Chapitre 15

Neville et Dumbledore trouvèrent Harry inconscient à côté de son professeur. Rogue était étendu sur le ventre et ne semblait pas respirer du tout; une inspection plus poussée révéla une étincelle de vie, mais rien de plus. Harry, d'un autre côté, leur faisait face, les yeux ouverts, mais s'il voyait quelque chose, ce n'était clairement pas dans le passage où ils étaient. Son dos était cambré, et le bras lié à Rogue était tordu dans un angle tout sauf naturel. Ce fut Dumbledore qui décida de garder intact les cordes magiques alors qu'ils les lévitaient jusqu'à l'infirmerie. Le danger immédiat des Mangemorts était passé. Ron, Hermione et Ginny avaient laissé très peu à s'occuper pour Lupin à la Cabane Hurlante. Les quatres partisans de Voldemort se réveilleraient sur le chemin d'Azkaban.

"Je suis sûr," avait dit Dumbledore à Neville alors qu'ils amenaient les deux derniers patients aux soins de Pomfresh, "qu'Harry et le professeur Rogue iront bien. Il semble que notre Harry ait une fois de plus réussi à se montrer plus malin que notre ennemi."

Aucun des deux n'était convaincu qu'Harry et Rogue guériraient, mais ils firent semblants, au moins pour le bien des autres.

Des heures plus tard, des yeux émeraude s'ouvrirent lentement sur l'environnement familier de l'infirmerie de Poudlard. Son bras lui faisaient mal; son dos était courbaturé et en feu sous la douleur de centaines d'éraflures et d'hématomes. Et même s'il avait l'impression que rien au monde ne pouvait faire plus de mal que le martèlement incessant à l'intérieur de son crâne, l'agonie perçante et stridente de sa cicatrice réussit à le faire d'une manière ou d'une autre. Avec un gémissement, il ferma les yeux et espéra que ce qui lui avait causé toute cette douleur, lui ait aussi causé de l'amnésie.

Ce n'était pas le cas, bien sûr, et après une minute, il se rappela le passage et le dernier acte d'héroïsme de Rogue. Mais peut-être pas le dernier. Si Harry avait survécu, il était possible que l'autre homme aussi. Son besoin de savoir surpassa la douleur, et il s'obligea à ouvrir les yeux. Il n'y avait que des lits vides autour de lui. Avec un petit soupir, il laissa sa tête retomber sur l'oreiller et ferma les yeux.

La voix de Madame Pomfresh venait d'au-dessus de lui, mais il ne pouvait pas se forcer à rouvrir les yeux. "Je vois que vous êtes réveillé, Harry. Le Professeur Dumbledore dit que vous êtes libéré de toute magie dangereuse, mais il a anticipé le fait que vous seriez en proie à une grande douleur quand vous seriez réveillé. Je vous donne quelque chose pour ça, et pour vous aider à dormir." Il sentit une bouteille pressée contre ses lèvres et ouvrit la bouche. Sa langue accueillit le goût familier du médicament, et il espéra un soulagement rapide. Il voulait dormir pour éviter d'avoir à se rappeler ce qui s'était passé quand son bras était entré en contact avec la Marque de Rogue. La potion devait être forte, puisqu'il se sentit glisser dans le sommeil presque immédiatement. Dans l'obscurité, il entendit les dernières paroles de Pomfresh. "Il dit que vous avez sauvé la vie du Professeur Rogue, également."

************************

Quand Harry se réveilla à nouveau, ce fut au son de voix qui chuchotaient provenant de la pièce d'à côté. Il pouvait distinguer la voix aiguë d'Hermione et le ton neutre de Dumbledore. Des questions remplirent ses pensées, et il sortit du lit. Combien de temps était-il resté inconscient ? Comment allait Rogue ? Et Luna ? Il avait besoin de savoir, et savait où trouver des réponses. Il lui vint à l'esprit que la douleur dans sa tête et à sa cicatrice avait presque disparu, bien qu'il manquait toujours d'énergie pour aller jusqu'à la porte sans aide. Utilisant les rangées de lits comme support, Harry avança vers la porte.

