Chapitre 35
Plusieurs mois plus tard.
-Elena, tu dois servir la table nº8!
J'aquiescais rapidement à la demande de ma collègue Vera et pris rapidement les commandes destinées à la table nº8.
Je me faufilais rapidement à travers la petite salle et souris largement aux clients en leur apportant leur commandes.
-Voilà votre Expresso et votre croissant, dis-je en déposant la commande sur la table.
Le jeune homme de la table 8 me remercia et me remit un léger pourboire que j'acceptais avec le sourire puis je retournais à la caisse.
J'avais trouvé cet emploi dans ce petit café un peu par hasard et je ne regrettais pas mon choix.
Cet emploi de serveuse à temps partiel était correct et plutôt bien rémunéré.
Je pouvais ainsi payer mes études en partie et ainsi décharger mes parents.
En effet depuis quelques mois, les affaires de la librairie familiale stagnaient et il avait fallu qu'on se serre la ceinture.
Mes parents souriaient en affirmant que ce n'était qu'une mauvaise passe mais je voyais bien leurs fronts se barrer d'un pli soucieux.
Cet emploi, je l'avais vu comme une bénédiction.
Je travaillais depuis maintenant deux heures et je finissais mon service dans quelques temps.
Alec devait me chercher comme à l'accoutumé après mon service.
Il m'aimait pas que je travaille en côtoyant d'autres personnes. Il demeurait persuadé que certains de mes collègues et même certains de mes clients n'avaient pas de bonnes intentions...
Il insistait à chaque fois pour me prêter de l'argent ne comprenant pas que cela me dérangeait.
-Ton chéri arrive bientôt? s'exclama Vera, une de mes collègues en nettoyant certains verres.
Je sortis de mes pensées et répondis:
-Oui dans quelques temps.
Un bête sourire me vint aux lèvres à la mention d'Alec.
J'avais vraiment hâte de le revoir et même si cela m'effrayais de l'admettre, il était incroyable de voir à quel point je tenais à lui.
-Tu as tellement de chance Elena! soupira Vera. J'aimerai tellement qu'un homme vienne me chercher comme ça.
-Crois moi parfois je regrette de l'avoir pour petit ami, répondis-je en riant. Il peut se montrer insupportable quand il s'y met!
Vera me retourna son sourire et s'apprêta à dire quelque chose mais la sonnette du café retentit annonçant la venue d'une nouvelle personne.
Je fus plus joyeuse lorsque je vis qu'il s'agissait d'Alec.
Il passa rapidement sa main dans ses cheveux blonds et parcourut l'ensemble du café du regard.
Son regard croisa le mien, ses traits se détendirent et il s'avança vers moi.
-Putain Elena, ce mec est un dieu vivant. Je te jure que si t'en veut pas, je veux bien de tes restes, couina Vera pour plaisanter.
Je savais que Vera disait ça sur le ton de l'humour, aussi je ne me formalisai pas de cette remarque
-Pas moyen Vera, va chasser ailleurs!
-Crois moi, j'y compte bien, le mec de la table n°8 est plutôt pas mal dans son genre, dit-elle en faisant un clin d'oeil.
Je reportais mon attention envers Alec.
Sa démarche fière et son port de tête altier attirait les regards et il irradiait de cette assurance que je lui enviais parfois.
Il arriva près de moi et m'embrassa délicatement la joue:
-Bonsoir Ele. Alors on attend le plus bel homme du monde?
-Crétin, tu ne changeras jamais.
Je lui retournai son sourire en le frappant et je défis rapidement mon tablier en l'accrochant à son présentoir.
-On y va? demanda Alec en dévisageant rapidement certains clients d'un oeil critique.
-Oui, oui j'arrive, au revoir Vera! m'exclamais-je en direction de ma collègue alors qu'Alec était déjà sorti.
-Au revoir Elena. Et n'hésite pas un peu à te détendre si tu vois ce que je veux dire! s'exclama Vera en riant et en agitant ses boucles blondes.
-La ferme Vera!
Son rire fut le dernier son que j'entendis et je sortis rapidement à mon tour du café alors qu'Alec m'avait enlacé par la taille et se dirigeait vers sa voiture.
