorie de personne. Celles qui, pendant les tests, sont révélés dangereuses pour le Système. Des personnes qui ont, dans leurs gênes, quelque chose que la République rejette et anéanti. Personne ne sait quoi ou pourquoi, mais ces personnes ne réapparaissent jamais.

Et si j'étais une de ces personnes ?

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