72
Alors que la nuit était tombée, Benoît était toujours dans son bureau en train de rédiger des documents concernant l'état de santé de ses patients. A force d'écrire, ses yeux commençaient à fatiguer. Il regarda sa montre, et vit qu'il était vingt heures. La porte s'ouvrit brusquement. Et il leva la tête.
— Mais vous ne pouvez pas frapper avant d'entrer ! ? s'énerva-t-il sur le psychiatre.
— Je suis désolé mais... La police.
— Quoi, la police ! ?
— Elle a débarqué ici avec un mandat d'arrêt ! Elle sait tout ! Elle est en train d'arrêter tous les psychiatres de cet hôpital pour internement illégal !
— Quoi ! ?
Benoît se leva immédiatement de sa chaise et commença à regarder à droite et à gauche.
— Comment est-ce possible ! ? Qui a bien pu savoir que Léa se trouvait ici ! ?
— Je ne sais pas, Monsieur Hernández.
— On t'a vu ? demanda-t-il tout bas.
— Non. J'étais caché. Personne ne m'a vu.
— Très bien. Merci.
Benoît prit les clés de la chambre de Léa et quitta sans plus attendre son bureau. Il entendit quelqu'un s'approcher du couloir où il se trouvait, en expliquant :
— Elle se trouve dans la chambre 206 ! Vite !
Puis, il reconnut la voix du capitaine Durant prononcer :
— Fouillez tous les moindres recoins de l'hôpital ! Je veux que vous retrouviez Benoît Hernández !
Ils devaient être nombreux. Benoît se mit alors à courir. Son cœur battait si fort. Il avait une énorme douleur à la poitrine. Tout tremblant, il inséra la clé dans la serrure de la porte de Léa. Elle se leva brusquement de son lit. Il se dirigea aussitôt vers elle, et la saisit par le bras.
— Qu'est-ce que tu fais, Benoît ! ? demanda-t-elle inquiète.
Il ne prit pas la peine de lui répondre, et l'entraîna vers l'extérieur. La démente qu'il avait fait enfermer dans la chambre de Léa le regardait avec de gros yeux, sans rien dire.
— Qu'est-ce qu'il y a ! ? Où tu m'emmènes ! ? insista Léa.
— La ferme ! lui cria-t-il.
Benoît emprunta une autre direction que celle qu'il avait prise. Il courait à toute vitesse avec sa proie pour se rendre dans le jardin. Mince ! Il avait oublié que les remparts étaient beaucoup trop hauts. Il s'arrêta. Et Léa le questionna, essoufflée :
— Tu peux me dire ce qu'il se passe, Benoît ! ? C'est la police ! ? C'est ça ! ?
Elle hurla :
— Cédric ! Mike ! Monsieur Durant !
Il mit ses mains sur sa bouche et chuchota :
— Je te conseille de fermer ta gueule, si tu tiens à ta vie !
Elle lui mordit la main et se mit à courir.
— Tu ne peux pas m'échapper, Léa ! Tu ne peux pas ! cria-t-il la poursuivant.
— Cédric ! appela-t-elle au secours.
Benoît se retourna et vit Cédric et les autres policiers. Ils commencèrent à courir après eux.
— Léa ! hurla-t-il désespérément.
— Léa ! poursuivit Benoît.
Léa commençait à fatiguer. Benoît savait qu'elle ne tiendrait plus pour longtemps, car elle avait été droguée...
Benoît la prit par le bras et la tira vers lui en reculant. Il sortit son arme de sa poche et la pointa sur sa tempe en menaçant :
— Pas un geste ! Un pas de plus, et je lui tire dessus !
Elle ferma les yeux, angoissée. Cédric s'arrêta et fit signe à ses coéquipiers de s'arrêter. Ils sortirent eux aussi leur révolver et visèrent Benoît.
— Jetez vos armes ! Maintenant ! ordonna-t-il.
— Calmez-vous, les gars ! conseilla Cédric qui espérait voir sa femme saine et sauve. On va faire ce qu'il nous demande.
Après quelques secondes d'attente, ils jetèrent à terre leurs armes.