Je m'assis épuisée au siège passager et Alec démarra sa voiture tandis que j'étouffais un baîllement.
-Je suis épuisée, soupirai-je en.m'adossant à la portière. Tu as eu une bonne journée?
-Ouais ça allait. Et je t'ai déjà dit que tu n'étais pas obligée de travailler Elena. Je peux t'aider.
-On en a déjà parlé Alec, soupirai-je. Je ne veux pas.
Alec examina ma tenue d'un oeil critique et il marmonna:
-Cette jupe est beaucoup trop courte.
-Arrête Alec elle m'arrive aux genoux. C'est l'uniforme réglementaire je n'y peux rien.
-Surtout un bon moyen d'appâter des connards de clients.
-Alec! Arrête un peu. Je suis épuisée.
Il soupira lui aussi:
-Changeons de sujet.
Il sourit puis s'exclama:
-J'ai une surprise pour toi
Je levai la tête, intriguée.
-Et qu'est ce que c'est?
-Je ne te le dirais pas sinon ce ne serait plus une surprise, contente toi d'attendre Ele.
-Je déteste les surprises.
-Je n'y peux rien mon coeur. rit-il.
Il engagea une autre route que celle que nous prenions habituellement et continua à rouler alors que je me demandais ce qu'il m'attendais.
Nous continuâmes à rouler pendant plusieurs minutes et je vis bientôt que nous arrivions près de la bordure de la ville
J'étais de plus en plus étonnée alors qu'Alec continuait à rouler.
-Mais où est-ce que nous allons Alec?
Il se contenta de sourire légèrement et continua sa route.
Enfin la voiture s'arrêta et Alec coupa le moteur en soupirant.
Il sortit de la voiture alors que je faisais de même.
Je vis alors une maison simple et raffinée en même temps se dresser devant nous, dégageant une atmosphère irréelle et presque magique.
Je demeurais admirative de la beauté de la demeure en me demandant ce que nous faisons ici:
-Tu viens? demanda Alec en me tendant sa main.
Je la saisis et ses doigts chauds recouvrirent rapidement ma main pour me conduire près de la maison.
Alec sortit rapidement une clé de sa poche et soupira avant de l'insérer dans son orifice.
La porte s'ouvrit et Alec entra à l'intérieur suivie par moi.
L'intérieur était resplendissant de beauté.
Des meubles en bois d'une élégance et d'une simplicité telles que je me sentis immédiatement à mon aise.
Une ambiance chaleureuse se dégageait de cette endroit.
Je me détachai d'Alec et regardai plus attentivement les moindres recoins
-C'est beau, n'est ce pas? chuchota Alec.
Je me tournais vers lui et lui demandai:
-Où sommes nous?
Il s'avança vers moi et me prit doucement les mains:
-Dans une des propriétés de ma famille. Plus exactement celle de ma mère.
Sa voix s'adoucit à ce moment - là et il continua:
-C'était l'endroit préféré de ma mère. "Sa petite maison" disait-elle. Là où elle venait se reposer et prendre des vacances.
Il effleura délicatement ma main de ses longs doigts et reprit:
-C'est la première fois que je reviens ici depuis sa mort. Tu es la première à venir ici en dehors de ma mère, ma soeur et moi.
Il émit un énième soupir en parcourant la pièce du regard.
Les souvenirs devaient couler de chacun des mètres carrés de cet endroit et le sourire nostalgique d'Alec me le confirmait.
Ses doigts se promenèrent lentement sur un buffet où trônaient quelques statuettes et ses yeux semblaient s'illuminer de joie et d'un soupçon de mélancolie.
Je gardais le silence touchée qu'il m'ait emmené ici, dans un endroit imprégné de son passé et de ses souvenirs d'enfance.
-Je t'ai amené quelque chose.
Il fouilla rapidement dans sa veste et en sortit un petit paquet rouge.
Il me le tendit et j'ouvris délicatement le paquet en le regardant, l'air interrogateur.
Et ce que je vis me coupa le souffle.
-Alec...