Hermione faillit le renverser quand elle lui sauta dessus. Heureusement, son câlin se transforma en un bras de support tandis qu'elle l'aidait à s'asseoir. Dumbledore sourit simplement et lui offrit une tasse de thé comme s'il était attendu.

"Je suis content de te voir réveillé, Harry," dit Dumbledore. "Comment te sens-tu ?"

"Faible, mais la douleur a presque disparu. Comment vont le Professeur Rogue et Luna ? Et Mr Lovegood ? Voldemort a dit que le père de Luna était blessé."

"Ils ne vont pas aussi bien que toi, apparemment, mais ils vont se rétablir. Madame Pomfresh s'occupe des blessures restantes de Miss Lovegood. Elle sortira de l'infirmerie avant la rentrée. Elle a repris conscience par intermittence, et a pu nous parler de son père. Une équipe de recherche l'a trouvé il y a plusieurs heures. Il est à Sainte Mangouste. Et pour ton professeur, je suspecte qu'il est passé par la même épreuve que toi. Miss Granger nous a fait partager quelques théories très intéressantes à propos de ta cicatrice et de sa Marque. Il se repose, et se réveillera sans doute bientôt."

"Il est toujours inconscient, alors ?" Harry s'inquiétait de ce que ça signifiait.

Dumbledore acquiesça mais son sourire persista. "Pour l'instant, oui. Il a été affaibli par le sort de Voldemort, mais il semble que le Seigneur des Ténèbres ait échoué, grâce à toi."

"Que s'est-il passé ?" Harry regarda Hermione, espérant qu'elle pourrait faire la lumière sur tout ça. Il avait agi par instinct dans le passage.

"Tu te souviens quand je me suis demandée ce qui se passerait si tu touchais la Marque pendant qu'elle brûlait ?"

Harry sourit. "Je m'en souviens. C'est pour ça que je l'ai fait."

Hermione fronça les sourcils. "Eh bien, il semble que tu l'aies découvert, alors. Le sort de Voldemort était en train de drainer la vie du Professeur Rogue. Quand tu as touché la Marque, ça a commencé à drainer la tienne. Vous auriez pu mourir tous les deux, Harry." Elle pinça les lèvres, et Harry fut sauvé d'un sermon quand Dumbledore posa une main sur son bras. Elle se rassit dans son fauteuil et jeta un autre regard à Harry. "Par ailleurs, nous pensons, et nous ne pouvons pas vraiment le vérifier, que Voldemort a été entraîné là-dedans aussi, à cause de ta cicatrice. Les Mangemorts que nous avons capturés à Pré-au-Lard hier ont commencé à crier et à griffer leur Marque quand c'est arrivé."

Harry essaya de se concentrer sur ce qu'il avait vu et ressenti après avoir touché la Marque de Rogue. C'était difficile de se rappeler autre chose que la douleur, mais il se rappela aussi d'une présence indubitable. "Ouais, Voldemort était bien là aussi. Cependant, je ne sais pas si j'étais dans son esprit ou dans celui de Rogue."

"Ne te soucie pas de ce genre de détails, Harry," dit doucement Dumbledore. "Nous savons que les Mangemorts aussi éloignés que ceux d'Azkaban ont ressenti la douleur. Le Ministère en a eu les mains pleines et n'a pas arrêté de s'occuper de ça de toute la journée. Quelques sorciers très haut placés ont été vus en proie à une grande douleur, et des Aurors ont été envoyés. En plus de sauver la vie de ton professeur, tu as très certainement exposé beaucoup de partisans cachés de Voldemort. Et Voldemort lui-même ressent sûrement la même chose que toi en ce moment."

Harry hocha la tête en signe de compréhension. C'était de bonnes nouvelles, mais à cet instant, il voulait seulement s'assurer que ses amis allaient bien. Le Ministère pourrait gérer le reste. Bien que l'idée que Voldemort ait souffert autant que lui lorsqu'il s'était réveillé plutôt était quelque peu satisfaisant.

"Pensez-vous qu'il va réessayer ?"

