20
Perplexe, Léa fit quatre pas en arrière pour s'asseoir sur le lit. Jamais elle n'aurait imaginé que Thérèse était capable d'une telle chose. Elle ne pouvait pas non plus accuser son époux de menteur. Cela faisait dix-huit ans qu'ils étaient mariés. Et elle était maintenant persuadée de son honnêteté.
Léa ne savait plus quoi penser. Elle se sentait trompée... encore une fois ! Mais comment une si brillante avocate avait pu se faire avoir par Benoît, puis Thérèse ? Léa enfonça sa tête entre ses jambes, laissant ses cheveux retomber devant ses yeux.
— Léa... ! appela Cédric.
Léa revint à la réalité. Elle leva légèrement la tête, juste assez pour avoir Cédric dans son champ visuel.
— Léa... Je sais que tout ceci te dépasse...
Il prit place à ses côtés. Et d'un geste timide, il posa doucement sa main gauche sur son épaule. Léa sentit la chaleur qui se dégageait de sa paume.
— Sache que je suis là pour toi. Et je ne laisserai quiconque te faire du mal, quitte à me passer sur le corps... Tu entends ?
Léa fit un bref hochement de tête avant de la baisser. Il la prit dans son étreinte et couvrit son front de baisers.
— Je ne la laisserai pas t'enlever nos enfants, Léa.
Léa jeta un coup d'œil à sa montre. Il était bientôt huit heures et demie du soir. Les enfants avaient déjà fini leur assiette. Il ne restait plus que Cédric et elle autour de la table. Léa avalait difficilement ses spaghettis. Bien qu'elle eût le regard fixé dans son plat, elle avait cette impression que son époux avait les yeux rivés sur elle. Pas une mouche ne volait. Un silence oppressant traversait le long de la salle à manger. Ils n'entendaient que les cliquetis des fourchettes sur les plats. Léa prit son verre de jus et le porta à la bouche.
De temps à autres, il arrivait que son regard tombe droit dans celui de Cédric. Mais son expression faciale restait impartiale, neutre. Il semblait vouloir lui dire quelque chose. Elle espérait que ce ne serait pas une autre mauvaise nouvelle...
— N'y pense plus, tu veux ! commença-t-il, comme s'il avait eu accès à ses pensées.
Léa leva la tête en sa direction.
— Ça te fait beaucoup de mal, j'ai l'impression..., ajouta-t-il.
Elle répondit :
— Effectivement...
— Mais n'y pense plus ! Vivons notre vie, et ne laissons pas Thérèse nous la pourrir. Elle est maintenant en prison, et si ça se trouve, son futur avocat n'arrivera pas à la défendre...
Il poussa un léger gloussement étouffé en terminant :
— Enfin... Je l'espère !
Léa esquissa un bref sourire et lui tapa dans les épaules en s'exclamant :
— Mais tu es un vrai sadique, toi !
— Non..., répondit-il en se levant de table.
Et il se pencha vers Léa pour déposer un baiser mielleux sur ses lèvres.
— Pas du tout, se défendit-il, c'est la vie de mes enfants qui est en jeu, c'est le bonheur de ma femme dont il est question.
Il s'éloigna quelque peu de Léa et poursuivit :
— Tu ne veux plus rayonner, c'est ça ?
— Pardon ? Que dis-tu ?
Un sourire timide s'afficha sur son visage.
— Non mais d'après ce que je vois...
Elle se leva et reprit :
— Et qu'est-ce que tu vois ?
Elle contourna la table et s'avança vers lui de pas lents.
— Bah... Je vois que tu es pessimiste et...
— Moi ? Pessimiste ?
— Oui ! affirma-t-il avec conviction.
— Pessimiste ?
— Tu ne vas pas le nier ? D'après toi pourquoi toutes ces choses t'arrivent ?
— Tu es en train d'avancer que c'est moi qui attire mon malheur ?
— Tout à fait.
— ...
Léa arriva devant lui. Il prit une mèche de ses cheveux pour la jeter en arrière. Elle ferma les yeux. Elle sentit des frissons parcourir tout son corps. La chaleur de son corps se dissout dans la sienne. Leurs nez s'entrechoquèrent. Il balada ses fins doigts sur tout son visage, cherchant comme à dessiner ses traits. Il avait l'air de claironner la trouvaille de quelque chose. Peut-être était-il en quête d'une réponse de la part de Léa. Elle s'approcha encore plus près de lui, réduisant ainsi la frontière qui les séparait. Les yeux de Léa ne voyaient plus. Désormais, elle n'avait plus que son toucher. Elle aventura ses mains sur ses bras avec une once d'hésitation. Léa se mordit les lèvres. Elle sentit la bretelle de son soutien-gorge glisser doucement. Et brusquement, une main vint réchauffer son épaule gauche. Puis celle-ci chuta plus bas, dévoilant son corps tout entier. Cédric passa ses mains autour de ses hanches et les tira vers lui. Léa fut de prime abord surprise par ce geste. Mais il susurra :
— Cette nuit tu m'appartiens...
