— Eh bah tu ne me laisses pas non plus le choix !

Benoît dégaina son révolver et l'orienta en direction Helena. Benoît regardait sa maman amèrement. Ses yeux étaient emplis de haine. On remarquait une certaine colère monstre qui se dégageait de lui. Il serrait fortement son arme, au point de laisser apparaître ses veines.

— Fait-le ! lui ordonna-t-elle en fermant les yeux, comme pour attendre la fin de son court passage dans ce monde.

— Une dernière volonté ?

À ce moment-là, Helena ouvrit lentement les yeux qui, par la suite, laissèrent échapper des larmes de regrets. Helena répondit avec une once d'hésitation :

— Oui... Je veux que tu saches la vérité. C'était moi qui avais dit à Léa que tu avais bel et bien assassiné sa sœur.

Ses lèvres se mirent à trembloter. Il se mit à tourner sa tête nerveusement. Un sourire démoniaque apparut sur le coin de ses lèvres.

— Pourquoi ? demanda-t-il. Pourquoi cette trahison ! ? Tu vas me dire que tu n'avais pas non plus le choix ! ?

— Benoît, elle t'avait toujours été d'une aide précieuse et... je trouvais qu'elle avait le droit de savoir. Mais je te jure que ce n'était pas contre toi.

— Tu voulais jouer à la justicière, c'est ça ! ?

— Non, Benoît. Ça n'a rien à voir. Comme j'essaie de te le dire, Léa avait été déchirée par la mort de Jessica. Elle était désespérée. Et tu croyais que j'aurais été capable de garder ta confidence ! ?

Il remua ses lèvres. Il avait l'air plongé dans ses pensées.

— Je suis désolée, Benoît...

— Change de vocabulaire, tu veux ?

Il planqua son regard dans le sien, et réduisit la distance qui existait entre eux.

— Dis-moi seulement à quel moment tu t'es rangée du côté de ces Vermandois, hein !

— Mon fils, je ne t'ai jamais abandonné...

— Non ?

— ...

— Non ? Non ! ?

Il étira ses lèvres et dévoila la blancheur de ses dents.

— Et ces vingt ans au centre psychiatrique, tu me diras que ce n'est pas ta faute ! ?

— Je...

— Tu te rends compte que tu as contribué à...

— Pardonne-moi ! Je te jure que ce n'était pas mon intention...

Helena commença à pleurer.

— Non, attends ! Tu dénonces quelqu'un auprès de la justice sans pour autant t'attendre à ce que ce quelqu'un soit enfermé ? Non mais tu crois vraiment que je suis né de la dernière pluie ! ?

— Tout ce que je voulais c'était qu'elle sache la vérité. Je n'aurais jamais imaginé qu'elle aille aussi loin ! Crois-moi, je m'en veux jusqu'à maintenant pour ce qu'elle t'a fait.

— Mais c'est toi qui l'as aidée !

— C'était involontaire !

— Mais tu l'as fait !

— Pardonne-moi !

— Non, je ne te pardonne pas !

Les larmes de Benoît devinrent de plus en plus nombreuses.

— Benoît ne pardonne jamais ! ajouta-t-il.

Il se frotta la barbe et reprit :

— C'est fou comme tu ne peux pas t'empêcher de tout gâcher, toi. D'abord avec mon père, ensuite avec Léa. Tu savais que Léa comptait énormément pour moi.

— Mais tu comptais beaucoup pour elle aussi.

— Oui. C'est pour ça que tu l'as préféré à ton fils ?

— Benoît, je sais que tu souffres... Je peux t'aider...

— M'aider ? Non, c'est trop tard, Maman. Ce qui est fait est fait.

Il caressa la détente avec son doigt pour augmenter l'angoisse qui grandissait en Helena. Il ferma les yeux, et elle fit de même.

— Je t'aime, Maman ! termina-t-il.

La dernière chose qu'Helena entendit fut le bruit du coup de feu.

Helena était allongée sur le sol froid, les yeux grands ouverts. Benoît ne l'avait pas ratée. Il lâcha son arme et se jeta sur elle en hurlant de toutes ses forces :

— Maman !!!

Et pour la première fois, depuis qu'il avait rencontré Léa, Benoît pleura. Benoît n'avait désormais plus personne, sauf elles.

Il fallait qu'il quitte cet endroit avant que quelqu'un ne l'y trouve. Mais avant, il devait s'emparer de cette caméra qui représentait une menace pour lui. Il la libéra des cheveux de sa défunte mère et la glissa dans la poche de son pantalon beige.

Benoît sortit une lingette de ses affaires, ainsique la serpillère pour essuyer toute trace de sa présence, sur les meubles,comme à terre. Quand il eut fini, il ramassa sa valise et fila à l'anglaise enprenant soin de tenir la poignée avec une lingette.