-Mets-la, dit-il doucement.
Je tenais dans mes mains la chaîne d'Alec, celui que sa défunte mère lui avait donné. Ce collier était d'une importance folle pour lui.
Pourquoi voulait-il me le donner?
-Je veux que tu la portes Elena. Cela me ferait vraiment plaisir.
-Mais c'est ta chaîne. Tu y tiens tellement, protestais-je.
Alec soupira et saisit le collier. Il se mit derrière moi et doucement , il passa le bijou à travers mon cou.
Je sentis la chaîne me caresser l'échine et le fin anneau tomber sur mon cou.
-Comme ça, tous sauront pertinemment que tu es à moi, chuchota Alec en m'embrassant le cou et en entourant ma taille de ses bras. Je te l'offre, murmura Alec en touchant la chaîne.
-Tu en es sûr Alec? demandais-je en effleurant le pendentif de mes mains.
-Oui j'en suis sûr. Porte ce collier jusqu'à que tu ne veuilles plus de moi, murmura Alec.
Il me tourna face à lui :
-C'est important pour moi Elena.
Je me taisais toujours abasourdie par le cadeau d'Alec.
-Eh bien merci Alec. C'est très gentil.
Il sourit puis nous conduisit près des larges canapés de la pièce principale,
Il s'assit et me je me posais sur ses cuisses alors qu'il m'étreignait la taille.
-Tu es lourde, se plaigna Alec.
-Tu insinues que je suis grosse c'est ça? demandais-je.
-Oui tu es grosse, s'exclama Alec avec un large sourire.
-Crétin, répondis-je en voulant me détacher de ses genoux
-Je plaisante Ele, tu es parfaite comme tu es, chuchota Alec en me retenant et en resserrant son étreinte.
Un silence s'installa et je m'amusais à jouer avec les doigts d'Alec tandis que ce dernier me caressait les cheveux.
-On devrait être plus souvent comme ça, soupirai-je alors que les doigts d'Alec traçaient lentement des ondulations dans ma chevelure.
-On pourrait, s'interposa Alec en arrêtant légèrement son mouvement.
Je levai la tête l'air intrigué:
-Je voulais aussi te parler de ça Elena.
Il me regarda fixement du regard et reprit :
-Cela fait un peu plus d'un an que nous sommes ensemble et tu sais que je tiens beaucoup à toi.
Alec m'enlèva une mèche égarée de mon visage en souriant:
-Je me disais qu'on pourrait peut être emménager ensemble. Ici. Rien que toi et moi, murmura Alec.
-Tu veux qu'on s'installe ensemble? répondis-je légèrement surprise.
-Oui. J'aimerais beaucoup. On ne se voit pas aussi souvent que je le voudrais, aussi là on pourrait l'être.
-Je ne sais pas Alec... répondis-je. C'est très tentant mais...
-Tes parents ne voudraient pas?
-Si. Ils me laisseraient faire ce que je désire. Je suis majeure après tout... Seulement
-Seulement quoi? Rétorqua Alec avec une voix douce mais légèrement sur la défensive.
-Je ne sais pas...
-Je t'en prie Elena, ce serait vraiment génial, m'interrompit Alec d'une voix cajoleuse.
Je m'imaginais un instant une cohabitation commune sous le même toit qu'Alec, et un fin sourire vint m'étirer les lèvres.
Cette perspective était vraiment très alléchante et même si cette étape m'effrayait un peu, j'étais vraiment tentée d'accepter.
-Bien, je suis d'accord Alec, acceptais-je.
-C'est génial Elena, dit Alec en m'embrassant. J'en suis vraiment heureux. On emménagera dans quelques temps
Je lui retournai son baiser avec ferveur et celui-ci s'intensifia lorsque Alec resserra son emprise sur mes hanches.
Il se détacha lentement de moi et ses yeux azur me scrutèrent avec la plus grande attention.
-Que dirais-tu d'une bonne pizza? Je meurs de faim.
J'hochais la tête vigoureusement et lui retint le bras lorsqu'il se leva
-Prends moi une Hawaïenne Alec.