"J'en suis presque certain, Harry." Les sourcils épais de Dumbledore se froncèrent. "Mais pour l'instant, il est en sécurité. Voldemort ne se mettra pas en danger, pas même pour se venger. Il fera attaquer le Professeur Rogue directement."

"Ou attendra que je sois trop loin pour aider," dit Harry.

"En supposant qu'il connaisse ton implication. J'ai laissé filtrer à plusieurs de ses espions l'information selon laquelle ce serait moi qui aurait déjoué l'attaque. Tant que nous ne savons pas ce qu'il croit, nous ne devons donner aucune indication comme quoi tu es impliqué. Est-ce clair ?"

Harry acquiesça, mais était, naturellement, toujours inquiet. "Mais nous supposons juste qu'il ne sait pas que c'était moi, pas vrai ? Il y a un risque qu'il ait pu voir à travers mes yeux, tout comme je peux le faire avec lui. Il a peut-être tout vu, ou du moins que j'étais là. Et il m'a peut-être senti là-bas. Je sais que je l'ai senti. Et peut-être qu'il-"

Dumbledore l'interrompit d'une main levée. "Tu as raison, bien sûr. Et c'est pourquoi Miss Granger est ici à m'informer de tout ce qu'elle a appris sur ta cicatrice et la Marque du Professeur Rogue. Quand tu t'en sentiras capable, tu pourras ajouter ce que tu as appris l'autre nuit."

"Je suis prêt maintenant. As-tu tes cahiers, Hermione ?" Mais Dumbledore secoua la tête et se leva.

"Pas ce soir, Harry. Tu as besoin de repos. Et Voldemort ne retentera pas ce sort jusqu'à ce qu'il soit certain de s'être occupé de la personne qui l'a fait échoué." Il se pencha et exerça une légère pression sur l'épaule d'Harry. "Espérons que tu n'auras plus jamais à payer un tel prix pour nous gagner un peu de temps."

Quand Dumbledore fut sorti, Harry demanda à Hermione de dire à Ron et aux autres qu'il était réveillé mais de les garder hors de l'infirmerie pour un petit moment.

"Je le ferai. Et Harry ?" Elle lui fit un autre câlin, posant sa tête sur son épaule en soupirant. "J'allais te demander de ne plus nous effrayer comme ça, mais tu romprais simplement cette promesse, non ?"

"Je ne le fais pas exprès," dit Harry sur la défensive.

"Je sais que tu ne le fais pas exprès. Tu sais quel est le problème ? Il y a une douzaine de personnes qui préfèreraient mourir plutôt que de te voir blessé. Mais d'une manière ou d'une autre, nous nous en sortons toujours sans une égratignure alors que tu es encore à l'infirmerie." Harry la serra plus fort et l'embrassa sur la joue. Il se demandait si elle savait combien la force que les gens pensaient qu'il avait provenait d'elle et de Ron et de tous les autres autour de lui. Il rompit leur étreinte et prit ses mains dans les siennes.

"Je ne suis pas le seul à avoir été blessé cette fois. Rogue et Luna sont presque morts à cause de moi."

"Harry, tu ne peux pas-"

"Ne t'inquiète pas, Hermione. Je ne me sens pas coupable. J'ai décidé que je ne le ferai plus. À la place, je vais m'assurer de mériter ce qu'ils ont fait pour moi."

"C'est le cas, Harry."

Harry secoua la tête. "Pas encore. Mais ce le sera. Un jour, je le mériterai." Il lutta pour se relever. Le fait qu'une grande partie de sa force vital avait été volée était très facile à croire. "Tu m'aides à trouver Rogue et Luna ? J'aimerais m'asseoir avec eux un moment avant que tout le monde ne vienne pour les visites."

**********************

Hermione aida Harry à aller dans l'autre pièce où Pomfresh s'occupait de Rogue et Luna. Elle expliqua que les deux étaient sous observation plus poussée, ce qui avait conduit à laisser Harry se reposer seul. Depuis la porte, Harry repéra la forme sombre de son professeur en train de se disputer avec Madame Pomfresh. Il ne pensait pas que Rogue l'avait vu, mais apprit rapidement le contraire.

