Chapitre 67

Heyy

nouveau chapitre!

oui, un mois c'est long, mais je vous avais prévenu!

bref, bonne lecture!

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-Alors, comme ça, on couche avec son supérieur? Vous n'êtes pas aussi innocente que vous le laissez paraître Elena.

Alexander resserre son emprise sur mon bras à la fin de sa phrase en esquissant un sourire innocent alors que la surprise m'a figé sur place.

Ses mots pénètrent lentement ma conscience et progressivement, je réalise la portée de ce qu'il vient de dire.

La tétanie s'empare de moi et je me sens de plus en plus nauséeuse, tandis qu'un grand froid m'envahit.

C'est pas vrai, je suis dans un mauvais rêve.

Mon regard croise celui, moqueur et ouvertement triomphant d'Alexander.

Je déglutis et tente de reprendre mes esprits en ignorant l'air vainqueur d'Alexander et je parviens à dégager mon bras tout en m'efforçant de répliquer d'une voix neutre:

-Je ne vois pas de quoi vous parlez Alexander. Maintenant, laissez-moi, j'ai du travail.

-Celui d'ouvrir les cuisses pour ce cher Alec? ricane Alexander, et je me fige d'autant plus aux mots crus d'Alexander. Je jette un regard paniqué autour de moi, mais Natacha est occupée beaucoup plus loin à nettoyer des verres et la cafétéria est pratiquement vide en cette matinée.

C'est pas vrai, c'est pas vrai.

Je reporte mon attention sur le demi-frère d'Alec qui affiche un sourire goguenard:

-Cessez de jouer la comédie avec moi ma chère. On ne vous a jamais dit que vous ne saviez pas mentir?

-Comment vous... peu importe, fermez-là et allez vous-en! sifflais-je, à bout, en m'emparant de mon café tout en voulant définitivement partir.

Je décide de tourner définitivement le dos au frère d'Alec, en tentant tant bien que mal d'ignorer ses mots acerbes mais il me retient une nouvelle fois par le bras et chuchote d'une voix froide:

-Ne me tournez plus jamais le dos Elena, si vous ne voulez pas que je fasse un scandale tout de suite, vous avez tout intérêt à suivre mes directives.

Je reste muette en ne pouvant pas m'empêcher de le couver d'un regard furieux et j'écarte sèchement mon bras:

-Des menaces Alexander? Venant de vous, plus rien ne m'étonne.

-Du sarcasme Elena? Venant de vous, ce n'est pas prudent au vu de votre position, réplique-t-il d'une voix amusée en sirotant sa boisson. Nous voilà confronté à un problème de taille. Je n'aurais jamais cru cela de vous. Vous semblez si rangée et si propre, en fin de compte, vous n'êtes qu'une traînée comme les autres.

-Vous ne savez rien, strictement rien, murmurais-je.

-J'en sais suffisamment pour savoir que vous n'éprouvez aucune honte à servir d'égout séminal à mon frère Elena, répondit-il en riant. Ce café manque cruellement d'arôme, ajouta Alexander en fixant son café presque vide.

Je restais muette à fixer mon gobelet tandis que ses mots s'insinuaient dans mes pensées de façon vicieuse à l'image de leur propriétaire.

Il avait tort. Il ne savait rien.

Rien.

Je secouais la tête mais il répliqua d'une voix charmeuse:

-Au fait, vous serez là au mariage? Laissez moi vous inviter en tant que cavalier.

Je me tendis et je ne pus m'empêcher de le gratifier d'un regard meurtrier, ce qui sembla lui arracher un sourire:

-Quoi? Ne me dites pas que vous pensez que votre stupide relation empêchera Alec de se marier?

Mon silence est pris comme une réponse et il lâche un rire ouvertement moqueur:

-Vous pensez sincèrement qu'Alec annulera son mariage pour vous? Qu'il abandonnera un mariage qui lui apportera fortune et célébrité pour vous?

Le dernier mot est craché avec un mépris non-dissimulé et il me toise rapidement avec un sourire moqueur plaqué sur le visage.

Et cet air méprisant, presque dégoûté qu'il affiche en me regardant me rappelle brusquement celui dont Alec me gratifiait au début de nos années lycée.

Mon dieu, qu'est-ce que je disais...

Alec n'était pas comme ce salaud d'Alexander et ses mots n'étaient qu'une vaste bêtise.

-Qu'est ce que vous en savez Alexander? Dis-je avec une violence contenue dans la voix. Ces fiançailles sont juste une vaste comédie digne de votre petit monde doré, et Alec n'en a jamais voulu, assénais-je d'une voix tendue alors que l'aspect désagréable de la situation commençait sérieusement à me préoccuper.

