Chapitre 5
Remus se réveilla en silence. La potion de sommeil de Rogue avait été programmée pour se dissiper peu de temps après que la dernière potion Pouss'Os ait fini de faire effet. Il avait perdu des os auparavant mais ne se souvenait pas que les articulations étaient si douloureuses lorsqu'elles se remettaient en place. Peut-être qu'il devenait vieux. Le fils de son meilleur ami était presque un homme, ce qui faisait de lui, techniquement, quelqu'un d'assez vieux pour être grand-père. Avec cette pensée perturbante en tête, Remus s'habilla et sortit de la chambre. Un peu de nourriture et de conversation lui feraient oublier cette déprimante idée.
Remus venait juste de découvrir que la maison était vide lorsque la porte d'entrée s'ouvrit. Les robes d'Harry étaient déchirées et il avait des traces noires sur les mains et le visage. Il s'appuyait contre le chambranle de la porte et tenait Ginny dans ses bras tremblants. Remus attrapa la jeune fille; son bras récemment repoussé faiblit sous le poids, mais il parvint à l'installer dans un fauteuil. "Harry, que..."
Avec Ginny aux bons soins de Remus, Harry ferma la porte et s'effondra sur le sol. Se retrouvant avec des adolescents inconscients, Remus examina Ginny et perçu de la magie encore sur elle. Ne sachant pas quel sort l'avait frappée, Remus alla examiner la silhouette affaissée d'Harry. Une large contusion sur sa nuque descendait jusque dans son dos, et le garçon était clairement épuisé, mais Remus ne trouva aucune trace de magie sur lui et fut satisfait que ce ne soit pas le pire état dans lequel Harry ait été.
"Harry ! Harry ! Réveille-toi !" Remus posa la main sur l'épaule d'Harry pour le secouer mais se ravisa quand il se souvint de l'hématome dans son dos. À la place, il le mit en position assise et l'appuya contre le mur. "Harry ! Que s'est-il passé ? Où sont les autres ?"
Quand la porte s'ouvrit encore, Remus fut à peine capable de l'esquiver. S'attendant au pire, Remus s'accroupit et leva sa baguette, mais la rangea rapidement quand il découvrit Rogue faisant flotter Ron, Neville et Hermione dans le hall. "Que diable se passe-t-il ?"
Comme s'il n'avait pas entendu Remus, Rogue déposa les corps des trois étudiants et pointa sa baguette sur Ginny. "Enervatum." Ginny commença à s'étirer, et Remus laissa échapper un long soupir. "Miss Weasley ira bien. Les trois autres dorment –une potion de ma composition. J'ai un antidote là-haut." Rogue avança dans la maison et ferma la porte derrière lui, révélant Harry toujours appuyé contre le mur. Rogue dévisagea le garçon, cherchant des signes de vie. "Il respire."
"Oui, il s'en remettra, je pense" dit Remus. "On dirait qu'il a reçu plusieurs sorts, mais il n'a que des contusions. Aucun effets secondaires sur lui. Une potion de guérison devrait le remettre à neuf."
"Alors j'irais en chercher une aussi." Le pas aussi rapide que d'habitude de Rogue l'emmena dans les escaliers et hors de vue de Remus avant qu'il n'ait pu le questionner sur ce qui s'était passé.
Finalement, Ginny s'assit, cligna des yeux et secoua la tête. Quand elle vit son frère, elle laissa échapper un glapissement et se laissa tomber à genoux près de lui.
"Il va bien, Ginny," dit Remus. "Je ne sais pas ce qui s'est passé, mais ils dorment. Le Professeur Rogue a utilisé une potion sur eux. Il est parti chercher l'antidote maintenant. Tout va bien." Ginny se recula et Remus passa un bras autour d'elle. "Qu'est-ce qui est arrivé ?" Elle ouvrit la bouche pour répondre mais regarda vers le couloir où Rogue marchait vers eux tenant plusieurs petites fioles à la main. Agacé de ne pas pouvoir avoir de réponse mais toujours soulagé que tout le monde aille bien et ne semble pas souffrir de dégâts permanents, Remus laissa tomber la question. Ginny devrait d'abord s'occuper de son frère et ses amis. Rogue paraissait calme, donc le danger devait être passé.
