Juste une voix dans ma tête


« La pensée est un dialogue invisible et silencieux de l'âme avec elle-même. »

Platon

Ne vous êtes-vous jamais demandé d'où vient cette voix dans votre tête ? Vous savez, celle que l'on assimile à ses pensées. Celle qui peut être féminine comme masculine. Celle qui ne se tait que lorsque vous vous endormez, ou que vous êtes trop saoul ou drogué pour l'écouter. Et si elle n'était pas vraiment dans votre tête ? Et si elle était en fait juste à côté de vos oreilles ? Et si ce n'était pas votre propre voix ? Et si c'était « quelqu'un » d'autre ? Que feriez-vous ?

***

Je me réveillais ce matin-là avec l'étrange sensation d'avoir la tête vie. Je n'arrivais pas à réfléchir sans parler. Il me manquait ce petit quelque chose que je n'arrivais pas à définir. Je ne parvenais à mettre un nom dessus, mais ça me paraissait essentiel.

En descendant les escaliers, mon estomac réclamant de quoi le remplir, je croisais ma sœur qui m'a à tout jamais dégoutée des filles. Elle passait son temps à piailler, se moquer de tous ceux qui sont ne serait-ce qu'un peu original. Elle et ses amies, elles la suivent comme des moutons. En fait, toutes les filles que j'ai rencontré son comme elle, des gamines ingrates, pourries gâtées et sur-maquillées. Les hommes sont la plupart du temps mieux sur ces points-là, où ils sont plus discrets du moins.

Le jeune homme à ses côtés m'interpella. Il était beau, malgré ses cheveux châtains qui tombaient devant ses yeux. Je pouvais deviner ses traits fins et parfaitement proportionnés. Il pourrait poser pour ces pubs promouvant la beauté coréenne. Son corps aussi est bien bâti, un fin pull et un jean serré mettant en valeur son corps musclé.

Je m'étonnais de ne l'avoir jamais vu auparavant, peut-être était-il à l'université. Ma sœur m'avait dû capter mon regard car elle se retourna face à lui. Elle ne réagit pas à sa présence, pourtant il lui souriait avec tant de douceur, comme le ferait un homme amoureux. Comment pouvait-il l'être ? Cette idée me semblait inconcevable.

« Je peux savoir ce qui t'arrive encore ! Tu ne peux pas arrêter d'être bizarre ne ser ait-ce que deux minutes ! Et puis qui t'autorise à rejeter la cause de ta maladie sur moi ! » Cracha-t-elle son venin telle une vipère. Je tiquais à l'évocation de ma « maladie ». Dans un pays comme le nôtre peut-être en est-ce une, mais je ne pouvais l'accepter comme telle. « Oh mon dieu ! Tu peux arrêter de parler tout seul ! Et y'a personne derrière-moi, c'est clair ! Tu deviens aussi fou que maman. »

Je ne perds pas mon temps à lui répondre, la fusillant simplement du regard, avant d'entrer dans la cuisine les poings serrés ? Elle n'a pas le droit de dire ça. Ma mère était présente dans la pièce finissant seulement de dresser la table pour le petit déjeuner. Elle non plus n'était pas seule.

Une femme dans la trentaine était là à la regarder fixement. Elle avait de long cheveux noirs qui descendaient jusqu'au bas de son dos, lisse et parfaitement peignés. Elle était une beauté froide, comme si elle avait été privée e toute émotion. Sa silhouette était fine et élancée comme un mannequin. La femme tourna la tête en ma direction, d'un mouvement commun avec celui de ma mère.

« De qui tu parles mon chéri ? Il n'y a que toi et moi ici. A moins que ce soit une nouvelle façon de me complimenter. » Rigola ma génitrice d'un rire plus que joyeux. C'est là que je compris, je ne pensais pas, enfin tout ce que je croyais être des pensées, je le disais vraiment. « Oui, en effet, tu parles depuis tout à l'heure. Tu y penses tant que ça pour le dire à voix haute ? » Je secouai doucement la tête.

« Maman ... j'arrive plus à penser. C'est comme si ma tête était vide. Est-ce que je suis malade ? » L'interrogeai-je, appréhendant sa réaction. Elle se mit soudainement à rire, mais l'autre femme porta sa main à sa bouche en me regardant, choquée. Je la vis chuchoter quelque chose à ma mère qui ne semblait ni la voir ni l'entendre. Est-ce que je deviens fou ?

« Mais non mon chéri, tu ne deviens pas fou. Et si tu disais à tes pensées de revenir. Peut-être qu'elles t'écouteront. » Affirma-t-elle d'un ton enfantin. C'était la particularité de ma mère, elle agissait souvent comme une enfant, malgré ses trente-neuf ans. Papa dit que c'est normal. Un traumatisme qu'elle a subit un peu avant ma naissance l'aurait rendu ainsi. « Je sais ! C'est parce que tu as bu trop d'alcool ! Il a dû kidnapper tes pensées ! » La femme à ses côtés devint une enfant qui sautillaient d'excitation. Je tombais à la renverse sous la surprise, ma chaise ayant basculée quand j'ai reculé dans un bond.

Un violent mal de tête me prit alors. Mes pensées vous pouvez revenir ? J'ai mal. Tout devient noir ...

***

Je me réveillais avec un affreux mal de tête, dans une pièce toute blanche qui, sous les rayons du soleil, brillait jusqu'à m'en brûler les yeux. J'entendis quelqu'un soupirer à mes côtés, me traitant d'imbécile, disant qu'il était juste parti dix heures et qu'il me retrouvait inconscient.