-Pas de Reine? Me taquina-t-il. Mais où est passé la sage Elena?
-Non pas de Reine. Je veux changer.
Il sourit et s'en alla prendre les commandes en téléphonant plus loin.
***
-Je suis calée, répondis-je en soupirant et en posant ma main sur mon ventre légèrement proéminent à cause de la quantité effarante de nourriture que j'ai ingurgité.
-Tu as vu tout ce que tu as mangé aussi? Une fille ne fait pas attention à sa ligne normalement? ricana Alec.
-Ne va pas t'aviser de me faire culpabiliser Alec! grognais-je. J'y peux rien si mon corps réclame de la nourriture.
-Mon pauvre coeur, rit Alec en me caressant les cheveux.
Je savoure cet instant tant les doigts d'Alec semblent magiques et bienfaiteurs.
Mais je m'oblige à m'arracher à cet instant divin
-Bon je vais y aller, dis-je en me levant.
Alec se leva à son tour et alors que je mettais ma veste, il me tint par le bras et se mordit nerveusement la lèvre:
-Elena, je voulais te demander quelque chose
-Eh bien vas-y, répondis-je surprise par son air légèrement nerveux.
-J'aimerais bien que tu m'accompagnes à un dîner.
-Un dîner? Répondis-je intriguée.
-Oui, un dîner de famille. Il y aura ma soeur, et je pus remarquer ses traits se détendre à la mention de sa soeur, ainsi que cet idiot d'Alexander et surtout mon père et une de ses amies.
-Tu veux que je dîne avec ta famille? demandais-je.
-En quelque sorte, histoire de plus ou moins officialiser notre relation, marmonna Alec en jouant avec mes doigts.
Alec avait plusieurs fois dîné chez nous et cela ne m'avait pas dérangé outre-mesure. Aussi je pensais que dîner avec la famille d'Alec devait être dans le cours des choses.
-Eh bien d'accord Alec, je viendrai.
-Merci Elena. Cela signifie beaucoup pour moi tu sais. Je t'aime tellement Elena. chuchota Alec en m'embrassant délicatement la joue.
Je ne pus m'empêcher de sourire à ces mots.
Entendre la personne que vous aimez vous déclarer des mots de la sorte était un des sensations les plus merveilleuses au monde.
La perspective de ce dîner m'effrayait et rencontrer le père d'Alec me crispait légèrement.
Mais j'étais prête à faire ça pour Alec.
Jamais je n'aurais pu penser que ce simple dîner en apparence allait m'emporter dans un tourbillon de soucis et dans une tempête émotionnelle lourde de conséquences.
***
L'homme de l'accueil du restaurant me jaugea du regard avant de demander d'une voix hautaine:
-Avez-vous réservé?
Je contrôlais l'envie de lui faire avaler sa moustache ridicule et répondis:
-Je suis attendue à la table de Mr Harding, débitais-je en reprenant mot à mot ce qu'Alec m'avait recommandé de dire
Le visage de l'homme changea subitement et il afficha soudainement un sourire affable et courtois
-Mr Harding? Bien suivez moi.
Apparemment Mr Harding avait son petit effet.
Crétin de réceptionniste, me dis-je en voyant le changement conséquent de l'attitude de ce dernier.
Je me sentais tellement gauche lorsque j'étais entrée dans ce restaurant à la sublime façade.
Un restaurant dispendieux, clinquant et couvert d'une ambiance feutrée propice aux échanges les plus secrets.
Le genre de restaurant auquel je n'étais pratiquement jamais allée.
Le genre de restaurant où les gens étouffaient sous les convenances et les apparences.
Le genre de restaurant où une femme pouvait porter une robe dont le prix devait être supérieur à au moins une année de mes études, me dis-je en me voyant une femme avec une robe incrustée de pierreries.
Le réceptionniste me conduisit à une table plus éloignée et je me rendis compte que plus on avançait dans le restaurant, plus les gens portait des vêtements coûteux, affichait un air supérieur et semblaient riches.
L'homme s'arrêta à la dernière table du restaurant où déjà étaient assis les personnes en compagnie desquels j'allais dîner ce soir.