Lors de nos moments d'intimité, jamais nous n'évoquions ces fiançailles. Nos moments étaient bien trop précieux, bien trop rares pour qu'ils soient gâchés par les tensions que suscitaient ces fiançailles.

C'était beaucoup plus facile de se voiler la face après tout.

Moi par déni, lui probablement par culpabilité.

C'était peut être stupide de ma part, mais lors de nos moments d'étreinte, ces fiançailles me semblaient complètement dérisoires et je fermais les yeux sur ça.

Quand j'étais dans les bras d'Alec, je me fichais bien de ce que pouvait penser et éprouver sa fiancée, aussi cruel que cela puisse paraître.

Et quelque part au fond de moi, j'étais convaincue que jamais Alec n'irait au bout de cette histoire. Pour moi.

Que dès la fin de mon année, Alec briserait son engagement et que de nouveau, nous puissions entamer une relation saine.

Utopique et naïf? Sûrement.

Alec m'aimait. Il ne pouvait pas se marier avec une autre.

Pas vrai?

-Vous ne savez rien de toute cette histoire Alexander. Qui vous dit que ce mariage complètement grotesque aura lieu?

-Il vous a promis le contraire? Rétorqua Alexander

J'ouvris la bouche mais aucun mot ne put en ressentir.

Non.

Jamais Alec n'avais ébauché le désir réel et ouvert d'annuler ces fiançailles.

Bien sûr il ne s'accommodait pas à la situation, mais avait-il pour autant émis le désir ferme d'en mettre fin?

Non.

Jamais il ne m'avait fait de promesses par rapport à ça.

Et c'était bien le problème.

Je baissai les yeux sur mon gobelet désormais froid en tentant de contrôler mes tremblements nerveux.

Tout l'espoir, tout le bonheur que je ressentais par rapport à ma relation avec Alec venait d'être assombri par le peu de mots que venait de débiter Alexander.
Il venait me jeter en pleine face la réalité et je ne pouvais rien faire, si ce n'est d'espérer qu'Alec tienne suffisamment à moi.

La réalité sciemment exposé par Alexander venait de me donner une claque violente et je me rendis bientôt compte que nous avions été bien trop stupides de nous être empêtré dans cette situation.

Que j'aurais du dès le début exiger une situation éclaircie et quelque peu stable.

-Eh oui, la vérité est cruelle n'est-ce pas Elena? dit-il en ne manquant pas remarquer mon expression. Et la situation est d'autant plus intéressante lorsqu'on sait que n'importe qui pourrait se risquer à dévoiler au grand jour la vérité...

-Qu'insinuez-vous? rétorquais-je.

-Vous le savez parfaitement Elena, dit-il d'une voix charmeuse. Qui ou qu'est-ce qui pourrait m'empêcher d'en parler

Une vague panique prends possession de moi et j'analyse ses paroles.

C'est vrai, rien ne l'empêchait de parler.

Et à cette idée, je voyais déjà l'horreur des conséquence se profiler devant moi.

Trop de conséquences toutes plus désastreuses les unes que les autres.

Et une fois de plus, ma bêtise, enfin notre bêtise à tous les deux me revenait en pleine face.

Non.

Ma relation avec Alec ne pouvait pas être affiché au grand jour.

Et le fait de savoir qu'Alexander était au courant est une perspective des plus effrayantes.

Mais je sais aussi qu'Alexander ne divulguera pas l'information comme cela, comme il semble le prétendre.

Au fur et à mesure, j'avais plus ou moins compris à quel personnage j'avais affaire.

Et j'étais en mesure d'en prévoir les réactions.

-Vous avez raison, rien ne vous empêche de parler Alexander, si ce n'est votre opportunisme. Vous ne direz rien tant que vous pourrez profitez de la situation, répondis-je prudemment en le fixant.

L'espace d'un instant, la surprise teinte son visage aux traits parfaits et il me scrute avec attention

-Malgré tout, vous semblez assez intelligente Elena. Dommage qu'Alec ne prenne pas plus souvent exemple sur vous.

-Arrêtez de le discréditez à chaque fois. répliquais-je.

-Quoi? Vous êtes si stupidement amoureuse de lui que vous êtes incapable de voir du mal en lui? Vous êtes pitoyable, dit-t-il d'une voix froide en affichant un sourire surfait.

-Croyez-moi, je suis parfaitement capable de voir ses défauts, dis-je en esquissant un sourire. Et c'est bien pour ça que je suis tombée amoureuse de lui bien que vous trouvez ça stupide.

