Parasite


Prologue

« La vie est un long fleuve tranquille. » Je ne sais pas qui a inventé cette citation, mais il se trompe. La vie n'est pas un long fleuve tranquille, est si elle l'est pour quelqu'un, cette personne a eu énormément de chance. Déjà commençons par le début, « long ». La vie n'est pas toujours longue, elle peut s'arrêter alors qu'elle vient tout juste de commencer. Alors qu'on est à la fleur de l'âge. Alors qu'on est proche de la réussite. La vie se fini sur un hasard. Ceux qui ont une vie longue sont les plus chanceux.

Fleuve, le seul mot censé de cette citation. Un fleuve est à la fois calme et agité. Il change au grès des influences extérieures, comme la vie. Tranquille ne va pas avec la vie, elle n'est pas tranquille, parce que l'influence des autres est devenue trop forte. L'homme ne peut vivre seul, mais en trop grand nombre devient mauvais. L'homme ne veut vivre dans la misère, mais ne peut vivre dans un monde confortable sans tout détruire. L'homme est la définition de l'égoïsme même.

A cause de ces hommes, j'ai perdu la seule personne que j'aime. Une personne douce, qui ne demandait pas beaucoup, juste un peu d'attention et de quoi survivre. Il n'était qu'un grain de poussière dans notre monde, mais ils ont décidé de l'éradiquer. Il était trop différent, disaient-ils. En quoi était-il trop différent ? Il était juste unique, le seul de son espèce à subsister. Le seul qui ne chercher pas à tout détruire.

Vous vous demandez peut-être de qui je parle, ou alors ça vous est égal. Vous vous demandez peut-être qui je suis, ou alors c'est sans intérêt. Cependant, si vous êtes là, autant vous raconter. Je pense que votre présence indique que vous avez du temps à perdre, ou alors je viens de vous rappeler quelque chose de plus important, mais peu importe, je vais juste vous raconter.

Je m'appelle Min Yoongi, j'ai maintenant trois cents ans, mais je crois qu'à votre échelle ça n'en vaut qu'une vingtaine d'années. Je suis ce que vous appelez un vampire. Un être assoiffé de sang qui tue les humains pour son propre plaisir. Ce n'est pas vraiment le cas, on mange comme vous en faites, bien que le sang soit primordial pour garder notre beauté. Le mal est représenté par l'être humain et non le vampire. Si vous en êtes, je ne m'excuserais pas de mes paroles elles sont toutes pensées. A moins que vous soyez comme lui. Oui, lui, parlons de lui.

Il s'appelait Taehyung quand je l'ai rencontré, il n'avait que dix-sept ans. J'avais dès le début senti son odeur si particulière, celle qui différencie les hommes de nous, mais il avait quelque chose de différent : lui n'avait pas peur de moi. Non, lui s'était approché de moi. Lui m'avait salué. M'avait souri. Il n'était pas parti, non, il était resté toute la nuit, m'écoutant sans ciller.

A cette époque, les humains n'avaient pas totalement conscience de notre existence, juste l'état, qui nous gardait sous « contrôle ». En vérité, c'était plutôt l'inverse qui était vrai. Nous voulions sauver notre mère la Terre, celle qui nous a laissé naître. Celle qui nous a laissé vivre, mais ils ont tout gâché en quelques années seulement, mais revenons-en à Taehyung. Oui, Taehyung.

A ce notre rencontre, je ne savais rien de lui. Il ne me parlait jamais de lui, mais je savais qu'il cachait quelque chose. Quelque chose de très important. Cependant, je n'en avais rien à faire, je voulais juste rester avec cet être qui me fascinait. Chaque jour, je lui parlais un peu plus de ma vie, les pays que j'ai visités, les personnes que j'ai rencontrées. Je lui ai tout raconté dans les moindres détails, et lui semblait tout noter dans son esprit.

Un jour, je lui ai demandé pourquoi il ne me parlait jamais de lui, j'étais contrarié. Pour la première fois il a eu peur. Je lui ai fait peur, mais je ne voulais pas. Je voulais juste en savoir plus sur lui. Il est parti en courant ce jour-là, je ne l'ai plus vu pendant une semaine, puis deux. Le temps me paraissait incroyablement long sans lui.

C'est alors que tout a dérapé. Les températures étaient à leur sommet. La pollution trop présente. On devait agir, et on l'a fait. En l'espace d'une nuit, la population d'être humain a diminuée, d'abord des dizaines, puis des centaines, jusqu'à devenir des millions. Cinq cents millions au total. Taehyung n'en faisait heureusement pas parti. Il était gentiment retourné au lycée le lendemain, juste effrayé à ma vue. Je le suivais partout, m'assurant que seuls ses camarades meurent, mais pas lui. J'avais encore envie d'en apprendre sur lui.

Une deuxième nuit passa, emportant le même nombre de morts avec elle. Il est si simple de tuer les humains, mais je sens mon âme se noircir à chaque meurtre, car oui, même pour nous ce sont des meurtres. Nous haïssons cela, mais ils ne nous avaient pas laissez le choix. La Terre doit vivre, même sans eux.

La troisième nuit, j'avais emmené Taehyung avec moi, sur une île déserte, juste nous deux avec le temps qui passe. Il restait effrayé, mais après quelques jours, je l'avais convaincu que lui je ne le tuerais pas, même si j'ignorais pourquoi. Je repris alors mon habitude lui racontant mon passé, et pour la première fois, il me parla de lui.

Son père est un influent ministre, un de ceux qui mourrait en dernier. C'est ce qui expliquait son calme à notre rencontre, son père lui avait parlé de nous, lui disant que l'on était sans danger pour l'homme, mais qu'il avait eu tort et qu'ils auraient dû nous tuer dès le début. Son père a dès le début de notre action regretté ce traité de paix. Ils ont alors agi. Après la mort de quinze millions d'êtres humains, tous les pays sont passés à l'action. Ils ont révélé notre existence utilisant cette appellation que l'on déteste tant : Monstres assoiffés de sang.

Je ne pouvais pourtant pas lui en vouloir. Nous détruisions leur espèce. Nous les éliminions un à un, épargnant uniquement les jeunes enfants, qui auront une chance de partir du bon pied. Eux auront une chance de nous aider à sauver la planète. Leurs parents non. Nous savons aussi qu'il existe aussi des indigènes, vivant simplement, usant uniquement de ce dont ils ont besoin. Eux aussi vivront. Leurs enseignements seront précieux, pour tous ces jeunes enfants. Nous devons leur apprendre à vivre ainsi, en harmonie avec la nature.

Je protégeais Taehyung chaque jour jusqu'à la fin de ce massacre, mais tout ne se passa pas comme prévu. Les humains nous trouvèrent. Ils voulurent nous éliminer. Taehyung était devenu un traitre. Il avait trahi son espèce en restant avec moi. Ils étaient nombreux, trop nombreux. Ils étaient armés. Je ne risquais rien, sachant que les balles ne risquaient pas d'atteindre mes points vitaux. Je ne pouvais toutes les éviter, mais je pouvais me déplacer pour qu'elles ne causent aucun dégât.

Je recevais des dizaines de balles. Je ne pouvais protéger Taehyung. Si un vampire peut survivre à des milliers d'entre-elles, ce n'est le cas d'un humain. Il perdait du sang, je le sentais. Je n'ai rien pu faire pour le sauver. Tout ce que je pouvais faire, c'était choisir entre le regarder souffrir ou abréger ses souffrances. Je ne pouvais supporter son état. Il suffoquait, il souffrait. Je n'avais pas eu le choix. Rien ne pourrait plus le sauver. C'était trop tard. Si seulement j'avais été un peu plus vieux. J'aurais pu le sauver. J'aurais pu le transformer. Même deux cents ans après, je regrette de n'avoir réussi à le sauber.

Depuis ce jour, je hais plus que tous les humains. Ces êtres égoïstes et sans pitié. Peu importe que les enfants que nous avons sauvés soient différents. Pour moi, ils sont tous les mêmes. Je ne me mêlais pas à eux. Pourquoi le faire ? Je ne les aidais pas. Je ne leur enseignais que la peur. Je les laissais vivre, pour moi c'était déjà un immense cadeau. Malgré tout, l'un d'eux me suivait. Il n'arrêtait pas de me coller, demandant mon attention. Je l'évitais plus que les autres. Il avait son odeur, à la fragrance près. Leur odeur étaient identiques, ce qui me poussait à m'éloigner encore plus. La douleur est trop forte.

Chapitre 1 : Laisse-moi tranquille !


Je descends les escaliers, rejoignant la salle de classe d'un des bâtiments où les enfants humains ont été accueillis. Depuis maintenant près de deux cents ans, neuf dixièmes de la population humaine a été décimé de la Terre. Après cela, l'environnement est progressivement devenu plus pur, les jeunes humains étant plus sages que leurs parents. J'ai été choisi pour leur enseigner notre art de vivre, cependant, j'en ai perdu l'envie dès la fin de l'extermination. Appelons les choses comme il se doit.