Ce fut la mauvaise supposition à faire; Remus le découvrit presque immédiatement. Le son des potions de Rogue se fracassant sur le sol fut presque étouffé parmi les cris jumeaux de Rogue lui-même et d'Harry. Ginny, les yeux écarquillés, se leva et Remus se rua vers Harry. Harry avait maintenant la main plaqué sur sa cicatrice, et son cri se transforma en sanglots. Rogue était tombé contre le mur et avait glissé le long de celui-ci, imitant la posture d'Harry de l'autre côté du hall. Mais au lieu de tenir sa tête, Rogue tenait son bras. Remus ne savait que trop bien ce que le Maître des Potions portait sur ce bras sous ses robes. N'ayant aucune idée de quoi faire ni pour l'un ni pour l'autre, Remus se concentra sur Ginny, qui semblait hésiter entre rester avec son frère, aller aux côtés d'Harry ou voir si son professeur avait besoin de son aide. "Ginny. Peux-tu trouver les étiquettes sur les bouteilles que Rogue a laissé tomber ?"
Ginny baissa les yeux pour regarder dans le hall et dit, "Je pense que oui."
"Bien. Trouve de quelles potions il s'agissait, puis va dans la chambre de Rogue et essaye d'en trouver d'autres."
"Et pour...?" Ses yeux se posèrent sur Harry, qui gémissait maintenant doucement.
"Je ne sais pas, Ginny. Je ne sais pas quoi faire pour eux. Donc occupons-nous de ceux que nous pouvons aider, d'accord ?"
Ginny acquiesça et monta les escaliers. Passant son regard sans cesse d'Harry à Rogue, Remus enroula ses bras autour d'Harry et le rapprocha. Au contact, Harry retira ses mains de son visage et jeta un coup d'œil autour de lui. Ses yeux étaient écarquillés et semblait ne rien percevoir, et sa tête tournait dans tout les sens comme s'il était surpris par des sons que personne ne pouvait entendre. Quand son regard se posa sur Rogue, les yeux d'Harry s'éclairèrent et il agrippa le bras de Remus.
"Remus. Je ne peux pas le voir !" La voix d'Harry était aiguë. "Je ne peux pas le voir ! Sinon il le verra aussi !" Il enfouit sa tête dans les bras de Remus.
"Qui ne peux-tu pas voir, Harry ? Il n'y a personne ici, juste toi et moi, et Rogue."
"Ne prononce pas son nom ! Il pourrait entendre. Je ne peux pas être là, Remus. Il saura qu'il est ici."
La confusion de Remus obligea Harry à être plus lucide. "Tu dois nous déplacer, Remus. Moi ou Ro... ou lui. Je ne suis pas le seul à pouvoir voir ce que je vois."
Remus jura et lâcha Harry. "Désolé, mon vieux, mais cela risque de te blesser sans doute plus que tu ne l'es déjà," dit-il, puis il attrapa les robes de Rogue et le fit glisser dans le couloir et hors de vue d'Harry. Plusieurs minutes plus tard, Ginny revint, tenant triomphalement une potion de guérison et deux potions d'antidote pour les autres. Harry et Rogue s'étaient tous les deux calmés. Remus n'avait aucune idée si cela était un bon signe.
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Harry se réveilla avec une douleur bien connue à sa cicatrice. Il ouvrit les yeux et les referma rapidement. La faible lumière de la pièce lui envoya une douleur à l'arrière du crâne, là où il fut consterné de découvrir une autre douleur à la base de sa nuque. Il aperçut deux formes de l'autre côté de la pièce.
