Acceptation v2


Chapitre 1

Un effleurement. Une caresse. Un baiser. De la douceur. De la passion. Des sensations qui me sont si familières bien qu'étrangères. Je suis perdu dans les limbes de ma conscience refoulant mes pensées dans mon inconscient. Je les laisse me porter, me posséder sans lutter. Je les ressens du plus profond de mon âme.

Un effleurement. Une caresse. Un baiser. De la douceur. De la passion. J'aimerais en profiter des années encore. C'est si agréable. Je me sens si bien. Alors pourquoi me regarde-t-on ainsi ? Pourquoi je deviens comme un déchet quand les autres me regardent ? Qui a-t-il de mal dans toutes ces sensations ?

Un effleurement. Une caresse. Un baiser. De la douceur. De la passion. Un poison. Je n'ai pas le droit de ressentir tout ça. C'est contre-nature. Je suis un monstre. Personne ne peut aimer quelqu'un comme moi. Je suis un monstre. C'est pour ça qu'il m'a abandonné. Je suis un monstre. Je ne peux aimer personne sans la blesser. Je suis un monstre. Je lui ai fait du mal.

***

« Monsieur Jeon, dites-le si mon cours ne vous intéresse pas. Peut-être devrais-je vous envoyer chez le proviseur ? Que vous arrive-t-il ? La présence de votre camarade est trop troublante pour que je puisse garder votre attention ? »

La classe rit à cette remarque. L'élève visé ne réagis pourtant pas. A vrai dire, il ne peut par dire grand chose. Il ne pense pas à voir le droit de se défendre. Il doit accepter sa sentence. C'est de sa faute s'il est traité ainsi. Tous le jugent. Tout s'assurent qu'il change. Il ne devrait pas être ainsi. Il mérite ce qui lui arrive.

Son regard quitte son camarade. Il ne sait pas ce qui lui a pris. Cet élève est juste nouveau, il ne voit là que de la curiosité. Ce ne peut être ces sensations écoeurantes qui traversaient son coeur encore quelques semaines plus tôt. Il doit les réfréner. Il ne peux les ressentir. C'est contre-nature. Il ne peut pas laisser cela se produire.

« Merci monsieur. Je ne sais pas ce qu'il m'a pris. Veuillez m'excuser. Je partirais voir madame Hwang à la pause. »

Il ne reçoit qu'un faible ricanement en guise de réponse. Des regards dégoutés lui proviennent de ses camarades. Il s'excuse en silence. Sa présence doit totalement les gêner. Il devrait partir d'ici, trouver un autre établissement pour soigner les personnes comme lui. Il ne devrait pas être ainsi. C'est contre-nature. Il ne devrait pas être ainsi.

Le cours reprend, l'attention de ses camarades le quittent. Toutes sauf une qui reste présente un peu plus longtemps. Le poids sur ses épaules semble plus léger pourtant cette interrogation dans les yeux du nouvel arrivant le laisse perplexe. Il ne doit pas encore savoir ce qu'il est. Il ne doit pas comprendre la portée de se regard sur sa personne. Cette incompréhension. Cette peine que l'élève Jeon constate. Est-ce de la pitié ? Est-ce de la compassion ? Il lui est impossible de le savoir. Il doit arrêter de le regarder.

Des yeux réprobateurs. Un coup fort contre un bureau. Je suis renvoyé dans la salle. Cela n'est pas étonnant. Je n'aurais pas dû continuer de l'observer pourtant mes yeux ne pouvaient quitter les siens. Une envie de comprendre était présente dans ses orbes noirs. Pourquoi remercier un professeur qui le reprend alors que beaucoup se serait tus ou auraient nié l'évidence ?

Il range ses affaires, laissant son sac à côté de sa table à peine dix heures sonne. Il sait déjà comment il les retrouvera à son retour. Ses feuilles seront déchirées, en lambeaux. Des tâches d'encres recouvriront les morceaux de cours restant. Des insultes recouvriront les couvertures de ses cahiers. Il ne pourra que les observer sachant que tout est vrai.

Il est un déchet de la société, une erreur même. Il n'aurait pas dû naître. Il aurait dû mourir avant la présence du démon. Il devrait disparaître à tout jamais. Il a eu plusieurs fois l'occasion, toutefois en plus d'être doté de pulsions contre-nature, il faut qu'il tienne à la vie. Cette ignoble vie dont il ne veut pas. Il n'a jamais voulu tout cela.

Lui aussi veut être comme les autres.

