Chapitre 17:Poursuivie
Je reste plantée devant mon ordinateur, ne sachant quoi faire. Balancer l'ordi par la fenêtre ou appeler Ken et l'engueuler. Je choisis de rester sobre.
Roxane- Pardon ?
Ken- En fait, je voulais voir si t'étais sincère l'autre jour quand tu me disais qu'il s'était rien passé avec Sélim du coup j'ai demandé à Ivàn de t'embrouiller pour voir et pour te tester.
Non, c'est trop gros. Voilà pourquoi Sofia n'a rien dit et voilà pourquoi... J'en prends un coup au moral. Qu'on doute de ma parole c'est la pire chose qu'on puisse me faire. Mais comme ça vient de lui j'arrive pas à me mettre en colère. Mais pour compenser je vais le faire un peu flipper.
Roxane- Tu sais que je risque de t'en vouloir pendant des années Ken.
Ken- C'était une blague tout va bien Rox' t'inquiète !
Roxane- Vu que tu ne me fais pas confiance, je vois pas pourquoi je continuerais à te parler !
Ken- Mais justement avec ça je sais que tu mens pas. Tu sais j'fais confiance à très peu de personnes.
Roxane- Non mais laisse tomber, c'est fini entre nous.
Ken- Ah parce que ça avait commencé ?
Mon inconscient devance toujours ce que je devrais dire. Je me suis trahie toute seule. Y a vraiment que moi pour faire ça.
Roxane- C'est pas ce que je voulais dire, ne te fais pas de faux espoirs.
Ken- Je sais que j'aurais pas de mal à t'avoir Roxane Duvallier.
Je rougis intèrieurement. Nos esprits sont trop connectés, je pensais exactement qu'il allait me dire ça et au fond de moi je sais que même si je résiste je finirais par craquer. Alors je me laisse prendre à son jeu.
Roxane- Il en faut plus que quelques regards pour me séduire tu sais.
Ken- Mais c'est qu'elle est exigeante celle là. Je vais t'appeler princesse si ça continue. Mdr on dirait un gamin de 13 ans qui essaie de draguer t'as vu. Alors qu'on est amis;-)
Roxane- Ouais franchement tu m'impressionnes pas.
Ken- Attends d'être au lycée tu verras.
Roxane- Pff arrête de me sortir ton baratin alors que tu vas rien faire.
Ken- T'es relou...
Roxane- Bon je dois aller manger j'te laisse !
Ken- Trop originale l'excuse j'adore. Dis le si j'te soule.
Roxane- Non, non c'est pas ça mais je dois vraiment aller graille.
Ken- J'te soule ?
Roxane- Mais non !
Ken- Tu m'aimes alors ?
Roxane- Trop d'ambiguïté pour répondre à cette question. Kiss. A plus.
J'aime bien dégoûter les gens comme ça.
Pendant le repas, je prie pour que personne ne me parle car mon cerveau est complètement occupé à traiter le problème de Ken.
.....
Des cris, des larmes, des visages pétrifiés, un nuage de poussière asphyxiant et puis plus rien. Le néant. Mais soudain je repars en arrière.
Une explosion.
Incompréhension.
Echange de regards avec ma sœur. Les gens des bureaux du 80 ème sont désemparés. Mais, un instinct au fond de moi me dit qu'il faut faire vite. Très vite. Sinon ça sera trop tard.
Rapidement, une fumée épaisse et noire arrive du plafond. Je ne sais pas ce que c'est mais j'entraine ma sœur avec moi et me met à dévaler les escaliers à toute vitesse. 2 étages au dessous, nous trouvons un homme qui courra avec nous durant toute la descente. Certains essayent de nous retenir en nous disant que des secours vont arriver. Mais, sans réfléchir je brise leur étreinte et continue à dégringoler les escaliers. La vitesse s'accélère, « Cours, cours, COURS Roxane, ne t'arrête pas !! » .
Des grosses larmes viennent couler sur mes joues. Je sens la panique monter en moi. Je ne réfléchis plus, je cours juste. Je ne sais pas ce qui s'est passé mais je sais qu'on a peu de chance de s'en sortir vu la poussière et la fumée qui nous rattrape. Alors, je redouble de puissance et cours à n'en plus pouvoir. « il faut te sortir de là, Roxane t'as pas le choix ». Un moment de flottement s'installe en moi. Mes parents ? Ma petite sœur ? Eux ? Tous ces gens ? Que vont ils devenir ? Sur le moment, j'ai tellement peur d'être prise dans les flammes et la fumée qui se rapproche dangereusement que je n'ose y penser.
J'ai chaud, très chaud. Des crampes d'une douleur indescriptible viennent me tirailler. 70 ème étage seulement ? Je commence à désespérer. « A l'aide, aidez moi je vous en supplie ! » crie intérieurement mon esprit. Les cheveux collés à mon front en sueur, les larmes ravageant mon visage et la panique me submergeant, je ne cesse de courir. Sofia et l'homme sont quelque peu derrière moi, je me retourne régulièrement pour vérifier si ils vont bien. 1H après, à bout de souffle et ne sachant quoi faire, les jambes vacillantes, la tête qui tourne des pompiers nous disent d'aller nous abriter.