"Êtes-vous sûr que c'est prudent ?" Harry reconnut la voix comme étant celle de Dumbledore. Il envisagea de dire au Directeur qu'il était réveillé, mais la pensée d'ouvrir les yeux à nouveau, ou même de bouger, lui retourna l'estomac. "Ce n'est pas quelque chose à prendre à la légère."
"Ai-je jamais pris quelque chose à la légère ?" Cette voix était également reconnaissable sans erreur. Rogue.
"Non, Severus, mais ce n'est pas le problème aujourd'hui. Je crains que-"
"Je sais quelles sont vos inquiétudes, et je vous dis qu'il n'y a pas de raisons de s'inquiéter. Je l'ai déjà administrée sans risque dans le passé."
"Mais est-ce vraiment nécessaire ?"
Un grognement. "Laissez-moi vous rappeler la situation. Nous avons un esprit sous attaque qui est, au mieux, seulement partiellement fermé. Cette attaque provient d'une marque physique le reliant au Seigneur des Ténèbres. Et nous avons une potion qui est, comme vous l'avez dit, assez dangereuse si non administrée par le plus compétent des maîtres. Si vous pouvez trouver quelqu'un de plus apte à s'occuper de Mr Potter, alors pour l'amour du ciel envoyez-le ici."
Un soupir. "Bien sûr, vous avez raison, Severus. Mais je déteste me sentir inutile, surtout lorsque le jeune Harry est concerné."
"Vous ne pouvez pas sauver tout le monde, Albus."
"Peut-être, mais j'ai bien l'intention d'essayer jusqu'à ma mort."
Le silence retomba et Harry se demanda s'ils étaient toujours dans la pièce. Il envisagea un nouvel essai pour ouvrir les yeux quand il entendit Rogue près de son lit. "La potion est un dernier recourt et ne sera peut-être pas nécessaire. Je ne l'utiliserai que si je le dois."
"J'ai confiance en votre jugement, Severus." La voix de Dumbledore était plus éloignée, et Harry pensa entendre le grincement d'une porte. "Vous me direz quand il se réveillera ?"
Rogue devait avoir acquiescé, vu qu'Harry n'entendit aucune réponse, juste le son de la porte se fermant. Les minutes passèrent et il réalisa quelque chose. Je ne peux pas dormir, tout me fait trop mal. Mais Rogue avait peut-être une potion pour ça. Et mieux valait faire face au mal de tête que risquer cette potion que Rogue et Dumbledore avaient parlé d'utiliser s'il ne se réveillait pas.
Heureusement, la lumière dans la pièce était plus faible maintenant. Une simple bougie brillait sur la table à côté de la porte. Harry trouva Rogue assis tout près faisant rouler une petite bouteille entre ses doigts.
"Bienvenue parmi nous, Mr Potter." Rogue rangea la bouteille dans ses robes et prit une tasse qu'il donna à Harry. Harry but le liquide épais et les douleurs à sa tête et son dos s'atténuèrent aussitôt.
"Merci, Professeur." Harry rendit la tasse et se rallongea sur son oreiller avec un soupir. "Était-ce une potion de guérison, monsieur ?"
Rogue hocha la tête. "J'en ai encore si vous en avez besoin. Il semble que vous ayez fait preuve d'une réflexion rapide ce matin."
L'esprit brumeux d'Harry repensa à l'aventure du matin. "Eh bien, j'ai supposé, monsieur, qu'il réaliserait que j'étais là et qu'il essaierait encore d'entrer dans mon esprit."
"Et l'a-t-il fait ?"
Harry fronça les sourcils. "Oui. J'ai tenté de l'en empêcher, mais il était trop fort. Ça faisait trop mal."
"Il n'y a pas de honte à échouer, Harry. Pas quand un sorcier de sa puissance impose sa volonté contre la vôtre."
