Alors que Cédric relevait des traces d'ADN sur le corps de la victime, des policiers débarquèrent dans la chambre avec un sachet en plastique à la main, contenant un couteau. L'un d'eux annonça :

— Nous avons retrouvé ce couteau dans la cuisine. C'est un excellent indice, pouvant nous mener tout droit au coupable, par le fait que le manche revêtait une trace de sang.

— Super !

Audrey intervint :

— Donnez-le-moi ; je vais l'analyser au laboratoire.

— Le tueur de Camille Guérin ne s'en sortira pas, déclara Cédric.

Mais brusquement, il entendit Mike l'appeler depuis le jardin. Il accourut aussitôt pour savoir ce qu'il lui arrivait. Le cœur battant à cent à l'heure, il vit Mike à côté de leur chien, Snoopy. Il était agenouillé devant une montée de terre. Il tenait à la main une pelle et avait le regard peiné.

— Qu'est-ce qu'il s'est passé ? demanda-t-il, ignorant. Pourquoi vous avez creusé mon jardin ?

Mike tenta de s'expliquer :

— Cédric...

— Qu'est-ce qu'il s'est passé ! ? Réponds !

— Avant toute chose, je veux que tu me promettes de ne pas t'énerver, quoi qu'il arrive.

— Mais... Qu'est-ce qu'il se passe ! ?

Silence.

— Quelqu'un va me dire ce qu'il se passe ! ? s'adressa-t-il aux autres policiers qui travaillaient avec Mike.

L'un d'eux s'approcha de lui en lui expliquant :

— Snoopy a flairé quelque chose. Il nous a indiqué où il fallait qu'on inspecte. On l'a donc écouté et... On a creusé ton jardin.

Mike termina :

— Cédric, on a retrouvé un doigt dans ton jardin.

— Un doigt ! ? s'écria-t-il. Comment est-ce possible !?

— Calme-toi !

Alors qu'il avançait vers Cédric, celui-ci reculait :

— Comment est-ce possible ! ? Je ne comprends pas d'où ce doigt vient ! Je ne comprends pas !

— Cédric, je sais que tu n'as rien à voir avec ça. Mais, il se peut que Léa soit impliquée là-dedans.

— Quoi ! ? Ma femme n'a rien à voir dedans.

— On ne sait pas, Cédric. Ce ne sont des suppositions.

— Léa est innocente... ! Elle n'est pas meurtrière. Elle... Elle ignore l'existence de ce doigt dans notre jardin...

— Cédric...

Mike l'approcha.

— Elle n'a rien à voir...

Mike le prit par les épaules et hurla :

— Ressaisit-toi, mon frère ! On va donner ce doigt à la police scientifique. Si ta femme est innocente, il n'y aura aucune raison pour qu'on retrouve ses empreintes là-dessus. Compris ?

Cédric s'en alla en courant retrouver Léa pour qu'elle lui donne des explications. Il ne voulait pas croire qu'elle puisse être mêlée à un meurtre aussi meurtrier. Mais en arrivant dehors, il remarqua qu'elle avait disparu.

— Léa ! hurla-t-il, fou de rage.

Léa ne répondait pas. Il se jeta au sol. Il ne savait plus quoi faire. Léa n'était plus là. Il ne comprenait rien.

Soudainement, il vit une feuille à ses pieds. Il la ramassa, et la déplia. Il s'agissait d'une lettre. Il la lut, la main tremblante d'angoisse :

« Cédric

Je sais que tu seras furieux après moi. Mais je devais te le dire. Tant pis si tu te mets en colère. Mais saches que je fais tout ceci pour nos enfants. Et si tu ne le comprends toujours pas, tu le comprendras peut-être plus tard. Dans tous les cas, il me semble que tu as remarqué à quel point protéger mes enfants m'était d'une importance capitale. J'avais beau été absente ces derniers temps, mais aujourd'hui, je veux réparer les erreurs du passé, car je sais qu'il est toujours possible. Mais bientôt, il sera trop tard pour. Alors j'ai voulu m'avancer et faire en sorte que le sentiment de regret ne surgisse plus dans ma vie, que le « si » s'efface pour toujours de ma bouche. C'est pourquoi j'ai pris la ferme résolution de m'en aller avec tous les enfants. Je sais que j'aurais dû t'en parler avant. Je sais que c'est une folie. Je sais que tu m'en voudras jusqu'à ton dernier souffle. Et je sais que tu souffriras leur absence pendant tout le restant de tes jours. Mais moi, je suis prête à tout affronter, à escalader des montagnes, à tenter l'impossible.... Pour pouvoir garantir la survie et le bonheur de nos enfants. Je sais que tu diras qu'ils ne peuvent pas être heureux de cette manière, mais c'était une façon d'atténuer le malheur qui se prépare pour eux. Tu te demandes sûrement de quoi je parle. Mais moi, je sais parfaitement ce que je dis. Cédric, j'ai peur. J'ai peur de tout. J'ai peur qu'il leur arrive une horrible tragédie. Ma mère n'y a pas échappé. Et je crains que les enfants finissent comme elle. Ne m'en veut pas, s'il-te-plaît. Crois-moi. Bientôt tu me remercieras de les avoir sauvés du danger qu'ils encourent. Ne cherche pas à comprendre ce qu'il se passe, je t'en supplie ? Ne cherche pas à savoir où nous sommes. Nous sommes seulement très loin du danger. Et ne t'en fais surtout pas, nous avons tout ce qu'il nous faut là-bas. Les enfants ne manqueront de rien.

Adieu, Cédric. Je t'aime très fort.

Léa. »