Je suis devenu professeur d'histoire, racontant crument les raisons de la mort de leurs grands-parents et arrière grands-parents dès qu'ils sont en âge de supporter la vérité. Certains se rebellent, ils sont tués sur le champs. D'autres vivent dans la peur, agissant selon nos souhaits. Et enfin, les derniers ne prennent pas en compte se passé, préférant se concentrer sur l'avenir. Ce sont les plus sages, les plus rares aussi. Je n'en ai croisé aucun sur les centaines d'élèves que j'ai eus.

J'entre dans la salle, le silence retombant dès que mon regard se pose sur eux. J'ai été surnommé Suga en référence à cette peau blanche comme du sucre qui n'est pas aussi courante que les humains le pensaient. Je suis vu par mes élèves comme un être vicieux, capable de commettre des crimes odieux sans ciller. Malgré tout, ils me voient comme une victime de mon peuple. Quand je l'ai appris, je me suis délecté de leur peur, leur apprenant que je ne suis nullement une victime de cette société. Venez donc me tuez si je suis aussi vincible. L'effarement me réjouissait, dans le fond je suis sûrement ainsi.

La classe que j'ai face à moi, je m'en passerais bien, malheureusement, ce n'est pas comme si j'avais le choix. L'un d'eux en particulier m'agace plus que tout. J'espère que ce cours lui sera fatale. Je n'ai pas besoin de parler pour qu'ils sortent un des livres qui ont été conçus pour l'éducation humaine. Cependant, le chapitre dont je vais leur parler n'est pas dans leur ouvrage. Il ne faudrait pas que l'un d'eux tombe dessus par mégarde.

« Rangez vos livres, vous n'en aurez pas besoin aujourd'hui. » Ils s'exécutent comme de parfaits petits chiens, sauf que ces derniers n'ont pas faillis causer la mort de la Terre. « Je vais vous parler d'un sujet qui me tient à cœur. Il faut dire que j'étais présent à ce moment-là. » Je leur raconte, voulant leur inspirer la plus grande peur possible. D'autres professeurs d'histoires se garderait d'avouer avoir été présents. Pas moi. Si je peux seulement les éloigner. Je perçois le regard admiratif de cet élève, souriant en pensant à quel point il allait me haïr par la suite.

« Nous avons à l'époque décider de vous parler de cet évènement uniquement à vos dix-sept ans. Libre à vous de réagir comme bon vous semble. » Libre à vous de causer votre perte surtout. Un regard interrogatif. Au revoir l'admiration, tu ne me manqueras pas. « Deux cents ans plus tôt, la Terre que nous connaissons aujourd'hui n'était que pollution, perversion et égoïsme. Vos ancêtres, vos arrière-grands-parents et peut-être même vos grands-parents ont contribué à cette déchéance. » Son regard me quitte. Ça fait tellement de bien. Sens-toi coupable si tu le souhaites, je n'en serais que plus ravi. La plupart de mes élèves sont déconcertés. Ils ne savent quoi penser de cela. Peut-être certains se doutent-ils déjà de la suite des évènements.

Sa main se lève surprenant tous ses camarades, lui qui ne suit que peu, lui qui ne participe jamais. Je suis dans un jour de bonté et l'interroge, attendant de savoir qu'elles seront ses premières paroles. « C'est pour ça que vous nous détestez ? Je veux dire, vous avez vécu alors que la Terre agonisait cela ne m'étonnerait pas que vous nous en vouliez tous. Après tout, ce sont nos ancêtres vous avez toutes les raisons de les voir à travers nous. Alors, c'est pour ça que vous nous détestez ? »

Je reste figé un instant. Jamais quelqu'un ne m'a posé cette question. Jamais quelqu'un n'a eu ce genre de raisonnement, ou ne m'en a fait part. Je sais quoi lui répondre, mais pourquoi donc le faire ? En quoi le savoir l'avancerait-il ? Je souris amusé, me tournant vers mon bureau où un carnet est posé depuis mon arrivé. Je l'ouvre, relisant la fiche de cette élève. Il a un parcours exemplaire, de très bonnes notes, rien de bien intéressant. Je ne trouve aucune information qui peut le différencier des autres. Comment différencier ces élèves avec des relevés de notes et une photo ?

Je le referme d'un mouvement sec. « Bien, plutôt que de poser des questions inutiles concentrez-vous ou posez-en de plus ... » Je soupire le regardant froidement. Pourquoi n'apprend-on pas à ces enfants qu'ils devraient plutôt nous craindre ? « Quoi encore. » Mon ton est froid, sans appel. Tout être censé se douterait qu'il ne faut me contrarier plus.

« Je sais que vous avez fait un carnage cette année-là, je peux sortir ? J'ai oublié de faire mes maths, vous devriez savoir à quel point le professeur Kim Seokjin est intransigeant. » Je fronce les sourcils. Il ne devrait pas le savoir. Qui lui a dit ? Comment l'a-t-il appris ? « Vous n'avez certes pas mis ce chapitre dans ce livre, mais il est dans ceux de la bibliothèque. » M'apprend-t-il montrant son propre manuel d'histoire. « Vous devriez mieux les cacher. Je peux y aller ? »

« Assis-toi et tais-toi. Que je ne te vois pas faire autre chose pendant ce cours. » Il se rassoit en souriant. « Bien j'espère pour vous que c'est fini. Comme je le disais, vos merveilleux ancêtres n'ont fait que pourrir notre planète un peu plus chaque jour, sans même essayer de la sauver. Nous avons dû agir. »

« Et quoi ? Vous avez décidé de les tuer ! » S'écrie une jeune lycéenne. Elle, elle va mourir, je me réjouirais presque de ne plus l'entendre geindre. Ce n'est pas très moral. Je ne devrais pas apprécier la mort d'une de mes élèves. Je ne peux m'en empêcher. Les Hommes ne sont que des êtres répugnants. « Qui êtes-vous pour décider de notre survie ! »

« Votre survie ? Parce que vous vous affiliez à ces êtres ? Qui d'entre vous pense être comme eux ? Pense être lié à eux par cette infamie nommé espèce humaine ? » La moitié des mains se lèvent, dont celle de cette première mort. Les autres sont soient des peureux soit des êtres dotés d'une intelligence suffisante pour connaître le sens de cette question. Un rire retentit dans la salle alors que le regard de tous se tourne en direction du trouble-fête.

« Vous êtes des imbéciles. Vous venez clairement de dire à un être qui haït l'espèce humaine que vous en faites partis. » La lycéenne se lève faisant tomber sa chaise au sol tandis que j'observe la scène, intrigué.

« Dois-je te rappeler que tu es toi aussi un humain ! » Son rire continue semblant devenir un court instant une douce mélodie à mes oreilles.

« Un humain ? Moi ? Tu penses toi-même être une humaine ? As-tu vu comment nous vivons ? Nous ne sommes que des animaux enfermés dans une cage. Des animaux à qui l'on fait croire pouvoir vivre librement alors que c'est faux. » Il la dévisage avec dédain, se moquant ouvertement d'elle. « Sais-tu ce que les humains comme toi faisaient aux animaux qui étaient déviants ? Ils les catégorisaient comme dangereux, ainsi ils pouvaient les tuer sans que personne ne dise quoique ce soit. Il semblerait que vous êtes des animaux dangereux et ce n'est pas lui qui vous sauvera. »

« Arrête de te moquer de moi ! Toi aussi tu es humain ! Ça ne te fait rien de savoir qu'ils les ont tués impunément sans réfléchir à ceux qui ne méritait pas ce sort ! » Ses mains s'abattent sur la table de cet élève qui me parait soudainement bien plus intéressant.

« Tu veux que je m'apitoie sur leur sort ? Tu es bien amusante, pourquoi m'apitoierais-je sur le sort des hommes qui m'ont condamné à rester enfermé dans une cage ? Peut-être ai-je toutes les caractéristiques pour être considéré comme eux, mais en aucun cas je ne vengerais cette espèce. » Un claquement retentit la joue de cet étudiant prenant une couleur rougeâtre. Je me décide d'intervenir attrapant la main de l'adolescente qui semblait prête à recommencer.

« Peut-être devrais-je vous tuer devant cette classe pour vous laisser témoigner du monstre que je suis. » La peur traverse ses yeux, cette peur qui aurait pu la sauver si elle n'avait fait preuve d'une profonde idiotie bien plus tôt. « Ne t'inquiète pas, si ce n'est pas ici, ce sera après ce cours. Tu n'atteindras jamais la salle de Seokjin comme tous les élèves que tu as condamnés par ta bêtise. » Je murmure contre son oreille m'assurant que seul elle ait accès à mes paroles. « Retourne à ta place. »

Je rejoins mon bureau, les observant d'un air satisfait. « Bien, en soit la situation a été résumé. Pour sauver cette planète et permettre au plus grand nombre de survivre, tous les humains ; excepter les enfants assez jeunes pour n'éprouver aucun besoin de vengeance, on a décidé ceux qui ont moins de douze ans, et les indigènes, ont été éliminés. » Je m'appuis contre la surface de bois, observant chacun d'eux. « Des objections ? »

« Pourquoi ne pas nous avoir tous exterminés ? » Demande l'un d'entre eux. « Je veux dire, si les humains sont la cause du problème, détruire l'ensemble de leur espèce aurait été bien plus simple. » Je souris à cette constatation qui m'a traversé l'esprit plus d'une fois. Nous ne sommes pas comme eux, nous régulons, nous n'exterminons pas.

