Souffrance
Quelques heures après, sur un chemin escarpé et bordé d'arbres Wa-Dap souffrait. Ses jambes lourdes comme de la roche et ses pieds brûlants l'empêchaient de suivre le rythme imposé par Tor-Tuh. La pente était trop raide, et découragé, le jeune guerrier s'arrêta pour reprendre son souffle, puis il inspira profondément avant de crier :
— Maître ! Attendez-moi... Je suis crevé...
Le vieil homme se retourna pour dévisager son élève, puis sans pitié, il continua à gravir la montagne.
Seul, à genoux sur les cailloux, Wa-Dap gambergeait. Il avait voulu se la péter en courant, mais il avait présumé de ses forces, et maintenant, incapable de suivre ce vieux chnoque, il était ridicule.
Wa-Dap hurla de rage, puis péniblement, il se releva, et sans écouter les plaintes de son corps, il poursuivit l'ascension. Après de longues minutes d'effort, les arbres disparurent pour laisser place à une prairie majestueuse, et hors d'haleine, Wa-Dap murmura à plusieurs reprises :
— Je suis arrivé au sommet...
Heureux, avec les poings serrés, il leva les bras vers le ciel.
Une voix familière vint briser cet instant de plénitude :
— C'est bien ! Mais le soleil va bientôt se coucher, et on a rien à manger.
Harassé, le jeune guerrier peinait à comprendre les propos de son maître :
— En chemin, j'ai bien ramassé quelques fruits, mais je doute que ça te suffise pour récupérer !
En voyant son élève se décomposer, Tor-Tuh enchaîna :
— Rassure-toi, grâce à sa végétation, et ses nombreuses sources d'eau, cette prairie attire les animaux. Tu devrais essayer de chasser avant que la nuit tombe.
Voulant montrer ses talents de chasseur, Wa-Dap scruta attentivement les alentours, et rapidement, entre les herbes folles, il remarqua une créature occupée à brouter. Comme il s'agissait d'une grosse biche au pelage blanc, le jeune guerrier n'hésita pas un instant, et avide de sang, il dégaina son couteau. Agile, il s'approchait inexorablement de sa proie, en évoluant furtivement entre les fleurs et les graminées. Insouciante la bête continuait son festin, et à proximité Wa-Dap jubilait, car il allait l'égorger facilement.
L'adolescent était prêt à bondir quand la biche tourna sèchement la tête dans sa direction, puis en ouvrant sa gueule, elle dévoila des dents acérées. En comprenant son erreur, Wa-Dap détala, la créature grogna méchamment avant de le poursuivre. Dans sa course effrénée, le jeune guerrier chuta face contre terre, et instinctivement, il se retourna couteau à la main pour faire face au danger. En voyant la biche arriver à une vitesse effrayante, son cœur s'emballa et quand ses tympans furent meurtris par un sifflement strident, il ferma les yeux.
Bruits secs, grondements, cris puissants. En les ré-ouvrant, il découvrit son maître en train de frapper la bête sans ménagement, avec sa longue canne en bambou. Sous les assauts incessants, cette dernière prit la fuite et soulagé Wa-Dap souffla.
D'un pas tranquille son mentor arriva, puis en l'aidant à se relever, il lâcha d'un ton sec :
— Tu viens d'échouer lamentablement ta première leçon. Maintenant, rappelle-toi, que parfois, les apparences sont trompeuses.
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