7
MARDI 24 MAI 2016...
Léa reçut un appel de sa mère à l'hospice, lui expliquant qu'un incendie avait été déclenché dans sa chambre, et qu'elle avait failli y passer. A l'écoute de cette annonce, Léa poussa un cri de stupeur et fit tomber sa tasse de thé vert.
Cédric, curieux de savoir pourquoi Léa avait jeté sa tasse, quitta la cuisine. Il s'approcha d'elle de pas incertains, l'air intrigué. Il posa ensuite sa main sur son bras droit et lui demanda avec douceur :
— Ça ne va pas ?
Léa ne comprenait pas qu'on puisse vouloir faire du mal à une femme comme sa mère. Pour elle, il s'agissait sûrement de la même personne qui était derrière ces appels et messages anonymes. Elle en était persuadée. Elle se remémora la menace qui lui était adressée, et supposa que sa mère était la première victime d'une longue liste... Il fallait alors qu'elle agisse vite. Elle devait sortir sa mère de cet hospice... Sa vie était en danger.
— J'ai peur, Cédric..., lui avoua-t-elle.
Cédric la prit dans ses bras, et il sentit les battements de son cœur raisonner sur sa poitrine.
— De quoi tu as peur ? lui demanda-t-il, tout autant apeuré qu'elle.
Léa ne voulait pas mettre la vie de son époux en danger, encore moins celle de ses enfants. Elle baissa la tête, et choisit le silence. Cédric la serra alors très fort. C'était comme s'il sentait qu'il la perdait peu à peu.
Plus tard, Cédric et Léa décidèrent d'aller rendre visite à l'une de leurs amis, Jenny. Cela faisait très longtemps qu'ils avaient cessé de la voir. Ils pensaient alors qu'elle serait très contente de leur visite. En route, alors que Vince et Alix dormaient sur les sièges arrière de la voiture, que Manon lissait la presse, et que Camille était au téléphone, Cédric et Léa restaient là à s'ennuyer. Repensant à tout ce qu'il venait de se passer, Léa brisa le silence entre son époux et elle.
— Cédric, tu savais qu'il y avait de grandes et belles villas à Montpellier ?
— Ah oui ! ?
— Oui. Et figure-toi qu'elles sont nettement plus chaleureuses que celles d'ici.
— Hum...
Léa regarda par la fenêtre. Elle vit une voiture rouge bordeaux, aux vitres teintées passer près d'eux lentement. Elle regarda Cédric en insistant :
— Ici, à Lille, c'est rare de trouver des villas aux végétations verdoyantes, avec des piscines... Tu vois ?
— Oui, oui, t'inquiète.
— Il est grand temps qu'on améliore notre condition de vie, tu ne crois pas, non ? On a le droit de nous faire plaisir un peu...
Alors que Cédric semblait être d'accord avec sa proposition, il se tourna vers elle, et, d'un ton calme, mais surtout agacé, il lui demanda :
— Tu penses à quoi ?
— Eh bien je suis contente que tu me poses la question. Je voulais qu'on déménage vers le Sud. Montpellier c'est très beau, non ?
Léa esquissa un petit sourire, un sourire qui s'effacera aussitôt :
— Léa, je ne peux pas tout abandonner parce que tu as trouvé des annonces ridicules sur internet !
— Comment ça, tout abandonner ?
— Je te rappelle que je suis policier municipal de Dunkerque. Je ne me déplacerai pas de Montpellier jusqu'à Dunkerque pour travailler. Ça fait plus de huit heures de train !
— Mais tu peux au moins faire des compromis. Cédric, je suis prête à tout abandonner pour toi ! Je suis prête à prendre un nouveau cabinet à Montpellier.
— À Montpellier ! ?
— Mais où veux-tu en venir ? Tu peux très bien exercer ta profession à Montpellier. Où est le problème ?
