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Helena avait été retrouvée morte. Le plan de Cédric était tombé à l'eau, il n'avait alors plus d'autre choix que d'avertir ses coéquipiers de la disparition de sa femme, ce qui était très compliqué vu que Camille et lui avaient déclaré qu'elle avait enlevé les enfants, avait tenté de les tuer et s'était enfuit, sans parler des accusations qui pesaient contre elle. Mais vu les preuves qu'il avait récoltées, Cédric pensait qu'il y avait cinquante pourcents de chances qu'on le croie et qu'on ne le prenne pas pour un fou.
***
— Coup de théâtre dans la ville de Dunkerque. Ce matin, la presse a été informée que Léa Vermandois n'aurait pas pris la fuite après avoir enlevé ses enfants, et tenté de les tuer, comme le croyaient Camille et Cédric Vermandois. D'après le policier Vermandois lui-même, l'avocate n'était plus du tout la même avec ses proches depuis un bon moment. Il l'avait remarqué un soir, où elle s'était montrée froide, distante... Et avait soudainement manifesté une certaine attention sur ses enfants, ce qui n'était pas le cas auparavant. Apparemment, elle avait l'air très préoccupée et communiquait très peu avec sa famille. Mais ils n'avaient jamais soupçonné qu'il lui arrivait quelque chose de grave. C'est après avoir fouillé le téléphone de sa femme, Monsieur Vermandois a noté un nombre incalculable d'appels en absence qui avaient lieu le jour de sa « fuite » et dans un même intervalle de temps. En allant plus loin, il avait découvert des messages violents, menaçant, qui semblaient être destinés à sa femme. C'est alors qu'il s'était rendu compte que la situation était extrêmement critique. Il était même allé jusqu'à retourner l'appel. Et à sa grande surprise, c'était un homme qui se retrouvait au bout du fil. Puisque ce dernier lui avait été impénétrable, il avait dû mener sa propre enquête. Après avoir fait le tri dans sa mémoire, il s'était rappelé le jour où Léa Vermandois avait évoqué le nom de Benoît Hernández lors de l'arrestation de Thérèse Vals. Benoît Hernández, il y a vingt ans précisément, a été accusé d'avoir tué Jessica Guérin, la sœur de la célèbre avocate. Selon l'AFP, Léa s'était elle-même chargée de défendre les intérêts de l'assassin. Mais pour une raison qui n'avait jamais été dévoilée, elle aurait renoncé à son cas quelques temps après. Alors, le policier s'était dit que la source de ce problème venait peut-être de là, que Benoît Hernández en voulait peut-être à Maitre Vermandois de l'avoir abandonné, au point de la harceler et de finir par l'enlever. Et ses soupçons ont été confirmés par la psychologue à laquelle Léa Vermandois s'était confiée, Bruno Huguette. Effectivement, un des messages qui lui étaient destinés disait « Ouvre-moi, sale pute ! ». Léa s'était-elle réfugiée dans la maison de campagne avec ses enfants pour les protéger ? Qui a réellement provoqué cet incendie ? Serait-ce Benoît ? Qui serait derrière le meurtre de Camille Guérin ? Mais ce n'est pas tout. Cédric Vermandois, d'une quelconque manière, avait réussi à faire parler Helena Hernández qui, dans un dictaphone, avait tout révélé concernant les manigances de son fils. Le fond même du problème entre Léa Vermandois et Benoît Hernández remonte à bien longtemps, où il lui avait été infidèle en couchant dans son dos à plusieurs reprises avec sa meilleure amie, Anna Potiron. Et puisqu'elle avait voulu tout dévoiler à l'avocate, Benoît Hernández n'avait pas vu d'autre solution que de la tuer. C'est en surprenant Benoît au téléphone avec quelqu'un, racontant l'histoire de sa tromperie, que Jessica avait tout découvert, ce qui l'avait conduit tout droit vers la mort. À la suite de ces aveux, la police avait retrouvé Helena Hernández morte chez elle. Qui est l'auteur de ce crime ? Serait-ce Benoît ? L'enquête est en cours...
