Chapitre 21: Un mal pour un bien?
En train de lire le quotidien acheté 2 euros dans le bureau de presse à deux pas de chez moi, la tête collée contre la vitre embuée et pluvieuse du bus.
Comme d'habitude, les bouchons viennent meubler les rues de Paris. Jeudi 24 mars, jour important puisque c'est aujourd'hui que la mère d'Opale qui a donné un avis favorable pour notre voyage estival doit convaincre à la sortie du lycée mes grands parents. Ceux ci font partie de la classe sociale des gens qui ont l'habitude que tout leur sourie, logique pourrait on dire quand t'es blindé aux as. Mais ils font aussi partis de ces gens qui ont une conscience et qui n'acceptent pas tout, pour ça que mon père avait développé cet esprit de rigueur. Rigueur que j'ai d'ailleurs toujours admirée. La voix monotone préenregistrée du bus signale l'arrêt où nous arrivons. Ce matin, Sofia avait rendez vous chez sa psy, donc je me retrouve à penser une fois de plus seule dans un bus bondé où toutes les nationalités, origines se côtoient sans s'adresser un mot. J'aime beaucoup le bus pour ça mais c'est vrai que quand vous avez le chauffage brûlant et la vitre glacée et des gens agglutinés à moins d'un mètre vous êtes déjà à bloc au début de la journée.
Deux petites filles au cheveux d'un blond polaire montent dans le bus. Des jumelles surement, elles sont seules. L'une d'elles me regarde, je retourne à ma lecture pour éviter de la fixer.
Je descends du bus et m'engouffre rue Léon Lhermitte même rue où se situe mon lycée. Plusieurs attroupements attendent l'ouverture du portail devant le bâtiment. Je reconnais Marion de loin.
Roxane- Hey, bien ?
Marion- Bof, normal quoi.
Roxane- C'est bien à 18 heures que la mère d'Opale vient ?
Marion- Yass mais moi j'devrais encore passer faire les courses pour mes darons du coup j'serais pas là.
Roxane- Ah la galère haha! T'inquiète j'te dirais comment ça s'est passé.
La sonnerie retentit, alors on se dépêche de rentrer.
Cours d'histoire pour commencer. Personne n'aime commencer par histoire. C'est comme les maths. Généralité. Marion garde ses écouteurs, qu'elle enfouit sous son écharpe.
La prof engueule un élève, puis deux qui arrivent en retard. Je jette des regards amicaux à Sarah et Antoine.
Prof d'histoire- Ken vous filez vous assoir avant que je n'appelle un surveillant et qu'il vous conduise en permanence !
Il grogne, surement une insulte envers la prof que je n'entends pas, soupire et se dirige en ne m'adressant aucun regard. Ça fait 4 jours que c'est comme ça. Pourtant il va bien falloir briser la glace.
A la fin du cours, je ressors de la salle, le cerveau tout sauf concentré. Je marche d'un pas mécanique dans les couloirs comme un automate. Un peu comme tous les élèves je crois.
Quelqu'un me tape l'épaule.
Deen- Salut, ça va ?
Roxane- Ouais... dis je d'une voie molle.
Deen- Tu sais, j'arrive toujours pas à comprendre pourquoi tu t'es barrée samedi.
Roxane- Mais, t'as vu comment m'as parlé Ken, il est hors de question que je sois en couple pour me faire traiter comme ça, c'est pas ma philosophie.
Deen- Mais sérieux il parle comme ça à tout le monde, t'en fais pas, il te visait pas directement !
Roxane- C'est une blague ? Quoi que je sois pour lui, je tolère pas qu'il me parle mal. Tu c'est, ça m'est égal la manière dont les autres voient leur comportement. Moi, je veux juste du respect.
Ellipse de plusieurs heures.
Ça y est je la vois. Elle dégage une aura d'élégance et de féminité. La mère d'Opale. Elle porte une robe à motifs assortis à son foulard qu'elle porte sur la tête. Ses lèvres sont légèrement colorées de rouge. Il est 18:03.
