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MARDI 21 JUIN 2016...
La ferma la porte derrière elle. Et, en se retournant, elle vit Cédric en train de la regarder longuement, les jambes croisées. Il commença :
J'espère que tu vois toujours Huguette...
— Oui, ne t'en fais pas, Cédric.
Elle déposa les clés de la voiture sur la table. Elle s'apprêtait à monter les escaliers quand il l'intercepta :
— J'ai besoin qu'on parle.
Léa poussa un soupire d'agacement et se retourna avant d'enchaîner :
— De quoi veux-tu qu'on parle ?
— De tout.
— Soit plus précis.
Il se leva et ajouta :
— De ton comportement malsain vis-à-vis des enfants.
Elle le fixait sans baisser le moindre cil. Elle avança vers lui.
— Attends, je ne comprends pas. Où veux-tu en venir ?
— Tu ne vois vraiment pas ?
— Cédric, si c'est pour critiquer ma manière de protéger mes enfants...
— Il n'est pas question de protéger tes enfants, Léa. Là, tu les surprotèges ! Déjà, j'ai reçu quatre appels. Un venant de chaque enseignant. Ils m'informaient que tu leur avais formellement interdit de laisser quiconque venir chercher les enfants...
— Et ? C'est mal ?
— Bien sûr ! Et moi dans tout ça ! ? Tu as oublié que tu es avocate de barreau, que tu es Léa Vermandois et qu'obligatoirement tu recevras des demandes en masse ! ?
— Ne t'en fais pas pour ça, ces derniers temps je suis libre comme l'air. Et puis, ce n'est pas toi qui voulais que j'aille plus souvent les chercher ?
— Évidemment, plus souvent ! Mais pas tout le temps ! Je sais très bien que tous les jours tu ne pourrais pas. Et c'est pour cela que je suis là ! Et qu'est-ce qui te fais croire que tu n'auras pas de demande ?
— Personne mais...
— Léa, et moi dans tout ça ? Tu peux me dire ? ... On est mariés mais tu ne penses qu'à ta petite personne. Je n'en reviens pas !
Il la regardait avec un air dégoûté.
— Non, arrête ! C'est faux, Cédric ! Si je ne pensais réellement qu'à moi, toutes les fois où j'étais tombée enceinte de toi, j'aurais avorté sans hésiter pour éviter de louper le travail, et d'avoir mal à l'accouchement !
— Sur ce point tu n'as pas tort. Mais, Léa, tu as demandé aux enseignants, amis, proviseurs, directeurs et principaux de veiller à ce que NOS enfants ne s'approchent d'aucun garçon. Et tu trouves que c'est normal ?
— Oui.
— Non, Léa ! J'aimerais que tu arrêtes tout ça maintenant parce que ça fait dix-huit ans, dans deux jours, dix-neuf ans que nous sommes mariés, je n'aimerais pas en arriver là.
— Arriver où ?
— Arriver à la solution qui fâche.
Elle éclata de rire pour masquer sa colère.
— Ah bon ! ? La solution qui fâche ? Et c'est quoi ! ?
— Tu verras.
— Cédric, tes menaces ne me font pas du tout peur. Et je te déconseille de...
— De quoi ! ? Que vas-tu me faire ! ? Tu vas me tuer ? Hein ?
Elle fronça les sourcils.
— Comment peux-tu penser ne serait-ce qu'une seconde que je serai prête à tuer ?
— Tu n'as jamais tué personne Léa ?
— ...
— Quoi ? Tu ne réponds pas ?
— Cédric... Il n'est pas question de ça...
— Léa tu es complètement toc-toc.
— Cédric je fais tout ça pour vous. Mais vous ne le comprenez toujours pas. Alors je baisse les bras.
Elle se dirigeait vers les escaliers, mais Cédric arrêta ses pas :
— Dit la fameuse Léa Vermandois qui ne reculait devant rien.
Léa ferma les yeux. Jamais elle ne se serait cru capable d'en arriver là...
— Je ne suis plus la même, Cédric. Ça, c'était avant. Tout le monde change un jour ou l'autre.
La sonnerie incessante de son téléphone commençait à l'assourdir. Léa vrombit de la salle de bain et ramassa son portable sur le lit. Elle lit le numéro et constata qu'il lui était inconnu. Alors, elle préféra ne pas y répondre. Elle le lâcha sur le lit et se dirigea vers son armoire à la recherche d'une nuisette. Mais la sonnerie persistait. Et elle commençait à l'agacer. Alors, elle céda :
— Allô ?
— Léa Vermandois ! Tu te décides enfin à répondre...
— Comment tu as fait pour m'envoyer ce colis par la poste ?
— Elle ne vient pas de la poste.
— Comment ! ? Qu'est-ce que tu veux, Benoît ?
— Comment tu apprécies les péripéties de ta vie ?
— Espèce de chien !
— Salope ! Je te conseille de ravaler tes paroles, Léa. Je te jure que tu vas le regretter, tu n'as pas idée. Je t'ai au creux de mes mains, Léa Vermandois.
Cédric fit irruption dans la chambre. Il se dirigea dans la salle de bain en lui demandant :
— Tu parles à qui ?
— Personne, mon amour !
— Profites bien des jours qui te restent, Léa Vermandois. Ton heure approche. Et je serai honoré de te payer un cercueil.
— Tu racontes n'importe quoi.
— Léa Vermandois... Je vais te faire payer pour tout le mal que tu m'as causé.
— Tu ne feras rien, tu ne fais que parler, mais tu ne mettras pas en exécution ta vengeance.
— En es-tu sûre ?
— Absolument. Et crois-moi, tu ne me fais pas peur.
— Je vais te tuer de mes propres mains ! Pute !
Léa raccrocha le téléphone. Son époux sortit de la salle de bain, la brosse à dents dans la bouche, la mousse recouvrant toutes ses fines moustaches.
— Que se passe-t-il ?
— Rien, mon cœur, ne t'en fais pas.
Le cœur de Léa battait à cent à l'heure. Elle ne savait pas quoi faire face à ces menaces.
« À partir de maintenant, tes jours sont comptés, Léa Vermandois ! »
« Mais rassure-toi, ce n'est que l'incipit de ton calvaire. »
« Prépare-toi, Léa. »
« Profite de chaque seconde comme si c'était la dernière, parce qu'on ne sait jamais quand il faut qu'on aille en enfer. »
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