73
Cédric referma la porte derrière lui, et déposa sa veste sur le porte-manteau, ainsi que ses clés sur la table. Il sortit son téléphone de sa poche et se rendit compte qu'il était déjà minuit. Il était extrêmement épuisé. Il avait passé toute l'après-midi à chercher Benoît et Léa sans succès. Encore une fois ce vaurien détenait Léa prisonnière contre son gré. Il commença à perdre patience. Et il commença sérieusement à douter. Il avait peur de ne plus jamais la récupérer. Pourtant, quand il était parti la chercher avec ses coéquipiers à l'hôpital psychiatrique, il était sûr à cent pour cent qu'elle serait revenue avec lui à la maison.
Il avait mal au cœur de la savoir séquestrée. Comment Benoît avait-il pu l'enfermer dans cette UMD ! ? Comment ! ? Elle n'en revenait toujours pas. Et ce qui lui faisait le plus de mal, c'était qu'elle soit aussi blanche, aussi maigre, et aussi faible.
Camille descendit les escaliers avec rapidité. Elle se rua vers lui, jetant son regard partout. Elle lui demanda :
— Où est Maman ! ? Elle est où ! ? Réponds-moi !
Elle commença à pleurer. Elle le prit par les épaules en le secouant. Elle lui hurla :
— Elle est où, Maman ! ? Mais réponds-moi, Papa ! Je veux savoir où elle est !
Elle le prit dans ses bras.
— Pitié Papa ! Dis-moi qu'elle se trouve seulement à l'hôpital pour des soins et que vous avez arrêté ce Benoît !
— Non, mon cœur.
Elle fondit en larmes.
— Ne me dis pas ça, Papa ! Mais quand est-ce que ce cauchemar se terminera ! Quand est-ce !
— Je ne sais pas, mon cœur. Je vais... Je vais prendre ma douche. Et quand je reviens, je vais vous préparer quelque chose à manger.
— Ce n'est pas la peine. J'ai déjà fait le dîner.
— Ok. Et les enfants ?
— Ils sont dans la chambre. Ils refusent de faire quoi que ce soit. Ils veulent tous que Maman revienne. Et ils ne sont pas les seuls. Moi aussi.
Cédric la prit par les mains en précisant :
— Moi aussi. Mais, tu sais quoi ? Garde espoir. Elle va revenir. Je te le garantie.
Cédric tentait de les rassurer que leur mère s'en serait sortie de cet enfer. Mais dans le fond, il savait que c'était quasiment impossible. Il avait perdu tout espoir de vivre de nouveau avec Léa.
En sortant de la douche, il tira les enfants de leur lit pour qu'ils aillent manger. Ensuite ils s'attablèrent et Manon lui demanda :
— Papa, dis, Maman va revenir, hein ? Dis-moi, elle va revenir ?
— Oui, c'est vrai, Maman nous manque tous, ajouta Vince.
— Elle va revenir ! répondit Camille, le sourire aux lèvres.
— Oui. Et... S'il-vous-plaît, ne nous gâchons pas la vie avec ça. Je ne vous demande pas de faire comme si de rien n'était mais... Essayons de ne pas nous faire du mal avec tout ça. Parce que ça me fait de la peine de vous voir ainsi. Ne laissons pas Benoît nous détruire complètement.
Cédric prit Camille par les mains, et elle prit la main d'Alix, qui serra celle de Vince, qui empoigna celle de Manon, qui tenait fermement la main gauche de Cédric.
— On va tous prier pour qu'on aille mieux, ok ? Et toi, Camille, tu dois avoir ton BAC. Alors repose-toi bien pour ton épreuve de demain.
— Oui, Papa.
Quand ils eurent fini de manger, il accompagna les enfants dans la salle de bain pour les laver les dents et les doucher. Une fois terminé, il les habilla et les coucha, avant d'éteindre les lumières de leurs chambres.
Cédric s'était toujours occupé seul de ses enfants, et il avait peur que ce soit ainsi pour toujours.
Le lendemain matin, il se réveilla très tôt pour aller aux toilettes. Mais au même moment, son téléphone sonna. Il se redressa sur son lit et décrocha en bâillant :
— Allô ?
— Je sais où se trouve Léa...
— Qui êtes-vous ?
— Ça n'a pas d'importance, je sais où elle se trouve. Vient immédiatement sur le chantier en construction à deux kilomètres de chez toi.
— Qu'est-ce que...
La personne raccrocha. Cédric était certain qu'il s'agissait d'une femme.