"Il n'est pas entré dans votre esprit, cependant, n'est-ce pas monsieur ?" Harry ne savait pas comment il savait ça, mais il était sûr que c'était exact. Tout semblait encore si flou.
"Pas encore, non. Mais je ne lui ai pas donné de raison de vraiment essayer. Je me dissimule de son inquisition habituelle, mais s'il devait un jour tourner entièrement son esprit contre le mien, je ne survivrai pas." Rogue se tourna pour fixer Harry, qui combattit l'envie de se tortiller sous son regard. "Il semble qu'il n'ait toujours pas de raison d'essayer. Si vous avez expérimenté autant de douleur à travers votre cicatrice que moi par ma Marque, c'est assez impressionnant que vous ayez eu la présence d'esprit d'avertir Remus. Juste à temps, en plus, il semblerait."
"Vous en êtes sûr, monsieur ? Ça faisait si mal, j'ai continué à me battre pour fermer mon esprit. Je ne sais pas vraiment ce qu'il a vu."
Rogue hocha la tête. "Ma douleur s'est stoppée une fois l'attention du Seigneur des Ténèbres tournée vers vous. Je pense que nous avons été affectés pour des raisons différentes."
"Je ne comprends pas. Vous ne le sentez pas toujours quand il est... comme ça ?"
"Non, ce que je sens, et ce que tous les autres portant la Marque sentent sans aucun doute, je le sens parce qu'il le désire. Il venait juste de découvrir l'échec de votre capture et de celle de vos amis. Il voulait que son mécontentement soit connu. Votre inclusion dans tout cela était presque certainement involontaire. Et bien plus intense."
"Est-ce que Ron et Hermione vont bien ?" Harry se débattit pour s'asseoir alors qu'il se rappelait ce qui s'était passé.
"Oui. Allongez-vous et reposez-vous." Rogue le fixait encore.
Son inquiétude pour ses amis apaisée, Harry demanda, "Plus intense ?"
"Votre connexion est bien plus profonde que la Marque des Ténèbres. Il ne permettrait à personne d'avoir une connexion aussi forte avec ses pensées. Cette distance nous protège d'une grande partie de ce que vous êtes forcé d'endurer. De plus, il est rare pour lui d'utiliser la Marque de cette façon. En temps normal, il préfère punir en personne et précisément." Rogue continua de le fixer. "Cela ne m'étais pas venu à l'esprit que me trouver en votre présence pouvait me mettre en danger." Une autre pause. "Bien joué."
Le visage d'Harry s'échauffa. "Merci, monsieur. Mais vraiment, ça ne me demande pas beaucoup d'efforts de penser à Voldemort entrant dans mon esprit. Ce n'est pas vraiment rare pour moi."
Rogue se leva et sortit une autre bouteille de ses robes. Il tourna l'étiquette pour qu'Harry puisse voir qu'il s'agissait d'une autre potion de guérison et la posa sur la table. Il se dirigea vers la porte et l'ouvrit, puis, sa main sur la poignée, se retourna et jeta un dernier regard à Harry. "Pas rare du tout."
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Après quelques heures d'un sommeil rempli de cauchemars, Harry se réveilla et trouva Ron, Hermione, Neville et Ginny à ses côtés. Harry raconta rapidement ce qui s'était passé après que Ginny ait été stupéfixée et finit avec sa course jusqu'à la petite cabane où Rogue et lui avait laissé Ginny. "J'ai vraiment eu un coup de chance. J'ai reçu un sort qui m'a poussé sur le côté juste avant qu'un autre sort fasse exploser la porte que j'ouvrais. Cependant, j'imagine qu'ils n'étaient pas très près derrière, car j'ai réussi à nous amener, Ginny et moi, jusqu'à la cheminée avant qu'ils n'entrent à l'intérieur." Ses amis le félicitèrent pour sa contribution au sauvetage et Ginny le remercia encore pour l'avoir suivie. Il faudrait qu'il lui parle à propos de ses actions, mais pour l'instant, la curiosité morbide de Ron insista pour voir à quel point le dos d'Harry été amoché.