"Si c'est le cas," répliqua Rogue à quelque chose que Pomfresh avait dit, "alors que fait-il hors de son lit ?" Rogue fit un signe de tête en direction d'Harry. Madame Pomfresh se retourna et fut immédiatement horrifiée.

"Harry ! Vous devriez être au lit. Et Miss Granger ! Vous l'aidez ! Vous savez qu'il a besoin de repos." Hermione eu l'air coupable, mais Harry refusa obstinément de se repentir.

"Je vais le faire, Madame Pomfresh. Mais les potions que vous m'avez données m'ont beaucoup aidé. J'aimerais m'asseoir ici un petit moment, si c'est d'accord."

Pomfresh jeta un coup d'œil à Rogue à la recherche de soutien, mais ne trouva aucun allié. "Il semble que je ne sois pas en position de discuter. Je ne suis qu'un patient ici." Harry sourit. Si Rogue le laissait rester par dépit, qui était-il pour argumenter ?

Levant les bras de frustration, Pomfresh capitula, mais insista pour qu'Harry soit dans son lit quand elle reviendrait dans une heure. Harry acquiesça, Rogue ricana, et Hermione sortit avant que Pomfresh ne décide de sermonner la seule personne en bonne santé.

"Alors, Mr Potter. Encore une fois, vous n'avez pas pu vous empêcher de vous en mêler, hmm ?"

Harry prit ça comme ce qui se rapprochait le plus d'un remerciement qu'il obtiendrait de la part de l'homme et choisit d'entrer dans son jeu. "Eh bien, je deviens plutôt doué. De plus, j'ai dit à tout le monde il y a deux mois que personne ne pourrait m'empêcher d'aider mes amis."

"Miss Lovegood n'était plus en danger après que je l'aie confiée à Londubat."

"Je ne parlais pas de Luna. Elle n'était pas la seule amie que Voldemort a essayé de tuer aujourd'hui, vous savez," répondit Harry.

"Vous empestez irréfutablement le griffon," dit Rogue froidement. "Vous en êtes conscient ?"

Harry éclata de rire et riposta. "Une nouvelle insulte envers les Gryffondors ? Ce n'est pas vraiment convenable de la part d'un homme qui a fait preuve de plus de qualités Gryffondoresques que six Serpentards réunit."

Rogue plissa le nez. "Mr Potter, ce n'est pas la peine d'être vulgaire. Et vous pouvez certainement m'insulter sans recourir à la calomnie et aux mensonges."

Harry éclata de rire à nouveau et sourit, pas effrayé de laisser Rogue savoir combien il s'amusait. "Ce n'est pas un mensonge. Faisons le compte. D'abord, vous m'avez empêché de tomber de mon balai lors de ma première année. Maintenant, je suppose que vous pourriez dire que vous ne l'avez fait que parce que vous vouliez démasquer Quirrell, mais il y avait de meilleures opportunités pour ça. De toute façon, ce n'est même pas la meilleure partie. Vous vous souvenez de ma troisième année ? Quand vous avez réalisé que quatre personnes que vous méprisiez étaient sur le point d'être attaquées par un loup-garou. Je parie que vous ne vous êtes même pas arrêter pour jeter des sorts à des chiots errants avant de vous diriger vers la Cabane Hurlante. Et maintenant, vous allez me dire que vous vouliez seulement vous venger de Sirius, mais vous saviez que Remus n'avait pas pris sa potion cette nuit-là donc vous auriez simplement pu vous asseoir et attendre tranquillement pour des années de paix sans nous." Rogue croisa les bras et se détourna d'Harry.

"Je n'ai pas à écouter ces accusations sans fondements."

"Si, vous le devez. Pomfresh ne reviendra pas avant une heure. Par ailleurs, il y en a une de plus. Et c'en est une bonne, également. Vous vous rappelez quand nous sommes sortis de la Cabane ? Quand vous avez bondi devant Ron, Hermione et moi ? Et je sais de source sûre que vous savez identifier un loup-garou. Vous l'avez enseigné à la classe, après tout, donc vous deviez vous être rendu compte que vous vous teniez entre une machine à tuer résistante à la magie et trois étudiants que vous n'appréciiez même pas."