— Tu veux savoir où est le problème, Léa ! ? Le problème c'est que je suis trop attaché à mes collègues de travail ! Le problème c'est que je suis déjà habitué à ce milieu de travail... J'ai passé vingt ans de ma carrière ici !
— Oui mais tu peux faire tout ça à Montpellier, non ? Je te rappelle que tu es le meilleur de tous alors, pour toi, ce ne sera pas un problème de...
Cédric se tourna vers Léa et lui demanda :
— Qu'est-ce que tu veux fuir ?
— Fuir ? Je ne fuis rien du tout.
— Pourtant ça m'en a tout l'air.
Cédric et Léa se turent jusqu'à ce qu'ils arrivassent devant la villa de Jenny. Cédric, qui était au volant, se gara sur le parking, puis réveilla les enfants qui avaient eu le temps de prendre sommeil. Une voiture rouge bordeaux se rangea à son tour sur la place. Ils sortirent du véhicule et allèrent sonner à la porte de leur amie.
— Léa ! Cédric ! s'exclama Jenny en ouvrant la porte. Mais qu'elle surprise ! Mais entrez, je vous prie !
Ils entrèrent. Jenny, excitée par leur présence, oublia de fermer la porte, et leur fit la discussion :
— Mais que me vaut cette visite ! ?
— Eh bien... répondit Léa, le sourire aux lèvres, on ne t'a pas vu ça fait très longtemps. On voulait prendre de tes nouvelles.
— Eh bah... Je suis là.
— Alors ? Et Laura ? Qu'est-ce qu'elle devient ? Ta fille, elle a maintenant dix-neuf ans, non ?
— Oui. Dix-neuf ans. Elle en aura vingt dans trois mois.
— Et vous allez fêter ça, non ?
Jenny baissa la tête, comme si quelque chose lui avait rappelé un mauvais souvenir.
— Quoi ? Mais... J'ai dit quelque chose de mal ! ? demanda-t-elle, l'air de ne rien savoir.
— Non, la rassura Jenny, tu n'y es pour rien. Au fait, ma fille est partie en études, ça va bientôt faire deux ans. Donc on ne fêtera rien.
— Ah ! Je suis désolée. Elle te manque, c'est ça ?
— Oui. Énormément. »
***
Au commissariat...
Depuis de longues heures, ils étaient tous les deux enfermés dans cette pièce sombre, asphyxiant de chaleur. Cédric sentait des gouttes de sueur dégouliner sur son front. Il humait l'odeur de sa transpiration mélangée à celle de Robert.
Cédric s'approcha de ce monsieur, et d'un ton dogmatique, il cria pour la énième fois :
— Où est Vicente ! ?
— Je n'en ai pas la moindre idée.
— Ne me faites pas perdre mon temps ! J'exige que vous me disiez où il se trouve, ainsi que ses autres complices.
— Je ne vois pas de quoi vous parlez.
— Ne jouez pas au plus fin avec moi, vous risquez de le regretter amèrement.
— C'est une menace ?
— Prenez ça comme vous voulez.
— Je suis désolé de ne pas pouvoir vous aider dans votre affaire.
— Qui est Vicente pour vous ?
— Il est seulement mon patron.
— Là vous commencez à parler, Robert. Mais dites-moi, comment est-ce possible que lors de la descente au cabaret vous étiez seul avec Valérie ? Où étaient passés les autres ? Ils savaient qu'on viendrait, non ?
— Lâchez-moi ! Je vous ai dit tout ce que je savais !
— Si vous refusez de collaborer, vous et Valérie, je n'aurais pas d'autres choix que de vous garder.
— Vous n'avez pas le droit de nous garder aussi longtemps ! J'exige un avocat ! Vous perdez votre temps avec moi, Monsieur Vermandois ! Je ne suis pas celui qu'il vous faut pour faire avancer l'enquête. Je ne sais strictement rien de la vie de mon patron !
— Mensonge ! hurla-t-il en tapant la table. Je suis sûr que les flux de drogue qu'organise El Gato se font par votre biais. Donc je vous prie de dire la vérité !
