Répondeur- Reçu hier à 21:35 : « Ouais Roxane c'est Sélim euh... pourquoi tu réponds pas, juste j'voulais parler un peu et que tu m'en dises plus sur toi, si tu veux on peut se voir mercredi aprem chez moi... rappelle moi, bisous princesse ! »

Le "princesse" me glace le sang, nous sommes le lendemain de mon long appel avec Ken et aujourd'hui, je me pose une drôle de question, pourquoi Sélim est il d'un coup si ouvert à moi ? C'est vrai, ça fait plusieurs fois que je refuse ses avances pour venir « parler » chez lui mais c'est comme si j'étais un objectif pour lui. Et j'aime vraiment pas ça. Puis je repense aux nombreuses rumeurs que j'ai entendues sur le rapport de Sélim avec les femmes. Et ça ne fait que confirmer des soupçons déjà naissants : Sélim est un personnage malsain.

J'aurais du m'en douter. Plus tôt.

En arrivant au lycée,je l'aperçois à l'entrée avec ses potes. En temps normal, j'attends ici mes amis mais là je trace ma route direct.

Sofia- Roxane tu fais quoi ?!

Ne pas se retourner une fois de plus. Mais, comme Orphée je cède à la tentation et me retourne sur une Sofia désemparée et... Sélim qui me dévisage intensément. Tout de suite, je sens que quelque chose ne va pas tourner rond dans cette journée.

2 heures plus tard

Infirmerie du lycée Camille Sée bonjour. Je jette un coup d'œil sur le vieux miroir en alu brossé qui me fait face. Cela fait à peine 5 minutes que je suis ici et j'en peux déjà plus.

Je suis carrément horrible avec mon bandage de glace sur la tempe gauche. Je le retire légèrement et constate un bel hématome en dessous de celui ci. Le pire c'est que je crois pas avoir un fond de teint assez couvrant pour cacher tout ça.

Nan je rigole.

LE PIRE, c'est que quasi tout le lycée m'a vu me faire attraper par Sélim au beau milieu du hall.

FLASHBACK

Il a commencé à me mettre par terre puis m'a roué de coups en m'insultant de tous les noms. Je priais pour que quelqu'un vienne m'aider. En plus, ses potes s'y joignaient. Mais non, dans ces moments là les gens se contentent « d'admirer » le spectacle. Rien d'autre.

Puis je distingue des surveillants qui traversent la foule des élèves agglutinés devant nous. Ils nous séparent et je tombe au sol. J'arrive pas à me relever, comment il a pu changer d'avis sur moi en si peu de temps ? Ça ne peut pas être qu'une histoire de réponse tardive, non il y a forcément autre chose mais quoi ? Pourtant, cela me semble invraisemblable, nous étions amis du moins potes et voilà qu'il change d'avis ?

Deux surveillants me relèvent tant bien que mal et me dirigent vers l'infirmerie.

FIN FLASHBACK

Ah, l'infirmière vient juste de sortir de son bureau et m'apporte une feuille de rapport d'incident.

Infirmière- Tu vas me remplir ça je l'amènerais au proviseur. Ensuite, tu vas aller t'allonger dans la salle de repos 1.

Elle s'éloigne en m'adressant un très léger sourire d'encouragement.

Je me lève et vais m'installer dans cette fameuse salle où se trouvent déjà deux collégiens.

Mon lit est le dernier restant et le plus au fond. Quand je m'en approche, je distingue des tâches inconnues sur la literie et une couverture poussiéreuse pliée en quatre. Une petite table de chevet se trouve à côté de moi avec des mots pas forcément très élogieux envers L'Éducation Nationale notés au stylo. Deux petites fenêtres altérées par des stores crasseux ou du moins pas nettoyés depuis longtemps viennent compléter le mobilier. Et là selon le personnel scolaire il faudrait se reposer. Hein hein.

Je me concentre à présent sur la fiche de rapport.

Je note mon nom, prénom et classe mais quand j'arrive à la partie « Déroulement des faits : Vision de la victime » je ne peux m'empêcher de serrer mes poings.

Je suis pas une victime.

J'écris : « Je m'oppose à toute forme de témoignage écrit. » Je me fiche que le proviseur voit ça, au fond il doit y en avoir des dizaines par jour des fiches comme ça qui circulent donc il pensera sûrement à un canular ou à un rebelle de plus. Les deux gars me fixent bizarrement. Ce sont probablement des 5èmes vu leur visage enfantin. L'un eux m'adresse la parole.

???- C'est toi qui t'es battu avec Sélim le terminale ?

Roxane- Oui, c'était justifié t'en fais pas.

J'adore lancer des piques de temps à autre. On va dire que ça m'amuse.

???- Vous avez cassé c'est ça ?

Roxane- (rigolant intérieurement) Non loin de là. J' aime déjà quelqu'un.