-Vous êtes pathétiques. Tous les deux, dit-il en riant. Enfin pour Alec, cela ne m'étonne plus. Notre père devrait avoir honte de lui.

-Alec est quelqu'un de formidable, c'est plutôt lui qui devrait avoir honte de vous, dis-je durement.

-Voyez-vous ça, la petite chérie défend son prince? Dites-moi, combien il vous paye? Je suis intéressé par vos services, dit-il en esquissant un sourire goguenard.

Je fronçais les sourcils sous l'insulte:

-Je suis désolée, je ne fais pas dans la médiocrité et le bas de gamme Alexander. Je préfère viser plus haut, dans la qualité, vous voyez, répondis-je en souriant.

Le sourire d'Alexander se figea et s'évanouit lentement tandis que ses yeux s'assombrissaient.

-Sale petite pute, pour qui tu te prends?

Et brusquement, une vague de colère m'envahit. Le chantage auquel il me soumettait, ses insinuations douteuses, ses insultes, son mépris achevèrent de m'agacer:

-Vous voulez que je vous dise Alexander? La vérité est que vous êtes incroyablement jaloux d'Alec. Parce qu'Alec, lui, n'a pas besoin de manipuler et d'user de procédés grotesques pour arriver à ses fins. Cela doit être dur de grandir en tant que bâtard de la famille, pas vrai? crachais-je.

Toujours dans l'ombre d'Alec n'est-ce pas? Vous persistez à me rabaisser mais vous semblez oublier que vous n'êtes qu'une pièce rapportée. Contrairement à Alec. Votre vie entière se limite à lui gâcher la vie. C'est vous qui êtes pitoyable. A manipuler et mentir comme vous le faites. Vous êtes horriblement jaloux de lui, vous crevez de jalousie parce que lui n'a pas besoin d'être un être ignoble pour être aimé et reconnu!

Alors que vous Alexander, votre belle gueule vous abandonnera un jour et vous crèverez seul parce que vous êtes un immonde personnage incapable d'éprouver des sentiments humains. J'ai de la peine pour vous.

Je conclus ma diatribe par une grande inspiration et le fusillai du regard.

Jamais.

Jamais, je n'avais été aussi haineuse et dure dans mes paroles envers quelqu'un. Et j'en étais la première surprise.

Et à voir l'air furieux d'Alexander, je n'avais pas mâché mes mots.

-Sur ce, au plaisir de ne plus vous revoir Alexander, dis-je en prenant une inspiration.

Je voulus le contourner mais une poigne violente me retint le bras:

-Petite pute, tu ne sais visiblement pas à qui tu t'adresses

-Oh que si, à un lâche jaloux et maladif, vous devriez consulter, crachais-je.

Je voulus me dégager, mais il raffermit sa prise sur mon bras et me plaça violemment face à lui:

-Tu ne semble vraiment pas comprendre à qui est-ce que tu as affaire, pauvre salope.

-Vous avez laissé tomber le vouvoiement en même temps que la politesse Alexander? A moins qu'il n'ait filé en même temps que votre fierté que j'ai malencontreusement blessé? répliquais-je en lâchant un rire.

Mon rire s'étouffa et je sentis une vive douleur me traverser le bras lorsqu'Alexander serra d'une poigne brutale mon bras.

Je retins un gémissement de douleur et il grogna:

-Tu as de la chance que l'on soit pas seuls tous les deux, je t'aurais déjà réglé ton compte sale chienne.

-Va te faire voir ordure, soufflais-je alors qu'il serrait plus violemment mon bras.

Il inspira et souffla d'une voix menaçante bien différente de la fureur transparus plus tôt.

-J'avais prévu de faire les choses différemment, de seulement faire en sorte que cette histoire reste entre mon cher frère et moi. Mais maintenant, je vais m'appliquer à faire de ta vie un enfer salope. Tu n'as aucune idée de qui tu viens de provoquer, pauvre idiote.

Il lâcha mon bras et me gratifia d'un regard haineux. Puis il esquissa un sourire aux accents cruels qui eut pour effet de me faire frissonner, et il lâcha un rire, avant de tourner les talons et de sortir de la cafétéria.

Je portais mon attention sur mon bras et remontai la manche de mon pull. Je retins une exclamation étouffée lorsque je vis une épaisse marque rouge marquée sur la peau de mon bras.

Ce mec était fou. Complètement taré.

Dangereux tant par ses actes que par ses mots.

Vous pensez sincèrement qu'Alec annulera son mariage pour vous? Qu'il abandonnera un mariage qui lui apportera fortune et célébrité pour vous?

Égout séminal.

Petite pute.

