60
Dubitative, les mots manquaient à Léa :
— Je... Non...
Elle secoua la tête comme pour se réveiller d'un affreux cauchemar.
— Non, reprit-elle avec force convulsive. Tu mens... Tu... Tu mens. Ce n'est pas vrai. Pas toi...
Thérèse allongea son sourire et la contredit :
— Si.
— Non. Tout sauf ça. Dis-moi que c'est une blague. Ramène-moi chez moi !
— Je regrette de ne pas te mentir, Léa. Nous avons tout manigancé dès le début. Nous avons été deux à incendier cet orphelinat. Alors que Benoît a versé l'essence, moi j'ai jeté l'allumette sur ce combustible. Parce qu'on avait déjà notre plan en tête. Il a attendu que la police vienne pour me laisser seule et me faire inculper. Moi, j'étais au courant de tout, et j'étais d'accord. J'ai fait exprès de m'enfuir. Et tu sais pourquoi ? Pour aggraver mon cas, pour qu'on soit sûr de ma culpabilité. Autre chose, me jeter dans une impasse était bien voulu pour que les policiers m'arrêtent. Benoît et moi avions pendant longtemps préparé ce plan. Et tout s'est passé comme sur des roulettes.
— Pourquoi incendier l'orphelinat ? Pourquoi l'orphelinat ?
— Parce que tout simplement on se disait que c'était un crime trop horrible, et que je risquais d'être jugée sévèrement.
— Mais pourquoi toute cette machination pour aller en prison ? Et pourquoi te rendre autant coupable ? Pourquoi... ?
— Parce qu'on voulait simplement que j'entre en contact avec toi de manière subtile. Benoît ne pouvait pas, tu le connaissais très bien. Et si on insistait autant pour m'enfoncer, c'était pour avoir une bonne raison de faire appel à toi, premièrement. Et deuxièmement, pour te donner des bâtons dans les roues, outre les messages et appels odieux de Benoît.
Elle ajouta d'un ton cynique :
— Tout était calculé. Tout. On ne voulait rien laisser au hasard.
— Vous vous rendez compte de la gravité de la situation ! ? Ce sont des dizaines de vies que vous avez cruellement détruit à cause de votre stupide idée de vengeance ! Vous vous rendez compte que vous avez tué des gens innocents, des gens qui n'avaient rien à voir avec cette histoire ! ? Cette histoire ne concernait que Benoît et moi ! Comment avez-vous pu tuer des enfants, des Sœurs, ma mère, Jenny, Jack... ! ?
— Non ! lança Benoît en arrivant. Nous n'avons pas tué Jack. Jack n'a jamais fait ombrage à quoi que ce soit. Et je n'avais jamais eu l'idée de lui ôter la vie pour me venger de toi. Mais si je savais que ça t'aurait autant fait souffrir, je n'aurais pas hésité à le faire. Alors je remercie la personne qui m'a rendu ce service.
— Mensonge !
— C'est la vérité. Pourquoi te mentir ? Tu es maintenant à notre merci.
— Je ne sais pas. Peut-être que vous avez peur que je m'enfui et que je vous dénonce.
Thérèse intervint :
— Benoît et moi sommes des vrais génies diaboliques. Comment veux-tu nous échapper ? Je ne sais pas qui a tué Jack. Je te conseille de chercher encore. Parce que tu gèles là, acheva Benoît.
— Mais pourquoi Thérèse s'est-elle rapprochée de lui, alors ! ?
— J'avais besoin de lui pour parvenir au bout de notre plan. Il était le seul à pouvoir te pousser à accepter mon cas. Parce qu'il était beaucoup trop compliqué et que...
— ... tu savais que je n'aurais jamais accepté de défendre aussi aisément une personne accusée de telles choses.
— Effectivement.
— Mais comment savais-tu qu'il était le seul ! ?
— Parce que c'était ton seul ami masculin avec lequel tu étais autant proche.
— Pourquoi avais-tu besoin d'un de mes amis masculins ?
— Parce que je savais que si je sortais avec lui, il aurait été capable de tout faire pour moi. Et puis, comme il comptait beaucoup pour toi, voyant qu'il m'aimait énormément, tu n'aurais pas eu d'autre choix que de l'aider. Tu vois, Léa, on sait tout de toi, bien plus que ce que toi tu sais de nous. On t'a suivi à la trace. Benoît n'a pas manqué un seul de tes mouvements. On a passé une grande partie de notre temps à élaborer notre plan. Et ça a commencé bien avant qu'il ne sorte du centre. Tu ne devineras jamais comment il a pu faire ma connaissance, comment on s'est alliés tous les deux !
