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Le capitaine Durant avait été muté à l'Est de la France. Et il avait nommé Cédric son successeur. Mais il n'avait que faire de cette proposition. Cédric s'était résigné à quitter la police pour se consacrer entièrement à ses enfants. Alors il avait laissé sa place à Mike, qui avait travaillé dur pendant ces dernières années. Il l'avait franchement mérité.
Cédric était là, dans le bureau du capitaine, face à lui, en train de lui remettre son insigne et ses armes. Il avait déjà tous ses cartons qui l'attendaient devant la porte.
— Êtes-vous sûr de vouloir le faire ? lui demanda Monsieur Durant.
Il acquiesça de la tête, les larmes aux yeux. Il ne comptait plus revenir sur sa décision. Car, s'il avait écouté Léa, à l'heure qu'il est, elle aurait toujours été en vie. Il qu'il fasse ce que son cœur lui indiquait. Il fallait qu'il répare les erreurs passées, qu'il s'occupe entièrement de ses enfants qui se sentaient au plus bas. Il ne pouvait plus se permettre d'être absent. Il devait leur apporter tout le soutien qu'ils semblaient réclamer.
Il se retourna vers ses coéquipiers et prit dans son étreinte tout le monde. Il ne supportait pas les adieux. Et pourtant, il se retrouvait à le faire. Il n'avait pas le choix, de toutes les façons. Il humidifia ses lèvres et, après avoir serré la main de Mike, et après avoir pris Audrey dans ses bras, il se dirigea vers la porte de sortie.
Il voyait dans leurs regards cette touche de désarroi. Mais il ne comptait pas faire marche arrière.
Camille, les enfants et lui étaient dans le TGV, en direction vers le Sud avec toutes leurs affaires. Il était décidé à repartir sur de bonnes bases. Cédric voulait tout simplement reconstruire sa vie. Il avait trop souffert, ici, à Lille. Même si tout ceci allait lui manquer, il fallait qu'il s'éloigne de toute cette douleur. Il était parti en disant au revoir à tous ceux qui l'entouraient, car il trouvait que c'était la meilleure des choses à faire. Il savait que ces étreintes lui auraient fait plus de bien que de mal. Il songeait à tout ce qui avait pu leur arriver. Et il avait l'intime conviction que ça leur aurait laissé des marques.
Camille avait raté son Baccalauréat. Alors elle avait décidé de redoubler son année pour obtenir de meilleurs résultats. Vince et Alix suivaient des psychiatres régulièrement. Manon se coupait les veines tout le temps en espérant retrouver sa mère dans l'au-delà. Et Cédric ? Il pleurait tous les soirs sur son lit. Il n'arrivait pas à cesser de penser à Léa. Il ne pouvait pas s'empêcher de se dire qu'ils auraient pu recommencer à zéro ensemble. Mais la vie était comme ça. Elle était faite d'injustices, et il devait l'accepter. Il ne savait pas encore s'il fallait qu'il se trouve un nouveau travail, mais il n'était pas encore prêt pour cela.
Kathleen prit un coton-tige et l'imbiba de Bétadine pour le poser sur sa blessure.
— Vous avez eu de la chance que je vous aie retrouvé à temps ! Qui sait si la Mer ne vous aurait pas...
— Oui, c'est vrai. En tout cas je vous remercie de tout cœur de m'être venu en aide.
— Il n'y a pas de quoi. Mais vous savez, vous avez bien de la chance que j'ai décidé de passer mes vacances touristiques ici, en France. C'est un très beau pays.
— Oui, je l'avoue.
— Mais dîtes-moi... Vous avez de la famille ?
La personne hésita à répondre. Puis, après un court instant, elle daigna lui apporter une réponse :
— Plus maintenant.
— Que s'est-il passé, là-bas ?
— On a tenté de m'assassiner. Mais j'y ai survécu. Je suis en vie.
— Rappelez-moi votre nom, s'il-vous-plaît ?
— ...
Après un moment d'hésitation, la personne lui répondit :
— Benoît Hernández.
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