D'un coup leurs yeux redoublent de captivité et d'attention. Pourquoi ai-je dis ça ? Moi même j'en ai aucune idée.

Roxane- Mais je vous dirais pas qui c'est.

Déçus, ils retournent à leurs magazines de jeux vidéos.

BIP BIP. 1 nouveau message.

Ken : J'peux passer te voir à l'infirmerie ?

Roxane- Si tu veux. Salle 1. T'es pas en cours ?

Ken- Je sèche.

Roxane- Pourquoi ? L'infirmière te laissera pas entrer.

Ken- J'veux savoir ce qu'il s'est passé avec l'autre con.

Je reste perplexe devant mon écran. Son attention soudaine pour moi me frustre un peu. Mais, je veux lui laisser une petite chance même si j'avoue que l'infirmerie de mon lycée avec deux gamins et moi un hématome n'est pas forcément le meilleur endroit pour parler mais bon. Moi, il faut toujours que tout se passe pas comme les autres.

5 minutes plus tard, la porte grinçante s'ouvre sur Ken. Il a l'air légèrement essoufflé, ses cheveux en bataille sous son bonnet.

Les deux petits le scrutent pendant qu'il me rejoint. Il s'assoit près de moi sur le lit.

Ken- Je savais qu'il allait te faire du mal.

Roxane- Il peut pas m'avoir tapé juste parce que je lui ai pas répondu hier !

Ken- Non, c'est plus profond que ça, attends... nos parents ont eu des problèmes parce que ma mère travaillait dans la même boite que la sienne et un jour elles étaient pas d'accord sur un sujet et sa mère a commencé à insulter ma mère puis ses origines. Et c'est parti en accident du travail qui a donné raison à ma mère. Du coup la sienne a été licenciée et maintenant askip qu'elle galère à retrouver un job. Faut dire quand t'es responsable d'un accident de travail sur ton C.V ça fait pas très clean. Mais elle l'a cherché. Comme son fils. Que les poings pour parler.

Roxane- Mais je comprends pas, quel lien avec moi ?

Ken- Ben maintenant à chaque fois qu'il voit que je me rapproche d'une fille il essaie de la séduire puis de lui faire du mal. Parce que je suis le fils de celle qui a viré sa daronne si tu veux. En plus, toi il a vu que t'étais sensible, gentille, avec du cœur donc raison de plus pour profiter de toi. Mais quand il a appris par... Ivàn que je t'avais reparlé ben il a pété les plombs. Mais t'inquiète c'est fini, si tu arrives à convaincre le proviseur qu'il t'harcelait il peut être exclu.

Roxane- Ça passera pas, et puis quand bien même il serait exclu il chercherait un moyen pour me retrouver où me faire avoir un accident de voiture.

Ken- Si ça passera Roxane. Si tu fais suffisamment pression avec tes grands parents il va virer. C'est le karma, comme sa mère.

Roxane- Mais les épreuves du bac sont dans 4 mois c'est impossible !

Ken- Au pire, t'as raison on s'en fout !

Il froisse la feuille de rapport et la jette par la fenêtre. Cash.

Ken- Si il le faut je témoignerais chez le CPE mais je veux pas que ça se règle juste par des heures de colle tu comprends ?! Je veux qu'il paye !

Roxane- Mais pourquoi vouloir me défendre ?

Ken- Parce qu'il t'as humilié devant tout le bahut, qu'il t'as blessé physiquement et parce que c'est un pervers qui veut juste profiter d'une meuf un peu bourrée qui accepte de venir lui parler pour la manipuler. Il te fera plus jamais de mal j'te le promets. Sinon ça sera avec mes poings que ça se réglera.

Roxane- Mais vous êtes pas possible vous les mecs ! Toujours besoin de passer par la violence !

(Grincement de porte)

Infirmière- Bon Roxane... (interloquée par la présence de Ken) tu... Ken Samaras que faites vous ici ?(Regarde sa montre) Vous ne devriez pas être en cours à cette heure là ? Montez vite, vous me fatiguez et vous Roxane j'ai informé vos ... grands-parents que vous aviez été victime d'agression physique, ils vont venir vous chercher, il faut que vous alliez attendre à la vie scolaire.

Ken- (en rigolant ironiquement) Agression physique, c'est bien beau tous ces termes juridiques mais le jour où vous agirez vraiment ça sera différent !

Infirmière- On ne vous a pas demandé votre avis sur la question jeune homme alors déguerpissez avant que je n'appelle des surveillants !!

(sur un ton mielleux)Mademoiselle Duvallier, je vous laisse 5 minutes pour vous préparer et partir.

Ken m'enlace d'une manière que je ne saurais décrire mais qui calme tout de suite la douleur à mon hématome.

Ken- (en chuchotant) On se parle demain Rox'(clin d'oeil) !

Il me fait la bise et finit par un bisou sur le front avant de s'éclipser. Je suis sonnée mais finalement heureuse. Je me dirige de ce pas à la vie scolaire.

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