27
— Espèce d'enfoiré !
— Ah, ah, ah, ah, ah !
— Sors de ma vie, Benoît !
— Non, Léa, autrement ce serait trop facile...
Son visage se crispa, et elle répondit :
— Que cherches-tu au juste ! ? Me voir dans tous mes états ! ? Me faire souffrir ! ? Me détruire ! ? Tu as gagné, Benoît, tu peux être content et me foutre la paix !
— Mais tu n'as pas compris que ce n'est que le début ?
Une larme s'échappa du coin des yeux de Léa et perla le long de sa joue pour atteindre son menton.
— Benoît, je t'en supplie, va-t'en ! Oublie-moi ! Laisse-moi poursuivre le cours de ma vie !
— Jamais ! Tu dois payer pour toute la souffrance que tu as causée en moi, pour tous les maux qui m'ont tiraillé pendant vingt longues années de ma vie ! Tu dois payer pour m'avoir lâché comme un chien, pour m'avoir insulté, pour m'avoir dénigré, et pour m'avoir humilié ! J'ai dû attendre longtemps avant de mettre en exécution mon plan. Et maintenant, plus rien ne m'arrêtera. Pas même tes pleurs, encore moins tes supplications. Je veux...
Il s'arrêta pour reprendre son souffle, puis il reprit d'un ton noir, glacial, presque démoniaque :
— Je veux te voir souffrir Léa Vermandois, je veux que tu me supplies de te rendre ta liberté, je veux que tu te jettes à mes pieds, et que tu les embrasses... Je veux te voir verser des larmes comme moi j'en ai versé. Je veux... Je veux te faire saigner !
— Ça suffit !
Ses yeux s'emplirent de regrets.
— Tes paroles ne m'atteindront pas, Benoît, si c'est ce que tu cherches.
— Que tu aies peur ou pas, ta sentence sera la même !
Léa essayait de maîtriser le rythme de son cœur, vainement.
— Espèce de chien ! Tu oses me demander une telle chose alors que...
— Je te conseil d'économiser ta salive pour après, tu en auras bien besoin. Léa, tu ne sais pas à quel point j'ai soif de te détruire. Léa, tu ravaleras toutes les sales paroles qui ont pu sortir de ta bouche. Ton heure approche à grand pas, Léa Vermandois... Tu vas me le payer ! Je vais te régler ton compte une bonne fois pour toutes. Mais rassure-toi, ce n'est que l'incipit de ton calvaire !
Et c'est sur ces mots qu'il décida de clore la conversation.
La ligne se coupa. Léa lâcha le téléphone dans une panique presque immodérée, et elle courut à l'étage pour pleurer sa douleur.
C'était lui !
Elle se trouvait face au miroir, face à Léa Vermandois. Son visage transpirait la faiblesse. Jamais elle n'aurait cru un jour que Léa, l'une des avocates de Dunkerque les plus compétentes puisse perdre autant de force... Elle posa délicatement ses doigts sur le reflet de son visage dans la glace. Elle ne se reconnaissait plus. Elle ne voyait plus qu'une femme fragile, et abîmée par la peur.
Elle se sentait si vulnérable...
Elle se retourna et jeta sa tignasse brune en arrière. Et soudain, la porte s'ouvrit. C'était Cédric. Elle baissa la tête pour s'essuyer le visage et qu'il ne s'aperçoive de rien.
— Léa ! Tu ne viens pas manger ? Tout le monde commence à s'attabler.
Léa appuya ses mains sur la coiffeuse sans prononcer un mot.
— Léa, insista-t-il, tu te sens bien ?
Léa tentait tant bien que mal de contenir les larmes à l'intérieur d'elle. Encore une fois, elle se persuadait que ces menaces n'étaient que du vent, que Benoît n'avait pas réellement l'intention de la supprimer de ce monde. Elle prit une profonde respiration, leva la tête pour faire face à Cédric qui s'approchait peu à peu, et lui sourit à peine. Malgré les efforts qu'elle avait consentis pour masquer ce désarroi, ses larmes coulaient abondamment.
— Tu pleures, Léa ?
Cédric passa sa main chaude sur sa joue pour essayer de briser le silence. Elle essuya de nouveau ses pleurs avant de se diriger vers la porte de sortie.
— Non, mentit-elle dans une voix tremblante.
— Léa, tu peux tout me dire !
Léa s'arrêta.
— Qu'y a-t-il ?
— Rien.
— Mais enfin...
— Cédric ! Là !
— ... C'est aussi ton jour, Léa. Alors pourquoi tant de peine ! ?
— Parce que je...
Léa secoua la tête. Elle voulait tout lui avouer une bonne fois pour toutes, lui annoncer les causes de son mal-être, lui expliquer à quel point elle souffrait intérieurement. Elle voulait lui faire comprendre qu'elle était seule dans ce combat difficile. Mais la peur qu'il arrive malheur à son époux l'avait aussitôt rattrapée. Elle ne pouvait pas le mettre en danger. Si elle venait à commettre une telle erreur, elle ne se serait jamais pardonnée. Elle préférait le voir heureux et elle, malheureuse, plutôt que l'inverse. Mais en même temps, si elle suffoquait de douleur, Cédric ne pouvait pas aller mieux.
— Je suis juste émue, Cédric.
Il la prit dans son étreinte pendant un court instant avant de déposer un baiser sur son front.
— Allez ! Va ! Je te rejoins après !
— C'est d'accord, on fait comme ça ! accepta-t-il, le sourire aux lèvres. Dépêche-toi, car ils attendent tous qu'on ouvre nos cadeaux.
Elle lui répondit par un sourire avant de dire :
— Ne t'en fais pas ! J'arrive.
Cédric quitta la pièce. Léa respira un bon coup pour canaliser son angoisse et regagna la salle où tous les invités se trouvaient.
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