Alec leva la tête et se leva lorsqu'il me vit:
-Elena tu es là, s'exclama Alec en venant à ma rencontre.
J'effectuais un sourire légèrement crispé en voyant que l'ensemble de la tablée me regardait. Annabelle me regardait avec un petit sourire amical et Alexander avait un sourire narquois aux lèvres.
Une jeune femme d'âge plutôt mûr était attablée en face d'un autre homme
Le père d'Alec.
Et c'était le regard de ce dernier qui m'ébranlait le plus. Celui ci me transpercait du regard, de ses prunelles bleu glacées semblables à celles de son fils.
Or, celles d'Alec n'étaient pas aussi vides d'émotions.
Ils vibraient de beauté et de vie.
Alexander se leva à son tour et s'approcha de moi.
-Mrs Parks je suis ravie de vous revoir après tout ce temps! Combien de temps déjà?
-Un peu moins d'un an, répondis-je en regardant l'homme aux yeux smaragdine
-C'est déjà beaucoup trop long, susurra Alexander, en me baisant la main.
Je me tortillais gênée de cette proximité avec le cousin d'Alec.
Celui-ci d'ailleurs était derrière moi et je pus entendre un léger grognement de sa part à l'entente d'Alexander.
-Bon viens t'asseoir Elena, je vais te présenter mon père.
J'aquiescais et je contournais la table vers le siège que m'indiquait Alec.
-Elena, voici mon père et Père voici Elena. Et en face de lui Madeleine DeWistock, une des amies de la famille, dit-il en désignant de la tête la femme à la chevelure striée de gris.
La voix d'Alec était neutre et sans émotions et j'avais déjà remarqué cette certaine retenue de sa part, comme si la présence paternelle le troublait.
-Bonsoir, je suis Elena Parks, dis-je à l'encontre des deux personnes.
Le père d'Alec me jaugea lentement de haut en bas pour finir s'attarder longuement dans les yeux.
Je soutins son regard glacé et enfin il me tendit sa main:
-Bonsoir Mrs. Parks.
-Bonsoir, dit la femme dénommée Madeleine en me souriant légèrement.
Je m'assis légèrement gênée de la situation et un silence vint se déposer à table.
Alec était en face de moi et à sa droite se tenait Alexander, lui-même en face d'Annabelle.
A la gauche d'Alec se tenait son père qui fixait l'ensemble de la salle d'un regard pénétrant.
-Nous allons commencer à commander, dit-il avec une voix grave.
L'ensemble de la tablée acquiesça et un serveur nous apporta rapidement les cartes.
Le serveur m'en tendit une et je le remerciai ce qui sembla le surprendre.
J'ouvris rapidement la carte et je sentis l'incompréhension me gagner face aux noms de plats compliqués et exagérément tournés.
Je choisis au hasard un plat pour ne pas totalement paraître perdue, et je pris un " Fricassée de foies de volaille à la sauce beaujolaise sur son lit de pommes douces accompagnés de ses légumes du jardin"
Les autres membres de la tablée choisirent également leurs plats et de nouveau un silence s'installa.
Je regardais attentivement mon verre comme si ce dernier pouvait contenir l'avenir du monde. En levant mes yeux je croisais le regard d'Alec. Il me sourit rapidement et je pus voir qu'il était tout aussi nerveux si ce n'est plus, que moi.
La présence de son père le crispait-il autant que ça?
-Ce service est d'une médiocrité absolue, grogna la dénommée Madeleine à ma droite en pinçant la bouche de mépris.
J'haussais les sourcils: cela faisait à peine 5 minutes que nos commandes étaient parties
-Je suis amplement d'accord avec vous Madeleine, rétorqua Alexander en regardant ses ongles. N'est-ce pas mon oncle?
-Tu as raison Alexander, mais que voulez-vous? Des gens comme ça ne peuvent se permettre d'espérer de nous satisfaire.
Des rires accueillirent cette plaisanterie malvenue, et je ne pus m'empêcher de désapprouver fermement le père d'Alec.
-Père! s'écria Annabelle visiblement énervée par cette remarque.
