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Camille avait réussi à téléphoner Cédric pour l'avertir de la situation. Celui-ci décida alors d'appeler Mike.

Arrivé sur les lieux de l'incendie, Cédric ouvrit brusquement la portière et bifurqua sur la porte, sans trop se préoccuper du feu. La vie de ses enfants en dépendait. Autant sacrifier la sienne pour sauver la leur. Il sentait la chaleur du feu, mais il devait résister.

— Camille !

Il frappait sur la porte. Il lui donnait des coups d'épaules, croyant que sa force aurait pu l'ouvrir.

— Camille !

Le feu commençait à le recouvrir.

— Aaah !

— Papa ! Aide-nous ! entendit-il.

— Ça va ! ? Tout va bien se passer !

— Papa !

Leurs cris lui venaient dans le cœur comme un violent coup de poignard. Il fallait que Cédric les sorte de là. Les pleurs coulaient de ses yeux. Il voyait leur vie défiler à une vitesse folle. Il avait peur de ne pas pouvoir faire quelque chose pour empêcher cette tragédie. Il appuyait sur la poignée instinctivement. Léa avait verrouillé la porte, se disait-il.

— Camille ! Calmez-vous !

Cédric essayait de les rassurer, mais lui-même était en panique.

— Vince !

— Papa !

— Papa va venir vous sauver ! lança-t-il.

Mike et les autres rappliquèrent aussitôt, suivis de pompiers. De gros hommes, musclés, robustes, descendirent à la file indienne du camion. Ils ne tardèrent pas à sortir le tuyau d'arrosage. Cédric mit son poing sur sa bouche. Son cœur battait à cent à l'heure. Ses mains tremblaient. Un des secouristes se mit à mouiller la maison abondamment. Un jet d'eau arriva sur lui avec propulsion, soulageant ainsi la douleur du feu qui s'apprêtait à le consumer. Un homme s'approcha de lui pour l'éloigner de l'incendie.

Mais son instinct paternel l'appela. Et il fonça tout droit sur la porte, la tête baissée. À une vitesse folle. Il était désormais à l'intérieur. La chaleur du feu le réchauffait excessivement.

— Papa ! appelèrent ses enfants en pleurs.

Il courut à l'étage avant que les escaliers ne se mettent en miettes, tant elles devenaient molles. Il n'avait qu'une seule idée, les protéger du danger. Il posa sa main sur la poignée de la porte de leur chambre et hurla :

— Vous êtes là ! ? Vous êtes là ! ? Les enfants ! Répondez-moi, je vous en prie !

Son cœur s'arrêta de battre. La sueur lui mouillait tout le front. Au même moment, Mike arriva pour l'aider.

— Ouvrez la porte ! Vite ! Camille !

Personne ne répondait. Il jeta un regard déplorable à son meilleur ami. Ils ne perdirent pas une seconde pour unir leurs forces et les jeter sur la porte. Cédric trouva mes enfants étalés sur le sol, inconscients. Mais ils ne devaient pas mourir. Cédric devait les sauver. Il traversa alors le feu pour prendre avec lui Vince et Alix. Il ôta immédiatement sa veste en cuir pour les recouvrir. Il commençait à tousser. Mike enleva lui aussi sa veste pour protéger Manon et Camille. Ils sortirent à toute vitesse de la chambre avec eux. Le cœur de Cédric palpitait. Il s'arrêta au bord des escaliers, s'il en restait même. Il regarda tout en bas, tout était en train de fondre. Il avait peur de poser son pied là-dessus, et de tomber. Mais c'était soit leur vie, soit, rien. Il prit son élan et sauta. Il trébucha sur les escaliers, les dévala en compressant les enfants pour les protéger. Puis il retomba violemment sur le sol. Quelques os à lui se fracturèrent. Une terrible douleur l'empoigna. Il compressa sa jambe droite. Mike, quant à lui, courut rapidement sur les escaliers et évacua Manon et Camille. Cédric restait là à macérer, avec les enfants dans ses bras. Il esquissa une grimace. Les cendres de la fumée commencèrent à emplir son poumon. Mais il devait les sauver. Il trouva alors la force de se relever et appuya durement sur sa jambe. Il serra les dents pour supporter la douleur. Il se mit à boiter et quitta la maison. Au moment-même, il rencontra le sol, et ses yeux se fermèrent.

Léa ouvrit les yeux. Benoît mit le dernier morceau de pain au lait dans sa bouche, et en dirigeant la tasse de café chaud vers ses lèvres, il lui tendit un journal.

— Qu'est-ce que c'est ? lui demanda-t-elle.

— Un journal, lui répondit-il le plus calmement possible.

— Qu'est-ce que tu veux ?

— Que tu regardes ça attentivement.

— Et il y a quoi à regarder ?

— Très bien, puisque tu ne sais pas lire, je vais te l'expliquer en deux mots...

Elle lui jeta un regard noir. Il s'approcha d'elle. Elle décolla lentement ses lèvres. Elle tourna la tête vers la gauche.

— À ce qu'il parait, tes enfants ont failli brûler dans un incendie...

— Ils ne sont pas morts ! ? s'enthousiasma-t-elle.

Elle esquissa un large sourire et s'écria :

— Je n'y crois pas !

— Oh je t'en prie Léa...

Elle planta un regard déterminé​ dans le sien. Elle semblait réellement vouloir l'affronter.

— Tu ne me connais pas, Benoît...

Il la saisit par la tignasse, tirant sa tête vers l'arrière, et vint coller sa langue sur sa joue.

— Ça fait très longtemps, Léa...

— Ôte tes sales pattes de là, espèce de porc ! Tu pues de la gueule !

— Mais tu ne vois donc pas que tu es à ma merci ? Tu n'y peux rien. Tu es obligée de m'obéir au doigt et l'œil... Je t'ai au creux de mes mains.

— Je te déteste ! Tu m'inspires le dégoût !

— Très bien...

Il se releva et lui demanda :

— Tu la sens, cette hiérarchie ?

— Salaud !

— Ton mari et tes enfants t'ont dénoncée pour tentative de meurtre.


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