« Je me ferais un plaisir de m'occuper de ton cas, si tu veux te rajouter à la liste. » Un recul plutôt brusque me montre qu'il restera surement sage ne voulant risquer sa propre vie. Mon sourire doit leur faire froid dans le dos, je sens rapidement, l'odeur de la peur se répandre dans la salle.

« Est-ce que vous allez tous nous tuer ? Je n'ai pas envie de mourir et s'il faut juste respecter la Terre pour vivre, je le ferais. C'est ce que vous nous apprenez depuis le début. » J'entendis encore une fois le rire de cet élève qui semble trouver ce cours plutôt intéressant.

« Dois-je vous rajouter à cette liste ? Vous semblez tellement vous amuser, peut-être que cela vous calmera. » Son rire s'arrête néanmoins un sourire amusé reste présent sur son visage. Comme s'il était persuadé de ne rien risquer. Il s'appuie contre le dossier de sa chaise, croisant ses bras sans perdre son sourire.

« Vous ne le ferez pas, vous n'avez pas le droit. Eux peut-être mais pas moi, je n'ai rien fait qui puisse les faire penser que je suis une menace. » Un malaise est jeté sur la salle alors qu'ils comprennent que cela est réel. J'ai à peine le temps de réagir que la lycéenne revient à l'assaut se jetant sur moi. Je suis bien plus vif et l'évite sans difficulté la plaquant avec force contre le tableau. Je tourne la tête vers le reste de la classe les observant avec un grand sourire.

« D'autres volontaires ? Ou je vous montre tout de suite ce qui arrivera aux âmes récalcitrantes ? » Un silence de glace emplie la salle, mes yeux sondant quelques élèves dont lui qui est bien trop calme. Certains semblent en accord avec la jeune fille et atterriront sur cette liste jusqu'à examinassions de leur cas.

Je n'attends pas plus longtemps pour briser la nuque de la première rebelle. Son corps s'effondre au sol dans un son sourd. Des cris se font entendre cependant un d'entre eux ne fait que me fixer du regard son sourire toujours présent. La porte de la salle s'ouvre et je découvre sans surprise Seokjin qui soupire en apercevant le corps.

« Est-ce qu'un jour tu feras dans la dentelle ? Tu es le seul dont les survivants finissent traumatisés ! » Il s'avance tentant de calmer mes élèves sans que je n'intervienne reportant mon attention sur lui. Pourquoi est-il le seul à ne pas crier et se sentir effrayer face à un cadavre ?

Chapitre 2

Je m'avance en direction de mon prochain cours, le sentiment d'être suivi s'insinuant de plus en plus en moi. Je prends une inspiration reconnaissant l'odeur du sang humain, du sang de cet humain. Je m'arrête faisant mine de resserrer le lacet d'une de mes chaussures. Je veux être sûr qu'il ne s'agit que d'une impression. J'inspire une nouvelle fois son odeur est bien plus forte. Une troisième. Je tourne la tête le voyant accroupis à ma droite.

« Je ne savais pas que vous respirez. Vos livres contiennent des erreurs, ils affirment le contraire. » Son ton m'agace totalement, cependant je ne peux m'occuper de son cas. La puce toujours implantée dans son cou avertirait immédiatement mes supérieurs. « Ou alors... vous vous assuriez que je ne vous suivais pas. Je le faisais, je suis curieux. Combien de temps vous faut-il pour comprendre ? » Je me relève en même temps que lui, percevant le sourire satisfait étirant ses lèvres.

« Vous n'avez pas compris. » Affirme-t-il. « Kim Taehyung. Vous connaissez ce nom, n'est-ce pas ? » Je retiens un frisson à ce nom, nom cœur tentant de revivre aidé par la douleur. « Vous le connaissez et vous vous demandez surement comment, moi, je le connais. Vous n'avez pas une petite idée ? Peut-être qu'une nouvelle inspiration pourrait vous aider. » Intrigué. Il me laisse ainsi partant quand je ne peux que l'observé toujours surpris.

J'arrive dans ma seconde classe de la matinée, observant le phénomène de celle de ce lycéen. « Rangez vos livres. Ils ne vous seront d'aucune utilité aujourd'hui. »

***

« Y'a pas à dire Yoongi-hyung, c'est toi le meilleur ! » Un poids s'abat sur mon à peine j'ai le temps de poser mes affaires sur mon bureau. La salle des professeurs est toujours pleine le midi, cette période étant idéale pour finaliser les leçons du jour. Aujourd'hui, elle va me servir à obtenir des informations sur cet élève.

Je me dégage de la prise de mon collègue avançant jusqu'à la borne d'informations. « Suis-je en plein rêve où Min Yoongi s'intéresse finalement à ces élèves ? » Je sens le ton amusé dans sa voix, cette moquerie qu'il retient car, je recherche des informations sur lui. Je navigue dans l'interface ne trouvant ce que je cherche.

« Aide-moi au lieu de dire des bêtises. Je veux la liste des élèves de 3-A. » Il me regarde surpris mais s'exécute tout de même me sortant sans le moindre effort la liste. « Tu peux la transférer sur ma boite mail ? » Il pianote quelques secondes coupant par la suite le terminal riant discrètement.

« Un élève pose problème ? » Je hoche la tête retournant à mon bureau toujours suivi de mon collègue. Je m'assois ne tenant compte de l'enseignant dont j'ai une fois de plus oublié le nom. « Je m'appelle Jimin ! Est-ce trop te demander de retenir mon nom ? »

« Tu as cet élève en cours ? » Je montre la ligne de renseignement qui est quasiment vide. C'est étonnant en comparaison avec les autres qui sont trop fines et demande un réajustement. « Tu sais quoi de lui ? » Il m'observe étonné avant de parcourir le fichier de l'élève. Sans me donner de réponse, il retourne à la borne et transfère une nouvelle fois le fichier sur son propre ordinateur.

Il parcourt le fichier et sort sa fiche la transférant sur mon ordinateur. Je ne comprends pas pourquoi, les deux étant identiques, ce que je lui fais vite remarque. « Je sais qu'ils ne veulent pas que tu ais d'informations sur lui. La fiche semble contenir un programme effaçant chaque donnée excepté celles de base. »

Je me retourne observant avec attention la fiche remplie. Je n'ai le temps de tout lire que l'imprimante se met en marche. Jimin se lève et part chercher un fin dossier qu'il me tend. « Cache-là et fait en sorte que personne ne sache que tu fais des recherches sur lui. » Je hoche la tête, le remerciant avant de retourner à mon bureau.

Il a fermé les fenêtres et supprimé la totalité de mon historique lié à ce lycéen mettant en avant sa camarade que j'ai exécuté dans la matinée. Je relève ainsi ses informations, l'entrant dans la base des décès par rébellion. Je prends le temps d'agrafer son dossier, le rangeant dans ma pochette de cours. Jimin s'occupe souvent d'imprimer ces derniers à ma place, ceci ne pouvant surprendre nos collègues et supérieurs. Je laisse de côté mon impatience attendant d'être seul dans mon appartement.

***

Le soir arrive me laissant quitter la cellule éducative. Je m'enfonce sans peine dans les rues de pierres atteignant les restes de l'ancienne civilisation humaines. Certaines de leurs villes sont demeurées intactes tandis que les autres ont été détruites. Chaque architecture électrique a été retravaillé, l'utilisation de véhicules réduites au strict minimum. Nous vivons où l'on a besoin de nous.

L'ancien bâtiment est dans une capitale où vivait des millions d'humains. Une capitale que j'ai fuie pendant plus de cinquante ans avant que l'on ne me rappel. Ce bâtiment, cet appartement, cette ville. C'était les siens comme s'il l'on souhaite me punir de ma vie passée.

Je m'assois sur mon canapé profitant du calme inexistant dans les structures scolaires. Je souffle de soulagement, une fois loin de l'odeur humaine. Même la sienne a complètement disparu alors même que je voulais la conserver. Le temps défile sans que je ne bouge ma tête renversée sur le dossier du canapé. J'observe le plafond jauni par une fumée nocive, celle dont je voulais le priver, celle qu'il créait en cachette.