"Oh !" Ron repoussa Harry dans le lit, le faisant grimacer de douleur. "Tout ton dos est noir et vert. Avec quoi ils t'ont touchés ?"
"Aucune idée," dit Harry. "Je n'ai pas eu l'occasion de demander. Mais assez parlé de moi, comment avez-vous fait pour vous retrouver piégé en premier lieu ?"
"C'était la faute d'Hermione," dit Ron, à qui la jeune sorcière roula simplement des yeux. "Elle devait à tout prix visiter ce village parce qu'elle pensait se souvenir avoir lu quelque chose à ce sujet quelque part."
"Eh bien, j'avais raison, pas vrai ?" demanda Hermione. Elle se retourna vers Harry. "Je n'arrive pas à me rappeler où je l'ai lu, mais ce village a été le lieu d'une des plus grandes batailles entre les sorciers de la Lumière et les Mangemorts durant la première guerre. C'est d'une grande importance historique, et la maison de Neville n'était pas très loin, donc quand sa grand-mère nous a laissés seuls, nous avons décidé d'y aller."
"Tu veux dire que tu as décidé d'y aller, et tu nous as entraînés avec toi," dit Ron et Hermione roula de nouveau des yeux.
"Comme si je t'avais menacé. Tu voulais y aller tout autant que moi. Sûrement juste pour avoir l'occasion d'enfreindre quelques règles. En tout cas, je parie que Neville était content qu'on y aille, même si nous sommes tombés sur des Mangemorts, n'est-ce pas Neville ?" L'autre garçon devint rouge mais ne répondit pas. "C'était génial Harry. Nous marchions dans le centre du village quand cette saleté d'Avery est sorti de nulle part. Je ne sais pas s'il nous suivait ou ce que-"
"Bien sûr qu'il nous suivait !" Ron leva les bras au ciel. "Pour quelle raison aurait-il été là sinon ?"
Hermione continua comme si Ron n'avait rien dit. "Oui et bien, j'ai agrippé Ron et appelé Neville, vu qu'il était un peu plus loin."
"Non. J'ai appelé Neville, pas vrai Neville ?"
Neville devint encore un peu plus rouge. Harry eut pitié de lui et dit, "Bon, ça n'a pas d'importance non ? Est-ce qu'Avery vous a vu ensuite ?"
"Ouais il nous a vu, mais heureusement une sorcière m'a entendue," dit-elle en jetant un regard à Ron, "appeler Neville, et elle nous a fait entrer chez elle. Peut-être que Neville devrait raconter le reste."
Neville secoua la tête; Hermione haussa les épaules et Ron prit le relais. "Elle connaissait Neville. En fait, toute la ville le connaissait. Il se trouve que, tu vois cette grande bataille ? Eh bien, c'était les parents de Neville contre quelque chose comme une douzaine de Mangemorts. Les sorciers là-bas ne sont pas très puissants. La plupart d'entre eux peuvent à peine allumer une bougie avec leur magie, et une grande partie de la ville est composée de Moldus et de Cracmols. Donc les Mangemorts pensaient que ce serait un combat facile. Mais ensuite la mère et le père de Neville sont arrivés. Ils ont sauvés la ville entière !" Neville se forçait à regarder le chandelier en laiton à côté du lit d'Harry. "Mais nous n'avons découvert ça que plus tard. Quand on lui a dit qu'Avery nous pourchassait, elle a appelé tous les sorciers de la ville. Ils savaient qu'ils ne pourraient pas gagner contre un Mangemort et une fois qu'il a réalisé qu'ils nous protégeaient, il a appelé des renforts. Mais ils s'en fichaient. Ils ont dit qu'aucun Londubat ne serait blessé tant qu'ils étaient vivants. N'est-ce pas, Neville ?"