— Ce sont des sottises ! Je ne sais pas de quoi vous parlez !
— Très bien. Écoutez ! Ça fait un petit moment que nous travaillons pour la police Colombienne. Nous sommes chargés de rendre Santa-Monica à cette autorité. Donc s'il-vous-plaît...
— Mais je m'en fiche ! Moi je veux sortir, c'est clair ! ? Quand je sortirai d'ici, je porterai plainte contre vous pour abus d'autorité, et on verra si vous continuerez à faire le malin.
— El Gato vous a payé pour garder le silence, n'est-ce pas ?
— Mais vous êtes complètement maboule, vous ! Vous ne comprenez pas que j'ignore qui est ce type ! ?
— Vous voulez dire que ça ne vous a jamais traversé l'esprit de lire les journaux ?
— Eh bah figurez-vous que non ! Écoutez, que ce soit clair, je travaille pour Vicente. Et mon boulot c'est de faire le ménage, ok ? Tout comme Valérie.
— Je croirai pour Valérie mais pas vous, Robert ! Vous êtes trop bien vêtu ! N'essayez pas de me faire croire qu'il n'y a pas de vêtements pour faire le ménage dans un cabaret aussi dégoûtant que celui-ci. Dites la vérité !
Robert planta son regard dans les yeux de Cédric.
— Quand vous êtes arrivés, pratiquement tout le monde était déjà parti car on était sur le point de fermer. Valérie et moi ne faisions que mettre de l'ordre.
— Comme c'est étrange... ! Le responsable n'était pas là pour la fermeture de son cabaret ! Expliquez-moi, s'il-vous-plaît ! ?
— Mais que voulez-vous que je vous dise ! ? Je n'en sais rien ! lâcha-t-il les dents serrés, et d'un ton qui se voulait las.
— Ne me prenez pas pour un con ! D'après ce que j'ai appris, il y avait une petite jeune avec vous !
— De quoi est-ce que vous parlez ! ?
— Michelle Beaufort, ça te dit quelque chose, trou du cul ?
— ...
— Quelqu'un a fait savoir à El Gato que la police était sur le point de débarquer...
— ... Non ! répondit-il stressé. Je ne sais pas... Je ne sais rien !
— Si ! Puisqu'il s'agissait de vous !
— Non. Je vous jure que rien de tout ça n'est vrai ! El Gato est parti très tôt !
— Depuis quand exactement avant que nous ne débarquions ?
— Heu... Je ne sais pas, je ne suis pas fort en Maths.
— Ne me prenez pas pour un idiot ! Ou sinon je vous jure que vous ne bougerez pas d'ici.
— Mais je ne sais rien de cette histoire, je ne sais rien !
— Devant le cabaret j'ai vu que ça se fermait à vingt-trois heures. Mais quand nous sommes arrivés, il était à peine vingt heures ! Vingt heures ! Où étaient passés les clients, personnels de travail... ! ?
— Monsieur Vicente a dû fermer plus tôt pour une urgence et a ordonné à toutes les clientes et tous les clients de partir, y compris ses employés.
— Et vous êtes restés là, sans qu'il ne s'en soucie ?
Cédric s'éloigna de lui afin de réfléchir plus calmement. Il se frotta la barbe qui avait commencé à pousser. Il passa ses mains dans ses cheveux. Il faisait les quatre-cents pas. Il avança vers Robert et reprit :
— Vous êtes mal barré ! Qui d'autre travaillait pour lui ?
— Bah plein de monde ! Michelle Beaufort...
— Ça on le savait.
— ... Valérie...
— Ensuite ?
— Et je ne connais pas les autres.
Cédric esquissa un sourire nerveux.
— Vous travaillez avec eux depuis quand ? Cinq ans ! Comment ne pas les connaître ! ? Je n'ai pas terminé avec vous ! Et je vous garderai autant de temps qu'il sera nécessaire.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top