Je me redresse quelques temps plus tard prenant le dossier de cet élève. Je vais pouvoir en apprendre plus sur lui et comprendre ce qu'il insinuait. J'étale le dossier prenant directement son arbre généalogique. « Jeon Jungkook fils de Kim Yura et Jeon Wonho, petit-fils de Park Sora et Kim Junghyun et arrière-petit-fils de Kim Saeron et Lee Minseok. » Je me fige à cette lignée. « Kim Saeron, fille de Kim Taejun lui-même le fils de Kim Minah, la sœur de Taehyung. »

Je sursaute en entendant quelqu'un toquer à la porte. Personne ne vient jamais chez moi, même Jimin qui cherche pourtant à devenir mon ami. Je range à la va vite le dossier dans mon sac, venant ouvrir à l'intrus. Je fronce les sourcils en découvrant mon élève tout rire. « Qu'est-ce que tu fais ici ! Tu devrais être dans ta chambre ! »

« Vous vous inquiétez pour moi ? C'est mignon ! » Il rigole se moquant ouvertement de moi. « J'ai reçu un mail me demandant d'apporter des documents relatifs à la structure mise en place pour les cours des primaires. C'est pour mon professeur nommé Min Yoongi. De plus, si passé vingt-et-une heure, je n'ai pu atteindre le lycée, je devrais dormir chez lui pour veiller à la sécurité des citadins les plus jeunes. »

Il me tend son téléphone contenant le message en question ainsi que l'heure : vingt heure trente. Il ne sera jamais rentré à temps et son sourire me prouve qu'il le sait. « Et il t'a fallu plus d'une heure pour trouver ? » Je me demande pourquoi envoyer un élève et ne pas simplement me l'envoyer via le réseau. Ce doit avoir un rapport avec ces données s'effaçant d'elles-mêmes.

« Je me suis perdu. » Avoue-t-il sans que je ne puisse savoir s'il s'agit réellement d'un mensonge. Il n'est pas censé avoir besoin de sortir et doit donc ignorer la structure de la ville. « Jimin m'envoie. Il m'a transmis le message disant que c'est plus... pratique pour lui et plus logique aussi. Il m'a donné l'autorisation de sortie. »

Un paquet de feuilles arrivent entre mes mains, le rapport de cette réunion imprévue et l'autorisation. Elle ne signalait pas l'a transmission d'un rapport mais des cours du soir à mon domicile pour ma matière. Un énorme mensonge bien que son niveau soit étrangement bas au vu de ses connaissances. Je ne peux qu'en devenir complice si je ne veux pas avoir la sanction de Jimin sur la conscience.

Je sors mon portable près à interagir avec mon collègue quand je remarque une conversation que je n'avais pas débuté. Je ne lui ai envoyé aucun mail pourtant l'un venait de mon adresse et il m'a répondu. Je soupire en constatant le piratage de ma boite mail par mon collègue. Je reste malgré tout surpris qu'il puisse aussi bien retranscrire ma manière de lui parler. Il semble me connaître bien plus que je ne le souhaite.

« Très bien. Je présume que je n'ai pas le choix, entre. » Il me sourit ne me laissant l'occasion de me répéter pour s'exécuter. Je profite de son passage pour percevoir le plus possible sa fragrance. Je me rends compte qu'elle est bien plus proche de celle de Taehyung que je ne l'avais perçu. Une unique pointe change complètement son odeur. Du parfum. Je referme la porte dans un claquement me retournant face à lui qui m'observe surpris. « Comment en as-tu eu ? C'est interdit ! On est censé percevoir ta véritable odeur ! »

« Un des gardes à l'entrée de ton bâtiment, il m'en met tout le temps. C'est ce qui m'a interpellé : Pourquoi juste ton bâtiment ? Tu es le seul avec qui j'ai cours là-bas. Alors pourquoi toi ? Tu le sais maintenant ? » Pour la première fois, son sourire se fane alors qu'il me regarde. Il paraît inquiet et je ne peux qu'en être satisfait.

Je m'avance, le voyant reculer à mon rythme. Je souris quand il se retrouve coincé contre un mur, à ma merci. Je m'assure qu'il ne puisse fuit, avant de lui parler d'un ton menaçant. « Ne me parle plus de lui si tu tiens à la vie. Tu n'es pas sous le règlement ici. »

« Ils savent que je sais. Jimin me l'a dit, alors je ne peux pas te le dire. Je ne peux pas si tu ne sais pas. Mais tues-moi si le souhaite. Cependant, je ne pourrais pas te le donner. » Je recule soupirant, il n'a fallu qu'un instant pour qu'il reprenne confiance en lui. Sachant qu'il me suivra surement comme un bon petit chien, je retourne à mes occupations décidant de l'ignorer. Je me rassois sortant son dossier pour continuer de l'étudier.

Un excellent élève, cumulant peu de problème. A éloigner de Min Yoongi. Une mise à jour quelques années plus tard attire mon regard. Laissé dans son cours car perte totale d'intérêt et turbulence avec un autre professeur. Caractère semblable à TxxHxxxx. Odeur proche de TxxHxxxx dans sa jeunesse. Il faut masquer son odeur. Je jette violemment le dossier sur ma table basse faisant sursauter Jungkook. Il se lève un court instant le récupérant pour le lire à son tour.

« Vous enquêtez sur moi maintenant ? » Je soupire me rendant dans la cuisine. Il n'a surement pas mangé et je ne veux pas être en plus dérangé par son estomac. Comme prévu, il me suit continuant sa lecture. Il s'assit à table comme s'il avant compris que je m'apprête à faire. « Donc ils voulaient vraiment m'éloigner de vous. Je voulais que vous le sachiez comme ça j'aurais pu vous demander pourquoi. Après tout, c'est toujours lié à ma famille. Qui me dit qu'ils n'ont pas fait la même chose avec ma mère et ma grand-mère ? »

« Ca ne fait que cinquante ans que je suis revenu. Je n'avais aucune chance de rencontrer ta grand-mère et pour ta mère... J'ai commencé à enseigner à des collégiens, quand elle l'est devenu je me suis occupé uniquement des primaires. Ce n'est qu'après son départ qu'ils m'ont affecté à ta section. Ca doit faire vingt ans à peu près. Je n'avais aucune chance de la rencontré. »

Je soupire en allumant le gaz. Je ne suis pas un grand chef néanmoins, je me débrouille suffisamment pour obtenir un goût potable. Il décide soudainement de se lever et venir observer ce que je fais rigolant soudainement.

« Je n'aurais jamais cru vous voir cuisiner. Je présume que vous pouvez quand même manger comme nous. » Je coupe l'alimentation de gaz, laissant la casserole en place. Quittant la pièce, je lui fais signe de se servir n'ayant pas fait suffisamment pour céder à un caprice personnel. « Merci. » Je tourne vivement la tête ne l'ayant entendu arriver, il mange avec un grand sourire qui s'agrandit en croisant mon regard. « Du coup on fait quoi ? »

« Fais ce que tu veux, je n'en ai rien à faire. » Il hoche la tête me laissant retourner à mon occupation. Je m'assis sur le canapé reprenant son dossier qu'il semblait avoir remis en ordre, le rangeant dans un coffre dissimulé sous le canapé. Je me stoppe en apercevant un album au-dessus. Je soupire laissant l'amas de papier tomber par-dessus, le cachant à ma vue. Je sens un poids à l'opposé du canapé, il s'est posé contre l'accoudoir me regardant fixement. « Arrête ça. » Il sourit mais continua.

Chapitre 3

Les perles rosées du matin s'élèvent,
Le rouge carmin d'une fleur éclot,
Le liquide sanglant d'une vie s'écoule,
L'air devient aussi meurtrier que l'eau

Le danger proche devient l'ombre d'un agneau,
La mort imminent devient l'ombre d'un renouveau.
La fin guette l'arrivée de l'aurore.
La naissance aperçoit son crépuscule arriver.

Les orbes d'eau se chargent d'or
Or que les fleurs de sang laissent tomber.
La mort devient son évidence.
La vie regorge de sa souffrance.

***

22 avril

Je ne peux éviter la souffrance que je vais lui causer. Je ne peux empêcher toutes ces morts d'arriver. J'aimerais être à ses côtés pour toujours. Cependant viendra ce temps où je ne serais plus là. Tout s'arrêtera plus tôt que je ne le veux. Tout prendra fin avant que je ne puisse le prévenir, avant que je ne puisse le préparer. Sa chute ne sera que plus grande. Sa décadence sera mienne. J'ai tout créé sans penser aux conséquences. Tout est de ma faute et je ne peux plus rien arrêter. La peur. Le dégoût. La crainte. La répulsion. Tous ces sentiments que je n'ai su ressentir. J'en suis désolé. Sans moi, rien ne serait arrivé. Sans moi, jamais il n'aurait protégé son ennemi. Mon âge est bien trop élevé pour que je survivre à cette tragédie. Par notre faute, la mort est présente. Par notre faute tout s'arrête en un instant.

Kim Taehyung.

***

Je me réveille difficilement, ne sachant ce que j'allais trouver en quittant ma chambre. Je me suis endormi tard, n'arrivant à le laisser vagabonder seul dans cet appartement. J'ai ce sentiment qu'il connait mieux ses secrets que moi. J'ai attendu patiemment qu'il s'endorme, sa tête reposant alors sur mon épaule malgré mes multiples tentatives pour l'éloigner de moi.

J'entre dans le salon, le découvrant un bol de céréale entre les mains regardant un dessin animé pour enfant. Je trouve cette attitude ridicule pour un adolescent frôlant l'âge adulte. Je laisse un soupire m'échapper, le rejoignant pour mettre les informations. Elles sont souvent fades de nos jours néanmoins, leur contenu reste précieux. Elles permettent de suivre les mouvements de nos dirigeants.

