59
Léa ouvrit lentement les yeux. Elle s'aperçut qu'elle était toujours au même endroit, en compagnie de Benoît. Elle avait la sensation que sa tête allait exploser, tant elle suffoquait de douleur. Tous les membres de son corps étaient devenus si sensibles qu'elle avait quelques difficultés à se redresser. Elle glissa ses yeux involontairement sur son vêtement, et là, elle constata une énorme tache de sang séché. Benoît n'était qu'un lâche ! Il avait osé porter la main sur elle. Léa n'avait qu'une seule idée en tête, lui faire payer toutes les horreurs qu'il lui avait faites, directement comme indirectement. Des larmes de peine s'échappèrent avec synchronisation du coin mes yeux, qui lui paraissaient enflés, tant son champ visuel s'était réduit. Son cerveau lui lança par ailleurs des violents coups désagréables, comme s'il ne demandait qu'une seule chose, fuir de toute urgence.
Benoît se retrouvait devant la table adossée au mur. Il tenait dans la main droite un verre d'alcool. Et il avait la tête baissée. Il ne bougeait plus. Il semblait être plongé dans ses pensées. Était-il en train de méditer sur ce qu'il venait de faire ? Léa ne préférait pas y penser. Elle ne voulait plus comprendre les raisons qui le poussaient à commettre de telles folies car il avait dépassé les bornes. Et, bien qu'il fût en souffrance, il n'avait tout simplement pas le droit de la battre ainsi sauvagement.
Elle le regardait avec haine. Lui, il était de dos, alors qu'elle n'avait aucune chaine pour la retenir, et la clé se trouvait juste à terre. Il l'avait sans doute fait tomber pendant l'agitation.
Léa se leva et se précipita sur la clé. Benoît se retourna, sans doute de manière instinctive. Et quand il s'aperçut que Léa avait la clé en sa possession, il dessina une ligne droite vers elle. Léa courut alors dans la cuisine, ouvrit avec hâte le réfrigérateur...
Elle entendit des pas lourds trainer sur le sol. Son cœur battait à cent à l'heure. Pendant que Benoît fonçait sur elle, elle attrapa une de ses bouteilles d'alcool. Et quand il fut tout près d'elle, Léa prit un grand élan et cassa la bouteille dans sa tête. Benoît poussa un énorme cri et se jeta à terre.
Benoît ne donnait plus aucun signe de vie. Léa l'avait-elle tué ?
Elle se baissa et le touchai d'un doigt pour vérifier s'il était vraiment mort. Et là, il attrapa ses pieds. Son cœur lourd se mit à battre de plus en plus fort, de plus en plus rapide. Léa agita ses pieds dans tous les sens jusqu'à ce qu'elle tombe contre le sol. Benoît se leva. Et elle, elle se redressa rapidement et se mit à reculer. Elle ne lâchait toujours pas la clé. Elle ne lâchait pas Benoît des yeux. Et lui non plus, d'ailleurs.
Elle fit un demi-tour, se releva et se précipita sur la porte. Elle inséra la clé dans la serrure machinalement, la main encore tremblante. Elle la tourna vers la gauche deux fois. Puis elle tourna la poignée. Et enfin, elle était libre. Une éclatante lueur réfléchit sur tout son visage.
L'instinct de survie l'appelait. Elle l'entendait au loin. Alors, elle se mit à courir de toutes ses forces, aussi vite qu'elle le pouvait, sans s'arrêter, sans regarder derrière elle. La seule chose dont elle avait besoin, c'était de retrouver ses enfants et son mari. La seule chose dont il lui fallait, c'était de prendre une bonne douche et de se brosser cinquante fois les dents. En même temps que des larmes coulaient le long de sa joue, un sentiment de liberté s'empara d'elle. Elle était libre ! Libre ! Après tout ce temps à être enfermée dans cette maudite maison abandonnée au milieu de la forêt et des broussailles impénétrables, elle était enfin libre ! Il n'y avait pas d'autre mot pour décrire comment elle se sentait, hormis le soulagement. Son cœur balançait. Mais après quoi, tant pis ! Si c'était le prix à payer pour sauver sa peau, elle n'y voyait aucun problème. Sa respiration se faisait de plus en plus courte. Sa gorge commençait à s'assécher. Mais il n'était pas question de renoncer. Jamais. Car il était question de vie ou de mort. Car malgré tout l'amour que Benoît portait pour elle, il avait quand même eu le courage de la rouer de coups. Alors, la prochaine fois qu'il l'aurait attrapée, il l'aurait carrément tuée. Benoît était un dangereux psychopathe qu'il fallait éviter. Léa avait peur de retomber dans ses griffes. Il la terrorisait. Elle ne voulait plus le revoir.
