Chapitre 8: Juste une illusion
13 janvier, ce matin une notification SMS de Marcia sur mon téléphone m'a annoncé que nous n'avions pas cours à cause de la neige qui s'abat sur la capitale. Le jour qui arrive 1/10 années alors quand c'est le cas autant en profiter. Je suis allongée sous mes draps, je regarde le soleil qui brille et la neige qui tombe en même temps. Cette journée me donne l'occasion de me poser un peu. J'espère que la neige ne s'en ira pas de sitôt.
En me réveillant , comme chaque matin, je fais le point sur mes rêves.
Cette nuit, c'était plus des lueurs qui clignotent comme un phare sur la côte mais c'était comme si des fragments de différents moments s'assemblaient.
Je me réveillais dans mon ancienne chambre à New York avec Ken, j'allais ensuite prendre mon habituel croissant et mes parents étaient là. C'est sûrement une des seules fois où j'ai réussi à avoir une vision exacte d'eux deux. Ma mère avec ses cheveux épais bruns, son sourire angélique, son nez droit et fin, mon père avec ses traits chaleureux, sa barbe de trois jours et ses yeux pétillants.
Ca me manque vraiment.
C'est même pas de la tristesse que j'ai ressenti en évoquant leur souvenir mais de la colère, de la souffrance, mon cœur qui se soulève chargé d'adrénaline dans ma cage thoracique. Je me rappelle la première fois où nous nous étions rendus sur leur tombe composée d'une unique croix blanche dans le cimetière crée spécialement pour les victimes du 11 septembre. Leur nom était gravé simplement avec une photo en noir et blanc. J'avais une sorte d'énorme seum quand j'ai vu ça. Je sais pas comment l'exprimer autrement. Le seum de me dire « Eh ben putain, putain, AAAH ! ». Un cri s'arrachait qui exprimait ce que je ressentais mais que je taisais pour ne faire de mal à personne. « Papa, Maman, Lindsay, au revoir » avais je prononcé tout bas avant de partir avec le reste de ma famille. Cet événement avait jeté un froid sur ma façon d'être, de penser, d'agir. Je n'y suis jamais revenue.
En avril, on va y retourner avec ma sœur, presque 7 ans après. Mes grands parents n'avaient pas voulu nous y ramener car ils avaient jugé ça trop morbide. Mais moi je déteste quand on essaie d'enrober les faits juste parce qu'aux yeux des adultes nous sommes encore des enfants. Je voulais savoir.
Quand l'enquête s'est ouverte après l'attentat, mes grands parents refusaient de nous emmener aux conférences ou aux réunions organisées pour les victimes ou proches de victimes. Je l'avais très mal pris. « Vous préférez qu'on reste dans l'ignorance pour mieux dormir la nuit ? Mais plus vous faites ça, plus vous attisez notre envie. Moi je veux savoir pourquoi mes parents sont morts. J'en ai les capacités. » A 11 ans sortir ça, ils en étaient retournés. Mais n'avaient pas cédé pour autant. Mon cousin français Lilian, présent à l'époque et de 7 ans mon aîné avait pu se rendre aux interventions et m'avait tout expliqué. C'était légitime pour moi de savoir comment, pourquoi.
C'est quelque chose que je n'ai jamais confié à personne en terme d'ami, même pas Ken ou Sarah. Parce que j'ai l'impression que ça attire plus la pitié des gens qu'autre chose et je déteste mais alors je DETESTE attirer l'attention sur ce genre de sujets. J'ai envie de vivre librement, sans me dire qu'il faut que j'agisse comme une fille endeuillée à jamais. Certes, ma vie ne sera plus jamais comme avant, certes je souffre encore beaucoup mais je me dis qu'il faut aller de l'avant.
Que si la vie m'a imposé des défis, des obstacles c'est parce qu'elle sait que je suis capable de les relever, de me relever.
Une des rares photos de ma mère que j'ai réussi à retrouver.
J'espère que ce chapitre narratif vous a plu malgré le fait qu'il soit un peu court, n'hésitez pas à voter et à le commenter.
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