« Pourquoi ? Je n'ai pas envie de regarder ça ! Je peux presque plus regarder la télé ! On je ne l'a pas dans mon dortoir ! » Il râle comme un enfant de cinq ans, tapant des pieds sous une fausse colère. Il m'agace bien avant que je n'aie à supporter mes élèves. Il tente de récupérer la télécommande, cependant la vue de mes canines l'en dissuade. Il soupire, se rasseyant pour finir son petit déjeuner.

Il décide peu de temps après avoir fini d'aller dans la salle de bain sans me demander son avis. Je fronce les sourcils à sa nonchalance. Elle me parait moins visible à l'académie. Il doit se retenir ou apprécier se moquer de moi plus qu'il ne craint mon espèce. J'attends qu'il sorte pour lui faire remarquer.

Je le plaque contre le mur du couloir, dévoilant mes canines. Le dévisageant de cette folie passée qui m'a habitée. Il ne semble pourtant pas me craindre. « Je te trouve bien insolant, humain. Qui t'autorise à faire ce que bon te semble ? Tu devrais déjà être repartie. Ne t'a-t-on pourtant pas appris à nous craindre et non te moquer de nous. » Un frisson le parcours avant qu'il se ne se ressaisisse et ne me sourit gardant son arrogance.

« Je devrais te craindre, c'est vrai. Sens mon odeur et dis-moi que tu es capable de me tuer. Ils ne la masquent pas sans raison. » Il attire ma curiosité alors que toute trace du parfum à désormais disparu. Je veux la ressentir. J'ai peur de cette fragrance. Et si cette odeur si proche est en réalité égale ? Et s'il avait la même odeur ? J'inspire longuement ressentant ces mêmes notes. Semblable ? Identique ? Deux personnes identiques peuvent-elle exister à un si court intervalle ? Deux siècles. La même personnalité. La même odeur. Un physique différent.

Ma prise se resserre sur ses avant-bras. Je les maintiens à l'en faire gémir sous la douleur. Tout chez lui me rappelle son existence. Tout me rappelle que je ne le reverrais jamais. J'ai l'impression d'avoir tué ces êtres infâmes pour rien à cette odeur. Elle me rappelle tout. Je l'aimais tant autrefois. Je la hais désormais de tout mon être. Je ne veux plus la sentir. Plus jamais. Je le jette plus loin tel un vulgaire objet. Je l'entends butter contre un meuble gémissant quand son corps rencontre une commode. « Je te tuerais si tu me ramène son souvenir. Hors tu passes ton temps à le faire. Je devrais m'occuper de ton cas maintenant. »

Je le retourne dos au sol, saisissant son cou. Il saisit mon poignet de ses deux mains sans pour autant tenter de me faire lâcher prise. Il me regard choqué jaugeant tout de même mon humeur. Il se demande surement si je le ferais. Je resserre ma prise coupant son souffle, l'étouffant afin d'obtenir cette émotion. Je souris en entendant son pouls devenir trop vif, en voyant ses yeux s'écarquiller. Il est effrayé. Je deviens une source d'angoisse. « Yoon.. » Il s'arrête de lui-même laissant ses mains retomber de part et d'autre de son visage.

Je relâche brusquement sa gorge, le laissant reprendre son souffle. Sa respiration haletante fait se soulever vivement son torse, trop rapidement. Nous restons ainsi un long moment pendant lequel il peine à reprendre son souffle. Je m'adosse contre le mur, le détaillant bien plus que je ne l'ai déjà fait. Ses cheveux ébène glissent devant se yeux me cachant leur orbe noir. « Tu devrais partir. » Il secoue lentement la tête. « Tu devrais ne plus venir. »

« Pourquoi ... ? » Sa voix est étouffée, elle peine à quitter sa gorge. Ce serait dangereux. Ils ne veulent pas que je reconnaisse cette odeur. Celle qui emplit mes narines à peine la fragrance du parfum disparait. Cette odeur...C'est la même, à la fragrance près. Elles sont identiques.

***

« Yoongi-hyung ? C'est rare de te voir ici, que... » Je l'arrête en le plaquant contre un mur, surprenant tous ses élèves bien que ce ne soit la première fois que j'agis ainsi devant leurs yeux. Ce n'est pas pour rien que je devenus un fétichiste des murs selon les rumeurs. Si je pouvais faire taire celui qui les a lancés.

« Ne refait plus jamais ça. Tu n'imagines pas de quoi ils sont capables. Tu pourrais nous faire tuer tous les trois si tu continues. » Son visage montre une forte surprise à ses paroles que j'ai chuchoté, toutefois ses yeux dévoilent la culpabilité qui le prend soudainement.

Je le relâche avisant ses élèves qui me dévisagent avec crainte. En comparant chacun de leur visage, je comprends qu'ils ne sont que des collégiens donc une partie redouterons de me voir à chacun de leur futur cours d'histoire. « Ne recommence plus. »

« Est-ce qu'au moins j'avais raison ? » Je m'arrête à l'embrasure de la porte le jaugeant un court instant. Avisant les témoins de cette scène. J' analyse nos souvenirs commun cherchant un élément qui pourrait créer un tout autre genre de rumeurs parmi nos élèves. Un sourire un coin le fait déglutir difficilement.

« Jimin ne te fait pas de faux espoir. L'amour ce n'est pas pour moi. » Je me retourne amusé imaginant ce que pourrait raconter nos élèves à son sujet. J'avais trouvé là un bon moyen de le punir et de le convaincre de ne plus réessayer.

Je me dirige jusqu'à mon dernier cours en compagnie de mes très aimés 3-A, avisant la classe réduite qui me fait face. Vingt-et-un sur quarante, ma plus grande réussite de l'année, l'autre classe n'ayant eu leur chance.

Chacun d'eux est tendu, arborant une mine inquiète qui échappe à Jungkook qui m'observe plus curieusement. Il ne cesse de me fixer, semblant analyser chacun de mes mouvements. Cette situation me semble pesante. Je les ai pendant deux heures jusqu'à la pause de midi.

Je rejoins la salle des professeurs m'asseyant rapidement à ma place. Curieusement, Jimin n'est pas encore arrivé. Je ricane discrètement en comprenant pourquoi. Il n'a pas fallu deux heures pour que notre conversation fasse le tour du bâtiment atteignant les oreilles indiscrètes d'une partie de nos confrères.

« Yoongi ! Je te hais ! » Tous nos collègues se tournent dans sa direction, la plupart rigolant sachant déjà ce qui énerve le génie en informatique. Il se précipite à mon bureau abattant lourdement ses mains sur le bois qui se fend au bord. « A cause de toi tous mes élèves pensent que je suis gay ! Ce n'est pas possible ! Tout ça parce que ... je voulais t'aider ! Ce n'est pas ma faute si tu as un cœur de pierre ! »

Je cache mon sourire depuis son arrivée, ne voulant que mes collègues aient un aperçu de mon humeur. « Je te l'ai dit pourtant que ce n'était pas une bonne idée. Moi ? Sortir avec Jieun ? Je n'aimerais même pas un animal alors elle. » Cela aurait été étrange que je ne lance aucune remarque acerbe, étant connu pour mon manque de tact.

La nommée, se cache derrière son bureau une moue triste ayant tout de même atteint mes yeux. « Hyung, ce n'est pas quelque chose que tu peux crier sur tous les toits ! Cela étant, va réparer tes bêtises ! Ils ne me croient pas ces garnements en plus ! »

« Laisse-les, nos troisièmes années ont besoin d'une distraction. Si ça peut les amuser autant les laisser parler. » Je masque avec peine un sourire moqueur aux paroles de Jin. Notre collègue le dévisage outré avant de retourner s'asseoir boudant comme le ferait un enfant. « Je plains ces gamines qui ont vu leurs rêves brisés. »

« Il vaut mieux que ce soit maintenant avant que monsieur Min ne vienne commettre des meurtres en saisir par la simple force de son tact. » Il se remet au travail à peine son regard croise le miens. Ce n'est pas comme si je le faisais totalement exprès.

***

« Au vu de tes résultats, tu pourrais aisément partir en science. L'histoire n'est pas ton fort alors tu vas forcément ne plus en faire mais tes résultats sont excellents dans les autres matières. »

Je lâche un soupire en me voyant privé d'histoire. Je n'aurais jamais dû laisser mes notes couler. Je ne pourrais en apprendre plus à cause de ça. « Je ne peux vraiment plus faire d'histoire ? J'aurais de meilleurs résultats si je continue, c'est sûr ! »

« Jungkook... tu ne peux pas. Ils ne voudront pas. » Je m'adosse contre le dossier de ma chaise, observant le professeur Park avec agacement. « Ne me regarde pas comme ça, je ne pourrais rien faire pour toi. Le seul pouvant apprécier ton niveau est Yoongi. Tu le connais. »

Un nouveau soupire m'échappe le faisant sourire, amusé par ma réaction. « Professeur Park ~ » Ses sourcils se froncent. « Jimin, je peux au moins continuer d'avoir Monsieur Kim en professeur de mathématiques ? J'ai interdiction de toucher aux ordinateurs, tu le sais bien. »

« Si tu n'avais pas piraté le système ça ne serait pas arrivé ! » Je cligne plusieurs fois des yeux, l'observant le plus adorablement possible. Il m'observe en biais, avec méfiance mais se déride à mesure que le temps passe. « Je verrais ce que je peux faire... mais que des maths ! Au mieux t'auras la physique-chimie. Ne pense même pas à te lancer en biologie. »

« Je veux aller en littérature avec option maths. » Il est d'abord surpris puis intrigué mais hoche malgré tout la tête en tapant sur son clavier. Il consulte l'écran un court instant avant d'acquiescer totalement.