***

Je retourne dans ma salle de classe surprit de découvrir le nouveau dos à ma table. Il semble protéger mes affaire des mes camarades. Je ne comprends pas ce qui lui prend. Il aurait dû rester à sa place ou même les aider, mais non il s'interpose. Je ne saisis pas ce qu'il se passe dans son esprit, il n'est pourtant pas difficile de comprendre qu'il faut rester éloigner de moi. C'est pour son bien pourtant, il ne lui arrivera que des ennuis en faisant cela.

Je reste pourtant en retrait, je ne peux pas m'empêcher d'apprécier l'attention. Je devrais pourtant l'arrêter, prendre mes affaires et les poser aux pieds de mes camarades en m'excusant pour lui. Je devrais leur dire qu'il ne doit pas savoir quel monstre je suis. Il faut lui apprendre ce que je suis un monstre, qu'il ne faut pas m'approcher, qu'il ne faut pas m'aider. Il faut me haïr, me blesser, me punir.

Il ne m'aide que parce que sa bonne conduite le lui demande. Il ne faut pas qu'il soit punit. C'est normal d'aider son prochain et surtout les opprimés mais je n'en suis pas un. Je suis un monstre. Je mérite ce qu'il m'arrive. Je dois l'arrêter mais je ne le peux pas. Je l'écoute argumenter face à mes camarades sortant les règles de notre école. Elle ne s'applique pas à moi, même nos professeurs le disent. Je ne peux pas être considéré comme un être humain.

Arrête de m'aider. Il est bousculé mais ne flanche pas. En fait, il ne recule que peu montrant une certaine puissance. Il doit avoir connu l'extérieur, il est vrai que je perçois de la porte sa musculature. Elle est fine mais bien plus présente que celle de nos camarades.

Tu vas finir blessé. S'il savait. Moi aussi je peux me défendre. J'ai appris en dehors de l'institut. Mes parents mon appris. Je profite des salles de sports pour conserver cet apprentissage. Je peux me défendre seul.

Ils vont tous te rejetter. Il esquive un coup de poing. Bientôt, il sera traité comme moi. Ma présence ne se fait toujours pas remarqué. Je devrais m'interposer. Je devrais le rejeter. Son aide n'est qu'un fardeau. Cette bonté qui m'est destinée. Je devrais la refuser. Je ne la mérite pas.

Ils vont de prendre pour un monstre. Je suis poussé dans la salle. Je ne résite pas et m'effondre au sol sous le rire de mes camarades. Lui m'observe peiné. J'entends mon assaillant me parler mais je ne l'entends que peu. Je ne vois que cette pitié dans ses yeux se muer en colère. Il s'avance dans ma direction. Je me relève rapidement. Je résiste devant se pied qui veut me garder au sol les surprenant tous.

« Arrête ! Pourquoi tu ne les écoutes pas ? Tu ne sais rien ! Arrête de te mêler de mes affaires ! Je mérite tout ça ! C'est ma punition pour être ce que je suis ! Alors maintenant retourne à ta place et laisse-les faire ! Si tu ne veux pas les aider, ignore-les ! »

C'est bien la première fois depuis trois ans que mes camarades sourient franchement à mes paroles, qu'ils les approuvent. Habituellement, je suis ignoré. Et bien que la surprise de ma force toujours présente soit encore-là, ils apprécient que je me laisse faire. C'est un pas en direction de ma rédemption. Je souhaite guérir et je leur montre.

Sans que je ne puisse le prédire, je me retrouve de nouveau au sol, une douleur à la cheville. Le nouveau fait un pas de plus mais je le dissuade d'un regard. Il ne comprend toujours pas ou il ne veut pas comprendre. Je ne le sais pas. Il devrait pourtant. Je suis un monstre, je mérite tout ça. Il hésite à venir m'aider, je le vois. Il hésite à franchir ces trois derniers pas nous séparant. Il veut m'aider, surement comme le demande l'éducation fournie par cette école mais il oublie cette règle qui s'applique uniquement à moi et tout ceux de mon espèce.

« Tu vois, continue mon principal assaillant, luièmême juge mériter son traitement. Ce n'est qu'un monstre, une abomination. On lui fait l'honneur de lui laisser la vie. C'est déjà bien tu ne crois pas ?

— Un monstre ? Une abomination ? C'est ainsi qu'il se définit ? Et il a trouvé ça tout seul en plus ? C'est pas plutôt vos paroles et vos actes qui l'on convaincu d'être anormal ?

— Mais il ne l'est pas, pas ici, pas dans cet établissement. Tout comme toi au final. Tu le défends, c'est donc que tu es comme lui, que tu es différent de nous. Si tu n'es pas comme nous, tu es comme lui et donc tu es un monstre. Ce qui est hors norme est monstrueux. N'était-ce pas le sujet de notre cours du jour ?

