" Naaaaath' lâche moi !

Mon con de jumeau ne m'écoute absolument pas et continue de badigeonner mon visage de chantilly. Je cris en essayant vainement de le frapper.

- T'as qu'a t'excuser !

- Mais j'ai -putain !- rien fait !"

En fait, si. Il se peut que je l'ai réveillé à coup de bassine d'eau.

A huit heure un samedi matin.

Pour ma défense, il a passé sa nuit à ronfler, et ma chambre est juste à côté de la sienne. J'arrive enfin à echapper à sa prise et me précipite vers la cuisine pour choper du ketchup, ou n'importe quoi d'autre. Nathanaël s'accroche à mon pyjama pour m'empêcher d'attraper quoique ce soit. Je tiens bon et essaye d'ouvrir la porte d'un placard. Malheureusement, j'ai semé de la chantilly dans ma course et mon boulet de frère glisse dessus. Il m'entraîne dans sa chute, mais je suis toujours accrochée à la poignée du meuble. On tombe brutalement au sol. Le carrelage fait super mal putain ! On rit tellement fort qu'on a sans aucun doute réveillé nos parents.

Soudain, je me rends compte que j'ai vraiment fait une connerie quand je vois qu'un morceau du placard est resté dans ma main.

•

"Sortir ? Alors là, hors de question !

- Chérie, c'est le weekend, ils avaient déjà prévu des trucs avec leurs amis...

- Mon amour, ils ont arraché la poignée du placard.

Mes parents discutent pour savoir si, oui ou non, Nath' et moi avont le droit de sortir cet après-midi. Je pousse un peu mon jumeau pour pouvoir regarder la scène à travers la serrure.

- Arrêtez d'écouter à la porte et aller nettoyer la cuisine !"

•

Finalement, on a eu la permission jusqu'à dix-huit heure. La seule condition, à part laver le sol, était de se libérer pour le prochain samedi. On a une sortie familiale importante ou quelque chose comme ça. Ça me va très bien !
En ce mois de septembre il fait encore chaud et je suis censée aller profiter de la piscine chez Charlie. J'ai revêtu un maillot une pièce noir, qui laisse pourtant entrevoir mon ventre et mon dos. Il est sexy, mais sans tomber dans le vulgaire. Je trouve que c'est celui qui le met le plus en valeur. Comme à chaque fois que je vais me baigner, je laisse mes cheveux lâches. Quelle horreur de les attacher ! Ils sont impossibles à démêler après car ils gardent la forme des coiffures. J'applique un peu de mascara waterproof et me voilà enfin prête.

Étant donné que mon meilleur ami habite assez loin de chez moi, j'y vais en scooter.
C'est sa mère qui m'ouvre la porte.

"Bonjour Ezer ! Ça fait longtemps ! Tu es bien bronzée dis donc !

Cette femme est toujours rayonnante. Un vrai rayon de soleil. Elle a un sourire incroyable dont Charlie a d'ailleurs hérité.

- Bonjour Florence, je vais bien et toi ? Je lui répond d'un ton enjoué.

- Ça va très bien. Fred m'emmène au spa, vous serez bientôt tranquilles entre ados."

Elle m'adresse un clin d'oeil et je rigole. Frédérick est son compagnon depuis deux ans. Elle s'est séparée du père de mon petit roux quand il était encore enfant. Elle s'écarte pour me laisser entrer. Je traverse la maison pour arriver dans le jardin situé derrière celle-ci.
Je croise Maxence qui prend des boissons dans la cusine et lui fait la bise. Je ne l'avais pas encore vu torse nu depuis la rentrée et remarque que ses muscles ce sont sculptés. Entre ça et son allure de bad boy, je m'étonne qu'il soit toujours célibataire. Connaissant bien la maison, je vais jusqu'à la chambre de Charlie pour poser mes affaires et surtout enlever mes vêtements. J'ai toujours peur qu'ils soient mouillés par je ne sais quoi si je les mets sur une chaise longue au bord de la piscine, alors je préfère tout laisser ici.
Arrivée dans le jardin, je constate qu'on est en petit comité. D'habitude Charlie invite pas mal de monde, dont la plupart de l'équipe de foot. Là, il y a seulement Jordan et Adrien. Je repère aussi, à mon plus grand bonheur, Neven et Louna. Il y a pour finir une fille que je ne connais pas et Célia.

Comme à chaque fois que j'entre dans une pièce, tous les regards se posent sur moi, et en particulier sur mon corps, uniquement  habillé de mon irrésistible maillot noir. Jordan a même l'audace de me siffler, et je lui répond en lui envoyant un baiser de la main. Il fais mine de l'attraper et pousse des cris de joie qui font rire tout le monde.
Je les salue tous, puis m'installe à côté de Louna. Elle bronze sur un transat, ses longues tresses étalées autour d'elle et un grand chapeau sur le visage. Tandis que je suis à sa gauche, Neven est à sa droite. Il me regarde arriver et m'installer. Enfin en tout cas il a la tête tournée vers moi, mais je ne peux pas savoir précisément où ses yeux se promènent, étant donné qu'il porte des lunettes de soleil. Je réalise d'ailleurs que j'ai oublié les miennes.

"Salut ma grosse !

- Grosse toi même, je rétorque à ma meilleure amie.