Les mots d'Alexander ne cessaient de rejouer dans mon esprit.

Et que dire de ses menaces?

Il fallait que je lui parle. Maintenant.

Je voulais qu'il me rassure. Qu'il me promette que tout allait bien se passer.

J'avais besoin de lui à ce moment plus que jamais.

***

°Point de vue d'Alec.

Je scrutais de nouveau le message que mon paternel m'avait envoyé

Viens au manoir à 11 précises.

J'avais reçu ce message alors que j'étais encore au bureau et j'étais parti en grognant, non sans remarquer que Elena n'était pas à son bureau.

J'avais haussé un sourcil mais m'étais rapidement détourné de toute interrogation, plus préoccupé par le message de mon père.

Tout le long du trajet, je ne cessais de me demander ce que mon père avait de si important à me dire pour qu'il ait l'entreprise de me contacter.

Cela n'avait rien de rassurant.

Peu après j'arrivais devant mon ancienne habitation.

Je poussais un soupir avant de manifester ma présence devant le perron de la demeure et quelques minutes plus tard, j'arrivais au hall d'entrée de mon ancien chez-moi.

Rien n'avait changé.

Toujours aussi parfait, froid et d'une raideur digne d'un magazine de décoration d'intérieur.

Je n'eus pas le temps de poursuivre ma nostalgie qu'aussitôt, une masse envahit mon champ de vision et des bras vigoureux m'enlacèrent.

-Mon bébé, comment tu vas? s'écria ma nourrice Rosie en m'écrasant contre elle.

-Je vais bien mais lâche-moi tu m'écrases, râlais-je.

Ma nourrice me lâcha et elle me tira la joue:

-Tu es un peu pâlot poussin, il faut bien manger, c'est important pour la croissance.

-Rosie, j'ai 23 ans, ma croissance est terminée depuis longtemps, bougonnais-je.

C'est pas vrai, quand allait-elle me traiter comme un adulte?!

Un poids vint soudainement se coincer entre mes jambes et je baissais le regard pour voir une boule de poils miauler contre moi.

Je lâchais un sourire alors que la chaleur diffuse de la bête me caressait la jambe:

-Bonjour toi, dis-je en me baissant pour caresser l'animal. Je t'ai manqué Pizza?

Le chat miaula de nouveau et ronronna lorsque je lui grattai les oreilles.

Je souris devant ce spectacle, plus amusé par le fait que le revoir m'avait rappelé quelques souvenirs.

J'avais longtemps détesté ce chat après ma rupture avec Elena. Le voir, avec ces grands yeux en apparence innocents me rappelait que trop ceux de la propriétaire originelle. Et je le détestais encore plus alors je déversais ma rancune sur lui.

Je l'avais confié à Rosie pour ne plus le voir. Pour une quelconque raison, je n'avais jamais eu le coeur de m'en débarrasser.

Parce que j'étais pas un tortionnaire d'animaux, m'étais-je dis pendant longtemps pour me convaincre.

Mais surtout parce qu'il était d'une certaine manière, la seule trace tangible de ma relation avec Elena, de manière un peu tordue.

C'était con.

Mais j'avais rapidement compris que c'était en essayant d'oublier quelqu'un qu'on y pensait trois fois plus.

Malgré tout, cette bête s'acharnait à venir se coller contre moi même quand je le chassais ou que je lui gueulais dessus.

Têtu et borné.

Comme elle.

Aujourd'hui, c'était la première fois que je ne lui hurlais pas dessus ou que je l'effrayais volontairement depuis longtemps.

A la place, je me contentais de lui gratter les oreilles lui arrachant des miaulements de satisfaction.

Et bordel, ça faisait du bien.

-Cette fripouille a encore volé mes biscuits, râla Rosie. Je ne sais plus quoi faire de lui!

-S'en débarrasser me paraît une sage décision, rétorqua une voix.

Je levai la tête alors que Rosie se retournait pour voir mon père venir dans le hall.

-Je vois que tu es à l'heure mon fils, maintenant veux-tu bien avoir l'obligeance de venir avec moi au lieu de t'occuper de cette sale bête.

Je contractais ma mâchoire et me relevais tandis que Rosie s'éclipsait rapidement en emportant le chat.

Je suivis alors mon père jusqu'à son bureau en priant tous les dieux de la Terre pour que cela ne passe pas trop mal.

-Alors Alec, les affaires vont bien? s'enquiert mon père en refermant la porte de son bureau.

-Bien, j'ai eu de bons retours, marmonnais-je en m'asseyant devant le bureau de mon père

Il le contourne et s'assoit lentement avec une retenue et une élégance qui lui étaient propres, dans son fauteuil, et me toisa précautionneusement du regard.

