Good Version

Je voulais lui ressembler. Je voulais être son reflet. Pourtant, cela me semblait impossible. Il était la perfection que je ne pouvais devenir. Il était la bonté que je ne saurais avoir. Je ne faisais que me comparer à lui. Je cherchais la moindre ressemblance. Je ne trouvais que des différences. Je voulais être son image. Une capture de sa jeunesse. Un souvenir de ce qu'il était des années plus tôt. Je voulais retranscrire chacun des pas le menant à cette perfection.

L'intelligence. La force. La douceur. Ce sont les trois clés de sa personnalité. Je n'avais qu'à les posséder pour me rapprocher de lui. C'était si difficile. Je n'arrivais jamais à atteindre ce niveau de connaissance, de logique et de raisonnement qu'il possède. Je n'arrivais pas à surpasser tous mes camarades. Je ne restais que le dernier. Je ne restais que le plus faible. Je n'arrivais même pas à posséder une once de douceur, celle-ci se fanant avec ma maladresse.

Je travaillais plus durement que n'importe lequel de mes camarades. J'escaladais ce mur de mes propres mains. Je devenais le meilleur. Je devenais le premier. Peu importe la matière, je faisais tout pour les surpasser. Tous. Ce n'était jamais suffisant. J'étais toujours aussi loin. Ce n'étais pas assez. Il me fallait plus. Bien plus. Ce fossé était toujours présent entre nous. Je n'étais pas plus que son ombre. Je persévérais pourtant. Je faisais de chaque jour une nouvelle chance de l'égaler.

Plus le temps passait, plus je lui ressemblais. J'avais acquéri tout ce que je lui idéalisais. L'intelligence. La force. La douceur. J'avais même appris cette grâce que je ne lui connaissais pas. La légèreté de mes pas me rendais si silencieux que je pouvais aller où je voulais sans qu'on me remarque. Je pouvais me faire discret et effacer ce charisme qui attire les regards. Ce n'était pas assez. Il me manquait quelque chose.

Ce fossé était toujours présent. Il me manquait quelque chose. Il me manquait un élément. Je n'étais pas comme lui. J'étais si différent bien que si semblable. Je n'arrivais à voir ce qu'il cachait derrière toute cette perfection. Cette partie d'ombre qui le rendait si lumineux. Je voulais connaître cette part d'ombre autant qu'elle m'effrayait.

Elle me fut offerte sans que je ne fasse le moindre effort. Servie sur une plateau d'argent, elle s'est dévoilée d'un éclat si captivant. Elle a tournoyé autour de moi, m'otant toute réflexion. J'étais hypnotisé par sa prestance. Sa force. Jamais je n'aurais pu l'imaginer ainsi. Elle était si maléfique. Si sombre que je ne pouvais déceler la moindre par de lumière en elle. Et je pris peur. Et je voulus fuir. Mais il était trop tard. J'étais pris dans ses filets. J'étais son prisonnier et je n'avais plus aucune sortie de secours.

Après des jours à pleurer dans le noir, une lueur m'est apparue. D'abord faible, elle est devenue bien plus présente. Elle était là. Elle était venue pour moi. D'une main tendue, elle m'avait aidé à me relever. J'avais pu recommencer à avancer. Enfin, je voyais une sortie dans ces ténèbres. Elle était toujours là. Elle m'observait. Je sentais la froideur de son souffle sur ma nuque. J'avais ce sentiment de ne pouvoir atteindre cette porte. Elle était si loin.

Une voix. Des paroles réconfortantes. Je tendais la main pour m'en saisir. Je ne pouvais cependant pas l'atteindre. Trop loin. Trop haut. Trop bas. Trop à gauche. Trop à droite. Je ne faisais que l'éfleurer. Je n'étais jamais à la bonne hauteur. Et quand enfin je fus trop près, je me saisis de son habit. Je le maintenais de toutes mes forces. Je fus tiré en avant. J'apperçus cette silhouette. J'apperçus sa silhouette. Je n'avais qu'à rester à ses côtés pour aller mieux. Tout semblait bien plus simple désormais.

Malgré tous mes efforts pour garder cette lumière à mes côtés, l'ombre nous rattrapa et me l'enleva. Elle l'enferma dans sa noirceur l'étouffant petit à petit. Sa prise se resserrait à chaque seconde qui passait jusqu'à la déchirer et n'en laisser que des morceaux sans vie. Elle n'était plus là. Elle ne serait plus jamais là. Malgré elle, cette lueur m'avait abandonné aux griffes de ténèbres grandissant.

