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MARDI 14 JUIN 2016...
Le lendemain, de très bonne heure, Cédric se leva par un vacarme assommant. Il bondit de son lit et quitta la chambre en caleçon. Le boucan provenait de la chambre de Camille, la fille de Léa. Alors il s'y rendit de ce pas, et vit des hommes perchés sur des échelles en train de planter des clous dans une planche barricadant entièrement la fenêtre.
Cédric vit Camille, désemparée. Il la prit dans ses bras et contracta ses pectoraux pour qu'elle se sente en sécurité. Léa entra dans la pièce et mit ses mains sur ses hanches.
— C'est quoi tout ce cirque ? lui demanda Cédric, furieux.
— J'ai ordonné qu'on barricade toutes les fenêtres de la maison.
— Comment ! ?
— Tu as très bien entendu Cédric. Et maintenant, excuse-moi !
Léa tenta de s'enfuir de la chambre mais Cédric poussa hâtivement Camille et saisit fermement son bras.
— Où vas-tu comme ça, Léa ? Je n'ai pas fini avec toi. Mais qu'est-ce qu'il t'a pris ? Tu es tombée sur la tête ou quoi ! ?
— Je fais ce qu'il me semble juste.
Il esquissa un sourire nerveux, et poursuivit :
— Tu rigoles, là ! ? Non mais tu t'es entendue ?
— Ainsi, mes enfants sont en parfaite sécurité.
— C'est comme ça que tu les protèges ? En voulant les priver de l'extérieur ! ? Mais tu es devenue complètement parano ! Pourquoi subitement tu tiens autant à leur bien-être ! ? Tes enfants ont besoin de liberté. Et puis, ce sont les miens aussi, ne l'oublie pas.
— Mais Cédric tu n'as pas encore compris qu'ils sont en réel danger ! ?
— Ils sont en danger de quoi, enfin ! ? Je n'arrive toujours pas à comprendre pourquoi aussi subitement tu crains qu'un mal extérieur les atteigne ! Toute mère protège ses enfants du danger de la rue. Mais toi, tu le fais de manière trop abusive.
Léa se libéra de son emprise et sortit de la chambre. Cédric la suivit. Il déboula les escaliers et finit par la rattraper.
— Léa, tu ne peux plus continuer à fuir mes questions ! Que se passe-t-il réellement ! ?
Il se mit au travers de son chemin.
— Il se passe quoi, Léa ? Tôt ou tard tu devrais affronter la réalité telle qu'elle est. Tu ne pourras plus fuir. Tu choisis sans cesse d'emprunter des raccourcis pour éviter la difficulté, mais, ils finissent tous par rejoindre une seule et même route.
— Je n'ai rien à te dire.
— Ah bon ! ? En es-tu sûre ! ? Hier, tu t'es violemment disputée avec Camille parce qu'elle sortait avec un type qu'elle connaissait à peine.
— Et c'est étonnant venant d'une mère ! ?
— D'une mère, bien sûr que non, mais de toi, si. Tu ne t'étais jamais intéressée ne serait-ce qu'un tout petit peu à la vie de tes enfants. Du moins, jusqu'à hier. Et maintenant... Tu te montres très collante.
— Moi ? Collante ? Eh ! Je le fais pour mes enfants, là ! Ce n'était pas toi qui me répétais hier que je devais me battre pour leur bonheur ! ?
— En effet ! Mais pas de cette manière !
— C'est la seule solution que j'ai trouvée.
— Il y en a des milliers ! On a toujours le choix !
Léa fit un tour sur elle-même et laissa couler ses yeux partout.
— Regarde ce que tu as fait de l'intérieur de notre maison ! Une sombre cave !
Une larme s'échappa de ses yeux. Elle riposta :
— Mais je le fais pour eux ! Mais si tu pouvais me comprendre ! Je me bats pour leur bonheur ! Je veux qu'ils vivent !
— Je suis désolé mais ce n'est pas ainsi...
— Écoute-moi ! Je t'en prie !
Elle joignit ses mains comme pour le prier.
— Ce que je te dis est la stricte vérité. Ils sont en danger et je dois les protéger !
Elle ouvrit grand les yeux pour le persuader.
— Ils sont en danger. Je fais tout ceci pour leur bien.
— Léa, je crois que tu es un peu trop secouée par ton échec...
— Échec ! ? De quel échec parles-tu ?
— Je te parle de l'affaire Thérèse Vals.
— Non, Cédric !
Elle s'approcha de lui et répartit :
— Cédric, tout ça n'a rien avoir avec mon échec. Nos enfants sont en danger !
— Des accidents de la route ? Des enlèvements ? Des bagarres ? Comme tout enfant, quoi !
— Cédric ! Crois-moi !
— Je ne veux plus t'entendre.
Il lui donna son dos. Et elle, elle ne voulut pas insister. Elle s'enfuit de la maison en claquant la porte derrière elle.
A mesure que le temps passait, Cédric voyait la santé mentale de sa femme se dégrader. Léa mangeait en effet très peu et s'enfermait très souvent dans sa chambre. Ses nuits étaient par ailleurs agitées. Il décida alors, après mure réflexion, de payer un psychiatre pour Léa.
En apprenant que Cédric lui avait payé un psychiatre, Léa n'avait pas mal réagi car cela pouvait l'aider à évacuer.
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