Cédric respira un bon coup avant de reprendre la lecture :
— Concernant l'avocate, nous ne savons malheureusement toujours pas où elle se trouve. Ce qui est sûr, c'est que Benoît Hernández la retient contre sa volonté. Le policier Vermandois est prêt à donner 300 000€ à la personne qui lui ramènera son épouse...
Benoît s'arrêta de lire. Puis il glissa ses yeux vers Léa qui était toujours bâillonnée. Il lui fit remarquer :
— Finalement, ton mari n'est pas si con que ça, Léa Vermandois ! Chapeau !
Il se mit à applaudir. Le rouge lui montait au visage.
— Tu n'es qu'un monstre, un salopard... ! Tu ne t'en sortiras pas ! Tu croupiras en prison !
Benoît se servit de l'alcool pour chasser la frustration qui l'habitait.
— C'est ce que tu crois, Léa ? Non mais tu as vraiment l'air de penser que tu te trouves dans un film d'action dans lequel le méchant est destiné à se faire chopper ?
— Ferme là ! Le bien finit toujours par triompher du mal.
— Tu parles comme si c'est une généralité.
— C'en est une.
— Faux ! Apprend que dans la vie, quand on se bat durement pour quelque chose, on l'obtient toujours. Et vu que nous sommes deux dans la guerre, et qu'il n'y aura qu'un seul gagnant, seul le plus fort s'en sortira. De toutes les façons, Léa, on verra bien.
— Oui, on verra bien.
— Tu veux quelque chose à manger ?
Elle serra ses mâchoires et répondit :
— Oui, s'il-te-plaît, avec un bon verre de jus de fruit. J'ai drôlement faim.
Benoît se rendit dans la cuisine lui préparer un petit quelque chose rapidement, et revint dans le salon avec.
— Voilà ton gratin de pommes de terre.
— Hum ! fit-elle. Je sens que je vais me régaler...
Elle lécha ses lèvres et le regarda en esquissant un sourire aimable. Elle lui demanda :
— Tu veux bien me donner à manger, s'il-te-plaît ? Ce n'est pas évident avec les mains attachées.
— Oui, je vois.
Il s'approcha d'elle et la nourrit à la petite cuillère. Après qu'elle eut finit son plat, elle but d'un très son verre de jus, et le remercia.
Benoît se retourna pour se servir son repas.
— Heu..., ajouta-t-elle.
— Autre chose ?
— Oui. Benoît... J'ai la vessie pleine. Je peux aller aux toilettes s'il-te-plaît ?
— Bien sûr, mais gare à toi !
— Ne t'inquiète pas, ce n'est pas comme si j'envisageais de m'échapper ! N'oublie pas que tu m'y accompagnes tout le temps.
— Non, pas cette fois, parce que j'ai une faim de loup. Tu devras t'y rendre seule. Ça ne te fera pas de mal, hein ? Tu y allais déjà seule...
— Oui, oui...
Benoît se dirigea vers elle. Et ses yeux embrassèrent les siens. Après quelques secondes d'hésitation, il la relâcha.
Léa poussa un soupir de soulagement et se mit à frotter son poignet.
— Ça fait du bien ! lança-t-elle, le sourire fraîchement dessiné sur ses lèvres.
— Ne tarde pas !
De pas trainants, elle se dirigea vers le couloir. Et brusquement, elle poussa violemment Benoît, ce qui le déséquilibra et le fit heurter la table. Et elle se mit à courir aussi vite qu'elle put sur la porte.
— Ne te fatigue pas, Léa ! dit Benoît.
Tandis qu'elle s'acharnait sur la poignée, dans l'espoir que la porte s'ouvre miraculeusement à elle, Benoît se massait le rein gauche en avançant vers elle.
Et quand il fut tout près d'elle, Léa sentit la peur monter en elle. Ses mains étaient toutes tremblantes de ce qui pouvait lui arriver après l'idiotie de son acte. Benoît saisit fortement sa tignasse pour la ramener par derrière. Elle retomba violemment contre le sol. Ce qui lui donna libre court de la tabasser. Benoît lui collait des coups de poings avec rage en dépit du sang qui coulait de son nez. Il continuait même s'il n'en pouvait plus. Et quand il réalisa qu'il pouvait la tuer, il arrêta et alla dans la cuisine se servir un verre d'alcool pour se calmer.
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