26

Léa s'empressa de quitter la chambre. Son cœur cognait atrocement contre sa poitrine. Elle s'adossa à la porte et s'assit lentement. Elle ne pouvait pas croire que Cédric lui avait fait un tel cadeau. Pourquoi ? Pourquoi la torturer ainsi ? Pourquoi lui offrir un doigt coupé le jour de son anniversaire ? L'épouvante la hantait toujours. Elle avait d'ailleurs envie de vomir...

Léa se releva avec hâte. Elle se précipita dans la salle de bain pour rincer son visage. Elle referma le robinet avec lenteur. Elle se regarda devant la glace. Elle admira ce visage dépeint par l'épouvante. Elle se donna trois paires de claques avant de rejoindre les invités en bas.

Léa descendit lentement, réfléchissant à ce qu'elle dirait à Cédric à propos de la blague qu'il lui avait faite. Lui en parler ? Ou bien se taire ? Mais quelque chose l'inquiétait : comment son époux avait-il fait pour se procureur un vrai doigt coupé ?

Elle vit Cédric s'approcher d'elle, le sourire aux lèvres.

— Alors, mon amour ? commença-t-il.

Léa s'arrêta sur la dernière marge de l'escalier et le fixa droit dans les yeux pour lui faire sentir son mécontentement.

— Que me vaut ce regard qui tue ?

— Tu en es sûr, Cédric ?

L'air perdu, il poursuivit :

— Où veux-tu en venir ? Je ne comprends pas.

— Tu es sûr que tu ne comprends pas la... RAISON de ma COLÈRE ?

— Heu... Accouche, s'il-te-plaît ! ?

— Le colis !

— Le colis de quoi ? Je te jure que je ne sais pas qui l'a commandé... Je pensais même que c'était toi... Ce n'est pas toi ? Alors c'est forcément Camille.

— Attends ! Tu veux dire que ce cadeau ne vient pas de toi ?

— Cadeau ? Non... Léa. On t'a offert un cadeau ?

Léa s'éloigna quelque peu de lui. Son visage se figea. Elle demeura stoïque.

— Léa ? Ça ne va pas ? Tu l'as ouvert ?

Elle reprit ses esprits et lui répondit :

— Non... Non. Je... ne l'ai pas ouvert.

— Il est en haut ? Tu veux que je l'ouvre avec toi ?

— Non, je... je ne l'ai pas, j'ai demandé à la livreuse de repartir avec.

— D'accord. Léa...

Il s'approcha d'elle et posa sa douce main sur sa joue.

— Léa, ça ne va pas ? Tu veux qu'on annule la fête ?

— Non, non, pas du tout. Cette soirée compte énormément pour toi et je ne veux surtout pas te priver d'un si grand moment...

— Mais regarde-toi, tu pâlis...

— Non, c'est... Je suis juste émue. Je suis juste heureuse de te voir... Tu me mets dans tous mes...

Elle se pencha vers l'avant. Cédric prit sa main et l'agita.

— Léa ! Ça va ?

— Oui...

— Non, on annule la fête !

— Non... Ne fais pas ça...

Léa se tourna. Subitement, tout lui parut noir.

Elle entendit Cédric l'appeler :

— Léa ! Tu m'entends ? Léa ! ?

Elle ouvrit lentement les yeux. Et elle aperçut faiblement une foule de personnes autour d'elle. Elle était allongée et son époux versait de l'eau dans sa bouche. Elle toussota et se releva aussitôt.

— Léa ! appela Cédric de nouveau. Tu vas bien ?

— Oui... Je... Je vais bien. Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

— Tu es tombée dans les pommes. Tu ne veux pas qu'on annule la fête pour que tu ailles te reposer ?

— Non, Cédric. Ça ira. Ne fais pas ça, ou sinon je me fâche.

Cédric l'aida à se relever, et il la conduisit jusqu'à l'étage pour s'assurer qu'elle se porte bien. La musique reprit son cours. Tout le monde pouvait désormais retourner à ses occupations.

Léa et Cédric arrivèrent devant la porte. Léa jeta sa tignasse en arrière et se tourna vers Cédric pour le calmer :

— Ça va aller, Cédric, tout ira bien. Tu peux maintenant retrouver ta famille. Elle doit drôlement s'ennuyer.

— Léa, et si tu tombes ?

— Non, Cédric, ça va aller. Va rejoindre tes parents et ta sœur.

— Très bien. Mais prends soin de toi.

— Oui, ne t'en fais pas pour moi.

Il descendit pas à pas les escaliers, lentement, en se retournant de temps à autres pour s'assurer de son bien-être. Léa posa délicatement sa main sur la poignée en s'assurant que personne ne se trouvait derrière elle. Elle ouvrit la porte et le referma immédiatement, une fois entrée.

Elle était soulagée, Cédric n'avait pas vu le doigt. Elle ne pouvait pas lui infliger une telle chose. Prenant cette odeur infecte et nauséabonde, elle se précipita sur la boite pour la refermer. Elle fit une affreuse grimace. Et, tenant le colis éloigné d'elle, elle descendit les escaliers menant à la porte de derrière. Puis elle se précipita sur la porte, l'ouvrit, et quitta la maison avec empressement. Elle se rendit dans le jardin, déposa la boite à terre, saisit la pelle et se mit à creuser. Son cœur battait très vite. Elle songeait à ce que Cédric ne devait surtout pas la surprendre à faire une telle chose. Elle enfonça la pelle sous la terre bien profondément, puis la souleva, et répéta son geste jusqu'à ce que le sol devînt bien creux. A ce moment-là, elle découvrit la boite et en sortit le doigts pour le jeter vulgairement dans le trou. Puis elle l'emplit de terre et rangea la pelle de sorte que tout ceci reste secret.

Léa regagna sa maison à toute allure pour rejoindre son époux et sa famille.

— Tout va bien ? s'inquiéta Aurore.

— Oui, oui, ne vous en faîtes pas, belle-maman.

— J'espère qu'il ne s'agit pas d'un cinquième gosse ! s'écria-t-elle avec sarcasme.

— Non... Non.

C'était tout ce que Léa avait su répondre.

Après un long moment de discussion, le téléphone de la maison se mit à sonner. Léa se retourna et courut le décrocher :

— Allô ? Bonsoir ? Résidence Vermandois, j'écoute !

— Tu as apprécié mon cadeau, Léa Vermandois ?


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