Neville sourit et acquiesça. "Je n'ai jamais rien su de tout ça. Gran disait toujours que mes parents étaient des héros, mais elle ne m'a jamais raconté ce qu'ils ont fait. Je suppose que je n'ai jamais vraiment cru qu'ils avaient fait quelque chose d'aussi important."
"Je parie qu'ils ont fait plus que juste ça," dit Harry. Neville renonça à fixer le chandelier et leva les yeux vers Harry, choqué. "Ça va probablement faire mal, et si c'est le cas, j'en suis désolé. Mais tu sais que je peux parfois voir ce que Voldemort fait, et je peux ressentir ce qu'il ressent aussi, n'est-ce pas ? Donc j'ai une bonne idée de ce qu'il fait aux gens après qui il est en colère. Ce qu'il avait fait à tes parents, ce n'était pas pour avoir sauvé juste un village." Les yeux de Neville s'humidifièrent au rappel de la torture de ses parents. "Je suis désolé, Neville. Je n'ai pas dit ça pour te bouleverser. C'est juste que, eh bien, il a seulement essayé de tuer mes parents. C'est ce qu'il fait en général aux sorciers qui le combattent. Je parie qu'il y a des centaines de villages en plus de celui-ci que tes parents ont sauvés, et c'est pourquoi il les détestait autant. Je sais que je me suis mal exprimé."
Neville sourit encore. "Non. Je sais ce que tu veux dire. Merci, Harry." Le garçon éclata de rire soudainement. "Je viens juste de penser à quelque chose que ma grand-mère m'a dit une fois. Nous avions des abeilles avant, et je pleurais parce que je m'était fait piquer en essayant de récolter du miel. Elle m'a demandé si au moins j'avais eu du miel, et je lui ai dit que l'abeille m'avait piqué avant que je puisse en prendre. Elle m'a traité d'idiot, et a dit, 'Si tu te fais piquer, autant prendre le miel aussi'. Je suppose que s'il fallait qu'ils... finissent comme ça, c'est mieux qu'il l'ait vraiment rendu fou d'abord."
Harry rit aussi. Il comprenait ce que Neville voulait dire; il en était arrivé à la même conclusion, lui aussi. Beaucoup de sorciers, à l'époque et aujourd'hui encore, étaient morts en tant qu'innocents spectateurs. Au moins ses parents et ceux de Neville avaient eu la chance de combattre avant que Voldemort ne s'en prenne à eux. Aussi difficile que ce soit de ne pas les avoir autour de soi, il savait qu'ils avaient pris la décision d'aider, et c'était en quelque sorte un réconfort.
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Plus tard, lorsqu'Harry endura un mal de dos afin de rejoindre tout le monde pour le dîner, il croisa Rogue alors que le Maître des Potions partait pour un rassemblement de Mangemorts. "Monsieur ? Si ça ne pose pas trop de problèmes, peut-être pourrais-je avoir une autre potion pour la douleur avant que vous ne partiez ?"
Les lèvres de Rogue se recourbèrent. "Je ne suis pas votre domestique, Potter, et contrairement au reste du monde, je ne suis pas un membre de votre fan-club. Si vous ne pouvez pas supporter une petite gêne, alors venez me trouver quand je serais de retour dans ma chambre. J'ai d'autres choses plus importantes à faire."
Harry fixa son professeur en silence. Quand les adolescents revinrent dans la chambre d'Harry, il réfléchit aux paroles de Rogue. "Qu'est-ce qui lui a pris ? Il m'a dit que je pouvais lui demander une autre potion si je le voulais."
"T'es sûr que c'était pas une hallucination due à la douleur, Harry ?" demanda Ron, puis se tut lorsque Harry fronça les sourcils. "Sérieusement, Harry, ça ne ressemble pas vraiment à Rogue, pas vrai ?"
