62

Benoît et Thérèse trinquèrent à leur succès et portèrent le verre à leur bouche. Après avoir pris quelques gorgées, Thérèse commença :

— Enfin nous avons pu attraper cette pauvre tâche !

— Tu ne sais pas à quel point ça me réjouit.

— C'est dommage que ton homme de main ne soit pas là avec nous pour profiter de cet instant.

Le sourire de Benoît s'effaça aussitôt.

— Quel homme de main ?

— Bah... Ton homme de main.

— Je n'ai pas d'homme de main.

— Si.

— Je te dis que non.

— Non, je me suis mal exprimée. Je faisais allusion à celui que tu envoyé pour aller chercher Léa.

— De quoi tu parles ?

— Mais si... Celui à qui tu as demandé d'aller trouver Léa lorsqu'elle t'a échappée...

— Thérèse, tu me fais peur, là. La seule personne à qui j'en ai parlé, c'est toi. Parce que je n'ai personne d'autre avec moi.

Elle resta béante.

— Pardon ! ? Et c'était qui ce type qui semblait être enthousiaste de l'avoir retrouvée...

Benoît la prit par le bras pour la secouer en lui criant au nez :

— Espèce d'imbécile ! C'est quelqu'un qui l'a retrouvée pour la police ! Il se fera une joie de nous balancer pour ces 300 000€ que lui a promis ce stupide Vermandois !

— Calme-toi !

— Non je ne me calmerai pas !

Benoît la poussa violemment à terre en ajoutant, hors de lui :

— Il faut toujours que tu fasses les choses de travers !

— Mais excuse-moi mais tu es en train de rejeter toute la faute sur moi là ! ?

— Pourquoi ce n'est que maintenant tu m'en parles ! ? On est grillés ! La police débarquera ici d'une minute à l'autre !

— Mais comment j'aurai pu deviner que...

— Fais ta tête fonctionner, abrutie !

Elle se releva.

— Voilà ce que ça fait de travailler avec des incapables !

Benoît se frotta la barbe. Thérèse reprit :

— Tout n'est pas perdu. On a une chance de nous en sortir, ils ne savent pas où on est...

— Et leurs chiens ! ? Tu as pensé à eux ! ?

— Mais si on arrêtait de se disputer, peut-être que les choses auraient avancé. Rien n'est perdu. On peut toujours tuer Léa et quitter ce pays !

— Qui t'a dit que je veux la tuer ?

— C'était ça ton plan, Benoît, en finir avec elle !

— Non, si je voulais la tuer, c'est parce qu'elle était toujours avec Cédric, et que je ne le supportais pas ! Mais mon tout premier plan était de la ramener avec moi et de lui faire payer pour cette douleur qu'elle avait causée en moi...

Thérèse le regarda droit dans les yeux, indignée. Elle le sortit :

— Je n'en reviens pas ! Tu es toujours amoureux d'elle, après vingt longues années ! ? Mais c'est toi qui mets ton plan à l'eau ! C'est ta faute si on en est là ! Tu ressens toujours quelque chose pour elle ! C'est pour cela qu'elle t'a berné, parce que tu étais trop aveuglé par l'amour que tu portais pour elle. Mais tu ne t'es pas rendu compte qu'elle s'est jouée de tes sentiments pour prendre la fuite ! ? Et c'est moi qui fais les choses de travers ! ? Elle t'a fait du mal, Benoît ! Dois-je te le rappeler ? Tu as passé vingt longues années de ta vie au centre psychiatrique à cause d'elle ! Tu as souffert ! Tu as dû t'y faire, ce qui n'était pas chose facile ! Tu as rencontré bien des difficultés. Mais rends-toi compte qu'elle t'a insulté, sali, humilié, maltraité ! Elle t'a privé du seul être qui aurait pu faire de toi l'homme le plus heureux du monde. Mais elle n'a rien à foutre de toi ! C'est Cédric qui l'intéresse, rien de plus ! Je te jure que si elle réussit à s'en sortir d'ici, saine et sauve, elle partira vers sa famille. Toi tu n'es rien pour elle. Elle t'a déjà effacé de son cœur, de sa vie. Tu n'es plus rien pour elle. Rentre-le dans ta petite tête ! Elle te déteste ! Te hais ! Et je te jure que si c'était elle, elle n'aurait pas hésité à t'écraser. Profite pendant que tu as la main. Ici, il n'y a pas de place pour l'amour ! Rentre-le dans ta petite tête !

