66


Le lendemain, Léa fut réveillée très tôt pour prendre son bain. Elle arriva devant une petite salle, et remarqua la moisissure incrustée un peu partout, et les robinets de douches collectives rouillés.

— Vous voulez que je me lave dans cette pareille condition ! ? demanda-t-elle.

— La ferme ! ordonna un infirmier. Vous n'avez pas votre mot à dire !

— Je... Je refuse de me doucher ici !

— Écoutez-nous, s'il-vous-plaît ! ?

— Mais je veux sortir d'ici, vous n'avez pas compris ! ?

— Non ! S'il-vous-plaît, n'aggravez pas votre cas ! ? Faites ce que nous vous demandons !

— Mais vous n'avez pas compris que cet endroit est crade, dégoûtant et... Ça pu ! Comment pouvez-vous m'interner ici, en parmi de tous ces gens délirants ! ? Est-ce que vous voyez que j'ai l'air d'être déséquilibrée mentalement ! ? On vous paye, c'est ça ! ? Ce sont les ordres de Benoît, pas vrai ! ?

— Bon, ça suffit !

Ils s'approchèrent d'elle et la saisirent fortement.

— Vous n'avez pas le droit ! Je porterai plainte !

— Taisez-vous ! Ici, personne ne portera plainte ! Vous êtes seule ! Acceptez-le !

Léa se débattait autant que possible pour ne pas se laisser faire, mais ils avaient plus de force qu'elle. Ils la trainèrent à terre par les cheveux et la relâchèrent violemment. Puis soudainement, l'un d'eux se jeta sur elle et l'asséna de coups. Elle sentait les poings briser les os et les muscles de son visage.

— Je vous en prie, arrêtez !

Léa les priait de la laisser tranquille... vainement.

***

Quelques temps plus tard, elle se réveilla sur un petit lit bleu, quelque peu abîmé. En face d'elle, se trouvait un homme tenant à la main un coton imbibé de Bétadine.

— Cette fois-ci, vous n'avez rien eu. Mais, je vous en prie, ne cherchez pas à vous défendre. Vous n'êtes pas en disposition.

— Docteur, on m'a emmené ici de force et... Je ne sais pas pourquoi. C'est Benoît... Benoît Hernández...

Elle le prit par le col et approcha son visage en écarquillant les yeux.

— ... Il veut juste se venger de moi. Mais je n'ai rien à voir avec ces malades mentaux. Vous me croyez, hein ? Dites, vous me croyez ?

— Calmez-vous ! Nous sommes ici pour vous aider.

Il alla s'asseoir rédiger un document sur son bureau.

— Qui ça, nous ?

Après un moment de silence, il décida de lui répondre :

— Nous, les infirmiers, médecins, psychiatres...

— Non !

Léa se leva et se jeta à ses pieds.

— Par pitié, pas eux ! Ils sont tous corrompus ! Benoît a acheté leur silence ! Il ne faut pas leur faire confiance !

— Oui, ne vous en faites pas !

Il la prit par le bras et la conduisit jusqu'à ma chambre avant de la refermer.

— Non ! hurla-t-elle. Non ! Aidez-moi ! Sortez-moi de là ! Je vous en prie !

Elle tapotait la porte. Il fallait qu'elle sorte. Elle n'en pouvait plus de cet endroit infernal.

Léa regarda autour d'elle et remarqua une femme recroquevillée dans le coin, en robe blanche. Elle eut un sursaut.

— Vous faîtes quoi, là ? demanda-t-elle.

Mais la femme ne prit pas la peine de lui répondre, ni même de bouger.

— Madame, je vous prie de sortir de ma chambre ! Allez-vous-en ! Vous n'avez rien à faire ici !

Cette-dernière leva lentement la tête et courut en sa direction pour la griffer.

— Au secours ! cria-t-elle à l'aide.

La femme étrange s'arrêta et se roula à terre en pleurant.

— Tu l'as tué !

— Comment ? demandai Léa.

— Tu as tué Lili !

