Untitled


Chapitre 1


« Alors tu comptes vraiment m'abandonner ! Reste avec moi ! Je ne veux pas que tu partes ! » Supplie une jeune femme. Ses mains retiennent un homme à peine plus vieux qu'elle. Elle est en pleure, ne cherchant plus à cacher ses larmes, elle veut uniquement qu'il reste au près d'elle. Elle refuse qu'il la quitte.

« Je ne peux pas et tu le sais très bien. Je n'ai plus aucune raison de rester dans ton monde. » Son cœur se serre à ces paroles. Elle espère qu'il ne les pense pas cependant elle n'a aucun moyen de se le prouver. Le jeune homme pose une main sur les siennes, la faisant baisser la tête. Peu à peu les forces de la jeune femme la quittent comme s'il exerçait un charme sur elle. Il défait son emprise et reprends sa route.

« Tu peux rester ici ! Je peux te donner une raison ! Reste ! » Il continue son chemin sans l'écouter. Elle crie encore, le supplie de se retourner mais rien n'y fait il ne se retourne pas. Elle court après lui, il est trop tard. Elle ne le voit presque plus. Elle ne peut que l'observer disparaître, une unique pensée traversant son esprit :

Il ne reviendra jamais.

***

Sept heures vingt. Une lycéenne court à travers sa maison, se débattant avec ses chaussettes. Elle sait qu'elle risque d'être en retard, elle ne veut pas se faire remarquer. Elle laisse ses cheveux retomber naturellement, empiétant en partie sur son visage. Sa coiffure n'a pas de structure, elle ne va pas souvent au coiffeur, n'ayant ni le temps ni les moyens.

La lycéenne arrive tant bien que mal dans la cuisine où sa mère l'attend deux sachets à la main. Elle sait que le second contient son petit déjeuner. Elle la remercie d'un rapide câlin avant de foncer jusqu'à l'entrée. Elle met un des sachets dans son sac, enfilant rapidement ses chaussures et son manteau. Un salut à sa mère et elle est dehors courant pour attraper son bus.

Elle le voit retenue par d'autres lycéens accélérant le pas. Elle ne doit pas le manquer sous peine d'arriver en retard. Malheureusement, sa famille ne possède qu'une voiture utilisée par son père qui est déjà parti depuis une demi-heure. Le véhicule referme ses portes, elle court pour l'atteindre plus rapidement. Il avance, elle est déjà sur le côté appelant pour qu'on la laisse monter. Ses camarades rient mais aucun ne fait mine de vouloir l'aider.

Elle arrivera en retard aujourd'hui.

***

Elle ne veut arriver en retard. Elle ne veut pas se faire remarquer. Elle baisse la tête en entrant dans la salle, le regard du professeur se porte immédiatement sur sa personne. Elle se fige osant un faible coup d'œil en direction de l'adulte. Il la dévisage avec méprit la prenant pour un de ces élèves rebelles. Elle ne reste plus longtemps debout et part vivement s'asseoir sortant silencieusement ses affaires ne voulant se faire remarquer un peu plus.

« Ah ce que je vois certains élèves ici ne savent pas ce qu'est la ponctualité. Puisse qu'être en retard ne vous cause plus de problème que cela venait donc résoudre cet exercice. » Elle se releva avec gêne, avançant d'un pas hésitant jusqu'au tableau. Elle pose son regard sur l'ardoise lui faisant désormais face, l'inscription lui est familière cependant elle ne parvient à retrouver la solution. « N'auriez donc vous en plus de cela oubliez de faire vos devoirs ? » Le ton railleur de l'enseignant la pétrifie.

Elle entend déjà les rires et moqueries de ses camarades. Devant un professeur ou en dehors des cours, elle peut toujours les entendre même quand ils sont absents. Ils sont toujours avec elle, ne la quittant jamais comme une dure mélodie s'insinuant chaque jour un peu plus dans son esprit. Elle se sait non populaire toutefois elle ne s'attendait pas à un tel accueil en arrivant au lycée. 'Pourquoi ne change-t-on pas de camarades au cours de ces trois années ?' Cette question elle se la pose tous les jours. 'Cela aura-t-il une fin ?' Elle n'espère plus. 'Ça n'en finira jamais. Tant que je serais ici ça continuera.' Ne cesse-t-il de se répéter.

Elle n'en peut plus.

***

De la farine. Un peu de sucre. Des œufs. Du lait. Elle ne cuisine pas. Non, elle sert de récipient à ses amis. Ces camarades qui veulent alors faire un gâteau. Rien de mieux que la tête d'une personne pour le réaliser. Une larme. Deux larmes. 'Cela n'aura-t-il jamais de fin ?' Ne peut-elle s'empêcher de songer. Des rires mêlés à des pleurs. Ses pleurs face à leurs rires. Elle ne peut rien faire contre elles. Trois contre une. Comment peut-elle lutter ? Elle n'a pas la force de les combattre. Elle ne peut que se plier à leur volonté, restant assise ses bras entourant ses jambes, son front posé sur ses genoux, ses larmes cachées de la vue de tous.

Des flashs jaillissent. Des photos sont prises. Elle ne peut que se recroqueviller sur elle-même, exposant un peu plus sa faiblesse aux yeux de ses camarades. Bientôt les images fuseront sur les réseaux sociaux, la faisant devenir encore la victime de raillerie. Quel titre pourraient-elles ajouter ? « Elle aime tant la pâtisserie qu'elle devient elle-même un gâteau. C'est ça l'art. » Ou comment poster une situation humiliante sans être condamné.

Elle veut que tout s'arrête.