Benoît la gifla :

— Ta gueule !

Elle fut pendant un vague instant déstabilisée.

— Ne m'indique plus jamais ce que je dois et ne dois pas faire ! C'est moi qui commande ici.

— Tu m'as frappée pour elle ! ?

Benoît se retourna et poursuivit :

— D'ailleurs, tu n'es pas en droit de parler. Je n'oublie pas ce Charles que tu as embauché pour séparer Léa de Cédric !

— Mais ça t'arrangeait, toi ! Tu voulais bien Léa pour toi !

— La ferme ou sinon je te jure que je t'en colle une.

— Par pitié, avec Léa on n'ira pas loin ! Tu dois la buter. Si tu n'arrives pas, laisse-moi faire, je...

— Non, un point c'est tout ! On se tire avec elle. Allons-y !

Ils récupérèrent quelques trucs avant de regagner le salon. Thérèse détacha Léa qui ne semblait pas comprendre ce qu'il se passait :

— Que faites-vous ! ? paniqua-t-elle.

— On s'en va ! répondit Benoît.

— Où ! ?

Thérèse intervînt :

— Cesse de nous assommer de questions ! Contente-toi de nous suivre !

Elle la prit brutalement par le bras et la sortit de force. Benoît n'avait pas le temps de vérifier quoi que ce soit, de tout emporter avec lui car il ne voulait en aucun cas se retrouver en prison. Il ordonna à Thérèse de mettre leur proie à l'arrière de la voiture, puisque c'était avec qu'ils envisageaient de s'échapper. Ils montèrent dans le véhicule, et Benoît se mit à conduire.

— Est-ce que je peux savoir pourquoi vous prenez la fuite ! ? insista Léa.

— Ta gueule ! hurla Thérèse.

Benoît sortit son arme de sa poche et la posai sur la tempe de Thérèse avant de la menacer :

— Je te défends de lui parler sur ce ton !

Thérèse ouvrit grand les yeux.

— Comment ! ? Tu...

— Je ne veux plus jamais que tu lui parles ainsi, tu entends ! ?

Elle esquissa un sourire nerveux et rétorqua :

— Au fait, tu voulais seulement que je t'aide à l'obtenir, c'est ça ? Mais... Ouvre les yeux, Benoît ! Elle ne veut plus de toi ! Toi et elle c'est de l'histoire ancienne ! Elle-même l'a compris ! Alors pourquoi refuses-tu d'accepter la vérité en face ! ?

— Ta gueule, ou sinon je tire !

— Mais... Réveille-toi, bon sang !

Avant que Thérèse n'ajoute quoi que ce soit, Benoît lui donna un coup de cross sur sa tempe gauche. Thérèse resta stoïque pendant un court instant, sans doute ahurie de ce qu'il venait de se produire. Elle jeta sa tignasse en arrière, passa sa main là où Benoît l'avait cognée. Et quand elle regarda la paume de sa main, elle s'aperçut qu'elle était blessée.

— Tu... Tu n'as pas fait ça ? Qui es-tu, Benoît ? Tu n'es qu'un psychopathe ! Il faut que je sorte...

Elle se retourna vers la portière mais Benoît chargea son arme, ce qui l'arrêta sans plus attendre. Elle resta figée. Léa, sur le siège arrière, assistait à cette horrible scène. Benoît jeta un œil vers elle. Il la vit déglutir. Elle non plus elle ne bougeait plus. Tout était immobile comme du marbre.

— Je te jure que si tu oses faire ça dans un moment aussi délicat, je te saute la cervelle ! la menaça-t-elle.


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