Je laissais tomber. Je ne me battais plus. Je ne faisais que subir le courroux de cette ombre. Je me laissais déchirer. Je me laissais blesser. Je me laissais mourir. Je ne faisais plus rien pour contrer cette menace qui m'oppressait chaque jour un peu plus. J'abandonnais totalement. Je ne voyais plus de raison de me battre. Je ne voyais plus de raison de résister. J'étais définitivement seul. Même les personnes continuant de m'entourer ne le faisaient plus que par pitié.

Je ne voulais plus créer de lien. Je restais dans la noirceur qu'était devenue ma vie. Je m'isolais de plus en plus. Je ne faisais qu'obéir en silence. Je ne faisais que les éloigner le plus possible d'elle. Je ne voulais pas qu'une autre lueur soit brisée, étouffée par ma faute. Pourtant, j'ai vue dans mes ténèbres un nouvel éclat. Je le fuyais. Je l'évitais. Je faisais tout mon possible pour ne pas lui prêter attention mais cela me semblait impossible. Comment ignorer la seule chose que l'on arrive à voir ?

Doucement, je m'étais approché. Doucement, j'avais commencer à tendre la main. Je faisais quelques pas en avant. Je reculais par crainte mais toujours je finissais par reprendre ma marche. Je m'approchais lentement de peur de l'effrayer. Je marchais lentement de peur de le voir fuir. Il devenait mon unique espoir et je voulais m'en saisir. Une voix au fond de moi me soufflais que ma lumière l'avait envoyé. Dans un dernier souffle, elle l'avait poussé jusqu'à moi, lui avait donné un chemin à suivre et lui avait permis d'un jour briller devant moi. " N'abandonne pas. Continue de te battre." C'était les paroles que j'avais perçues. Ces derniers mots.

Je saisissais cette main tendue. Je me relevais une seconde fois. Mon équilibre était précaire. Je manquais de tomber à plusieurs reprises. Je lâchais sa main plusieurs fois mais toujours était-là et un jour c'est elle qui saisit ma main. Elle la tenait si fort que je crus mes os se briser. Elle la maintenait si fermement que je sus que jamais elle ne me quitterait. Je devais la protéger de cette ombre. La laisser grandir jusqu'à ce qu'à deux nous puissions la vaincre.

Au début, j'étais encore un peu fébrile, mes doigts se desserraient parfois sans que nos mains ne se quitte. Ma petite lueur devenait plus brillante, plus forte. Elle l'était assez pour nous maintenir tous deux debout par sa seule volonté. Je luttais plus fièrement que jamais devant l'ombre, j'abandonnais de moins en moins. Pourtant, un jour ma lumière se fissura. Je sentais le mal la ronger, la briser de l'intérieur. Elle résistait. Je tentais de l'aider mais ce ne fut pas suffisant. Nos mains se lâchèrent et je la perdis de vue.

L'instant où elle disparut fut le début de mon vrai combat contre l'ombre. J'étais seul face à elle mais ma lueur m'avait donné la force de résister. Je n'étais pas seul. Nous étions plusieurs perdus dans l'ombre, depuis le début, je n'étais pas totalement seul. Cet être que je pensais perdu. Que la lumière avait dû découvrir seul quand l'ombre m'a totalement happée. Ma lueur n'a pas eu l'occasion de le rencontre. Son éclat a disparu quand j'ai compris que je devrais me battre sans lui. Quand j'ai compris que ce mal qui consumé ma lueur, c'est moi qui le créait. Je n'avais pas d'autre choix.

Les événements s'enchaînèrent sans que je ne la retrouve. Elle semblait perdue à tout jamais comme la lumière mais ma lueur était plus forte. Son éclat était suffisant pour me donner de la force et assez faible pour passer inaperçu. Je ne savais pas ce qu'elle devenait. Je me sentais si mal de l'avoir abandonnée mais je devais continuer. Je devais faire disparaître l'ombre pour la retrouver.

Je pensais qu'il me serait impossible de revoir ma lueur avant la fin de ce combat. J'avais tord. L'ombre s'était saisie d'elle et l'avait enfermé. Elle l'avait gardé prisonnière le temps de me piéger. Je la voyais se débattre sous mes yeux, supplier que je vienne la délivrer et je n'ai rien fait. Je l'ai regardé s'éteindre. Je l'ai regarder se faire consumer par les ténèbres jusqu'à ce qu'il ne reste qu'un éclat sans lumière. Un éclat qui me jugeait et qui ne voyait qu'un traite en moi. Je n'étais plus celui qu'elle voulait soutenir. Mais je n'avais pas le choix. Je devais laisser sa lumière le quitter pour que son éclat reste intacte. Je devais lui voler sa dernière étincelle pour pouvoir lui rendre quand le combat serait fini.