— Ce n'est pas plutôt vous les monstres ? Vous qui le traité comme un être inférieur parce qu'il ne rentre pas dans vos normes ! C'est cette école qui est monstrueuse, tout comme vos "normes" !

— C'est n'est pas comme si tu pouvais sortir comme tu veux.

— Je sors comme je veux ! Je suis hors norme et donc un monstre, tu l'as dit toi-même ! Dénonce-moi, même les professeurs ne pourront m'en empêcher, votre règlement l'autorise.

— Ne dis pas n'importe quoi ! Aucune règle ne te le laisse le droit de quitter l'établissement.

— Un monstre est un être hors norme, refusant de se soumettre aux règles ou aux lois, c'est dans notre cours du jour. Article 50 du règlement intérieur de l'institut Saint Lucia : Ceux considérés comme des monstres seront traités comme tel et devront agir comme tel. Tu vois, je peux sortir comme je suis devenu un monstre et je peux l'emmener avec moi. »

Je relève la tête à cette phrase, comprenant la logique de son raisonnement comme nos camarades, pourtant je ne veux plus être un monstre et le seul moyen et de respecter les normes et le règlement. Je dois respecter chaque règle et chaque enseignement sans broncher. Un monstre comme moi ne peut que demander la rédemption, priant pour qu'on accepter de lui rendre son humanité.

Il franchit les trois pas, repousse le camarade qui me maintient au sol, bien que je pourrais me relever quand je le souhaite, et me tire à sa hauteur puis au travers de la salle. Il saisit nos sacs et enfin me tire dehors à sa suite. Je me débats, je veux qu'il me lâche mais il ne fléchit pas. Sa prise ne se ressère pas mais ne se dessère pas pour autant. Il veille à continuer de me tirer en me blessant le moins possible.

Il vient de ruiner tous mes efforts. Je viens de perdre des années d'efforts pour redevenir humain. En une fraction de seconde, je suis retourné au point de départ. Je ne veux plus être un monstre et lui m'a tiré encore plus profondément dans le mal. Je devrais

« Arrête. Lâche-moi.

— Pourquoi ? Pour que tu retournes les voir ! Tu ne vois pas ce qui se passe ici ! Tu n'est pas un monstre ! Arrête de les croire !

— C'est toi qui devrait les croire ! Je suis un monstre ! Je l'ai toujours été ! Je guérissais grâce à eux et tu as tout ruiné !

Il s'arrête soudainement. Je bute contre son dos. Ses muscles sont tendus. Il est en colère. Surement contre moi. Il va peut-être comprendre. Il va peut-être finalement agir comme les autres et rentrer dans les normes de cet institut.

— Jungkook, c'est ton prénom, pas vrai ? Sache que le monde ne tourne plus autour de ça. On s'en fout. Vous êtes enfermés dans un cocon ici et devenaient faible. Quand votre tour viendra vous mourrez tous.

— Quand notre tour viendra ?

Il se tourne face à moi suite à cette question. Seuls quelques centimètres nous séparent. Je sens parfaitement son odeur. Son souffle se répercute sur mon visage. Je peine pendant un instant à garder ma concentration mais il le remarque se recule un peu. Je perds son odeur qui se fait plus douce. Je perds son souffle qui devient imperceptible.

— Les instituts ne sont plus aussi sûr qu'avant. Il y a une brèche.

— Une brèche.

— C'est comme ça que je suis arrivé ici. Je les fuyais. Ils sont entrés dans l'institut où j'étais.

— Mais alors ... il ne serait pas loin ... c'est impossible de survivre aussi longtemps face à eux de ce que je sais.

— C'est mortel dehors la ville n'est plus sûr la nuit et les murs des instituts ne sont pas assez haut. N'ouvre plus ta fenêtre la nuit.

— Comment ...

— Ferme-là et ferme ta porte à clé.

— Tu ... non, ce n'est pas possible. Arrête ça. Je ... laisse-moi tranquille ! »

Je fuis sans qu'il ne cherche à me rattraper. Peut-être ce n'est qu'une farce. Peut-être est-ce un coup monté de ma classe. Ça fait trop peur, à côté de ça je ne peux plus être considéré comme un monstre. Ce ne peut pas être vrai. Ce ne peut pas arriver. Ils m'ont promis que je ne connaîtrais pas ça. Je ne veux pas. Je veux pouvoir les contacter et leur demander. Je veux confirmer une farce. Je veux ...

Je veux être le monstre dans cette histoie.