Il colla sa tête contre la sienne et promena ses lèvres autour de son cou, tout doucement, passionnément. Et brusquement, il s'arrêta. Léa sentait l'excitation monter en elle. Elle avait la sensation de brûler de désir. Cédric posa son indexe sur sa bouche. Mais elle ne voulait plus du tout attendre. Alors, peu importe qu'ils ne fussent pas dans un lieu approprié, peu importe que les enfants ne fussent toujours pas au lit, et qu'ils fussent capables de débarquer dans la salle à manger d'une minute à l'autre, Léa grimpa avec une telle rapidité sur Cédric. Il la rattrapa et la porta jusqu'à la chambre. Léa avait ce sentiment de redécouvrir l'époux avec lequel elle avait partagé son lit depuis tant d'années. Il se pencha en avant et l'accompagna pour la couvrir d'amour.
MERCREDI 8 JUIN 2016...
Au petit matin, un halo de lumière traversa les rideaux de la chambre pour violer leur intimité. Léa ouvrit les yeux avec lenteur, tuée par la fatigue. Elle se roula sous la couette froide et remarqua l'absence de Cédric. Elle se redressa sur le lit et soudainement, elle se souvint qu'elle devait aller voir Helena. Elle bondit du lit et se rua sous la douche avant de repartir dans la hâte. Elle avait complètement oublié si les enfants avaient école ou pas, s'ils y étaient ou pas. Tout ce qui lui importait, c'était de retrouver la maman de Benoît. En ce jour-ci, elle était décidée à la rencontrer. Elle se dit qu'elle devait la voir, même s'il fallait qu'elle entre chez elle par la force, même si elle devait mettre au profit la menace.
Léa se gara devant la maison d'Helena. Elle sortit de sa voiture et referma la portière. Le vent entrainait ses cheveux vers l'arrière. Elle mit ses lunettes et s'avança en direction de la maison d'Helena. Au même moment, elle aperçut une vieille femme arriver au loin, le long du trottoir. Portant un sac de course sous les bras, elle la dévisageait du regard. Elle marchait jusqu'à ce qu'elle arrive devant la porte voisine de celle d'Helena. Elle promenait ses yeux le long du corps de Léa, de ses pieds jusqu'à sa tête, avant de prononcer, avec une pointe de dédain, tant dans le timbre de sa voix que dans son expression faciale :
Que voulez-vous ?
— Je cherche Helena... Vous savez où la trouver ?
— ...
Elle détailla Léa du regard avant de répondre sauvagement :
— ... Non... Je regrette. Mais que lui voulez-vous ?
— ... C'est une vieille amie à ma mère. Il se trouve que ma mère est très malade... et elle n'arrête pas de parler d'Helena... Je me suis dit que ça lui ferait du bien de l'avoir à ses côtés.
— Hum..., grommela-t-elle. Je suis désolée... Mais... Il y a quelques jours de cela, Helena a eu un accident cardio-vasculaire. Elle est maintenant à l'hôpital. Je ne sais pas si les visites sont autorisées, car je n'ai pas eu le temps d'aller la voir.
Léa espérait qu'elle n'avait pas eu le temps de décéder.
— Je suis désolée de ce qu'il s'est passé, j'espère qu'elle se rétablira très vite. Et vous savez où se trouve l'hôpital dans laquelle elle est hospitalisée ?
— Si mes souvenirs sont bons, elle est dans l'hôpital Saint Patrick.
— D'accord, merci. Vous êtes un cœur.
Léa lui sourit faussement. Mais elle avait bien l'impression que la vielle femme la supportait difficilement.
— Non... Je vous en prie ! Et prenez garde ! Ne vous avisez plus à frapper à la porte d'Helena comme ça ! Vous avez de la chance que j'étais la seule vous ayant entendu... Qui sait ce que les autres vous auraient dit ! Ici, dès qu'un nouveau pointe son nez, on n'hésite pas à sortir les griffes...
— Je vois... poursuivit Léa.
Le vent souleva ses cheveux bruns pour les agiter dans tous les sens. Elle les poussait en arrière et reprit :
— En tout cas, merci pour l'information, et j'espère qu'on se reverra un autre jour.
Léa lui esquissa un sourire qui se voulait amicale, mais la vieille femme regagna sa demeure en l'ignorant, et Léa lança dans sa barbe :
— Quelle sauvage !
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top