Encore une fois, elle m'a tenue à l'écart. L'ombre n'a fait que me blesser, laisser de larges entailles dans mon âme avant de me quitter. Cet être que j'avais perdu, cet ami que je pensais disparu, elle ne s'est intéressée qu'à lui. Encore une fois, je n'étais pas assez bien pour mériter son attention toutefois ce temps sans elle fut suffisant pour que je laisse voler cette étincelle. Suffisante pour que je sauve ma lueur, que je lui laisse l'occasion de fuir. Elle m'a simplement laissé-là et a fuit sans un regard.

L'ombre a grandi autour de moi. En moi. Tout était de ma faute. Il ne servait plus à rien de lutter. Ce n'était plus mon combat. Je n'étais qu'une victime de plus dans une guerre qui n'était pas mienne. Je ne pouvais que tenter de réparer les dégâts que j'avais causé. Seul. Je ne pouvais plus me cacher derrière quelqu'un d'autre.

Wrong Version

L'année de mes quinze ans fut bien plus dure que je ne l'aurais jamais imaginé. Je crois c'est cette différence que je ressentais quand je voyais mes parents, cette différence qui s'intensifia à mesure que les années passaient. Je n'étais pas comme mon père. Je n'étais pas aussi courageux. Je n'étais pas aussi intelligent. Je n'étais vu que comme un être égoïste alors qu'il était la bonté incarnée. Je n'avais pas cette poigne, cette allure de leader. Je n'étais qu'un moins que rien. Je n'avais pas le droit d'être son fils.

Rien ne prédisait ce qui allait arriver. Rien ne prédisait ce qu'allait être mon avenir. Je ne faisais que mon possible pour lui ressembler. Je courais derrière lui alors que je n'avais que des chimères devant les yeux. Rien ne prédisait ce que j'allais devenir. Rien ne prédisait qui allait être mes proches, qui allait me quitter. Je n'étais que perdu dans un univers où j'étais un étranger.

J'étais sûrement celui qui travaillais le plus dur, je pense même que personne n'avait le même investissement que moi. Et pourtant ... ça n'a pas été suffisant, c'était comme rattraper des années sans avoir étudier en quelques mois. C'était comme impossible. Je ne pouvais pas être le premier aussi facilement. Je devais rester second encore un instant. L'intelligence n'était pas encore présente. La force physique me manquait. Je n'avais pas sa bonté. Toutefois, j'avais sa détermination et sa rage de vaincre. Tout n'était pas perdu.

Je lui ressemblais de plus en plus. Je devenais son reflet aussi bien moralement que physiquement. Ce n'était pas assez. Il me manquait quelque chose cette petite part d'ombre qu'il ne voulait pas encore me dévoiler. Elle attisait ma curiosité. Elle devenait ce que je voulais le plus au moins. Je la chérissais. Je la contemplais. Cette ombre un jour je la posséderai. Un jour, elle sera mienne.

Le temps défilait. Le temps s'écoulait et jamais cette ombre ne se dévoilait. Jamais elle ne voulait révéler ses secrets. Je ne pouvais qu'attendre encore et encore sans jamais être assez bien pour égaler mon père. Je devais trouver son secret. Je devais l'égaler ou jamais je pourrais être son fils.

Je découvris un jour les ténèbres de son âme. Ils étaient omniprésents, poignants. Je ne pouvais pas leur échapper. Je rejetais tous ceux qui m'entouraient. Je tentais de rester seul mais pas une fois ils ne m'ont écoutés. Ils voulaient m'aider. Ils voulaient comprendre. Je n'avais pas assez fui.

Mes amis les moins proches comprirent les premiers à moins qu'ils n'aient été lassés par mon comportement. Pourtant, l'un d'eux resta malgré tout. Quoique je dis, quoique je fasse, cela ne changeait rien. Il voyait ma froideur comme le reflet d'un désespoir intense. Il voulait m'aider à trouver une solution mais je savais que ce n'était qu'une question de temps avant que les ténèbres ne le découvrent.

Mes défenses finirent par tomber. Toute cette douceur, toute cette attention. C'était si agréable, si différent de cette constante violence. Je ne pouvais la refuser plus longtemps. Elle m'aidait à tenir, mes autres amis recommencèrent à s'occuper de moi avec attention, ce n'était plus une question répétitive qu'ils disaient sans cesse. Tout allait pour le mieux mais je ne pouvais arrêter d'avoir peur.

Il fut découvert. Il se dévoila aux ténèbres. Je n'ai dans un premier temps pas su. Malheureusement, vint le jour où je dus affronter la réalité. J'avais oublié la présence poignante de ces ténèbres pour ne m'en souvenir que le où je fus privé d'une lumière qui m'était devenue essentielle.