***

« Salut ! »

Je sursaute à l'entente de cette voix, peu habitué à autant de douceur. J'observe les alentours, ignorant l'étudiant me faisant face. Personne n'est dehors, cependant les fenêtres du bâtiment me pousse à penser que l'on pourrait nous observer sans que je ne le remarque. Je décide donc de continuer de l'ignorer, retournant à la lecture de mon livre. Ce n'est pas la première fois que je le parcours, madame Hwang m'a toujours demandé de le relire à chacune de mes visites. Cela aura peut-être finalement un effet, repète-t-elle sans cesse, pourtant ces sensations ressurgissent encore. Elles le font toujours bien que je veuille les chasser.

« Tu m'en veux pour hier ? Je suis désolé de t'avoir effrayé, c'était pas le but. Mais il faut que tu comprennes que déjà le problème ne vient pas de toi et qu'il y a bien pire que ça. Tu ne peux pas oublier qui tu es, tu ne peux pas non plus le chasser parce que tu le souhaites. Tu pourrais juste-

— Ce que je suis est monstrueux. Je ne peux pas rester ainsi, même ... avec ce qui se passe dehors.

— Tu pourrais le cacher, agir comme si ... tu étais guéri, de quelque chose qui n'est pas une maladie.

— Le mensonge est un pêcher. En mentant, je continue d'être un monstre. Je ne veux plus être un monstre.

— Tu n'es pas un-

— Arrête ! Maintenant, laisse-moi ! Ne me parle plus ! Je dois rester seul pour expier mes fautes ! »

Il soupire mais n'ajoute rien de plus suite à ma remarque. Je m'attendais à ce qu'il retourne dans le bâtiment mais il reste, s'asseyant à côté de moi contre le tronc de l'arbre. Le silence s'installe et je reprends ma lecture sans chercher à m'occuper de sa présence. Cette tâche se révèle bien plus difficile que prévu quand il commence à lire par dessus mon épaule. Son souffle se répercute au creu de mon cou, laissant de doux frissons parcourir mon corps. Son odeur m'enveloppe semblant anesthésier ma pensée.

Je ne réagis pourtant pas, ou du moins, je prétends que cela ne m'atteind pas. C'est assez compliqué, comme s'il cherchait à créer ses sensations, comme si c'était prémédité et non pas contre son gré. C'est doux, une légère carresse sur ma peau, un effleurement si agréable que peut-être je ne réagis pas pour le conserver. Je ne devrais pas. Il faut que je m'éloigne. Si quelqu'un nous voit, je devrais recommencer depuis le début.

« Depuis combien de temps n'es-tu pas sorti ?

— On est dehors-là, non ?

— Tu sais très bien ce que je veux dire.

— Depuis que ces horribles sensation m'ont envahies, mes parents me demandent à chaque vacance si je veux rentrer et je trouve une excuse à chaque fois pour ne pas les confronter à cette vérité. »

Sa main glisse dans mes cheveux dans un geste qui se veut réconfortant toutefois je le rejette le ressentant comme une brûlure. Il sourit sans commenter ma réaction, s'adossant plus franchement laissant ses jambes s'allonger sur l'herbe. Je vois déjà son pantalon clair se tacher de vert. Je ne peux retenir un sourire en me souvenant de sa réaction le deuxième jour quand un de nos camarades à sans le vouloir faire une tâche sur sa chemise. Il a paniqué et a pris du temps à s'en remettre, comme si c'était un véritable drame.

« Le monde hors de ses murs est bien plus ouvert à ça, enfin c'est pas la préoccupation principal. C'était le cas dans mon académie, ils étaient aussi croyant qu'ici mais on était très proche du mur donc ... c'était pas notre priorité. Mais pourquoi toi, tu penses être un monstre ?

— Si c'est vraiment normal pourquoi on a pas le choix ? C'est pas logique.

— Alors tu dégoutes, tout comme eux doivent te dégouter ? Tu te prends pour une erreur de la nature alors que tu ne t'es jamais demandé pourquoi c'est arrivé.

— Ce n'est pas notre créateur qui me l'a autorisé. Je suis un monstre parce que ça vient de lui. Mon âme a été corrompue, je n'ai plus rien de saint. »

Il sourit. Ce n'est pas de la joie, peut-être plus de l'exaspération. Il doit en avoir assez que je réponde la même chose, mais que faire, c'est la vérité. Je ne vois pas ce que je peux penser d'autre. Mon âme est condamné, d'autant plus si je ne fais rien pour changer. Je ne serais pas pire que les êtres hors des murs mais je ne serais pas mieux pour autant.

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