-Tant mieux pour toi, j'imagine, pas vrai? susurra mon père en ouvrant un de ses dossiers.

Je ne répondis rien devant la menace sous-jacente et me contente de fixer mon père qui a reporté son attention sur les papiers devant lui.

Moi?

Je reste là, comme un con, à attendre que je sois assez digne pour mériter son attention.

Enfin, j'ai l'habitude.

Il griffonne rapidement sur sa feuille, tout en scrutant d'un air concentré les lignes qui y sont imprimés:

-Au fait Alec, il y a eu un important retirement au Brésil vers le mois dernier.

Il relève la tête et me fixe:

-Je peux savoir ce que c'est?

J'essaie d'avoir l'air neutre mais intérieurement je n'en mène pas large.

Oh ça? Rien, juste de quoi financer une école. Ouais une école pour des gosses des rues.

Comment pourrais-je dire ça à mon père? Lui dire que cet argent a servi à construire une école juste pour faire plaisir à une femme qu'il méprise?

Il se ficherait surement de moi.

Il rirait aux éclats et m'insulterait copieusement.

Puis il m'engueulerait en me demandant pourquoi je n'avais pas fait quelque chose de plus utile.

Je le fixe sans sourciller et répond d'une voix posée:

-Simplement un placement pour fonder une chaîne de spa.

-A Rio? Il aurait dix fois plus judicieux de le faire à Sao Paulo Alec, la clientèle est plus appropriée, réfléchis un peu, répondit mon père d'une voix tranchante.

J'ai définitivement bien fait de ne pas dire la vérité.

Si le vieux s'énerve pour ça, qu'en aurait-il été pour la vérité?

Il pousse un soupir en me regardant comme si j'étais une merde puis baissa les yeux sur ce qu'il faisait, en m'ignorant de nouveau:

-Au fait, je voulais te dire que ces rats de journalistes de Grace Magazine viennent demain. Il faut leur donner leur pitance avant que ces imbéciles déforment tout. Tiens toi prêt et correctement, dit mon père en ne levant pas la tête.

-Quoi? Mais pourquoi ils viennent? répondis-je en fronçant les sourcils.

-Pour annoncer les fiançailles avec la fille Forbes évidemment, répond-t-il en continuant son travail.

Je me fige littéralement alors que les mots de mon père prennent tout leur sens.

Quoi?

Non, non c'est impossible.

Cela ne peut pas arriver, maintenant, alors qu'il y a Elena.

C'est beaucoup trop tôt!

Et Elena?

Je ne pouvais pas.

-Attendez père, c'est... non, c'est trop brusque, je veux dire, c'est beaucoup trop tôt, dis-je nerveusement.

Il relève enfin la tête et m'observe attentivement:

-Je t'avoue que je pensais les annoncer plus tard, mais Alexander m'a exposé des arguments qui m'ont définitivement convaincus. Ce sera donc demain. Cela fait des années que ça traîne.

Alors lui...

Alexander ne plaisantait pas lorsqu'il disait vouloir m'en faire baver.

Que je lui donne mon projet n'a pas suffi à calmer ses machinations tordues.

Des machinations tordues qui montaient d'un cran visiblement.

-Attendez père non, je... ces fiançailles, balbutiais-je. Je ne pense pas que cela soit une bonne idée.

-Qui te demande ton avis Alec? réplique-t-il. Le tien n'a aucune importance.

Aucune importance? J'étais le principal concerné!

Je hais le regard qu'il me lance. Méprisant et hautain.

-Il s'agit de moi et de mon mariage, grognais-je. J'ai mon mot à dire.

-Tant que tu seras mon fils et héritier non, rétorque-t-il. Ces fiançailles sont quasiment arrangés depuis ta naissance. Ta mère et moi les avons arrangés pour toi et il est hors de question que tu gâches notre travail.

Je me tus en me prenant la tête dans mes mains.

Ma mère.

De là, une volée de souvenir affluent.

¨¨¨¨

Le soleil éclatait et illuminait les grands jardins du manoir, sous un ciel dégagé et propice à la détente.

Deux femmes, l'une aux longs cheveux châtain et à la silhouette amaigrie et l'autre aux cheveux ébène, se prélassaient sur de grands sièges, et conversaient paisiblement.

Un cri strident rompit leur tranquillité et les deux femmes interrompirent leur conversation lorsqu'un autre cri retentit:

-Mamannnnn!

Une petite silhouette aux tresses noires et pourvues de grands yeux bleus remplis de larmes accourut et se jeta dans les bras de sa mère:

-Mamaaaannn! Alec m'a tiré les cheveux, se plaignit la petite fille en pleurant.