"Puisque vous m'avez sauvé la vie hier et que vous souffrez sans aucun doute d'une sorte de supplice mental en conséquence, je vais excuser cette attaque sur ma personnalité. Mais si jamais vous deviez le répéter, je vous assure que je ferai en sorte que vous regrettiez que Lupin ne vous ait pas mis en pièces cette nuit-là."

"Oh, ne vous inquiétez pas, Professeur. Je suis sûr que vous serez plus prudent dans le futur et que vous cacherez bien mieux votre côté gentil."

"Balivernes."

Un silence confortable s'installa dans la pièce. Harry laissa son attention se fixer sur Luna, qui reposait à l'autre bout de la salle. Le sang et la saleté avait été nettoyés, et même l'entaille sur son visage n'était plus qu'une ligne rouge sombre.

"La fille s'en remettra, je présume. Et son père ?" demanda Rogue, observant le regard d'Harry.

Harry acquiesça. "Elle a parlé à Dumbledore de son père, et ils ont envoyé quelqu'un le chercher. Vous le connaissez ? Vous avez parlé de lui à Voldemort."

"Je l'ai rencontré, oui. Et j'ai lu ses éditoriaux concernant Fudge. Et tant que nous sommes sur ce que j'ai dit au Seigneur des Ténèbres, je devrais vous punir pour être allé contre mes ordres et être entré dans l'esprit de Voldemort intentionnellement."

"Vous saviez que je le ferai. Même lorsque vous m'avez dit de ne pas le faire, vous saviez que je le ferai. Et vous avez compté là-dessus la nuit dernière."

"Je n'avais pas vraiment le choix."

"Vous aviez le choix. Vous auriez simplement pu la guérir comme Voldemort le voulait, puis revenir à l'école et me tuer."

"Je ne considère pas cela comme une option viable. Et avant que vous ne m'adressiez un de vos satanés sourires arrogants, je vous assure que ce n'était pas une option pour moi bien avant que vous n'arriviez."

"Je n'ai jamais suggéré autrement, Professeur. Je sais que vous étiez gentil bien avant que je ne vienne ici."

"Balivernes."

Harry sourit et cessa de torturer son professeur. "Le Professeur Dumbledore dit que Voldemort n'essaiera probablement pas de réutiliser la Marque de cette façon. Ce sont de bonnes nouvelles, je suppose."

Rogue hocha simplement la tête.

"Il dit aussi que vous serez une cible pour les attaques physiques. Je suppose que vous serez confiné à Poudlard pendant un moment."

Rogue haussa un sourcil. "Oui, ses partisans me tueront sur le champ. J'ai toujours suspecté que cet endroit était le Purgatoire. Peut-être que mes années d'enseignement compteront pour ma pénitence."

Harry se moqua. "Ne comptez pas sur moi pour compatir. Ce n'est pas si mauvais que ça. Je m'en suis plutôt bien sorti et, sans vouloir vous offenser Professeur, je ne pense pas que vous soyez aussi bien placé que moi sur la liste des personnes à tuer lentement de Voldemort." Harry prit un air moqueur et arrogant.

"Typique, Potter. Il faut que vous soyez numéro un pour tout, n'est-ce pas ?"

"Je n'y peux rien. Je suis un gosse pourri gâté et j'aime l'attention. Même l'attention des Mangemorts et des Seigneurs des Ténèbres."

Harry suspecta fortement que Rogue était sur le point de rire quand il entendit la voix de Ron de l'autre côté de la porte. À la place d'un rire, il suscita un grondement grave de la part du Maître des Potions qui ferma les yeux quand Harry invita ses amis dans la pièce.

Ginny et Neville regardèrent précautionneusement à travers l'ouverture de la porte tandis que Ron et Hermione se dirigeaient vers Harry. Ron donna une tape amicale dans le dos de son ami. "Tout va bien, Harry ?" Harry répondit d'un sourire et d'un hochement de tête, et Ron fit signe aux autres d'entrer.