Léa courait même si mes jambes commençaient à fatiguer car elle ne devait rien lâcher. Il fallait qu'elle retrouve quelque part la Léa Vermandois qu'elle était autrefois. Enfin, Léa trouva l'entrée de cette forêt qui lui paraissait impossible à s'en sortir. La lumière brillait et la frappait de plein fouet. Elle avait enfin pu quitter ce trou qui l'engloutissait. Elle s'arrêta pour prendre son souffle. Au loin, elle remarqua une voiture noire tourner en sa direction. Elle fit signe au conducteur de s'arrêter. Et par chance, il s'arrêta. C'est alors qu'elle cria : « Je vous en prie, aidez-moi ! ». La vitre s'abaissa.
C'était Thérèse. Elle s'était échappée de prison. Mais Léa n'avait pas le temps de la questionner, sa vie était en péril.
— Thérèse ! hurla-t-elle, surprise et heureuse que ce soit elle.
— Léa, qu'est-ce que tu fais là ! ?
Le souffle court, elle répondit :
— Benoît m'a séquestré ! Tu avais raison... C'était lui qui avait incendié l'orphelinat Saint Joseph.
Ne semblant pas comprendre ce qu'elle lui racontait, elle lui demanda :
— Comment est-ce que tu l'as su ! ?
— Il me l'a dit. Pardonne-moi, Thérèse ! Je suis désolée, j'aurais dû t'écouter...
— Non, non, tu n'as pas à t'excuser. Ta réaction était tout à fait normale envers moi... Tu avais le droit de douter... Ne t'en fais pas, tu n'as pas à être pardonnée.
— Il faut que tu m'emmènes au poste de police ! Il doit payer...
Léa était encore essoufflée.
— Oui, oui. Garde ton calme ! On y va de ce pas ! Monte !
Léa ouvrit la portière, et au même instant, elle aperçut une voiture venir sur la route croisant la leur. La portière s'ouvrit. Un homme en sortit, et jeta un regard en direction de Léa. De là elle pouvait voir qu'il était comme perplexe. Il dégaina son téléphone de sa poche et se mit à taper quelque chose. Léa était sûre et certaine que c'était Benoît qui lui avait demandé de partir à sa recherche. Elle devait quitter cet endroit. Le plus tôt serait le mieux. Léa bifurqua dans la Twingo de Thérèse et celle-ci lui demanda avec hâte, inquiète :
— Qu'y a-t-il encore ?
— Je crois qu'un complice de Benoît m'a repérée. Il faut partir très loin d'ici !
— Pas de panique ! On y va ! Ferme la porte !
Léa se baissa pour ne pas laisser l'opportunité à quiconque de la trouver, et Thérèse démarra. Son cœur s'apaisa. Elle n'avait plus qu'à attendre patiemment leur arrivée au poste de police. Léa n'arrivait toujours pas à y croire, elle était enfin libérée. Elle pouvait désormais retrouver sa famille et dénoncer Benoît pour les innombrables horreurs qu'il lui avait faites.
— On est arrivés ! annonça Thérèse d'un ton machiavélique.
Léa releva la tête, et à sa grande surprise, elle réalisa qu'elles étaient de retour dans la forêt, et juste en face de la maison dans laquelle Benoît la retenait prisonnière.
Thérèse descendit du véhicule et lui ouvrit.
— Tu peux m'expliquer ce qu'il se passe, s'il-te-plaît ! ? lui demanda-t-elle à bout de nerf.
— Nous sommes arrivés à destination.
— Je ne comprends pas, Thérèse ! Tu étais censée me conduire au poste de police, pas ici, tu t'en souviens ! ?
Elle éclata un rire jaune.
— Non, répartit-elle, c'est là que tu as faux... Ma mission était de t'emmener ici.
Léa se gratta le front. Thérèse se pencha et la prit par le bras en prenant soin de le compresser.
— Tu fais quoi, là ! ? paniqua Léa.
— Tu veux savoir, Léa ?
Elle commença à rire :
— Ah, ah, ah, ah !
— Thérèse, ce n'est pas drôle ! Lâche-moi, tu me fais mal !
Léa commença à pleurer.
— Tais-toi et je te conseille de te laisser faire !
— Mais ça ne va pas la tête ! ? Je ne veux pas te suivre, moi !
— Mais tu n'as pas le choix !
Thérèse la fit sortir du véhicule par la force. Léa la regarda d'un œil effaré. Elle esquissa un dangereux sourire avant de lui révéler :
— Je suis de mèche avec Benoît !
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