-C'est pas vrai! Je les juste touché! protesta une autre petite silhouette aux épais cheveux blonds.

La jeune femme aux cheveux châtain se releva de sa chaise et fixa son enfant:

-Alec! gronda la jeune mère. Ce n'est pas gentil de tirer les cheveux Cait.

Le petit garçon se renfrogna et croisa ses bras, l'air boudeur:

-Moi, je ne veux plus jouer avec toi, tu es méchant et bête! cria la petite fille en se tournant vers lui.

-C'est celui qui dit qui l'est d'abord! rétorqua le petit garçon en tirant la langue vers la fillette.

-Mamannn! Alec m'a tiré la langue, tu as vu? s'exclama la fillette.

-Arrêtez un peu vous deux, répondit la femme aux cheveux noir. Tenez, pour vous calmer, je vais aller chercher le goûter, dit-elle en se levant.

-Je viens avec toi moi! s'exclama sa fille en s'accrochant aux jambes de sa mère.

Les deux silhouette s'éloignèrent et restèrent la femme aux cheveux châtain et son enfant.

Le petit garçon fixait d'un air renfrogné le sol et jeta un regard vers sa mère.

-Je voulais juste jouer au cheval moi, dit-il. C'étaient pour faire les rênes maman. Je voulais pas lui faire mal moi.

La jeune femme ne put retenir un sourire devant la mine déconfite de son fils et lui pinca doucement la joue:

-Je le sais bien mon trésor, il faut que tu ailles lui demander pardon Alec.

-Mais aussi, elle pleure tout le temps, on peut jamais jouer avec elle, s'exclama son fils en s'approchant d'elle.

-Alec! Sois plus gentil avec Caitlin!

-C'est vrai qu'on va se marier quand on sera grand? J'ai entendu papa en parler la dernière fois.

Sa mère haussa un sourcil et répondit d'un air faussement sévère:

-Toi, tu as encore écouté aux portes. Tu sais que je n'aime pas quand tu fais ça!

-Je voulais juste voir son bureau, protesta-t-il. Il y a plein de trucs super bien et papa ne me laisse jamais entrer. Il s'énerve toujours quand je viens le voir....

La femme sourit tristement lorsqu'elle avisa l'air incompris de son garçon et lui caressa la joue:

-Papa est quelqu'un de très occupé tu sais, trésor. Et ne l'appelle pas papa quand il est là, tu sais bien qu'il n'aime pas, et qu'il préfère que tu l'appelle...

-Père, oui je sais , soupira le garçon. Alors, c'est vrai qu'on va se marier?

-Oui, très sûrement, pourquoi tu n'es pas content?

-Bof. C'est nul, les filles, marmonna son garçon. Ça pleure tout le temps.

Elle lâcha un rire et ébouriffa les cheveux de son fils, en se disant que dans quelques années, son beau garçon ne dirait pas la même chose:

-Et moi? Ça veut dire que je nulle aussi?

-Non, parce que toi tu es ma maman, répondit très sérieusement son fils. Même si toi aussi, tu pleures tout le temps, c'est pas pareil que Cait.

Le rire de la jeune femme s'éteignit lentement et elle fixa son fils qui ne s'était pas rendu compte de l'effet de ses paroles.

Elle plaqua instinctivement son gilet contre elle et en recouvrit ses bras, bien trop maigres.

Elle lui caressa doucement la joue et avisa une nouvelle fois, la ressemblance frappante avec son mari.

Les mêmes yeux bleus et les mêmes épais cheveux dorés.

Pas de doute, son chéri serait un homme magnifique plus tard. Un véritable briseur de cœurs.

Pourquoi l'être qu'elle aimait le plus au monde ressemblait autant à celui responsable de ses crises de larmes?

-Les choses changent mon trésor. Elle est quand même gentille Cait non?

-Plus que les autres filles, admit le petit Alec. Elle est drôle parfois, elle sait mettre sa langue sur son nez et elle sait faire une galipette arrière! Puis elle m'a donné un bonbon, la dernière fois!

-Tu vois trésor, répondit sa mère.

-Quand on sera mariés, on pourra avoir un distributeur de bonbons et un chien?

-Si tu veux mon ange, répondit sa mère. Le plus important, c'est que tu sois gentil avec elle.

-Même si elle pique mon goûter? Non parce que sinon je lui tire les cheveux

-Alec!

-Mais c'est vrai aussi!

-Promet moi que plus tard, tu seras très gentil et que tu seras un très bon mari pour Cait.

-Mais Maman...