Je me sentais responsable. Je me sentais coupable. Tout autour de moi se détruisait et je ne pouvais que mentir. Je ne compte plus le nombre de fois que j'avais tenté de mettre fin à tout ça. J'ai bien vite perdu le fil. Ils me surveillaient. Ils s'assuraient que je ne ferais rien de regrettable et mes amis m'aidaient sans rien pouvoir faire, surmontant leur propre peine.

Je m'isolais.Ils s'éloignaient. Au final, un me détestait, un restait à mes côtés et les autres abandonnèrent. Je n'acceptais plus personne autour de moi. Je chassais quiconque voulait devenir mon ami. Toutefois, au lieu de me rendre asocial aux yeux des autres, je devenais l'inaccessible que beaucoup voulait obtenir. Vint alors cette personne plus insistante que les autres, plus captivante. Nous étions si similaires et opposés à la fois. Je le fuyais plus que les autres mais cela été trop difficile.

Je le fuyais néanmoins doucement cette fuite me rapprochait. Je ne pouvais qu'être plus proche. Je prenais pourtant beaucoup de temps pour l'approcher . J'avais peur qu'il fuit j'avais peur que lui montrer cette part de moi ne soit trop dure à supporter pour lui. Je ne pouvais qu'aller au plus lentement possible. Je le voyais comme une nouvelle accroche comme un envoyé de cette lumière perdue. Je ne faisais que le tirer au plus bas. Je lui volais sa lumière.

Je le laissais m'approcher. Je le garder toujours plus près et une jour je brisais cette nouvelle paix. Ils l'avaient vus. Ils l'avaient dénoncé. Cette lumière nouvelle fut plus près d'eux et je me devais de faire le pire pour la protéger. Je ne pouvais que la détruire pour qu'elle vive. Je ne pouvait la laisser s'éteindre. Pas encore. Une fois fut beaucoup trop dure.

Les début furent difficile. Je n'arrivais pas à relâcher cette ombre toutefois avec le temps elle plus plus présente. Je le protégeais et ensemble on vainquait les ténèbres. Je retrouvais un être perdu. Je le laissais m'entraîner dans un combat qui me sauverait d'eux. Mais je dus faire un choix difficile.

J'avais accepté le combat. J'avais accepté ces possibles conséquence. Cependant, j'avais dû briser cette lumière. Je l'ai forcée à me détester. J'avais tout ait et j'avais réussi. Le combat pouvait vraiment commencer. Cet être retrouvé, un chasseur de prime et moi-même cherchions un moyen de détruire ces ténèbres. Il fallait que ma lumière ne soit plus à mes côtés. Je devais plonger dans l'ombre.

La suite s'enchaîna rapidement, ce ne fut qu'une succession de recherches, des complots et des âmes perdues. Je tentais de rester à la surface, m'accrochant à l'idée qu'il soit en sécurité. Les ténèbres ne le voyait plus, il apparaissait comme un jouet entre mes mains que j'avais jeté avec d'autres déchets. Je devais détruire ces ténèbres pour le sauver. Cela paraissait impossible. Je n'allais jamais le retrouver.

Je savais que je risquais de le revoir rapidement. Je le sentais. Je n'étais jamais complètement rassuré. Elles n'étaient jamais loin, elles aussi doutaient. Elles aussi attendaient une erreur de ma part. Je l'avais commise depuis bien longtemps. Bien avant de l'abandonner. Ce n'était qu'une preuve de plus. Les ténèbres l'avaient prise. Elle n'avaient pas cru en mes paroles. Non, elles l'avaient gardé prisonnier le temps que je commette une ultime épreuve. Je fus prisonnier à mon tour et je ne pouvais qu'observer ses yeux emplis de larmes. Je ne pouvais que regarder cette frayeur peinte sur son visage. Il se faisait consumer par les ténèbres sous mes yeux. Sa lumière s'éteignait. Il ne cherchait plus mon aide.

J'ai tout fait pour le sortir de là, mais je ne pouvais pas. J'avais été mis de côté. Je n'étais que l'enfant arrogant qui voulait surpasser son père. Je n'étais que celui qui allait briser tout ce qu'il avait construit. Alors elles me punissaient. Elles le blessaient. Elles le torturaient. Laissé sans vie, j'ai attendu l'occasion de lui prier de s'enfuir. Il ne réagit pas dans un premier temps, j'eus peur qu'il reste. J'eus peur de ce qui pourrait lui arriver. Et finalement, je le vis partir en courant.

Les ténèbres s'étendirent. Elles m'entouraient. Elles gagnèrent mon âme. Je luttais en vain. Je n'avais plus aucun pouvoir. Je ne pouvais qu'attendre qu'ils agissent. Je ne pouvais qu'attendre la fin. Elles partirent. Elles me laissèrent mais je savais que je saurais bien vite le dénouement de cette histoire. J'attendais encore et encore. Je priais. Trois coups de feux retentir. Tout était perdu.