J'ouvris une nouvelle fois les yeux, tombant sur un visage flou. « Et en plus, il voit flou. » Soupira cette voix. Le visage, ou plutôt la tête de cette personne, tourna. Il devenait moins flou. J'arrivais enfin à deviner ses traits, pour les voir plus nettement quelques secondes plus tard.

C'était un jeune homme vraiment beau, ayant de courts cheveux châtains, dont une frange tombait en de fine èches devant ses yeux. Ils restaient malgré tout visibles, je pourrais me perdre dans son regard si intense. Son visage se tourna un peu plus vers moi. Il était vraiment parfait, tout était à sa place dans de bonnes proportions. Son nez fin et droit. Ses fines lèvres roses. Ses grands yeux bridés. Ses sourcils parfaitement taillés qui rendait pourtant son visage plus masculin. Il était si mignon.

Il me regardait, les sourcils froncés, maintenant chaque détail était net. Son expression changea en quelques secondes, ses yeux s'écarquillant. « Tu ... tu me vois ? » M'interrogea-t-il, une pointe d'hésitation dans la voix. Je le regardais septique. Pourquoi me demande-il ça ? Est-ce un fantôme ? Un ange ? Ou quelque chose du genre ? « Alors tu me vois vraiment ... Super ... On est vraiment mal barré ... » Soupira-t-il sans que je n'ai à lui répondre.

« Qui êtes-vous ? »Demandai-je. Son regard se fit plus doux. Il ne semblait pas me vouloir du mal. « On s'est déjà rencontré quelque part ? Au lycée ? En boite ? » Continuai-je, voyant qu'il ne répondait pas. Il me sourit avant s'avancer vers moi. Il prit ma main, semblant surpris sur l'instant, mais rapidement ses lèvres s'étirèrent de nouveau, quand il plongea son regard dans le miens.

« Je m'appelle JungKook et je suis la petit voix dans ta tête. » Je crois que je rêve encore.

***

J'étais le seul qui pouvait voir JungKook. Ni ma mère, ni mon père, ni ma sœur n'ont été capable de le voir. Juste moi. Malgré tout, je n'avais pas été catalogué comme fou, non, pour eux je suis juste un gamin drogué qui a des hallucinations. Après tout, peut être avaient-ils raison. Peut-être n'était-il qu'une hallucination, un être créé par mon esprit. Je voulais vraiment le croire, mais alors pourquoi étaient-ils toujours là, alors que les effets devaient s'être estompés.

« Je te l'ai déjà dit, je ne suis pas une hallucination ! Je suis réel ! C'est juste que tu n'es pas censé me voir. » Me répétait pour la unième fois JungKook. Il semblait effrayé par mes pensées, mais s'il les entendait, c'est qu'il n'existait pas. « J'existe ! » Cela expliquerait aussi pourquoi j'étais le seul à le voir. « Et les autres t'en fait quoi ! » Les autres. C'est vrai qu'il n'était pas le seul que je voyais. L'homme au côté de ma sœur. La femme-enfant qui suivait ma mère. L'homme fatigué qui encourageait mon père. Eux aussi, ils ne les voyaient pas. Juste moi. J'étais surement en train de devenir fou. « Tu n'es pas fou ! »

« Mais ta gueule ! » M'écriai-je, faisant taire cette voix incessante. Bien entendu que les personnages créés par mon cerveau allait se dire réel. Ce serait insensé sinon. « Si je n'étais que le fruit de ton imagination, tu ne t'en rendrais pas compte aussi facilement ! Tu ne pourrais pas l'accepter ! » Continua-t-il de crier. Je lui lançais un regard des plus froids lui sommant de se taire, ce qu'il fit non sans arborer une mine peinée.

A ce moment-là, mon téléphone sonna. Il s'agissait de mon meilleur ami, Jimin qui m'appelait. Je décrochais rapidement alors que JungKook voulait m'en empêcher. « Jimin, qu'est-ce que tu veux ? » L'interrogeai-je, d'une voix peut-être trop dure. Il n'avait rien à voir avec mon agacement momentané.

« Ce que je veux ?! Mec, t'as donné aucun signe de vie pendant une semaine ! Et en plus je viens d'apprendre que tu as atterris à l'hôpital ! Tu oses vraiment me demander ce que je veux ! » S'écria-t-il en réponse. Il est vrai que je n'avais pas pensé à ne serait-ce que lui envoyer un message pour qu'il ne s'inquiète pas. Je regardais JungKook se placer face à moi, assis sur mon bureau.

Je regardais JungKook se placer face à moi, assis sur mon bureau. Il ouvrit la bouche pour parler mais ... c'est ma voix que j'entendis. A travers moi, il rassura Jimin, lui expliquant seulement ce qu'il avait besoin de savoir. C'est comme si ces mots venaient de moi, mais ... en fait, ce sont les siens. Comment fait-il ça ?

« Je te l'ai dit pourtant, je suis la petite voix dans ta tête. Celle que parfois tu écoutes et te dis les bons mots à dire au bon instant. » Me rappela-t-il. Alors c'était vrai. A ce moment précis, j'acceptais le fait qu'il puisse être réel. Il est la voix dans ma tête. Cependant, pourquoi je ne le voyais pas avant ? « Si seulement je le savais. » Au moins, il y a un bon point, je ne passerais pas pour un fou en lui parlant.

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