-Eh bien Annabelle? Je ne fais que dire la vérité.
Les plats arrivèrent et coupèrent fin à la discussion.
Mon plat qui s'avérait être du poulet en sauce, des pommes de terre et des légumes semblait délicieux.
Je pris une bouchée qui se révélait être savoureuse.
Mais je préférais encore les bonnes pâtes à la carbonara de ma mère.
-Alors Mrs.Parks, parlez-nous un peu de vous, demanda soudainement le père d'Alec
L'ensemble de la tablée me regardait et je me raclai la gorge:
-Je ne sais pas quoi vous dire exactement Monsieur...
-Eh bien force est de constater que vous m'êtes parfaitement inconnu, et pourtant Alec s'est fermement décidé à vous accompagner ici, n'est ce pas mon garçon?
-Oui, marmonna Alec.
-Alors Mrs.Parks, que faites-vous?
-Je suis actuellement en deuxième année de mes études de journalisme, répondis-je posément.
-Oh comme c'est intéressant, s'exclama Madeleine. Et vous envisagez de continuer quoi?
-Oh, je pensais finir mon cursus et je verrai les opportunités qui s'offrent à moi.
-Elena est finie première de son classement l'année passée, s'exclama Alec en m'adressant un petit sourire.
-Impressionnant, murmura le père d'Alec.
-Ouah bravo Elena vous m'étonnez de plus en plus! dit Annabelle avec un sourire
-Mon oncle, sais-tu que notre petit couple perdure depuis un peu plus d'un an? S'exclama Alexander. N'est-ce pas admirable?
-Vraiment?
Le père d'Alec se tourna vers son fils qui évitait alors son regard.
-Alec m'avait omis ce détail. Il nous a simplement signalé votre présence ce soir. Où vous-êtes vous donc rencontrés?
-Au lycée, répondis-je. A Mary Haden Prestige School.
-C'est étrange, je connais l'ensemble des familles de ce lycée mais le vôtre ne me dit rien
-Oh j'étais boursière, c'est sûrement pour ça.
-Boursière?
Le père d'Alec se tourna face à ce dernier et lui dit:
-N'est-ce pas la boursière dont tu m'as parlé une fois?
-Si, marmonna Alec.
-Je vois. Qui sont vos parents Mrs.Parks?
-Mes parents sont libraires Monsieur.
-Libraires? Demanda le père d'Alec.
Il échangea un regard entendu avec la femme Madeleine et je crus presque voir l'ombre d'un sourire moqueur sur leurs lèvres.
-Oh j'ai toujours voulu m'entretenir avec une personne roturière, s'exclama Madeleine
Je manquai m'étrangler à ce moment-là.
Était-elle vraiment sérieuse?
-Et si nous commandions les desserts Père? s'interposa Annabelle et je la remerciai chaudement intérieurement d'avoir interrompu ce moment.
J'inspirai fortement et je croisai le regard d'Alec.
Celui-ci semblait désemparé et il me fit un sourire forcé presque aussi mal à l'aise que moi.
-Mon oncle, j'ai oublié de te dire. J'ai réussi à signer le contrat sur la construction d'un nouvel immeuble avec Kim Shang-Cho.
-Félicitations mon garçon, s'exclama Aaron Harding. Et toi Alec?
-J'ai réussi à avoir un entretien avec le Brésilien de l'autre jour.
-C'est tout? dit Aaron. Il faudrait que tu prennes davantage exemple sur ton cousin Alec.
-Oh mon oncle, ne lui demandez pas tant voyons, s'écria Alexander en riant et en regardant Alec d'un air fier.
Alec serra les poings et crispa sa bouche mais acquiesça rapidement sûrement peu soucieux de faire un scandale.
Les desserts arrivèrent bientôt et je commençai alors désireuse de quitter cet endroit au plus vite.
-Nous allons emménager ensemble avec Elena, commença Alec en regardant son père.
-Et où donc?
-Dans l'ancienne résidence de Mère, dit Alec légèrement plus sec.
-Eh bien, votre relation est-elle aussi sincère que ça? s'exclama Alexander. Qui aurait pu croire mon cousin soit si engagé? Elena, êtes-vous donc aussi amoureuse de lui?