"Pomfresh ne sera pas là pour leur faire un check-up avant vingt minutes," dit Ron, confiant. "Elle fait toujours une dernière vérification juste avant de se changer pour le dîner."

"Puis-je vous demander comment vous en savez autant à propos des habitudes de Madame Pomfresh ?" L'insistance de Rogue sur le titre de la femme réprimanda Ron pour sa référence désinvolte à la Médicomage.

"Harry a passé tellement de temps ici, nous avons dû passer devant Madame Pomfresh plus souvent que devant la Grosse Dame," répliqua Ron. "Et je ne m'étais pas rendu compte que vous étiez réveillé, Professeur. J'espère que vous vous sentez bien."

Rogue haussa un sourcil tandis qu'Harry observait son ami avec curiosité. Rogue répondit, "J'irai mieux si on me laissait en paix."

"Bien sûr," dit Hermione. "Nous sommes désolés de vous ennuyer. Harry, veux-tu qu'on t'aide à retourner dans l'autre pièce ?"

"Oh, euh, je voulais demander à Madame Pomfresh si je pouvais rester ici, en fait. Je n'aime pas être seul. Est-ce que ça irait si nous parlions un petit moment de l'autre côté de la salle, Professeur ?"

Rogue fit un geste de la main pour les congédier. "À condition que vous parliez à voix basse."

*************************

Plus tard, après qu'Harry ait convaincu Madame Pomfresh qu'il ne perturberait pas Luna ou Rogue, et après avoir insisté sur le fait que ce serait plus facile pour elle de veiller sur ses trois patients s'ils étaient dans la même pièce, Harry s'installa pour une autre sieste. Cependant, avant qu'il ne se laisse gagner par le sommeil, la voix de Rogue capta son attention.

"Il n'essaiera plus, Harry. Pas de sitôt, du moins. Vous n'avez pas besoin de passer le reste de la semaine à porté de bras de moi."

"Je sais ça," dit Harry. À un certain degré, il le savait, mais il s'inquiétait toujours. "C'est juste trop calme dans l'autre salle. C'est tout."

"Si vous le dites. Et Harry, même s'il essaye encore, vous ne pouvez pas passer le reste de votre vie enchaîné à moi, souffrant en même temps que moi. Vous ne méritez pas ça."

"Et vous si ?" Il capta et soutint le regard de Rogue à travers la pièce.

"Oui, je le mérite. J'ai commis des crimes dans ma vie. Vous savez cela parfaitement. Vous savez aussi que j'ai évité ma sanction en aidant l'Ordre. Cette situation est de ma responsabilité."

"Ma vie entière a été la responsabilité de quelqu'un d'autre, Professeur, au cas où vous ne l'auriez pas remarqué. Il y a certaines parties de tout ça dont je ne peux pas m'éloigner. Et il y en a d'autres dont je ne veux pas m'éloigner. Et avec tout le respect que je vous dois, Monsieur, nous avons déjà eu cette conversation. Et maintenant que je sais que je peux vous aider, je ne vais pas rester là et le laisser vous tuer juste parce que c'est un peu douloureux."

"Un peu douloureux ? Ne pensez-vous pas que vous simplifiez beaucoup les choses ?"

"Ce n'est que de la douleur. Après un petit moment, vous vous évanouissez et vous réveillez ici. Faites-moi confiance, j'ai déjà fait ça avant." Harry essaya d'alléger l'atmosphère avec une blague. "Et si je m'évanouis à cause de la douleur qu'il vous inflige, alors je ne m'évanouis pas à cause de celle qu'il m'inflige, non ? Donc tout s'équilibre à la fin."

Rogue ne sembla pas trouver ça amusant du tout.

Harry s'endormi, espérant que toute perturbation serait suffisamment bruyante pour le réveiller.

