Léa ralentit devant le lycée de sa fille, et vit celle-ci tenter de traverser. Elle mit donc son pied sur l'accélérateur et s'arrêta imprudemment devant elle. D'un ton froid, elle ordonna :
— Monte !
— Maman ?
— Monte, j'ai dit ! insista-t-elle, les dents serrés.
Elle mit ses mains sur ses hanches et résista :
— Hum... Je suis désolée mais j'avais oublié de te prévenir que j'allais manger au resto avec...
— Monte, Camille !
Léa planta son regard dans le sien pour qu'elle sente la colère qui l'habitait.
— Pas besoin de t'énerver...
Léa ne dit plus rien, le silence se chargeait de tout.
— Bon... Très bien.
Elle roula les yeux avant d'ouvrir la portière arrière et de s'installer dans la voiture. Léa tira le levier de vitesse et s'aventura sur la route. Ses yeux y étaient d'ailleurs rivés. Pas un mot ne sortait de sa bouche. Elles restèrent ainsi dans ce silence oppressant durant cinq minutes qui parurent à Camille interminables.
— Maman, tu ne dis rien ?
Léa préféra l'ignorer, et rester concentrée sur la route.
— Maman... Si tu t'es disputée avec Papa... Tu sais, il y a d'autres moyens d'expulser ta colère.
Léa lui jeta un regard à travers le rétroviseur et poussa un soupire d'agacement.
— ... Non, ce n'est pas ça. Alors c'est quoi ?
Un courant d'air passa entre elles.
— Maman, pourquoi tant de colère ? Est-ce que tu peux au moins me donner la raison de...
— Tu veux vraiment savoir, Camille ! ?
— Oui... Enfin, je veux dire que je ne crois pas t'avoir causé du tort...
Léa se retourna vers elle :
— En es-tu vraiment sûre ?
— Maman... Tu commences à m'inquiéter là.
Camille fronça les sourcils, et Léa se retourna pour de nouveau se concentrer sur la route.
— Mam...
— Assez, Camille !
— Maman tu ne peux pas me dire pour...
— Parle-moi d'Hernandez !
Elle prit deux secondes avant de réagir :
— Alors c'est donc ça ! ? Tu es dans une colère noire parce que je ne t'ai pas parlé de lui ! ? Et puis... comment tu as su pour lui ?
Elle reprit :
— Maman, tu as fouillé dans mes affaires ! ?
— Camille, là n'est pas la question !
— Depuis quand mes histoires d'amour t'importent ?
— Camille !
— Maman, tu n'as pas à mettre ton nez dans ma vie privée, tout ça ne te regarde pas !
— Tu es ma fille, bon sang !
Léa gonfla la poitrine.
— Depuis quand connais-tu Hernandez ! ? reprit-elle.
Elle croisa ses bras et répondit :
— Depuis deux ou trois semaines.
— Et c'est une raison de vous donner rendez-vous après les cours ?
— Maman, je suis amoureuse de lui. Et puis, on allait seulement manger au resto.
— Tu te moques de moi ! ? Tu l'aimes ! ? Tu sais quel âge il a, au moins ! ?
— Il a dix-huit ans, maman.
— Dix-huit ans ! ? Rajoute vingt-huit.
Elle rétorqua, nerveuse :
— Tioneb n'a pas quarante-six ans...
— C'est ce que tu crois.
— Et puis d'où tu le connais pour avancer une telle chose ! ?
— Je ne le connais pas.
— Eh bah ! Mais Maman tu es menteuse !
— Je veux que tu coupes les ponts avec lui.
— Comment ! ? Et moi je t'ai demandé de couper les ponts avec Papa ! ? Non.
— Parce que lui c'est différent !
— Lui c'est différent ? Et en quoi ?
— Camille, tu ne peux pas prétendre aimer un type que tu connais depuis deux semaines ! Par pitié !
— Non, je t'ai dit qu'il y a deux ou trois semaines, je n'en suis pas sûre.
— Une semaine de plus, qu'est-ce que ça change ?
— Maman !
— Camille, c'est ta sécurité qui est en jeu.
— Et depuis quand ma sécurité t'importe ?
— Déjà, modère tes propos !
— Maman, tu as complètement changé depuis quelques temps. Je ne te reconnais plus.
Elle afficha un air dégoûté.
— Camille, cet homme est très dangereux.
— Maman, tu ne le connais pas ! avança-t-elle sidérée.
— Non, tu as raison. Mais ne t'es-tu jamais demandé si ce type ne serait pas un pervers narcissique ?
— Un pervers narcissique ! ? s'exclama-t-elle, outrée.
— Tu n'as pas eu peur une seconde ? Tu ne t'es pas dit que peut-être il pourrait t'enlever ?
— De quoi parles-tu ? Hernandez n'est pas comme ça !
— Et comment peux-tu en être convaincue ? Tu es naïve, ma chérie.
— Non, j'en suis persuadée, c'est différent.
— Et tu l'as déjà rencontré pour être sûre de ses intentions ?
— Maman, je n'y crois pas !
— Je veux que tu l'oublies.
— Maman je n'arrive pas à croire que mon bonheur t'est complètement égal. Moi je t'ai toujours soutenue quand ça allait mal avec Papa. Je me suis battue bec et ongles pour que votre mariage survive. Et toi, tu te bâts pour anéantir mon amour pour Hernandez. Tu es... égoïste.
— La discussion s'achève là.
Elles arrivèrent devant la villa.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top