Le blond se redresse en s'appuyant sur ses coudes :

- Salut madame-je-me-fais-désirer-alors-j'arrive-en-retard !

Mes yeux dérivent un court instant sur ses muscles finement dessinés. Après tout, j'en profite. Pourquoi me priver d'une aussi belle vue ?

- Les princesse savent se faire attendre, je lui réponds en m'allongeant paresseusement.

- Mais les princesses n'ont pas de tâche blanche dans les cheveux, il me rétorque avec un clin d'oeil.

Attendez, quoi ? Putain, je vais tuer mon jumeau !

Louna ricane en voyant ma tête.

- Tu nous explique Ezer ? Elle demande, un sourire en coin.

Je les regarde d'un air blasé qui veut clairement dire : vous êtes des gamins. Néanmoins, par soucis de crédibilité, je préfère m'expliquer :

- Si tu veux tout savoir, je me suis battue avec Nath' ce matin et on a même cass..."

Plouf.

Charlie vient de pousser mon transat à l'eau, avec moi dessus.

•

Je discute avec la fille que je ne connaissais pas, qui se trouve être la soeur de Célia. Elle est en seconde mais elle connaît maxence. Je n'ai pas trop compris comment d'ailleurs, elle est restée floue sur le sujet. Elle s'appelle Adèle, est un peu bizarre mais très gentille.

"Et donc là, je l'ai repoussé.

Elle me raconte qu'elle a rencontré un garçon cet été, qu'ils se sont tourné autour et qu'au final, elle a refusé de l'embrasser.

- Je ne comprend pas trop, tu l'aimais bien pourtant non ?

- Oui mais... sur le coup j'avais pas plus que ça envie de l'embrasser. Ça m'aurait pas dérangé quand j'y pense mais voilà quoi.

J'ai du mal à la suivre. Je bois une gorgée de panaché avant de répondre.

- Et il a réagit comment?

Elle hausse les épaules:

- Il s'est énervé, mais il avait l'air vraiment triste.

- Peut être que tu l'as trop fait espérer pour rien, je lui suggère d'un air désabusé, très honnêtement assez peu intéressée par ce qu'elle me raconte.

- Oh oui, c'est sûrement ça.

Elle me sourit comme si j'avais trouvé la réponse à un gros problème. Étrange comme fille.

- Je dois t'ennuyer avec mes histoires. Je passe vraiment pour une fille inexpérimentée à tes yeux, elle rajoute en triturant nerveusement une mèche des ses cheveux courts.

- Non, pas du tout. Tu sais, je n'ai jamais eu de copain.

Elle semble surprise. Pourquoi tout le monde a la même réaction à chaque fois ? Ce n'est pas parce que je suis belle et populaire que je me fais un maximum de mecs !

- Mais comment ça se fait ? Je veux dire... t'es belle, sociable, drôle et populaire.

- Justement, je suis trop bien pour les autres, je lui réponds avec un clin d'oeil.

Elle ris, mais quelque part j'ai dit ça presque sincèrement. Elle rougit soudain en voyant Charlie se rapprocher de nous. Elle s'appuie maladroitement au rebord de la piscine. Mon meilleur ami m'enlace et me fait un bisous sur la joue. Je le lui rends avec difficulté : il est bien plus grand que moi.

- Tu ne me présentes pas ? Il me demande avec un sourire.

Il détaille Adèle et celle-ci rougit encore plus. Elle est très mignonne avec ses cheveux à la garçonne et ses nombreuses tâches de rousseur. Je lève les yeux au ciel, sachant pertinemment que sa question n'est innocente que d'apparence. Je connais assez mon petit roux pour savoir quand une fille l'intéresse.

- Tu crois que tu le mérites après ce que tu m'a fait tout à l'heure ? Je ne me suis même pas vengée...

- Ohh aller Ezer, s'il te plaît, s'il te plaît, s'il te plaît...

Charlie fait une tête de chien battu et je lève les yeux au ciel avec un sourire. Ce n'est qu'un jeu, il n'a certainement pas besoin de moi pour aborder une fille. Je cède donc et désigne successivement l'un puis l'autre :

- Charlie, Adèle est la petite soeur de Célia. Adèle, voici Charlie, le capitaine de l'équipe de foot et aussi mon ami d'enfance."

Ils commencent à parler entre eux alors je les laisse faire connaissance. Je nage vers Louna, Célia et Neven, qui sont finalement partis à l'eau après une bonne séance de bronzage. Ils semblent avoir une disscution animée. Je fronce les sourcils en voyant Célia un peu trop proche de mon ami. Elle le remarque et se décale de quelques centimètres. Satisfaite, j'attrape une bouée rose pour me poser dessus.

"Ezer, t'es au courant que le lycée privé a brûlé ? M'informe Louna en voyant arriver.

- Sérieux ? Non je savais pas, je réponds très sincèrement.

- Ouais, ils pensent que y a eu un problème au niveau des chauffages. C'était hier dans la nuit.

- Heursement ; imaginez que ça se soit passé en peine journée !

- Et apparemment ils vont devoir venir dans notre lycée, le temps que le leur soit reconstruit. Ils vont mettre des genre de préfabriqués dans la cour, un truc comme ça."

Oh putain.