Je cours un peu moins vite et fais signe aux deux de me suivre. Mais, j'ai perdu l'homme de vue. Sofia, arrive à mon niveau. Je me sens pas bien. Pas bien du tout. J'ai une nausée mélangée à une forte angoisse et une peur oppressante.
Sortie de la tour entourée de débris je continue à courir, espérant retrouver mes grands-parents quelque part dans la foule. Nous sommes à 200 mètres de la tour quand soudain...Horreur ! Un énorme bruit d'éboulement. La tour s'écroule. Tout est en feu, les gens hurlent et suffoquent. C'est un cauchemar.
Roxane- Vite, cours Sofia, suis moi !!!
Nous remontons en courant jusqu'à Fulton Street. Un énorme nuage de fumée épaisse et de poussière déboule derrière nous. Nous sommes prises au piège. Le nuage nous engloutit. Je serre la main de ma jumelle et reste en apnée durant quelques secondes. Je tousse violemment. Je n'y vois plus rien.
....
Je me réveille haletante, le cœur battant à 100 km/h, les draps rejetés dans mon lit.
Je reste assise dans mon lit, reprenant conscience. Un cauchemar de plus de ce jour horrible qui revient me hanter.
4:24 du matin. Je retombe dans mon lit, impuissante face à cette crise d'angoisse qui m'étouffe. Ma crise se calme rapidement et je pleure comme à mon habitude. Et Ivàn qui disait que je m'en servais comme prétexte pour attirer l'empathie des gens ! Quel connard, y a pas d'autre mot ! Là tout de suite j'ai besoin de quelqu'un, quelqu'un qui puisse me parler, me consoler, me dire que je vais vraiment me réveiller à Manhattan dans mon appartement avec mes parents. Mais malheureusement, la dernière option ne sera plus jamais disponible. Direction Facebook, je regarde qui est connecté. Oh, 2zer s'est connecté il y a 3 minutes ! Je lui envoie ceci :
Roxane- Désolé de t'ennuyer avec mes histoires mais je vais vraiment pas bien, je me suis réveillée d'un cauchemar et j'ai besoin qu'on m'aide...
Mon message est bizarrement formulé mais c'est vraiment ce que je pense.
2zer- T'inquiète ça nous arrive tous, par contre je sais pas de quoi te parler. (smiley rire)
Roxane- Ca fait un peu plus de 6 ans que je fais les mêmes rêves, 6 ans qu'au moins 1 fois par mois je repense à eux...
2zer- Tu sais Roxane, plus tu te forces à l'oublier et moins tu l'oublieras.
Roxane- J'ai pas envie d'oublier mais juste que ça arrête de me bloquer et de me hanter quotidiennement.
2zer- J'ai pas la solution miracle, mais j'ai tendance à penser que le temps, même si il faut 20 ans finit toujours par guérir les blessures, panser les plaies. Les sentiments évoluent. Au début, t'étais en colère, après t'as été au bout de ta vie, triste comme jamais, et maintenant tu ressens une espèce de nostalgie, un manque, un mal qui refuse de passer du à l'absence j'me trompe ? t'arrive pas à faire ton deuil toi aussi.
Alors là il me surprend, il a visé juste, la chronologie des sentiments est exacte.
Roxane- Exactement ça. C'est ton cas ?
2zer-Oui, ma grand-mère maternelle. Elle m'a en partie élevée quand mes parents travaillaient tard, elle était protectrice, douce, affectueuse, mais fière, la grand-mère et la femme idéale tu vois. Mais il y a 4 ans, un accident de maison l'a emporté. Elle était fragile, et elle est tombée dans les escaliers qui étaient assez haut. Bête mais assez pour la faire passer de l'autre côté. J'men suis jamais remis. Souvent, c'est les gens qui ont eu une mort « débile » et « injuste » qu'on regrette le plus. C'est comme tes parents.
Roxane- Je partage ton avis, je suis désolée pour ta grand-mère même si je sais que des excuses n'effacent pas les faits.
J'entends du bruit dans le couloir.
Roxane- Je dois te laisser, mes grands parents sont pas loin, merci d'avoir accepté de parler aussi tard avec moi.
2zer- Pas de souci, je comprends, à plus.
Je le remercieras jamais assez pour sa compréhension, quand à moi il faut absolument que je retourne dormir.
Mais, une fois le bruit disparu, je me glisse sur le balcon du salon après avoir enfilé ma robe de chambre en satin blanc. Il fait froid mais étrangement ça ne me pique pas. A cette heure ci, toutes les fenêtres sont éteintes, la nuit est claire et pleine, quelques voitures passent encore et les lumières de la ville scintillent. Avoir pleuré me détend et me tranquillise. Après 10 minutes, je re rentre pour aller m'allonger dans mon lit.
Heureusement, je trouve la voie du sommeil.
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