*************************

Harry dormit toute la nuit, et le matin suivant, il fut autorisé à rejoindre ses amis pour le petit-déjeuner. Bien que son énergie soit revenue, il dut faire le chemin jusqu'à la Grande Salle lentement. Il avait pensé que Rogue était endormi quand il était sorti de l'infirmerie et fut surpris de voir l'homme déjà assis à l'unique table partagée par le personnel et le petit groupe d'étudiants. Il avait clairement utilisé des moyens magiques pour assister au petit-déjeuner. Alors qu'il prenait un siège à côté de Rogue, Harry décida de ne pas aborder le sujet au risque de blesser son orgueil. La nuit dernière, le Maître des Potions semblait s'être remis plus lentement qu'Harry.

Dumbledore suivit Harry dans la pièce, inhabituellement en retard pour un repas, et dit joyeusement, "Severus. Et Harry. Quelle chance que vous soyez tous les deux assez en forme pour vous joindre à nous. Poppy m'a assuré que Miss Lovegood était en pleine forme. Elle est toujours dans un sommeil magique, mais devrait se réveiller dans la soirée. Minerva, si cela ne pose pas de problèmes, et si Miss Granger n'y voit aucune objection, je pense qu'il serait mieux qu'elle passe le reste de la semaine dans la Tour Gryffondor jusqu'à ce que l'école reprenne. Miss Granger peut garder un œil sur elle, même si j'ai confiance dans le fait qu'elle ne devrait pas poser trop de problèmes."

"Bien sûr, Albus," répondit McGonagall. "Je suis sure que Miss Granger appréciera de la compagnie dans le dortoir des filles."

Hermione approuva, et Harry avait hâte de pouvoir montrer sa gratitude à Luna pour son aide au Département des Mystères.

Finalement, tout le monde excepté les trois retardataires eurent fini de manger et tous sauf eux et les amis d'Harry quittèrent la table. Alors qu'il prenait un dernier morceau de toast, Harry remarqua que Rogue agrippait son bras à travers sa robe. Un regard plus précis révéla des lignes de douleur autour de ses yeux. La Marque brûlait, et il essayait de le cacher. Sans commentaire, Harry s'enfonça dans son fauteuil et glissa hors de lui-même. Quelques brefs instants passèrent et Harry s'extirpa de l'esprit de Voldemort. Harry regarda autour de lui prudemment, mais il semblait que personne n'avait remarqué son absence mentale.

Se rapprochant, Harry murmura à Rogue, "Donnez-moi votre bras, Professeur."

Rogue secoua la tête mais garda son attention fermement fixée sur son assiette. "Cela passera."

"Il teste le lien, Professeur. Il veut voir si vous pouvez encore retourner le sort. Si vous ne me donnez pas votre bras maintenant, j'aurais à peine fini de relever votre manche qu'il aura décidé que la première fois était un coup de chance."

Vaincu, Rogue souleva son bras et le laissa pendre à côté d'Harry. Rapidement, mais faisant attention de ne pas attirer l'attention sur lui ou Rogue, Harry enroula son bras autour de celui de l'homme.

Sa vue sur la table se déplaça d'un mètre et il se retrouva une nouvelle fois à regarder à travers les yeux de son professeur. La douleur dans son bras était vive, mais n'avait rien à voir avec l'autre nuit. La sensation de la présence de Voldemort était aussi moins précise, et Harry se concentra pour garder sa propre présence aussi masquée qu'il le pouvait. Pour sa part, Rogue faisait clairement la même chose. Ce n'était qu'une question de secondes avant que la douleur se stoppe comme une soupape qui se ferme, et lui, ou plutôt Rogue, éloigna son bras de celui d'Harry.

Harry prit une gorgée de thé pour se calmer et murmura à Rogue, "Bon, ça devrait le tenir éloigné de vous un petit moment au moins." Rogue acquiesça simplement en guise de réponse.

"Monsieur le Directeur ?" demanda Ginny, détachant l'attention d'Harry et de Rogue l'un de l'autre. "Que va-t-il arriver à Malefoy et aux autres ? Ils n'ont pas encore été arrêtés, n'est-ce pas ?"