« Va pour la littérature. Ça ne te va tellement pas... » Je souris à sa remarque. Je n'y vais pas parce que ça me va mais bien parce que ce sera utile pour moi. Autant que de pirater le réseau l'établissement.

Chapitre 4

J'avance dans un couloir désert, laissant mon regard vagabonder sur chaque mur m'entourant. Des centaines de tableaux s'expose à mes yeux dévoilant des êtres que je rencontrerai dans à peine quelques minutes. Aucune porte juste un long couloir en pente. Je n'ai aucune échappatoire, aucune voie de sortie. Je ne peux qu'avancer suivit de ce monstre qui m'a amené jusqu'ici.

Une immense porte finit par se dresser devant moi, prenant la totalité d'un fin mur. Deux battants en bois massif ornés de dorures sur chacune de ses moulures. Les poignées arborent des joyaux dans un simple mécanisme de levier, qui amène de la lumière dans un espace où seules les lampes apportent une faible clarté.

J'entre dans un immense amphithéâtre comprenant nombre de ces êtres que j'allais devoir apprendre à apprécier. Je m'avance au centre d'une estrade subissant les regards inquisiteurs des plus âgés. Les sages comme mes les présente l'homme à mes côtés.

"Merci de vous être déplacés. Aujourd'hui, je vous présente l'espoir de notre espèce. Il a parfaitement réussi chacun de nos tests. Loyauté. Courage. Solitude. Désespoir. Il n'est plus lié à quiconque. Ni ami, ni famille. Personne."

Je fronce les sourcils en entendant ces dernières paroles. Ma famille, je ne l'ai pas abandonnée, ils m'ont cru mort. J'avais un ami qui fut tué cette nuit où ils m'enlevèrent. Je ne suis loyal qu'avec cet ami. Je ne veux pas l'être pour ceux qui m'ont retiré à ma famille. Ce n'est qu'un mensonge pour faire accepter de ces êtres infâmes.

"Parfaitement ? Ainsi, sa mémoire survivra. N'est-ce pas ce que nous voulons éviter ?" Un sourire s'esquisse sur le visage de l'homme qui attendait cette remarque. Ses yeux s'illuminent par la confiance. Il sait qu'il gagnera et j'obtiendrais cette occasion de le venger. Il avance d'un pas, me devançant éclipsant mon image de leur vue.

"Justement, c'est là votre erreur. Lorsque vous devez réapprendre à vivre à un nouveau venu, celui-ci à plus de chance de devenir instable. Il n'a plus de conscience et risque plus facilement de perdre la tête. Sans souvenir, l'humanité passée peut disparaître. Il est parfait parce qu'il a un taux de perte de contrôle quasiment nul."

Des regards qui se croisent. Des murmures. Nous devons attendre un long moment avant que l'un d'eux ne lève la main faisant signe à leurs gardes d'avancer. Je suis saisi et tiré en arrière par deux d'entre eux. Mon premier reflex est de me débattre. Ce n'est pas une bonne idée. Je ne me souviens pas de qui est arrivé après.

***

Je me demande souvent ce qu'aurait été ma vie sans la présence des êtres tels que Yoongi. Aurais-je été comme tous ces hommes abusant de la planète ou aurais-je encore une fois été en marge de la société ? J'aurais connus bien mieux ma famille. Je les aurais « rencontrés » dans mon enfance pas une fois mes études finies.

Vingt-quatre ans, c'est le temps qu'il faut pour apercevoir de nouveau ses parents. Avant, on ne les voit qu'une seule fois à notre naissance. Je ne sais à quoi ils ressemblent. Je ne connais pas leur caractère. Peut-être ne suis-je pas ce qu'ils imaginent ? Peut-être vais-je les décevoir ? Est-ce lui les a déçus ? Il a trahi son espèce pour Yoongi. Son père lui en a-t-il voulu ?

Je me demande qui j'aurais été dans cette autre vie. Je ne l'aurais pas rencontré. Aurais-je été aussi curieux ?

Je sors de cet établissement pour la deuxième fois en vingt-quatre ans. Une foule de quarantenaire me fait face. Je suis le premier à partir étant le major de ma promotion. Je suis le premier pouvant rencontrer ses parents, pourtant je sais que je ne le reconnaîtrais pas.

Est-ce ce couple habillé élégamment, attendant dans le calme ? Cette mère seule qui montre toute son inquiétude ? Ce père de famille venu dans des vêtements officiels semblant pourtant usés par le temps ? Ou parmi ces vingt couples, mes parents sont-ils les vingt-unième ayant péris bien avant ?

Dix. Quinze. Dix-neuf. Malgré que seul un d'entre nous n'a plus de parents, un de nous n'aura personne pour l'accueillir. Ai-je envie d'être cette personne ou mon besoin social voudrait bien une famille dont je ne sais rien.

« Il faudrait te dépêcher, tu fais attendre tout le monde. » Je me retourne face à Yoongi avec surprise. Je ne m'attendais plus à le revoir. Après le lycée vinrent les études supérieures. Il n'avait plus rien à m'enseigner, l'histoire quittant mon programme et lui sortit de ma vie.

« Je ne veux pas partir. C'est impossible pour moi de rester ? » Un soupire quitte ses lèvres. Il me pousse en arrière et je remarque des réactions étranges chez quelque uns des parents. Ils paraissent intimidés face à Yoongi presque effrayés. Je me demande si eux aussi l'ont eu comme professeur ou s'ils ont juste eu connaissance de sa réputation.

Une dernière fois, je me retourne dans sa direction. Je perçois le directeur derrière lui nous observer avec attention, comme s'il savait que je souhaite en savoir plus sur son cas. Qu'il en sache plus sur le miens.

« Tu ne peux pas. C'est la dernière fois, nous ne pouvons plus nous voir après. » Il me tourne, me forçant à sortir de l'établissement. Pendant un instant, j'ai aperçu de la douceur, avant qu'il ne se ressaisisse et me pousse violemment.

Des regards horrifiés nous font face mais aucun ne proteste, ne faisant qu'observer en silence. N'ayant plus le choix, je m'avance face à eux, les jaugeant. Leur regard sont méfiants ayant surement remarqué cette envie que j'ai de rester dans ce lieu que tous veulent fuir.

« Jeon Jungkook, major de promotion de l'année 2241, né le premier septembre 2217. » J'attends dans le silence que mes parents me reconnaissent, me demandant si je ne serai pas celui qui rentrera seul. Pas de parents ? Ou sont-ils absents ?

Une femme avance après quelques minutes hésitantes. Une mère en retard. « Excuse-moi, je sors tout juste du travail. Tu n'as pas trop attendu ? » Une mère en retard mais avenante bien que je ne l'ai jamais connue.

Son regard se porte derrière-moi, je perçois un faible salut qui se fait discret presque imperceptible si on ne lui porte une réelle attention. « Viens, je vais te montrer la maison. Ta grand-mère sera ravie de te connaître. »

***

Deux mois passent, aucune nouvelle de mes élèves ne m'a été retournée. Il s'agit d'une excellente nouvelle, quand on nous reparle d'eux c'est pour nous parler de rébellion et donc de leur mort. De notre incapacité à déceler le danger dans leur caractère.

Mon collègue n'a que très peu cette chance. Certes, il excelle dans le taux de survie post-révélation, le sien s'élevant à 95% contre mon faible 55%, cependant le taux de survie post-diplôme lui pose problème 99% dans mon cas, 70% dans le sien. C'est trop peu selon le directeur. Nos résultats sont mauvais comparé à d'autres écoles, toutefois notre pays à une rébellion invisible démantelé dans la journée de sa création.

Dix-huit heures sonnent la fin de mon service. Je quitte le bâtiment, quitte cette demi-prison pour retrouver mon appartement. La soirée passe, je vaque à mes occupations, n'attendant pas cette soudaine visite.

La sonnerie retentit plusieurs fois, me sortant d'un semi-sommeil. Je me lève curieux, ouvrant directement la porte pour découvrir cet élève bien trop curieux. Il a changé en peu de temps, son style s'affirmant loin des uniformes imposés par l'académie.

« Salut, je peux entrer ? Je dois... te demander quelque chose. En privé. » Je jette un coup d'œil derrière moi, me sentant peu assuré face à ce privé qu'il demande. Soupirant, je saisis mes clés et mon manteau, sortant dehors. Un cliquetis m'assure la porte fermée à clé.

Je lui demande silencieusement de me suivre, montant les escaliers pour attendre, deux étages plus haut, le toit où je sais l'absence totale de toute technologie. Aucun micro, aucune caméra. Jimin nous a sauvé la vie cette nuit-là, effaçant nos traces neutralisant toute une semaine leurs appareils de surveillance.