"Il l'a fait ! Il me l'a dit quand on parlait tout à l'heure. Il a dit qu'il était impressionné de la façon dont j'avais enduré ce qui s'était passé avec Voldemort, et ensuite il a dit que je pouvais lui demander si j'avais besoin d'un peu plus de la potion qu'il m'avait donné. Je ne sais pas pourquoi tu penses que c'est si étrange."
"Que s'est-il passé exactement, Harry ? Qu'a-t-il dit ?" demanda Hermione.
"Nous avons parlé de comment sa marque était différente de ma cicatrice. J'imagine qu'il ne peut pas vraiment voir autant de choses que je le peux, puisque Voldemort peut la contrôler. Il était juste normal. Je ne sais pas pourquoi il était si désagréable après le dîner."
Ils regardèrent tous Harry, et Hermione se leva. "Harry ? As-tu récupéré tes souvenirs dans la Pensine ? Elle est dans la bibliothèque ?" Sans attendre la réponse, elle se rua hors de la chambre. Elle revint avec l'artefact argenté quelques instants plus tard. "Je suppose que ce sont les tiens. Il y en avait deux, mais l'autre était vide. Rogue doit avoir repris les siens après qu'il ait été gentil avec toi."
"Ça doit être ça," dit Ron. "Redevenu un connard graisseux une fois ses souvenirs en place."
Harry fronça les sourcils vers Ron et prit la Pensine. Il regarda les souvenirs flottant à l'intérieur, puis leva les yeux vers Hermione.
"Je n'ai pas regardé dedans. Ne t'inquiète pas." Hermione s'assit lentement.
"Ce n'est pas ça," dit Harry. C'était un mensonge, mais il se sentait mal de ne pas avoir confiance en elle. Bien sûr, Hermione n'avait jamais refusé de fouiner un peu dans le passé. Cependant, pas besoin de la mettre en colère. "Je suis juste inquiet que ce ne soit pas la bonne. Où était celle-ci, à côté du fauteuil noir ou marron ?"
Après l'assurance d'Hermione que la Pensine était effectivement celle qu'il avait utilisé, Harry commença à sortir ces souvenirs du récipient et à les remettre à leur place. L'effet fut déroutant, bien plus cette fois-ci que dans le passé. Aucun de ces souvenirs n'avaient de sens.
"A-t-il vraiment essayé de nous faire expulser ?"
Ron cligna des yeux. "Quand ne l'a-t-il pas fait est la question. Si tu es inquiet que ces souvenirs ne soient pas les tiens, laisse-moi te rassurer, ils le sont. C'est vraiment un branleur."
Harry se força à rire et se convaincu de continuer. Une fois la Pensine vide, Harry se sentait idiot d'avoir demandé de l'aide à Rogue. Il nota mentalement de remettre ses souvenirs dans sa tête dès que possible après la prochaine leçon. Soudain, les insultes de l'enseignant plus tôt furent les seules actions de la journée qui avaient du sens. Il devait parler à quelqu'un, quelqu'un qui savait tout, ce qui signifiait Remus. Il détestait garder ses amis dans l'ignorance de ce qu'il avait vu l'année dernière à propos de Rogue en tant qu'étudiant, mais pour une quelconque raison, il ne pouvait pas le divulguer.
"Je dois parler à Remus." Harry se leva et se dirigea vers la porte.
"Harry ? Que se passe-t-il entre toi et Rogue ?" demanda Hermione.
"Je n'en ai aucune idée. Tout est trop bizarre. Écoutez, j'ai vraiment besoin de parler à Remus. Ginny sait ce qui se passe." Ron et Hermione regardèrent Ginny, et même Neville semblait surpris que quelqu'un en dehors des deux meilleurs amis d'Harry soit dans la confidence. "Eh bien, vous n'étiez pas là tous les deux, donc je lui ai parlé. Vous savez que je vous cache quelque chose, et je ne peux toujours pas vous dire ce que c'est." Harry leva une main tandis qu'ils ouvraient tous les deux la bouche. "Ce n'est pas important, vraiment. Je ne peux juste pas dire ce que c'est. Mais Ginny peut vous dire comment sont les leçons. Je reviendrai plus tard."