Les yeux de Dumbledore s'assombrirent légèrement à la question. "Puisque c'est sûrement la dernière fois avant un bon moment que je peux me montrer franc avec vous tous, je vous dirai qu'ils n'ont pas été arrêtés. En fait, j'ai été incapable d'empêcher leur retour à l'école." Dumbledore leva une main pour faire taire le soudain tumulte. "La seule preuve contre eux repose dans l'esprit d'Harry et du Professeur Rogue. C'est bien trop dangereux pour Harry que son lien avec Voldemort soit découvert. Et toute reconnaissance officielle de la position du Professeur Rogue en tant qu'espion résulterait en une audience formelle. Il y en a au Ministère qui demanderaient qu'il prouve qu'il n'a commis aucun crime lors de sa quête d'informations."

Harry fronça les sourcils. C'était vrai qu'il avait peur que Voldemort utilise le lien qu'ils partageaient de la même manière que lui. Et si Rogue était jugé, il serait sûrement retenu par le Ministère jusqu'à ce que le Magenmagot se réunisse. Isolé, Rogue serait une cible pour les agents de Voldemort et la Marque elle-même sans qu'Harry ne puisse l'empêcher.

"Mais ils portent la Marque. Ce n'est pas assez ?" demanda Ron.

"Je ne peux pas inspecter un étudiant en particulier sans raison. Et le Conseil d'administration a refusé, à plusieurs reprises, de nous autoriser à procéder à une fouille de l'école. Ils ont un argument valable. Nous ne pouvons pas traiter tout le corps étudiant de Poudlard comme des suspects. Sans parler de l'embarras qu'une fouille complète engendrerait."

"Donc ils vont juste revenir comme si rien ne s'était passé ? Ils essaieront de tuer Harry ! Et le Professeur Rogue aussi !" Ron était livide. Rogue renifla à la suggestion qu'ils puissent être une menace pour lui.

"C'est probable qu'ils essaieront, oui. C'est une bonne chose que vous et vos amis soyez si bien entraînés pour protéger Harry, n'est-ce pas ? Et une fois que l'un d'entre eux sera passé à l'action, nous pourrons utiliser du Veritaserum pour obtenir le nom des autres."

"Mais passer à l'action signifie attaquer Harry ! Nous ne pouvons pas les laisser-"

"Ron," interrompit Harry. Il capta la lueur d'un plan dans les yeux d'Hermione et voulait mettre fin à la discussion rapidement pour découvrir ce qu'elle avait en tête. "Je suis sûr que le Directeur a déjà considéré tout ça. Malefoy et sa bande ne sont pas un problème pour nous. Comme Remus l'a dit. J'ai de la peine pour le premier d'entre eux qui essaiera quelque chose."

"Ouais," approuva Neville. "Et de cette façon, nous pourrons au moins nous occuper de l'un d'entre eux." Quelques mois plus tôt, ce commentaire aurait choqué tout le monde autour de la table, mais plus maintenant. Il a parcouru un long chemin, pensa Harry.

Le repas terminé, Rogue plia sa serviette et la posa sur le côté. Éloignant sa chaise de la table, il avait l'air sur le point de se lever quand il s'interrompit un instant. "Merci, Harry," dit-il, et Harry manqua presque le doux murmure par-dessus le bruit de la vaisselle. Il n'attendit pas de réponse tandis qu'il se levait et sortait dignement de la salle, laissant Harry surpris.

Après le petit-déjeuner, le groupe se dirigea vers la bibliothèque. Harry devait rencontrer le corps enseignant après le déjeuner pour parler des marquages, et Hermione avait supplié pour pouvoir y prendre part aussi, mais pour l'instant, ils devaient s'occuper du destin de Malefoy et des quatre autres.

"Qu'est-ce que tu as mijoté, Hermione ?" demanda Harry sans préambule. Elle lui sourit en retour.

"Était-ce si évident ?" demanda-t-elle. Ron et les autres paraissaient perplexes. "Je parie que nous pouvons empêcher ces ordures de remettre les pieds à Poudlard. Ça ne devrait pas être si difficile, mais nous ne pouvons pas laisser Dumbledore ou n'importe qui d'autre savoir ce qu'on a projeté. S'ils finissent par aller à un procès, il faut que tout ait l'air d'un accident."

Ils rapprochèrent leurs chaises et Hermione commença.

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