-Promet-le Alec, demanda presque en suppliant la jeune femme. Promet-le Alec, que tu sera un bon mari avec Cait, pour moi.

Le petit garçon regarda sa mère qui lui avait pris la main et attendait sa réponse, l'air visiblement impatient:

-D'accord, je te promet, répondit très solennellement son petit garçon en présentant son petit doigt.

Sa mère soupira de soulagement et caressa de nouveau les joues de son fils. Elle se détendit puis le regarda de nouveau.

Elle l'aimait tellement son petit ange...

-Maman, je peux venir dans ta chambre ce soir?

-Tu veux dormir avec moi, trésor?

-Non! s'exclama le garçon en rougissant. Je suis un grand garçon, je ne dors plus avec ma maman, moi, c'est pour les bébés ça!

Elle rit en voyant déjà la fierté de son petit homme s'affirmer.

Après tout, c'était encore son petit bébé. N'en déplaise à son mari qui lui reprochait de trop le couver.

-Mais moi, j'ai peur du noir, j'ai pas envie de rester toute seule, dit-elle en regardant son enfant.

Le petit Alec sembla réfléchir et répondit:

-Alors je vais dormir avec toi, comme ça tu ne seras plus seule et tu n'auras plus peur.

Elle sourit et embrassa son enfant tendrement:

-Aleeeccc! s'écria une voix. On a ramené des fraises!

Le petit Alec se détourna de sa mère et oubliant la rancune passée, accourut jusqu'à la petite Caitlin, sous l'oeil bienveillant de sa mère.

La femme aux cheveux noir la rejoignit. Elle la scruta d'un regard inquiet quand une quinte de toux sèche vint percuter la mère du blond:

-Ça ne va pas Clarissa? demanda-t-elle.

-C'est rien, juste une mauvaise phase, tout va bien, répondit-elle avec mal en toussant de nouveau.

La femme aux cheveux noir regarda d'un œil vaguement horrifié la maigreur de la jeune femme. Elle voulut dire quelque chose, mais se ravisa.

Il n'était pas bon de se mêler de la vie d'autrui dans leur monde.

Elle détourna simplement le regard et reporta son attention sur les deux enfants qui mangeaient goulûment.

Clarissa ignora le regard de son amie. Elle savait qu'elle aurait du rentrer à ce moment-là, son médecin lui déconseillait les températures trop fraîches ces derniers temps. Mais elle n'avait pas le cœur de quitter son fils et de retourner dans la prison dorée qu'était le manoir.

Ni de croiser l'énième maîtresse de son mari dans l'un des couloirs.

C'était désormais au-dessus de ses forces.

Alors elle prit sur elle-même et se donna une contenance digne de son rang.

Déjà, le soleil commençait à décliner, mais cela n'empêchait pas deux petits enfants de s'amuser avant que l'obscurité ne les pousse à rentrer.

Plusieurs mois plus tard, Clarissa Harding s'éteignait.

¨¨¨

L'évocation de ces souvenirs a duré une poignée de secondes, mais il a suffi à me plonger dans un état indescriptible:

-Mais je ne veux pas de ces fiançailles Père, protestais-je. Même si Mère était pour.

-Le fils chéri de sa "maman" oserait se dresser contre sa volonté? nargue mon père. Tu devrais avoir honte, ta mère a toujours agi dans ton bien. Et ce mariage en fait partie Alec.

Je crispe les poings sous le sarcasme et détourne le regard sous le reproche.

Si seulement cette putain de promesse n'était pas la dernière que j'avais faite.

-Cesse de faire l'enfant, je ne te demande pas de partir en guerre que je sache, tacle-t-il sèchement. Tu veux continuer à vivre la belle vie? Alors tais-toi et fais ce que je dis.

Devant mon mutisme et mon expression fermée, mon père continue:

-Pourquoi tant de réticence Alec? Je te pensais revenu sur le droit chemin ces dernières années. Caitlin est une héritière, jolie fille discrète et digne de porter notre nom. Votre mariage fera la une des journaux et notre famille en ressortira grandi. Où est le problème?

-Je ne l'aime pas, marmonnais-je.

Mon père me gratifie d'un regard lourd de sous-entendus et réplique:

-Tu crois réellement qu'il y a de la place pour l'amour dans notre monde Alec? Ce genre de mièvrerie est bon pour le bas peuple Alec. Si tu veux rester au sommet mon fils, il n'y a pas de place pour ce genre de sentiments.

-Oui Père, bien sûr, répondis-je laconiquement.

-Alors où est le problème?

Je déglutis puis dis:

-Je vois quelqu'un Père. Je veux dire, j'ai une relation avec.