*************************
Harry trouva Remus dans la bibliothèque, ce qui semblait être un signe étrange. Au moins il était seul, et Harry ferma la porte derrière lui.
"Comment te sens-tu ?" demanda Harry.
"Comme neuf." Remus sourit et secoua son bras un peu sauvagement. "J'aurais dû en demander un un peu plus long pour pouvoir attraper les choses en haut des étagères." Harry sourit face à la bonne humeur de l'homme plus âgé. Être de nouveau entier rendait certainement une personne joyeuse.
"Est-ce que je peux te parler encore du Professeur Rogue ?" Au hochement de tête de Remus, Harry s'assit. "Eh bien, depuis l'autre jour, nous avons tous les deux utilisé une Pensine. J'y ai mis ce que je pensais de lui, et il y a mis ce qu'il pensait de moi."
Remus rit. "Ça semble être une bonne idée. Tous ce mauvais karma balayé d'un seul coup."
"C'est aussi ce que j'ai pensé, mais c'est un peu plus compliqué maintenant. Au début, nous étions presque des étrangers, ce qui était assez bien, j'imagine. Il n'était pas si méchant, et je n'étais pas si nerveux."
"Tu sais, une pièce du puzzle vient juste de se remettre en place. Je n'arrivais pas à comprendre comment Rogue avait pu te laisser jouer le rôle de l'appât." Remus bougea dans son fauteuil. "Mince, je lui dois une excuse. Je l'ai accusé de ne pas se soucier du fait que tu sois capturé du moment qu'il ne l'était pas."
"Ce n'était pas ça !" protesta Harry.
"Je m'en rends compte maintenant, Harry. J'ai dit que je devais m'excuser auprès de lui. Il n'avait pas tous ses souvenirs de toi, n'est-ce pas ?" Harry secoua la tête. "Eh bien, c'est intéressant, non ?"
"En réalité, je ne sais pas quoi en penser." Harry se rassit. "Quand je suis dans la bibliothèque avec lui, je me souviens seulement de comment il était ces derniers jours dans la bibliothèque. Mais quand je récupère mes souvenirs, dans ma tête c'est comme s'il devenait soudainement une autre personne."
"Je suppose qu'il agit différemment pendant les leçons ?"
"Ouais. Et aussi quand nous avons planifié notre attaque contre les Mangemorts ce matin. Quand je lui ai dit que j'allais les distraire pour lui, il a juste demandé si j'étais sûr de pouvoir m'échapper. J'ai dit oui, et il a dit d'accord. Mais les choses sont devenues vraiment étrange quand je me suis réveillé tout à l'heure." Remus se pencha en avant. "Ça semble stupide de dire ça maintenant, mais, eh bien, c'est presque comme s'il prenait soin de moi. Nous avons parlé de ma cicatrice et de sa Marque." Harry haussa les épaules et laissa échapper un long soupir.
"Ça ne semble pas si extraordinaire que ça, si ? Comme deux personnes qui ont traversé un moment difficile discutant ensemble." Le petit sourire satisfait de Remus démentait son ton désinvolte.
"Ouais, deux vieux amis." Harry rit.
"Tu sais ce que je pense, Harry ? Je pense que si tu n'étais pas Le Garçon-Qui-A-Survécu, alors ce genre de conversation aurait été un peu plus normale, et cette pique qu'il t'a lancé alors qu'il partait aurait été la bizarrerie."
Harry partit avec cette pensée en tête, mais elle semblait un peu incorrecte. Peut-être, pensa Harry, si Le Garçon-Qui-A-Survécu avait un nom de famille différent.
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