Mère d'Opale- Ah bonjour Roxane !
J'adore Son léger accent africain.Elle fait la bise à sa fille puis à Sofia et moi.
Mère D'Opale- Alors si j'ai bien compris, je dois approuver le projet de voyage de cet été et vendre du rêve comme au Téléshopping ?!
On se regarde en rigolant avec les filles. Elle est adorable. Elle me regarde avec ses grands yeux bruns en me souriant.
Roxane- Oui, c'est à peu près ça.
Je lui sourie à mon tour, elle est radieuse et lumineuse face au soleil couchant. C'est là que je regrette que la mienne ne soit plus là, parfois on oublie presque ce que ça fait d'avoir une maman. Ou plutôt ce que ça faisait.
Le léger klaxon de l'Aston Martin de mes grands parents retentit dans la rue sous les regards éberlués des élèves qui sortent de l'établissement. Faut dire c'est plutôt rare de voir ce genre de marque dans le quartier même si le niveau de vie du 15ème est quand même assez élevé. Mon grand-père se gare en double file et laisse ma grand-mère descendre.
Tout le monde nous regarde, je n'aime qu'à moitié ce sentiment d'être perçue comme « la fille de riches ».
GM- Bonsoir Madame ! Si vous voulez parler, peut être que ce serait mieux d'aller chez nous que de rester ici en pleine rue.
Mère d'Opale- (serrant son sac à main en cuir ) Je ne voudrais pas vous déranger...
GM- Mais si on vous le propose c'est qu'il n'y a pas de soucis, allez Aicha (prénom de la mère d'Opale) venez !
Mère D'Opale- Puisque vous insistez! (sourire)
Nous nous dirigeons vers la voiture mais je viens de m'apercevoir que la voiture n'est pas assez grande pour nous tous.
Sofia- On a qu'à toutes les trois rentrer en métro !
Avec Opale, nous approuvons son idée et laissons les adultes entre eux. Nous nous engouffrons dans la rame du métro, sur bondée en cette fin de journée.
Dans le wagon, on se regarde toutes certainement en train de préparer nos propos pour appuyer l'argumentation de la mère d'Opale. La situation paraît banale en apparence mais pour moi c'est super important de fêter l'obtention de mon bac et la fin du lycée avec mes amis proches. Je me jauge dans la vitre opposée à moi. Mes cheveux sont en bataille et ma tête pas très fraîche.
Roxane-(à Opale) T'as du rouge à lèvres ?
Opale- Ouais, tiens !
Je la remercie et prends le tube Chanel avant de m'appliquer le rouge à lèvres pourpre. C'est déjà mieux comme ça. Un homme plutôt petit et trapu me scrute bizarrement. Il a un problème ? Pff... Mais qu'est ce qu'il fait, le voilà qui s'avance.
???- Excusez moi, quel âge vous avez mamzelle ?
Les filles me regardent étonnés de voir un soixantenaire m'aborder sans pression.
Roxane- Euh... 18 pourquoi ?
???- Si ma Jocelyne s'était maquillé de cette façon à votre âge vous pourriez être sur que les hommes l'auraient accosté pour abuser d'elle ! Le monde ne marche vraiment plus droit ! Ah j'vous le dit en 65 c'était pas pareil les femmes, elles avaient plus d'élégance, aujourd'hui sans touts vos artifices vous n'êtes que des laiderons ! Oui, des laiderons !
Mais, il s'est pris pour qui lui, il a cru que j'en avais quelque chose à faire de ces propos de soixante huitard nostalgique et complètement déboussolé ?
Roxane- Ecoutez monsieur, je... j'ignore votre parcours de vie, mais les choses ont changé et de nos jours se maquiller à 18 ans n'est pas un crime. En plus de ça, on ne se connaît pas, nous sommes dans des transports en commun, ce qui signifie que vous pouvez voir toutes sortes de profils donc si mon physique ne vous convient vous n'avez qu'à sortir.