***

Elle rentre en catimini chez elle. Elle tente de ne pas être vue par sa mère. Quel mensonge inventera-t-elle cette fois ? Qu'est-ce qui peux justifier de rentrer en tenue de sport et non avec son habituel uniforme ? 'Je suis juste tombée dans la fontaine, quelqu'un avait laissé traîner son skateboard.' Elle est de nature à observer attentivement son entourage. Sa mère le sait très bien. 'Un de mes camarades voulait faire une farce, ça m'est retombé dessus. Comme tu peux le voir l'eau du seau ne m'a pas raté.' Elle ne fait pas vraiment d'humour, sa mère trouverait ça curieux.

« Oh ! Tu es rentrée ! » S'exclame joyeusement la femme. La jeune lycéenne se retourne vivement craignant de la retrouver dans le couloir menant aux escaliers. Elle souffle de soulagement constatant qu'elle est restée dans le salon. « Quelqu'un est passé de voir dans la journée. Quelle idée de venir pendant les heures de cours. Il semblait si jeune qui plus est. Je lui ai dit de repasser plus tard, dépêche-toi d'aller te changer ! » 'Quelqu'un est venu ? Il ? Serait-ce encore une mauvaise blague de ses camarades.' Elle ne peut s'empêcher de craindre.

Elle court dans sa chambre.

***

La sonnette retentie dans toute la maison. La troisième année sursaute, laissant tomber son crayon sur sa feuille. Elle se demande si elle pourra finir ses devoirs aujourd'hui. Ses yeux dérivent sur son ordinateur. Aura-t-elle seulement le courage de l'allumer ? Elle n'a même pas daigné activer le wifi sur son téléphone. Elle a trop peur de ce qu'elle pourrait lire. Des commentaires déplaisant. Les postes injurieux. Elle en a l'habitude, ce n'est pas pour autant qu'elle les supporte.

Un appel de sa mère. Elle se lève et sort lentement de sa chambre. Elle hésite. Doit-elle vraiment descendre ? En est-elle vraiment obligée ? Elle se dit que oui et dévale les escaliers. Plus vite elle aura parlé à cet inconnu, plus vite elle pourra remonter. C'est ce qu'elle espère, que pour une fois on la laisse en paix. Juste une soirée, elle veut se retrouver seule avec elle-même. Elle se fige à l'embrasure de la porte.

Elle ne le connait pas.

***

Elle est assise dans le salon aux côtés de sa mère, scrutant chaque détail de ce jeune homme. Elle se demande ce qu'il fait ici. Elle se demande où elle aurait pu le rencontrer. Pas au lycée, il semble l'avoir quitté quelques années plus tôt. Peut-être lors d'un diner de famille. L'ami d'un cousin ou d'une cousine qui sait. Elle ne se souvient même pas de la dernière fois où elle les a vus. Un ami d'enfance ? Elle souvient uniquement de filles. Elle n'était pas proche de la gente masculine, au contraire.

« Et donc vous êtes ? » L'interroge sa mère, examinant elle aussi le nouvel arrivant. « Je ne me souvient pas avoir déjà vu un homme à ses côtés, ni même un garçon lorsqu'elle était plus jeune. D'où la connaissez-vous ? » Elle-même ne parvient à trouver l'origine de leur rencontre. Comment le faire quand sa propre fille l'ignore ? Il ne fait que sourire doucement sans répondre, comme s'il ne pensait pas avoir besoin de dire le moindre mot.

Elle se demande où elle l'a rencontré.

***

S'asseyant sur son lit, la jeune lycéenne repense à cet homme venu un peu plus tôt. Il n'a jamais dit son nom. Il n'a jamais dit où la connaitre. Il n'a dit qu'une unique phrase avant de repartir : « Je ne suis là que pour aider. » 'Que voulait-il dire par aider ?' Elle se pose sans cesse cette question. 'Aider qui ? Qu'allait-il faire ?' Elle ne voit aucune raison de recevoir son aide. Elle est persuadée qu'il veut l'aider elle. 'Pourquoi ?' Elle ne comprend pas. Elle ne peut trouver ce qui le pousse à avoir cette envie.

'Qui est-il ? D'où vient-il ? Que veut-il ?' Toutes ses interrogations sans réponses. Elle aimerait en trouver une. Une unique qui la mènerait sur le chemin des autres. Elle se laisse basculer en arrière, son dos retombant brusquement sur ses draps. Elle observe le plafond comme si ce dernier contenait la solution à cette énigme. Un soupire franchit la barrière de ses lèvres percutant le silence de la chambre.

Elle veut le connaître.

***

Se sentir observer. Une sensation désagréable dont il est difficile de se soulager. La jeune lycéenne poursuit son chemin ayant peur de se retourner. Elle ne sait ce qu'elle découvrira en le faisant. Son pas se fait plus vif, ses cheveux fendent l'air tandis qu'elle rejoint son établissement. Comme chaque jour depuis sa seconde, elle n'apprécie guère franchir cette grille. Qui le serait en sachant que les moqueries sont constantes.

La présence derrière elle se fait plus forte. Elle traverse au plus vite la cours atteignant le hall dans lequel elle se sent plus en sécurité. L'est-elle vraiment ? Elle en doute. Elle ne peut se protégée entre ses murs, pas alors que son regard se pose sur ses camarades. Ses amies comme ces dernières aiment se nommer. Des amies qu'elle rêve de jeter à la décharge. Des amies qu'elle rêve de jeter dans une rivière. Dans un fleuve. Peut-être même dans la mer. Non, mieux, au milieu de l'océan. Une ombre se dessine devant elle. Une ombre bien trop grande pour lui appartenir.

Elle a peur.

***

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top

Tags: #unfinished