-Tais-toi! Grogna Alec à l'encontre d'Alexander.
-C'est bon Alec, arrête.
-Oui Alec, laisse ta petite amie déguster son dessert tranquillement. Elle n'aura peut-être plus l'occasion à l'avenir de venir ici.
-Arrêtez Père! Vous allez beaucoup trop loin! S'exclame Annabelle.
J'encaisse le coup avec grande peine. Mes poings se crispent et la rougeur de l'humiliation me montent aux joues.
Comment peut-on être aussi mesquin?
-Allons Annabelle, votre père voulait seulement informer Mrs Parks, n'est-ce pas?
Je ne veux pas créer de scandales mais à cet instant, l'envie de frapper cet air arrogant me triture les entrailles.
Je me retiens juste par égard pour Alec. Par amour pour Alec.
Mais c'est vraiment difficile
Le dîner se termine et chacun se lève
-C'était agréable de vous rencontrer Mrs Parks, dit le père d'Alec en me donnant un signe de tête.
-De même, dis-je avec une voix que je tente de garder posée et neutre.
-Au plaisir de vous revoir chère Elena, susurre Alexander en me baisant la main.
-Oui, bien sûr...
-Je raccompagne Elena chez elle, déclara Alec.
-Bien au revoir Mrs Parks, et le père d'Alec s'en alla avec à son bras cette vipère de Madeleine ainsi qu'Alexander.
-Au revoir Elena, et je vous présente mes excuses quant à mon père, chuchote Annabelle à mon égard avant de partir à son tour.
Alec et moi restons alors seuls et un silence s'installe.
Il appela rapidement un taxi et lorsque celui-ci arriva, il me prit doucement par le bras et m'enlaça délicatement par la taille.
A l'intérieur, l'atmosphère est lourde et pesante et je regarde Alec qui me fixait depuis apparemment plusieurs minutes.
-Voilà, tu as fait la connaissance de mon père, récita Alec d'une voix morne.
Je retins un rire triste et amer:
-Ce dîner était une catastrophe.
-Je sais. Je suis désolé Elena. N'écoute pas mon père.
-C'est difficile Alec. Il pense que je suis une moins que rien, c'est vraiment horrible.
Il me prend doucement par la joue et me chuchote en m'embrassant:
-Ne l'écoute pas Elena d'accord. Que cela lui plaise ou non, je resterai avec toi. Je t'aime Elena, vraiment.
Je l'embrasse en retour et lui redit les mêmes mots si réconfortants.
-Demain, nous passerons prendre tes affaires, d'accord?
J'acquiesce en sachant que demain sera le tournant d'une nouvelle histoire.
***
Les semaines ont passées depuis ce fameux dîner, et je n'ai pas revu le père d'Alec ou les autres à mon grand soulagement.
Mon emménagement avec Alec s'est déroulé de manière incroyable.
Chaque jour, je peux voir Alec et tous les jours, il me fait sentir comme étant unique.
Et chaque jour, mon amour pour lui s'accroît.
Je me trouvais au café en train de nettoyer certaines tables d'un rapide coup de chiffon quand Vera m'interrompit:
-Elena, il y a quelqu'un qui te demande dehors.
Je lève la tête en voyant que l'habituel sourire jovial de Vera est crispé.
Et en voyant la personne qui m'attend apparemment dehors, je me fige.
Oh.
_______________
Hey!
Cela fait 19 jours que je n'ai pas publié! Je suis vraiment vraiment désolée.
Le lycée a commencé très très fort!
Bref je suis une fois de plus désolée.
Bref que pensez vous de ce chapitre?
Est-il à la hauteur de vos espérances?
Si non, dites pourquoi!
N'hésitez pas à me partager vos suggestions pour la suite ici!!!
Je voulais vraiment vous remercier, GRÂCE À VOUS, NOUS AVONS ATTEINT LES 1M!!! MERCIIIIIII! JUSTE MERCI!
Je vous aime bande de sauterelles rose banane (oui je n'ai plus d'inspiration...)
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top