???- Ben elle est forte celle là ! Moi m'en aller ? Ce n'est pas une trainée dans votre genre qui va ...
Roxane- Moi une trainée? Je vous demande pardon?
???- Oui parfaitement! Et, comme je le disais, ce n'est pas une idiote dans votre genre qui va me dire quoi faire ? Ça, soyez en sur Mademoiselle que j'ai connu beaucoup plus de choses que vous !
Les gens de la rame commencent à se retourner, fatigués et étonnés.
Roxane- Ça Monsieur je n'en doute pas, mais le fait est que...
Opale- Ça vous dérangerait d'arrêter d'importuner ma copine Monsieur s'il vous plait ? Je crois qu'elle ne vous a rien demandé.
???- Et en plus maintenant, les couples sont entièrement féminins ?! Mais moi, je vous le dis (il hausse le ton) où va le monde ? C'en est trop là ! Mais allez y, c'est bien continuez, on fonce droit dans le mur avec des gens comme vous !
Avec Opale, on se regarde avant d'éclater de rire, au vu du quiproquo qui vient de se produire.
Roxane- Nous ne sommes pas en couple mais seulement amies Monsieur, il y a erreur !
Un jeune homme à l'air geek se met à crier :
???- Bon, est ce qu'on pourrait avoir la paix merde ?!! Monsieur, la jeune fille ne vous a rien demandé alors arrêtez de la faire chier !(D'une voix plus calme) Et vous, Mademoiselle, ne lui adressez plus la parole, il ne cherche qu'à vous provoquer.
Une mère de famille aux traits sévères avec son sac de courses et un magazine sous les yeux commence à s'énerver.
Femme métro- Bon Mesdemoiselles, ce n'est pas la peine d'en faire un scandale, hein, on va pas se morfondre pendant 30 ans parce qu'un homme vous a parlé un peu sèchement bon sang!
Roxane- Mais ferme là toi, retourne lire tes recette minceur au lieu de te mêler de ce qui te regarde pas!
En parallèle, la conversation entre le jeune homme et le soixantenaire se poursuit.
Monsieur- Pardon, comment vous parlez jeune homme ?
???- Oui, comprenez qu'il yen a qui ont passé une journée harassante Monsieur, y en a qui ont bossé aujourd'hui pas comme vous avec votre petite retraite qui marchait tranquillement dans Paris ! Donc, oui y a un moment où on cherche plus à avoir un langage parfaitement correct !
Le métro s'arrête à notre arrêt. On descend avec les filles, suivies du jeune. Je jette un regard haineux à la dame qui n'a pas eu le temps de protester au milieu du vacarme que là voilà déjà repartie, emportée par le métro. Que je lui ramène les gars la prochaine fois, elle osera même plus me regarder.
???- Désolé si il vous a embêté mais malheureusement yen a pas mal des vieux chiants comme ça ! Je m'appelle Paul, enchanté !
Roxane- Ah merci, moi c'est Roxane.
Paul- D'accord, j'suis étudiant en lettres à La Sorbonne et vous ?
Opale- On est à Camille Sée, c'est un bahut pas loin d'ici.
Paul- Ah oui, j'connais, vous habitez le quartier ?
Roxane- Ouais, moi dans le 16ème avec ma sœur et toi ?
Sofia me regarde l'air de dire « tu te rends compte que t'es en train de parler avec un inconnu là ? ».
Paul- Oh non, c'est trop onéreux pour moi, je vis dans le quartier du Marais, dans une petite chambre ! Tiens, je suis un peu pressé mais j'peux te donner mon Facebook si tu veux.
Il sort un papier et un stylo de son sac et griffonne son pseudo avant de me le donner. Il nous fait un signe d'au revoir avant de partir rapidement.
Sofia-(en rigolant) Non mais les dragueurs comme ça Stoooop mdr, le gars il a cru il allait tenter sa chance avec n'importe quelle meuf !
Roxane- J'peux toujours essayer de lui parler et si il est bizarre ben je le bloque.
Nous partons sur cette conclusion en route vers la rue Passy.
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