— C'est bien ! ajouta Benoît.
Cédric recula en insistant :
— Ne bougez pas !
Cédric ne le quittait pas des yeux. Il ajouta :
— Benoît, on sait ce que tu as traversé. On sait que tu souffres énormément depuis la mort de ton père. C'est pour cela qu'il faut que tu nous laisses t'aider. Léa est une très bonne avocate. Elle pourra t'épargner la prison, et réussir à prouver à tous que tu ne vas pas bien... Fais-nous confiance, on peut faire en sorte que tu guérisses.
— Vous voulez m'interner ?
— C'est la meilleure chose à faire...
— Je ne suis pas malade ! Je n'ai besoin de l'aide de personne ! Je refuse de perdre !
Cédric tenta une approche.
— Ne bougez pas ! insista Benoît.
Cédric recula jusqu'à ce que Benoît arrive devant sa voiture, celle qu'il venait d'acheter. Il poussa Léa à l'intérieur, et il s'y installa immédiatement. Benoît ferma la portière, et sans mettre sa ceinture, il fit marche arrière, et s'en allai. Les policiers reprirent leurs armes quelques secondes après pour essayer de lui tirer dessus. Comme Benoît connaissait parfaitement cet endroit, il savait par où passer pour trouver la sortie. Il quitta sa Twingo, les clés de la barrière en main. Il l'ouvrit, et regagna sa voiture.
Benoît les avait échappés.
Léa n'arrivait pas à croire qu'elle se retrouvait encore entre les griffes de Benoît. Elle se mit à pleurer. Elle lui cracha au nez :
— Espèce d'imbécile ! Relâche-moi ! Tu n'es qu'un pauvre crétin ! Ta méchanceté ne fera pas long feu !
— La ferme ! C'est ici que je te tuerai !
— Si tu as tellement envie de me tuer, pourquoi ne l'as-tu pas fait dès le début ! ? Tu n'es qu'un pauvre idiot !
La voiture roulait très vite. Ils approchaient un pont.
— Tue-moi ! Vas-y ! Fais-le !
— Ne me pousse pas, Léa. Je ne te ferai pas ce plaisir.
— Et pourquoi pas, hein ! ? Si tu ne me tues pas, je m'en sortirai d'ici saine et sauve !
Il ne dit pas mot. Léa le regardait avec haine.
— Tu n'es qu'un lâche ! cria-t-elle. Tu n'as pas les couilles !
Elle s'arrêta pour reprendre son souffle, et elle reprit :
— Comme tu ne veux pas me tuer, c'est moi qui te tuerai !
Elle prit le volant et décida de tourner à gauche. Elle tenta de sortir par la porte de droite, mais elle n'eut pas le temps. La Twingo cassa la balustrade de bois. Ils poussèrent un cri de panique, et ils tombèrent dans les abîmes de l'océan.
Alors que la voiture s'enfonçait dangereusement dans l'eau, Léa essayait d'ouvrir la portière de son côté. Lorsqu'elle put se libérer du véhicule, elle nagea jusqu'à ce qu'elle arrive à la surface.
— Aidez-moi ! hurla-t-elle à crever sa corde vocale pour qu'on puisse l'entendre.
Ses cheveux étaient plaqués sur sa tête.
— Aidez-moi !
Tout ce qu'elle voulait, c'était qu'on la sorte de là. Son cœur battait à un rythme démesuré. Elle agita ses mains et ses pieds pour la retenir hors de l'eau.
— Au-secours !
Quelques centilitres entrèrent dans sa bouche.
— Au-secours ! Je suis ici ! Par pitié ! Aidez-moi ! Cédric ! Cédric ! Je suis ici ! Sortez-moi de là !
Elle commençait à sangloter. Elle regardait tout autour d'elle. Elle se retrouvait dans un vaste océan, sans personne, sans bateau. Elle ne pouvait pas croire que tout s'arrêtait là. Elle ne voulait pas mourir. Elle devait rester, pour ses enfants et son mari.
— Au-secours ! hurla-t-elle de toutes mes forces. À l'aide ! Sortez-moi de là !
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