— Comment ?
Après un moment de silence, Thérèse reprit :
— Je suis sa sœur.
— Comment ! ?
— Eh oui !
— Non !
— Si.
— Benoît ! ?
— Oui.
— Toi ! ?
Thérèse approuva de la tête.
— Vous ! ? Du même sang ! ?
— Tout à fait. Nous sommes demi-frères. Je l'ai appris il y a quelques années, et avec le temps on a appris à s'apprécier et à se serrer les coudes. C'est donc avec plaisir qu'il m'a sollicité.
Léa la regardait terriblement et poursuivit :
— Et pourquoi vouliez-vous vous rapprocher de moi ? Je veux dire, en dehors de votre désir de me mettre des bâtons dans les roues, je suis sûre qu'il y a quelque chose de plus important pour vous derrière tout ça.
— Tu as raison. Benoît voulait assouvir sa vengeance sur toi. Et ça tu le sais. Et il avait besoin de quelqu'un que tu ne connaissais pas pour t'embobiner. On avait tout prévu. Je devais te dire que Benoît m'avait tendu un piège pour que tu t'identifies à moi, et pour qu'ainsi tu aies plus de compassion pour moi, afin que tu me croies totalement innocente, et que tu veuilles bien m'aider.
— Pourquoi ? Je ne comprends pas le grand pourquoi.
— Pour que je t'emmène jusqu'à Benoît sans que tu ne te poses des questions, voyons ! La confiance. Tout était question de confiance. Et là, tu m'avais cru sur parole au point de me laisser te conduire jusqu'ici. Au début, c'était ça notre plan. Mais tu as renoncé à mon cas. Ce qui prouvait que tu n'avais plus confiance en moi. Alors notre plan B a été de t'asphyxier dans l'ascenseur car Benoît voulait te tuer d'une quelconque manière. Mais ça n'a pas marché... Alors, notre plan C, était de faire en sorte que Camille entre en contact avec Benoît. Il voulait se glisser tout doucement dans votre famille pour assouvir sa vengeance. Mais tu as contrecarré son plan. C'est alors qu'il a pensé à une autre alternative, tuer ta mère dans ta maison pour que tu t'y sentes menacée et veuilles t'en aller, loin de Cédric. Et ça a marché. Et comme il te suivait à la trace, il a su où tu t'étais réfugiée. Malheureusement tu t'étais enfermée dans la maison de campagne. N'ayant plus d'autre choix, il a eu la brillante idée de faire appel à Jenny... Voilà pourquoi tu te retrouves ici. Quand tu as fui de cette maison, il m'a directement contacté pour que je t'attrape. Tu n'as pas trouvé étrange que je me dirigeais vers la forêt ? J'étais à ta recherche. Lorsque je t'ai vu, je t'aurais embarquée sans ton consentement. Mais il faut dire que ta nouvelle m'a facilité la tâche. Sachant que tu avais de nouveau confiance en moi, la suite a été un chausson aux pommes.
— Et pourquoi toute cette stratégie ! ? Pourquoi ne pas m'avoir enlevée directement ! ?
— Parce que, d'abord, il voulait inspirer la crainte chez toi, te tourmenter, te faire culpabiliser, te faire chercher... avant de passer aux choses sérieuses. Et ensuite, il ne voulait pas que ton enlèvement paraisse pour tel. Il avait l'intention de faire croire que tu avais abandonné ta famille.
Benoît, transporté de joie, s'approcha de Léa et la saisit par le bras pour l'entraîner à l'intérieur. Une fois arrivés, Thérèse vint à son tour et ferma la porte à clé. Et Benoît jeta sa proie contre le sol comme un vieux déchet. Léa para son visage de peur qu'il l'assène de coups une seconde fois. Mais il ne le fit pas. Au lieu de cela, il ordonna à sa complice de la bâillonner de tout part. Il ferma les rideaux, les plongeant ainsi totalement dans la pénombre. Enfin, ils la laissèrent seule pour aller prendre un verre dans la cuisine.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top