« Que me veux-tu ? Il est tard pour déranger ainsi quelqu'un.

-Vingt heures trente, un sourire se dessine sur ses lèvres. Il n'est pas si tard que ça. Le soleil vient tout juste de disparaître. »

Il s'avance jusqu'au rebord protégé par une barrière. Il pose ses bras dessus observant la vue devant ses yeux. « Je sais que tu n'aimes pas aborder ce sujet mais c'est important. » J'arrive à ces côtés me mettant dos à la vue appuyé sur cette barrière attendant une avec une certaine appréhension qu'il ne continue.

« Taehyung, pourquoi je ne peux pas parler de lui avec toi ? Tu l'appréciais pourtant, je me trompe ?

-Quelques heures après sa mort, j'ai fait un carnage. Tu sais le tueur sanguinaire de cette épuration. J'ai failli tuer un de nos supérieurs de l'époque. »

Sa tête se tourne lentement dans ma direction, non pas pour me regarder choqué ou apeuré. Il semble au contraire curieux, intéressé. Ses yeux attentifs me poussent à continuer.

« Disons qu'ils pensent surement que rafraichir ma mémoire est une mauvaise idée. Ils sont persuadés que j'ai oublié ces évènements. Une amnésie dû à un choc post-traumatique. Pourtant, ils m'ont laissé vivre ici et ils t'ont intégré à ma classe.

- Alors c'est pour ça qu'ils voulaient que je reste invisible pour toi. Pourtant, je ne lui ressemble pas, conclue-t-il rapidement. Ils ont peur que tu les attaques.

- Tu lui ressembles Jungkook. Peut-être pas physiquement mais à vos odeurs pour commencer et votre caractère. Il semblerait que ce soit de famille de fouiner dans les affaires des autres. »

Il sourit un peu plus à ma remarque, ses yeux retournant observer la vue s'étalant face à lui. « Il y a quelque chose que je dois te donner. Ma mère et ma grand-mère auraient pu le faire mais... tu l'as dit, tu es le plus effrayant de tes congénères pour nous. Pourtant... ma mère semble t'apprécier. »

Il entre-ouvre son manteau sortant un carnet noir qu'il me tend. « Ca lui appartenait et... je crois qu'il le savait. »

***

Lundi 20 avril 2015

Mon père est furieux. L'assaut des « vampires » n'est pas passé inaperçu. Tous connaissent maintenant leur existence. Chaque pays a été touché. Ce sont en premier des ouvriers qui ont été attaqués, des personnes âgées entrainant parfois un trop grand choc chez leurs camarades.

Les hôpitaux sont totalement mobilisés, croulant sous l'affluence de corps, de blessés graves, d'être ayant subi des crises cardiaques ou des crises d'angoisses. Ils ont frappé fort devenant des monstres aux yeux de tous.

La colère de Yoongi me parait bien dérisoire à côté, cependant je ne peux arrêter de penser qu'il était là, qu'il a participé à tout cela. Des morts rapides, d'autres plus lentes. Qui sait si ses mains ont été couvertes de leur sang. Je ne peux ignorer cette hypothèse.

Mon père est furieux. Je l'entends encore hurler au travers de ma porte, son téléphone ne quittant plus ses mains depuis tard dans la nuit. Il est furieux car il sait que je parlais à Yoongi. De nombreuses fois, il m'a demandé de jauger le danger. Je lui ai dit que l'on ne risquait rien. J'ai eu tort. Peut-être qu'en ne le fuyant pas je l'aurais su. Néanmoins, l'aurais-je vraiment empêché ? L'humanité me parait bien pourrie à moi aussi. Repartir de rien nous serait bénéfique et si l'on ne peut changer, pourquoi ne pas réellement s'assurer que l'on ne pourra continuer de vivre.

Je serais peut-être moi-même dans le lot des personnes tuées. Peut-être ce soir. Peut-être demain soir. Qui sait le temps que ça prendra. Vont-ils tous nous éliminer comme un nid de cafard ? Ou vont-ils réduire drastiquement notre nombre ne laissant que peu d'entre nous survivre.

Mon père s'arrête finalement de hurler préférant m'appeler. Je vais surement subir ses reproches. Ma négligence devenant ma faute. Il reportera une partie de la faute sur moi. Il est plus simple d'accuser l'un des siens qu'un être que l'on ne peut surpasser.

Kim Taehyung.

Chapitre 5

4 septembre 2014

Min Yoongi. Ce nom appartient à un être que j'aurais dû fuir à peine j'ai connu sa nature. Pourtant, ce Min Yoongi il m'a sourit. Il a été bienveillant. Il m'a exposé sa compréhension pour ma possible peur à sa rencontre. Il a été infiniment respectueux peinant à me tutoyer comme je le lui ai demandé. Une fois. Deux fois. Dix fois. Il est pourtant bien plus âgé que moi.

***

13 janvier 2015

J'aurais dû croire mon père. Je l'ai traité de fou pendant des semaines alors que c'était la vérité. Il n'est pas fou, pas plus que ses collègues. Il a juste découvert une réalité que l'on cache au peuple. Il a juste voulu que je l'apprenne pour ma sécurité. « Ne t'approche pas d'eux. » M'a-t-il demandé. « Ils sont surement dangereux. Tu es un moyen de nous atteindre. »

Je n'ai pas cette impression de danger dont il me parlait. Non l'être que j'ai rencontré n'a rien de démoniaque. Il est plutôt courtois bien que froid au premier abord. Il ne pose que très peu de question sur notre mode de vie, peut-être parce qu'il connait déjà plutôt bien notre mode de vie. Il a du vivre caché pendant des années sans que personne ne sache ce qu'il ait.

Les vampires de ce monde son bien différent de ceux décrits dans les livres. Ils ne craignent pas le soleil. L'ail n'est pas vraiment efficace pour les repousser, il faudrait qu'ils soient allergiques. Ils n'ont pas d'allergie. Le sang ne leur est pas totalement vitale. Un pieu dans le coeur quelque soit son matériau n'a aucun effet si ce n'est leur demander du repos. Ils tueront juste un peu moins vite.

Je n'ai pas cru mon père quand il m'a dit que ces êtres quasi-invincibles sont dangereux. Je me suis fait berné par l'apparence d'ange de l'un d'eux. Cette colère. Elle m'a foudroyé. Un courant si destructeur que j'ai cru un temps que mon coeur allait exploser. Un regard totalement rouge, vide de toute compassion. Cette impression que mon heure est venue. Ces sueurs froides qui me paralysent.

J'ai cru mourir alors qu'il a disparu sans même hausser le ton. Il était terrifiant. Je ne veux plus retourner le voir. Mon père avait raison : ils sont dangereux et on ne pourra les empêcher de nous faire du mal.

Kim Taehyung.

***

La vie hors de l'institut est bien différente de ce que j'avais pu imaginer. J'apprends à vivre aux côtés de personnes que j'aurais toujours dû connaître mais dont je ne sais en réalité rien. Sont-elles des êtres nobles partageant mes convictions, sont-elles ses êtres infames qui ne causeront que la destruction ? Je ne peux réellement le savoir, je ne le fais pas confiance tout comme eux.

Les dîners sont ponctués par leurs insécentes questions par mon constant silence. Que se passe-t-il dans l'institut ? Comment sont les professeurs ? Monsieur Min est-il réellement comme on le décrit ? Je ne leur réponds pas. Ce qu'il se passe dans l'institut ? Elles le savent déjà. Comment sont les professeurs ? Comme ils devraient l'être. Monsieur Min est-il vraiment si monstrueux qu'on le raconte ? Je n'en ai pas cette impression mais que puis-je répondre de positif sans contredire tous mes camarades.

J'ai deux parents tous deux ayant survécus, ma grand-mère semble survivre à la "dureté" du monde extérieur quand mes autres grand-parents ont succombé bien avant ma naissance. Je ne sais pas réellement quoi en penser. Les premiers jours dans le monde extérieur doivent être idillyque pour que je me sente si peu menacé. Ils sont agréables tant que l'on ne dépasse pas les limites, tant que l'on sait faire notre travaille. Je ne vois pas quoi redire à leur attitude, celle de nos arrière-arrière-grand-parents étaient bien horrible pour le monde qui les accueillait.

« Jungkook ? Il est l'heure de manger. »

Je ne réponds à l'appel de ma mère que par le son de ma porte qui se referme. Je me suis vu contraint de vivre en leur compagnie jusqu'à ce que l'êtat puisse être sûr de mon allégeance à leur mode de vie. Je ne vois rien à en redire, ce n'est rien de compliqué ou même de réellement déplaisant. Les codes de cette société ne doivent pour nous les humains avoir comme problème que notre inférioté. L'homme a de tout temps souhaité montré sa supériorité au monde animal, alors pourquoi ne pas simplement accepter le fais qu'ils puissent nous tuer en un battement de cil.

Je m'installe à table sous les regards de ma famille. Mon père, ma mère, ma grand-mère et un oncle qui vient chaque jour prendre des nouvelles. Ils ont pourtant accès à une technologie, certe en temps limité, mais très évoluée. Je ne relève leur attention, sachant que bientôt les questions fuseront. Cela ne manque pas, j'ai tout juste le temps d'avaler une bouchée que ma grand-mère commence. Encore ces mêmes questions qui montre un désintérêt pour ma personne. Je ne dois pas être l'enfant idéale pour cette famille.