Il hausse un sourcil et s'adosse sur son siège:

-Allons bon, qui est-ce cette fois? Une mannequin anglaise? Un jet-setteuse?

Oh une future journaliste, fille d'un couple lambda de libraires. Tout ce que tu aimes!

-Ouais, quelque chose comme cela, marmonnais-je

-Ah oui?

-Oui, et je l'apprécie énormément, marmonnais-je en édulcorant la vérité.

Non, la vérité était que j'étais complètement fou d'Elena.

Mais jamais je ne pourrais dire ça à mon père sans qu'il émette une réaction dégoûtée.

Sans compter qu'il ne savait pas que je revoyais Elena. Sa réaction aurait été très différente si je lui avait dit qu'il s'agissait d'Elena

Il me cracherait à la figure s'il le savait.

-Oh je vois ce que tu veux dire, rétorque-t-il avec un sourire. Les femmes ont leur utilité parfois. Ne te fais pas manipuler par elles mais toi, manipule-les à ta guise.

J'ai envie de lui cracher à la figure que c'est ce qu'il a sûrement fait avec ma mère, mais je n'en ai pas la force, aujourd'hui.

Il s'avance et dit:

-Très bien, je peux comprendre que tu tiennes à cette fille pour certaines raisons, mais en quoi le mariage remet-t-il ça en question?

Mais que?

C'est à mon tour de ne pas comprendre et de froncer les sourcils.

-Si je me marie, je peux pas la voir, dis-je nerveusement. Ça me parait logique

-Qui te demande d'être enchaîné à Caitlin? Tu te maries seulement avec elle. L'autre fille n'est pas un problème tant que tu demeure discret, réplique mon père en faisant tournoyer un stylo.

Il le positionne sur son bureau et plante ses yeux dans les miens en haussant les sourcils d'un œil suggestif.

Et je comprends soudainement ce qu'il veut me dire.

***

°Retour au point de vue d'Elena

Cela ne faisait que quelques temps que j'étais là, à attendre Alec dans notre chambre, mais déjà l'impatience commençait à me gagner

Je n'avais pas pu voir Alec ce matin, après mon altercation avec Alexander, et toute la journée, je m'étais trouvé embourbé dans un climat d'angoisse et de questionnement extrêmes.

Alexander avait habilement réussi à remettre tout en question et ses menaces ne réussissaient pas à calmer ma nervosité.

Mais Alec m'avait promis que tout allait bien se passer. J'étais persuadée qu'il démentirait tous les propos d'Alexander, qu'il me rassurerait.

Bref, je plaçais tous mes espoirs en l'amour qui me liait à Alec et c'était déjà beaucoup pour moi.

Un bruit distinctif de clés me sortit de mes pensées et je vis Alec rentrer dans notre chambre.

Je me levais aussitôt et je vis qu'Alec me fixait d'une manière indéchiffrable.

Quelques instants plus tard, deux bras vigoureux m'étouffaient dans une forte étreinte.

Je ne le repoussais pas et je profitais, au contraire, de son étreinte.

Il caressa lentement mon dos en déposant un baiser bref sur ma tête et je fermais mes yeux pour profiter de sa chaleur:

-Alec, il faut que je te parle, murmurais-je.

-Moi aussi Elena, répondit-il d'une voix anormalement basse.

-Alec, il y a Al...

-Je vais me marier, dit Alec.

Je m'interrompis dans ma phrase et je m'éloignai d'Alec, persuadée que j'avais mal entendu:

-Que... quoi?

-Je vais me marier avec Caitlin, Elena, répète-t-il d'une voix éteinte.

___________

salut salut!

Vous avez passé de bonnes vacances? :D

Elle est cool cette fin de chap?

Ok je me la ferme, je vais me faire lyncher

bref, qu'en pensez-vous?

-Elena?

-Alec? (lui va s'en prendre plein la gueule, mais faut essayez de comprendre!)

-Alexander?

-Pizza? Vous m'avez soule pour le revoir bande de forceurs

-Le padre Harding? (vous l'aimez lui)

-L'analepse? (flash-back si vous préférez mais j'aime pas utiliser ce mot pour la littérature)

c'est la première fois que je fais ça, j'espère que cela ne vous a pas trop dérouté.

-La fin?

-La suite? Que va-t-il se passer à votre avis?

bref c'est bientôt la reprise des cours (OUI JE SAIS C'EST DUR) et doooonnc le prochain chapitre je ne sais pas quand il sera en ligne.

mes études passent en priorité.

mais promis promis promis, je lâche rien!

brefouille, n'hésitez pas à commentez!

Je vous aime bande de husky bleu doré

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