***
Il poussa la porte faite de tôle, passa par-dessus les agglos, et s'aventura sur ce chantier dans lequel régnait une atmosphère sombre et lugubre. Son cœur battait à cent à l'heure. Il se mit à tourner sur lui-même en criant :
— Léa !
Face au silence le plus absolu, il cria de nouveau :
— Léa ! Mon amour !
— Te voilà ! entendit-il derrière moi.
Il se retourna brusquement, et vit se peindre devant lui le portrait craché de Thérèse.
— Thérèse ? fit-il étonné.
— Je ne suis pas Thérèse... Mon nom est Louise, répondit-elle le sourire aux lèvres.
— Louise ? Qui es-tu ! ? Où est Léa ? demanda-t-il avec méfiance.
— Léa ?
Et elle éclata de rire.
— C'était toi au téléphone... je reconnais le timbre de ta voix.
— En effet, c'était moi.
— Où est Léa ? quémanda-t-il d'un ton ferme.
— Tu as cru que j'étais magicienne ?
— Tu prétendais savoir où se trouvait Léa...
— Figure-toi que... j'ai menti, répartit-elle en admirant le vernis de ses ongles.
Et, en esquissant un vilain rictus, elle dégaina son révolver :
— Ce n'était qu'un prétexte pour mettre fin à tes jours.
Elle chargea son arme.
— Tu es venu tout seul, hein ? C'est franchement bête, venant d'un policier ! Je vais t'abattre comme un cochon, et personne ne pourra te sauver !
Et elle se mit à sautiller en ricanant.
— Je ne comprends pas, dit-il, confondu.
— Tu ne comprends pas ?
Elle regarda son révolver luire sous les faisceaux du soleil.
— On ne connaît pas...
Louise leva la tête, et lui adressa un large sourire.
— Tu dois sûrement être l'une des anciennes clientes de Léa...
— Cliente ? Certainement pas... mais la sœur de deux de ses clients... oui !
Il fronça les sourcils...
— Thérèse et Benoît ! ajouta-t-il, les yeux écarquillés, comme illuminés.
— Mais ça n'a pas d'importance, parce que lorsque tu t'en iras, tu n'auras plus conscience de rien...
Louise tira sur les pots de peinture et elle eut un sursaut.
— Je suis très droite, vois-tu ! C'est pourquoi je vais laisser la possibilité de prononcer ton dernier souhait...
— Je veux que tu crèves, espèce de vermine !
— Hou !
Louise s'approcha de lui et posa le révolver sur son front.
Qui crois-tu qui va mourir entre nous deux ? Hein ! ? Je vais te faire la peau, tu verras...
Et elle le poussa sur les poubelles avec rage.
— C'est moi qui ai tué ta sœur espèce d'idiot ! Vous allez tous payer pour ce que vous avez fait à mes frères !
Silence !
Et elle appuya sur la gâchette. Mais il n'y avait plus de balle. Alors Cédric se releva et se mit à courir pour la rattraper. Celle-ci, notant qu'elle ne pouvait plus rien faire, mise à part sauver sa peau, prit ses jambes à son coup. Elle se précipita vers la sortie à toute allure. Malheureusement pour elle, elle ne put arriver loin, car elle trébucha aussitôt sur les agglos, et mourut froidement.
***
Le lendemain, Cédric fut réveillé par la sonnerie de son téléphone. Il se redressa sur son lit, se frotta les yeux, et s'empressa de répondre.
— Allô ?
— Cédric...
— Mike... ! dit-il d'un ton fatigué.
— Tu viens tout juste de te réveiller, commença-t-il, désolé. J'ai une nouvelle pour toi.
— C'est à propos de Léa ! ? demanda-t-il, impatient. Vous l'avez retrouvé ! ? Vous avez enfermé cette crapule de Benoît ! ?
Sur le coup, la fatigue s'en alla.
— Une touriste a retrouvé Léa.
Un sourire se dessina sur ses lèvres. Il pouvait respirer calmement.
— Léa ! ? Elle va bien ! ? le questionna-t-il.
— Elle a fait un accident sur le pont de Viaduc de Garabit.
— Jusqu'ici ! ? s'étonna-t-il. Et elle va bien, au moins ! ? Elle est où ! ?
— Je suis désolé, Cédric.
Le sourire de Cédric s'effaça.
— Mike... !
— On n'a rien pu faire pour elle.
— Comment ça, vous n'avez rien pu faire pour elle ! ?
— On est arrivés trop tard. Elle est morte.
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