« Jungkook. Pourquoi refuses-tu toujours de nous répondre ? »

Je lève les yeux en direction de mon père. Il est rare qu'il prenne la parole pour s'adresser à moi. A vrai dire, je connais si peu sa voix que je pourrais penser qu'il s'agit de mon oncle qui se montre tout aussi bavard. Peut-être est-ce un trait de famille héréditaire parmi les hommes : ce silence face à l'inconnu. Cette retenue qui pousse à analyser le pourquoi avant de donner des informations.

« Tu es encore là. Je croyais t'avoir dit de ne plus remettre les pieds ici. » J'esquisse un sourire devant son air contrarié, ne l'écoutant pas, préférant entrer dans son appartement. Depuis que je lui ai remis le carnet, je reviens assez souvent, me sentant plus à l'aise en sa compagnie qu'avec ma véritable famille.

Je ne les connais pas ayant grandis avec mes camarades et professeurs. Je me sers aussi de sa présence pour retrouver Jimin. Il est plus dur de le croiser, celui-ci habitant dans les dortoirs de l'école. C'est ainsi qu'il est devenu plus proche de chacun de nous. Il nous élève comme des frères ou des soeurs.

Je me demande comment la plupart le voit après la révélation. Je n'ai jamais pris la peine de réellement me lier à mes camarades préférant découvrir ce que l'état veut de nous. Pourquoi nous enfermer jusqu'à nos vingt-quatre ans ? Pourquoi nous élever dans le secret le plus total ? Ils ne nous font pas haïr nos ancêtres, comme s'ils souhaitaient vraiment voir une partie d'entre nous mourir.

« J'ai une question. Tu veux bien me donner sa réponse ?
– Non. Je n'ai pas que ça à faire. Attend l'arrivé de Jimin. C'est lui que tu es venu voir non ?
– Tu te trompes. Je ne pense pas qu'il puisse me donner la réponse que je veux. Tu dois bien être un des seuls à la connaître.
– Pose-la mais n'attend pas de réponse. »

Je souris victorieux me doutant que la tournure de ma phrase le rendre curieux. Je sais comment lancer le sujet, à quel moment m'arrêter. Je sais comment obtenir des réponses.

« CL contre CV. Ca signifie quoi ?
– Où as-tu entendu ça ? »

***

« Je suis rentré ! » La maison est silencieuse comme vide de toute présence, cependant je sais bien que ce n'est pas le cas. Ma grand-mère est là quelque part entre ses murs magnigançant dans le plus grand silence. J'avance prudemment, veillant à chacun de mes pas. Du verre brisé. Je le contourne. Des pâtes renversées sur le sol. Je souris pensant qu'il nous faudra bien les ramasser.

La porte de la cave se présente devant moi. J'abaisse la poignée en toute discrétion, mes pas me menant dans l'obscurité la plus totale. Je n'allume la lumière qu'une fois au fond, dans le deuxième sous-sol. L'état ne connait pas l'existant de ce lieu, heureusement pour nous. Nous serions surement tués dans l'immédiat, en l'espace de quelques secondes, sans même avoir le temps de nous défendre.

Une sorte d'immense base me fait face, dans celle-ci se cache des hommes et femmes présumés morts, par suicide dans le fleuve Han. Leur corps n'auraient pu être retrouvés, même s'ils avaient réellement sautés.

J'avance dans un long couloir, passant quelques pièces pour atteindre une bibliothèque. C'est dans celle-ci que j'ai découvert le journal de Taehyung, il n'était pas caché restant à vu de tous et du jour au lendemain il a disparu sur demande de ma grand-mère.

La résistance prend place entre ses murs. J'aimerais pouvoir la fuir, je n'ai pas envie de mener la perte des seuls êtres que j'ai appris à apprécier. Avec eux, tant que je ne fais rien de mal, je suis sûr de vivre. Avec ces hommes et femmes, rien n'est plus sûr. Je pourrais périr demain, si l'état l'apprend. Je pourrais mourir lors de la bataille. Je pourrais périr par une guerre humaine une fois que tout cela sera fini.

« Jungkook ! Te voilà, alors que t'a-t-il appris ? je me retourne face à ma grand-mère qui cria ces mots.
— Rien. Il n'a pas voulu m'en parler.
— Tu n'as pas insisté ?
— Si bien sûr mais... son appartement est apparemment truffé de micros et de caméra et... c'est pour ma sécurité. J'ai déjà menti en disant l'avoir aperçu parmi les sujets de la prochaine parution et... il refuse. "Un humain ne doit pas se méler de ces affaires. Si on t'a demandé un article à ce sujet, refuse tout simplement." C'est ce qu'il a ajouté quand j'ai de nouveau insisté. »

Ma grand-mère lâche un soupire devant mon manque d'un formation.

Chapitre 9

Hiver 1900

Il dévala les escaliers courant hors de l'immeuble. Il souhaitait échapper à ce monde, échapper à cette vision. Il ne savait ce qu'il pouvait faire pour oublier. Son nom retentit au loin de cette voix qui le terrifiait à présent.

Il courrait de plus en plus vite, de plus en plus loin, sans pour autant observer son chemin. Il fut retenu son visage étant enfouis de force contre un torse. Le son d'une voiture avançant vivement dans son dos.

Ses jambes le lâchèrent forçant son sauveur à le soutenir pour le garder debout. Il pleura soudainement s'accrochant avec force à un manteau. Epuisé par sa course, il peinait à reprendre son souffle ses pleurs ne l'aidant pas à le récupérer. Il gémissait perdu entre peur et peine. Une peine immense qui lui déchirait le cœur. Une peur intense qui lui tordait l'estomac.

Une main glissa dans ses cheveux se voulant rassurante. Elle saisit délicatement quelques mèches les faisant glisser entre ses doigts. Un souffle se diffusait contre sa tempe. Une voix grave répétait inlassablement des paroles réconfortantes.

Il peinait à se calmer, entendant de nouveau cette voix dans son dos. Elle criait son nom devenant de plus en plus forte. Ses doigts se crispaient plus que nécessaire faisant se resserrer les bras autour de lui.

« S'il-te-plaît, lâche-le. Je dois lui parler, c'est important. » Cette voix criante était à côté de lui. Il secouait la tête, il s'accrochait toujours plus. Non, ne me laisse pas, pensait-il en vain, les bras se desserrèrent. Il paniqua s'accrochant de lui-même toutefois, sa prise n'était pas suffisamment forte. Il était trop faible. Il fut tiré en arrière, traîné jusqu'à cet appartement sans vie.

« Namjoon ! Ne me laisse pas y retourné ! Namjoon ! Je ne veux pas devenir l'un d'eux ! Je ne veux pas devenir un monstre ! Laisse-moi rester ... » Sa voix fut étouffée par cette main.

Il voulait hurler mais les sons qu'il produisait restait incompréhensibles. Il mordit cette main, relâchant une de ces prises. « Namjoon ! Je veux rester comme toi ! » Il fut assommé, ne pouvant plus appeler son ami.

***

« Namjoon ! » Je me réveille en sursaut, la respiration haletante. Cela faisait tellement longtemps que ce rêve ne m'était apparu. Il est si limpide, si net dans mon esprit. Je sens une main glisser sur ma joue, n'ayant pas remarqué son arrivée. Il allume la lampe de chevet à sa gauche plongeant un regard des plus inquiets dans le mien. Je ne veux pas qu'il me voit ainsi et éteins la lumière.

Sa main glisse de ma joue jusque mes cheveux, son autre s'appuya sur mon épaule. Sans que je ne puisse le repousser, il me serre dans ses bras, me berçant sans poser la moindre question.

Il reste ainsi un long moment avant que ma respiration se calme, avant que je n'arrête ce mouvement qui ne m'est pas naturel. Il s'éloigne, ses mains rejoignant mes joues. Il semble essuyer mes larmes, bien que je sache ses doigts se tachant de sang, je ne l'arrête pas.

A caser vers la fin – la flemme donna que du dialogue

« Arrête-toi ! Tu ne vois pas que ça ne rime à rien ! Tu ne devrais pas être de notre côté ! Tu devrais être avec eux pas nous ! »

« Tu ne comprends pas. Je ne suis pas de votre côté. Je ne le serais jamais. Je hais votre système qui les a poussés à se rebeller. Vous ne pouviez pas juste nous traiter comme vous en nous cachant la vérité ! On ne pouvait pas juste vivre normalement ! »

« Alors pourquoi tu es là ! »

« Parce qu'ils vont tout reconstruire ! Ils vont faire ce que nos ancêtres faisaient avant ! Et vous vous allez vous finir en sous nombre et vous cacher pendant des années ! Vous allez vous faire oublier pour mieux nous prendre à revers ! Je ne veux pas de tout ça ! Je voulais pas d'une guerre ! Vous ne pouviez pas juste attendre que je meurs... Juste un siècle dans le pire des cas. C'était trop demandé ? Je veux pas vivre tout ça... »

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