— ... Non. Je n'ai tué aucune Lili. Qui est-elle ?

— Tu l'as tué.

— Non, c'est faux.

— Elle me l'a dit.

— Non, ce n'est pas vrai.

— Si. Vous êtes rentrée dans sa chambre la semaine dernière...

— Non, je... Je ne la connais pas... Je ne l'ai jamais vu...

La jeune femme poussa un cri strident, et se mit à s'agiter, à prendre des positions étranges. Léa recula de plusieurs pas, et se mit dos à la porte. La jeune femme se leva et se jeta abruptement contre le mur. Léa ferma les yeux et mit ses mains sur ses oreilles. Elle ne voulait plus rien voir, plus rien entendre.

— Faites-moi sortir, je vous en prie ! ? cria-t-elle.

Pendant ce temps, l'autre se cognait contre le mur en criant : « Laissez-le ! »

— Je vous en prie ! Au secours !

Léa se leva et se mit à cogner la porte de nouveau.

— Benoît, par pitié ! J'ai compris la leçon, fait-moi sortir ! Je t'en prie ! ? Je t'en supplie ! ?

Léa entendit un bruit de clé s'approchant progressivement de la chambre. Puis, d'un coup, elle entendit des clés s'enfoncer dans la serrure de la porte. Léa recula, la porte s'ouvrit, et Benoît apparut. Léa se jeta alors à ses pieds.

— Je t'en conjure ! Pardonne-moi ! Pardonne-moi de t'avoir fait souffrir pendant un bon moment ! Je t'en prie ! ? Je le regrette, Benoît !

— Je t'avais dit que tu finirais un jour par me baiser les pieds, Léa ! Et ce moment se présente maintenant.

— Benoît, j'ai compris la leçon ! Je ferai tout pour toi ! Absolument tout ! Mais s'il-te-plaît, libère-moi ! ? Je ne veux pas rester dans cet endroit ! Et puis...

Elle se releva et attrapa son col.

— Surtout pas dans la même pièce que cette déséquilibrée ! S'il-te-plaît, sauve-moi ! ? Elle a déjà tenté de m'agresser dans les couloirs, et là elle m'accuse d'avoir tué Lili !

Elle regarda la dame qui accompagnait Benoît. Elle lui adressa la parole :

— Vous, Madame ! Faites quelque chose ! Aidez-moi ! Je n'en peux plus !

— Arrête ! lança Benoît. Tu es là depuis hier et tu n'en peux déjà plus ! ? Et puis, cette dame c'est la psychiatre responsable de l'UMD. Je suis donc allé la voir en premier pour qu'elle me laisse t'interner illégalement.

— Benoît, tu n'as pas entendu, ou quoi ! ? Je t'ai dit que je ferai tout pour toi ! Absolument tout sans exception ! Tout ce que toi tu voudras ! Mais à condition que tu me sortes de là ! S'il-te-plaît ? Sors-moi de là !

Ils se regardèrent droit dans les yeux. Benoît sourit.

— Tu me faits pitié, Léa. Il faut que tu saches que c'est moi qui commande.

Elle déglutit.

— Personne ne m'indique quoi faire dans ma vengeance, compris ? Il y a vingt ans je t'avais donné laissé la possibilité d'éviter ce sort ! Mais tu as préféré suivre le mauvais chemin. C'est dommage, Léa, parce que c'est trop tard.

Il la prit par la tignasse et lui cracha au visage :

— Sache que quand mes décisions sont prises, je ne reviens pas là-dessus. Je ne vais pas te faire plaisir. Je ne veux plus te faire plaisir. Je veux que tu souffres, ok ? Je veux que tu ressentes toutes les douleurs que j'ai éprouvées pendant vingt longues années.

Léa versa une larme.

— Et cette femme dans ta chambre, elle y restera. Désormais c'est sa chambre aussi. Alors, bon courage !

— Non !

Léa secouait négativement la tête. Benoît et la psychiatre s'en allèrent en lui fermant la porte au nez.


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